28 août 2022

Z (1969) de Costa-Gavras

ZDans un pays qui n’est pas nommé, un député de l’opposition vient de la capitale pour tenir une conférence en faveur du désarmement. Une violente contre-manifestation se déroule sous les yeux de la police qui reste passive. Le député est frappé et renversé par un triporteur motorisé…
Z est un film français réalisé par Costa-Gavras, son premier film politique. Le cinéaste franco-grec en a coécrit le scénario avec l’espagnol Jorge Semprún. Il est basé sur le roman homonyme de Vassílis Vassilikós, écrit à la suite de l’assassinat du député grec Grigóris Lambrákis à Thessalonique en mai 1963, avec comme juge d’instruction dans cette affaire Chrístos SartZetákis (qui deviendra président de la République de Grèce de 1985 à 1990). Lorsque le film sort, la Grèce est depuis deux ans sous la Dictature des Colonels (1967-1974) et il marqua fortement les esprits, non seulement en France mais aussi dans le reste du monde, notamment aux Etats-Unis. Costa-Gavras dénonce les collusions entre la police et les groupuscules d’extrême-droite et il le fait de façon directe et simplificatrice mais terriblement efficace, calquant ses méthodes sur celles du cinéma commercial. Le film eut ainsi un énorme impact. Le succès auprès du public fut immense, les critiques vinrent plutôt de la gauche qui lui reprochait son manichéisme et l’absence d’analyse politique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Irene Papas, Jean-Louis Trintignant, François Périer, Jacques Perrin, Charles Denner, Pierre Dux, Georges Géret, Bernard Fresson, Marcel Bozzuffi, Julien Guiomar, Renato Salvatori, Jean Bouise, Jean Dasté
Voir la fiche du film et la filmographie de Costa-Gavras sur le site IMDB.

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Remarque :
* L’explication du titre est donnée à toute fin : la lettre Z est l’initiale du mot grec ancien « ζῇ / Zi », qui signifie « il est est vivant ». Les opposants au régime inscrivaient cette lettre sur les murs pour protester contre l’assassinat de Grigóris Lambrákis.

ZJean-Louis Trintignant et François Périer dans Z de Costa-Gavras.

12 mai 2019

1 homme de trop (1967) de Costa-Gavras

1 homme de tropEn 1943, un commando de résistants d’un maquis des Cévennes prend d’assaut une prison gardée par les allemands dans le but de libérer douze condamnés à mort. L’opération est une réussite mais, dans leur fuite, les maquisards réalisent qu’ils ont libéré treize prisonniers au lieu de douze. Ils se demandent s’il ne s’agirait pas d’un mouchard…
Adapté du roman homonyme et autobiographique de Jean-Pierre Chabrol, 1 homme de trop est le deuxième long métrage de Costa-Gavras. Sans avoir l’efficacité de ses réalisations ultérieures, le film est assez percutant par sa profusion de scènes d’action très réalistes sur les actions des maquisards. Costra-Gavras l’a décrit comme un « western dans le maquis ».  C’est un film sur un groupe, plus que sur des individualités, mais le réalisateur parvient à donner une certaine épaisseur à tous ses personnages. Il est aidé, il est vrai, par un beau plateau d’acteurs. Pas vraiment de contenu politique même sous-jacent, si ce n’est une réflexion sur l’absurdité de la guerre. L’ensemble est très prenant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charles Vanel, Bruno Cremer, Jean-Claude Brialy, Michel Piccoli, Gérard Blain, Claude Brasseur, Jacques Perrin, François Périer, Pierre Clémenti
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Remarques :
* Le producteur est le canadien Harry Saltzmann, le producteur des premiers James Bond,  car le premier film de Costa-Gavras, Compartiment tueurs, avait très bien marché aux Etats-Unis.
* Le film n’eut que peu de succès à l’époque. Le réalisateur pense aujourd’hui que le refus de s’engager du personnage joué par Piccoli a beaucoup gêné en France parce que le mythe d’une France entière soutenant la Résistance était encore très présent dans les esprits.
* Dans la réalité, l’auteur, Jean-Pierre Chabrol (aucun lien avec le cinéaste), était le treizième homme. Il était beaucoup plus jeune (19 ans) que Piccoli. Il s’est finalement engagé dans la Résistance, dans la brigade du Languedoc formée de soldats issus des maquis du sud, ce qui l’a conduit jusqu’à Berlin.

1 homme de trop
Michel Piccoli, Bruno Cremer et Jean-Claude Brialy dans 1 homme de trop de Costa-Gavras.

