6 janvier 2013

La planète des singes: Les origines (2011) de Rupert Wyatt

Titre original : « Rise of the Planet of the Apes »

La planète des singes: Les originesAfin de trouver un remède contre la maladie d’Alzheimer, un chercheur a réussi à mettre au point une substance qui augmente l’activité cérébrale de chimpanzés utilisés comme cobayes. Il recueille chez lui l’un de ces chimpanzés… La planète des singes: Les origines a été conçu pour être un prologue (ou plus exactement une « préquelle ») au roman de Pierre Boulle. Il se propose donc de répondre à la question : « Quels évènements ont pu conduire les singes à développer une intelligence supérieure ? » Signe des temps, l’holocauste nucléaire est écarté au profit des dérives biotechnologiques. Sans surprise, cette production très hollywoodienne reste très simple sur le fond et ne prend aucun risque, se contentant de surfer sur des thèmes en vogue. La seule vraie originalité est de nous faire vivre tout cela au travers des yeux du chimpanzé. En revanche, nous avons la dose réglementaire de scènes d’action et de technologie (beaucoup de motion-capture qui donne des singes très anthropomorphiques). La planète des singes: Les origines se laisse toutefois regarder sans déplaisir mais reste anecdotique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Franco, Freida Pinto, John Lithgow, Andy Serkis, Brian Cox, Tom Felton
Voir la fiche du film et la filmographie de Rupert Wyatt sur le site IMDB.

Remarque :
Le quatrième film de la première série, La Conquête de la planète des singes de J. Lee Thompson (1972), avait déjà eu l’intention de faire un prologue au livre de Pierre Boulle. Le film n’était guère passionnant.

Tous les films :
A) Cinq films de 1968 à 1973 :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (1968) de Franklin J. Schaffner
Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes) (1970) de Ted Post
Les Évadés de la planète des singes (Escape From the Planet of the Apes) (1971) de Don Taylor
La Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes) (1972) de J. Lee Thompson
La Bataille de la planète des singes (Battle for the Planet of the Apes) (1973) de J. Lee Thompson.

B) Nouvelle adaptation du roman :
La Planète des singes (Planet of the Apes) (2001) de Tim Burton.

C) Série « Reboot » :
La Planète des singes : Les Origines (Rise of the Planet of the Apes) (2011) de Rupert Wyatt
La Planète des singes : L’Affrontement (Dawn of the Planet of the Apes) (2014) de Matt Reeves
La Planète des singes : Suprématie (War for the Planet of the Apes) (2017) de Matt Reeves.

 

23 octobre 2012

La terre (1969) de Youssef Chahine

Titre original : « Al-ard »

La terreDans l’Egypte des années trente, les paysans d’un village du delta du Nil voient leurs permis d’irriguer arbitrairement réduits alors que les champs de coton souffrent de la sécheresse. Abou Suelam est l’un d’eux, il est aussi le père d’une jolie jeune fille que plusieurs hommes voudraient épouser… C’est avec La terre que l’Europe a découvert le cinéma égyptien lors de sa présentation au Festival de Cannes 1969. Youssef Chahine réalise là une épopée paysanne puissante qui nous plonge au cœur d’un petit village agricole pauvre : il met en relief sa vie sociale, les rapports de force avec les autorités et la place de l’individu dans cette société. A la brutalité des autorités répond la rudesse et même la cruauté du monde des paysans. L’individualisme s’oppose à la nécessaire solidarité pour assurer la survie. La terre est un film très authentique, empreint d’une force et d’un humanisme qui sait laisser naître l’émotion.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Mahmoud El-Meliguy, Salah El-Saadany, Ezzat El Alaili
Voir la fiche du film et la filmographie de Youssef Chahine sur le site IMDB.
Voir les autres films de Youssef Chahine chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Chahine parle de son film La terre comme d’un tournant dans sa filmographie, un changement radical dans sa conception du cinéma : « Mettre en lumière la force de vivre d’un peuple »

Homonymes :
La terre d’André Antoine (1921) d’après Emile Zola
La terre (Zemlya) d’ Alexandre Dovjenko (1930)

30 juin 2012

La Mère (1926) de Vsevolod Poudovkine

Titre original : « Mat »

