26 mars 2012

Lune de miel mouvementée (1942) de Leo McCarey

Titre original : « Once upon a honeymoon »

Lune de miel mouvementéeA la veille de la Seconde Guerre mondiale, un journaliste américain en poste à Vienne désire enquêter sur le Baron Von Luber, soupçonné d’être un agent à la solde des nazis. Pour l’approcher, il rend visite à sa fiancée, une jeune américaine de Brooklyn attirée par la richesse… Lune de miel mouvementée est un peu la contribution de Leo McCarey à l’effort de guerre. Comme Lubitsch avec To be or not to be ou Chaplin avec Le Dictateur, il utilise l’arme qu’il connait le mieux : la comédie. Hélas, le résultat est bien en deçà des deux films pré-cités. Leo McCarey tente de faire une symbiose entre la comédie, l’espionnage et le film anti-nazi sans vraiment y réussir. Au final, cela donne un film plutôt bizarre, pas toujours de très bon goût avec une histoire quelque peu extravagante. Certaines scènes, qui auraient dû être fortes, paraissent futiles, parfois même ridicules. Le meilleur est à chercher du côté de l’interprétation avec un Cary Grant parfaitement dans son rôle et quelques scènes électriques avec Ginger Rodgers chargées d’un érotisme subtil (telle la scène du bar de l’hôtel). On remarquera aussi une bonne intégration d’images d’actualités de l’époque.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Ginger Rogers, Walter Slezak
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19 janvier 2012

Une femme disparaît (1938) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Lady Vanishes »

Une femme disparaîtDe façon plutôt inhabituelle pour Hitchcock, Une femme disparaît démarre comme une comédie : dans les Balkans, un train est bloqué par la neige et toute une troupe cosmopolite de voyageurs envahit le seul hôtel disponible. Cela crée des situations assez cocasses. L’humour laisse la place à l’intrigue lorsque le train repart le lendemain et qu’une jeune femme constate la disparition du train d’une vieille dame avec qui elle avait sympathisé. Tout le monde nie l’avoir vue… L’histoire a été adaptée par Sidney Gilliat et Frank Launder d’un roman d’Ethel Lina White. Par sa progression et la merveilleuse variété de ses personnages, l’histoire est particulièrement prenante, même après avoir vu le film plusieurs fois. Un déroulement de scénario quasi parfait. Une femme disparaît est aussi une prouesse technique : la très grande majorité du film a été tournée dans un studio de trente mètres de long. Hitchcock utilise merveilleusement les transparences, Une femme disparaît les projections pour recréer l’environnement du train. On note aussi quelques belles utilisations de maquettes, à commencer par le tout premier plan du film. Une femme disparaît est l’avant-dernier film de la période anglaise d’Hitchcock. Ce fut un énorme succès. Bien entendu, on peut reprocher au film son manque de vraisemblance… mais, à ce niveau, cela n’a aucune importance !
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Margaret Lockwood, Michael Redgrave, Paul Lukas, Dame May Whitty, Naunton Wayne, Basil Radford
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Remarques :
* L’apparition d’Hitchcock dans ce film est située vers la fin, sur le quai de Victoria Station à Londres.
* Le couple des deux anglais amateurs de cricket (joués par Basil Radford et Naunton Wayne) fut si populaire qu’il réapparût dans d’autres films comme Train de nuit pour Munich de Carol Reed (1940) ou Ceux de chez nous (Millions like us) de Frank Launder et Sidney Gilliat (1943).

Remake :
The Lady Vanishes d’Antony Page (1979) avec Elliott Gould et Cybill Shepherd, remake bien fade, hélas.