9 février 2013

La Chaleur du sein (1938) de Jean Boyer

La chaleur du seinUn jeune homme se retrouve à l’hôpital après avoir tenté de se suicider. Trois mères aimantes se présentent successivement à son chevet mais aucune n’est sa vraie mère. Celle-ci est morte à sa naissance et son père s’est remarié ensuite trois fois. Le père, égyptologue, étant en déplacement, les trois « mères » vont devoir unir leurs efforts pour que le fils puisse retrouver une certaine joie de vivre… La Chaleur du sein est l’adaptation d’une pièce de théâtre à succès écrite par André Birabeau. Sa pièce était une satire sociale, raillant les mœurs modernes et le divorce qui mettent à mal la famille. En portant la pièce à l’écran, Jean Boyer a gardé le même acteur pour interpréter le jeune homme, Jean d’Orgeix, alias Jean Pâqui (1), et l’a entouré de plusieurs excellents acteurs. Comme toutes les comédies qui reposent sur une satire sociale de leur époque, La Chaleur du sein peine un peu à traverser le temps et peut paraître très daté. Néanmoins, les bons dialogues, vifs et intelligents, et l’interprétation parfaite permettent de garder l’intérêt intact. L’humour repose beaucoup sur la juxtaposition des mentalités différentes des trois mères, Arletty, la plus jeune des trois, étant bien entendu la plus moderne et la plus libérée. Il manque toutefois un petit quelque chose pour faire de La Chaleur du sein un très bon film. Il reste néanmoins plaisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michel Simon, Arletty, Gabrielle Dorziat, Pierre Larquey, Jean Pâqui, Jeanne Lion, Marguerite Moreno, François Périer
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Remarques :
* Dans la scène où le jeune Gilbert et son ami se font des confidences sur leur enfance, l’ami est interprété par François Périer ; il s’agit de sa première apparition au cinéma.
* Le film était perdu mais fut heureusement retrouvé dans les années 80.

(1) Jean d‘Orgeix avait alors 17 ans. Il sera ensuite également champion du monde de voltige aérienne, pilote de stock-car, champion olympique d’équitation, guide de chasse en Afrique… Il est décédé en 2006 à l’âge de 85 ans.

9 mai 2012

Souvenirs perdus (1950) de Christian-Jaque

Souvenirs perdusAux Objets trouvés, on rencontre des objets très inattendus. C’est l’histoire de quatre d’entre eux qui nous est ici contée… Souvenirs perdus est un film à sketches, conçu pour avoir à son affiche un grand nombre d’acteurs connus. Adaptées par Christian-Jaque et Jacques Companéez, ces quatre histoires n’ont pas vraiment de lien entre elles : deux jouent la carte de l’humour, les deux autres sont plus mélancoliques. Le film souffre des défauts du genre et paraît superficiel. L’objet à la source de chaque histoire n’a souvent qu’un rôle négligeable. L’histoire avec Gérard Philipe est certainement la plus originale et la plus forte mais, au final, pêche par sa brièveté. La dernière, écrite par Prévert, est la plus amusante avec un jeune Yves Montand terriblement charmeur. Souvenirs perdus nous laisse hélas sur notre faim.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Bernard Blier, Pierre Brasseur, Suzy Delair, Danièle Delorme, Edwige Feuillère, Yves Montand, François Périer, Gérard Philipe, Armand Bernard, Gilberte Géniat
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Les sketches :
1. Une statuette d’Osiris
écrit par Jacques Prévert
avec Pierre Brasseur et Edwige Feuillère
Deux anciens amants se rencontrent un soir de Noël, chacun faisant croire à l’autre qu’il mène une belle vie…
2. La couronne mortuaire
écrit par Henry Jeanson et Pierre Véry
avec Suzy Delair, François Périer et Armand Bernard
Alors qu’il doit se rendre à l’enterrement de son oncle, un coureur de jupons reçoit la visite inattendue d’une de ses anciennes conquêtes. Son majordome lui fait croire que c’est lui qui est mort…
3. Une cravate de fourrure
écrit par Henry Jeanson et Pierre Véry
avec Danièle Delorme et Gérard Philipe
Un homme désespéré tue pour se venger d’une sombre histoire familiale. Il rencontre une jeune fille sur le point de ses suicider…
4. Le violon
écrit par Jacques Prévert et Pierre Prévert
avec Bernard Blier, Yves Montand et Gilberte Géniat
Amoureux de l’épicière, un agent de police feint de s’intéresser aux talents de violoniste de son jeune garçon…

13 janvier 2012

Juste avant la nuit (1971) de Claude Chabrol

Juste avant la nuitCharles, qui dirige une petite agence de publicité, a pour maitresse la femme son meilleur ami, architecte. Il l’étrangle accidentellement lors de jeux érotiques dangereux. Personne ne le soupçonne mais il commence à être rongé par le remords… Juste avant la nuit est à la fois un film sur la culpabilité et une peinture sociale assez mordante de la bourgeoisie : jusqu’où ses personnages iront-ils pour préserver leur modèle social et éviter de bouleverser leur vie ordonnée ? La mise en scène de Claude Chabrol est à l’image de ses personnages : rigoureuse, ordonnée, en apparence limpide. Une belle symbiose entre le fond et la forme. Le rythme est assez lent avec des dialogues sur un ton calme et posé, parfois chuchotés. Belle fin assez inattendue (et l’on comprend le sens du titre seulement à ce moment). Plus psychologique, plus épuré, plus subtil que ses autres films de cette période, Juste avant la nuit n’est pas pour autant un film mineur de Claude Chabrol.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michel Bouquet, Stéphane Audran, François Périer, Jean Carmet, Dominique Zardi, Henri Attal
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