La mèreEn 1905, dans la Russie tsariste, une mère qui vient de perdre son mari est emplie de crainte de voir son fils prendre une part active dans le soulèvement qui se prépare. Le fils est arrêté…
Tout comme Le Cuirassé Potemkine, La mère est une commande du gouvernement soviétique pour célébrer le vingtième anniversaire de la révolution avortée de 1905. Si l’on peut trouver une certaine similitude dans le déroulement global du récit (soulèvement qui se termine par une répression sanglante), le cinéma de Poudovkine est très différent de celui d’Eisenstein. Elève de Koulechov, Poudovkine accorde une grande importance au montage qu’il considère comme un langage à part entière. Par un découpage rigoureux, il obtient un montage très riche où les rythmes varient, souvent rapides, frénétiques parfois, et aboutit à un final lyrique. Poudovkine détermine la durée de chaque plan dès l’écriture du scénario, allant jusqu’à utiliser des formules mathématiques. Autre différence majeure avec Eisenstein, il bâtit son récit autour de quelques personnages principaux (le spectateur peut ainsi s’identifier à un personnage) et utilise des acteurs professionnels pour atteindre une plus grande intensité. Sur le plan de l’histoire en elle-même, on retrouve bien entendu le thème récurrent de la prise de conscience politique face à la sauvagerie et à l’injustice ; mais le récit est épuré, réduit à l’essentiel et cette simplicité, couplée à la force des images générée par le montage, a donné à son film toute sa puissance et son impact auprès du public. La mère fut un très grand succès populaire.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Vera Baranovskaya, Nikolai Batalov, Aleksandr Chistyakov, Ivan Koval-Samborsky
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La mère

Remarques :
* Le scénario est librement adapté du roman de Maxime Gorki.

* « Alors qu’un film d’Eisenstein est un cri, les films de Poudovkine sont des chants modulés et prenants. » Cette citation célèbre de Léon Moussinac décrit parfaitement la différence entre les deux cinéastes. Léon Moussinac est un historien et critique du cinéma dont le premier livre sur le cinéma soviétique a paru en 1928.
Léon Moussinac a également écrit à propos de La mère :
« Les « types » de Poudovkine sont simples et complets parce qu’ils figurent non pas un « moment » de l’humanité mais la nature même de l’humanité, dans ce qu’elle a d’éternel et de fatal. Ces types sont aussi inoubliables parce qu’ils sont intimement et puissamment liés au thème général abordant les grands faits sociaux auxquels les hommes, avec ou contre leur gré, participent sans cesse. »

* La scène de la fonte des glaces sur le fleuve de La mère a été, sans aucun doute, inspirée de celle de Way down East de D.W. Griffith (1921). Poudovkine en fait une puissante métaphore du peuple en colère qui va se heurter aux troupes à cheval.

Autres adaptations du roman de Gorki :
La Mère (Mat) du soviétique Mark Donskoy (1956), adaptation plus fidèle au roman.
La Mère (Mat) du soviétique Gleb Panfilov (1993).

9 février 2012

La nouvelle Babylone (1929) de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg

Titre original : « Novyy Vavilon »

La nouvelle BabyloneEn 1870, la population acclame les soldats qui partent se battre contre les prussiens. A Paris, la vie continue. Louise, une jeune vendeuse du grand magasin Nouvelle Babylone, est invitée au bal par son patron. Mais la fête est interrompue par l’annonce de la défaite. Il faut défendre Paris et une souscription populaire est lancée pour acheter des canons. Quand l’armée capitule et cherche à reprendre ces canons sur la butte Montmartre, cela provoque une insurrection… La nouvelle Babylone est un film russe de la fin du muet, l’un des très rares films qui évoquent la Commune de Paris de 1871. C’est un film assez étonnant, souvent exubérant. Les deux réalisateurs font une grande utilisation du mouvement : les scènes de liesse, de danses, de fête sont tourbillonnantes, frénétiques, excessives même. Les scènes montrant l’ardeur au travail sous la Commune sont superbes (telle cette lavandière qui éclabousse largement tout autour d’elle). Ces scènes de grande agitation contrastent avec des scènes plus calmes, parfois statiques même. Le montage est assez remarquable, les réalisateurs juxtaposent des scènes qui semblent au final former un kaléidoscope énivrant. Le jeu des acteurs peut paraître parfois outré. Sur le plan du contenu, le film ne fait pas un récit vraiment chronologique mais reprend quelques temps forts. L’accent est bien entendu mis sur l’opposition de classes. Chostakovitch (alors âgé de 23 ans) composa sa première musique de film pour La nouvelle Babylone, musique dans laquelle il reprend divers airs révolutionnaires français qu’il mêle à un thème d’Offenbach.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yelena Kuzmina, David Gutman, Pyotr Sobolevsky
Voir la fiche du film et la filmographie de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg sur le site IMDB.

Remarques :
Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg ont fondé à Leningrad en 1921 le collectif d’avant-garde théâtral FEKS (La Fabrique de l’Acteur Excentrique) qui s’étendit rapidement au cinéma où il tint un rôle important. En 1921, ils avaient 16 et 19 ans.

Versions :
La version la plus complète est actuellement celle durant 1h33, restaurée en 2004 avec la musique de Chostakovitch. Il existe également une version de 1h15 (version allemande du début des années 80), version tronquée avec réintégration de chutes de montage, accompagnée d’une musique au piano.