6 décembre 2011

Le secret des chandeliers (1937) de George Fitzmaurice

Titre original : « The emperor’s candlesticks »

Le secret des chandeliersAprès avoir kidnappé le fils du Tsar, un groupe de partisans polonais envoie un émissaire secret porter leurs exigences à Saint-Pétersbourg. Ayant caché la lettre dans un chandelier, il va trouver sur son chemin la comtesse Mironovo, dangereuse espionne russe. Mais les chandeliers sont volés en chemin… Le secret des chandeliers n’est probablement pas un film très notable mais il ne manque pas de charme et reste distrayant. La MGM remet ensemble deux de ses stars, Luise Rainer et William Powell, cette fois dans un cadre très différent, celui de la Russie tsariste. Cela nous vaut quelques beaux et fastueux décors et de belles robes. L’histoire en elle-même est plus amusante que probable : c’est un divertissement sur fond d’espionnage. Nos deux héros jouent au jeu du chat et de la souris et c’est parfois très réussi comme dans la scène de l’auberge. La fin est un peu ridicule. Luise Rainer, malgré sa voix adorable, n’a pas le magnétisme de Marlene Dietrich ou de Greta Garbo dans ce genre de rôle d’espionne et le film n’a pas l’étincelle qui l’aurait propulsé. Le secret des chandeliers n’eut aucun succès et reste très mal connu. Si ce n’est certes pas un grand film, il ne mérite pas ce mauvais traitement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: William Powell, Luise Rainer, Robert Young, Maureen O’Sullivan, Frank Morgan
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Remarques :
L’histoire est tirée d’un livre de la Baronne Emmuska Orczy, auteur à succès de romans anglais d’aventures.

11 juillet 2011

Le diabolique docteur Mabuse (1960) de Fritz Lang

Titre original : « Die 1000 Augen des Dr. Mabuse »

Le diabolique docteur MabuseLui :
Un journaliste est assassiné en plein jour au volant de sa voiture arrêtée à un feu rouge. Quelques minutes auparavant, un voyant, le Docteur Cornelius, avait appelé la police pour l’avertir d’un danger… Pour sa dernière réalisation, Fritz Lang reprend son célèbre personnage du Docteur Mabuse qu’il avait mis en scène à ses débuts en 1922, Dr Mabuse, le joueur, puis en 1933, Le testament du Dr Mabuse. Ce n’est pas un remake, ce n’est pas vraiment une suite, Le diabolique docteur Mabuse est une adaptation au monde moderne du thème du criminel maléfique à la tête d’une organisation très efficace. Si le Dr Mabuse utilise des moyens modernes de vidéo surveillance pour espionner ses victimes, le film est réalisé dans le même esprit que les deux précédents ce qui a dérouté le public de l’époque qui l’a trouvé vieillot. Ce n’est pourtant guère gênant, bien au contraire, le film est ainsi assez épuré et, en outre, forme un bel ensemble avec les deux autres. L’histoire est particulièrement prenante ; Fritz Lang nous laisse pourtant deviner assez tôt qui est le Docteur Mabuse, en fait l’intrigue repose plutôt sur ses plans machiavéliques, sur la façon dont il les met en œuvre ou encore sur la façon dont il contrôle ses victimes. Le titre original « Les milles yeux du Dr Mabuse » est d’ailleurs plus significatif que le titre français. Il n’y a plus de propos politique sous-jacent comme c’était le cas vis-à-vis du nazisme dans la version de 1933, on peut toutefois y voir une certaine anticipation de la civilisation de l’image. Avec Le Tombeau Hindou et Le tigre du Bengale, Le diabolique docteur Mabuse fait partie des films réalisés par Fritz Lang après son retour dans son pays d’origine, l’Allemagne. (Film noir et blanc)
Note : 4 étoiles

Acteurs: Dawn Addams, Peter van Eyck, Wolfgang Preiss, Gert Fröbe, Werner Peters
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8 juillet 2011

Les 39 marches (1935) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The 39 Steps »

Les 39 marches En allant assister à une représentation de music-hall, un homme se retrouve impliqué dans une histoire d’espionnage. Il a à ses trousses une mystérieuse organisation et aussi la police qui le croit coupable d’un meurtre… Fort du succès de L’homme qui en savait trop (la version de 1934), Alfred Hitchcock obtient plus de liberté et plus de budget pour tourner Les 39 marches, librement adapté d’un livre de John Buchan. Il déroule son histoire avec un découpage très rythmé, le héros passant avec grande rapidité d’une situation à une autre, chacune semblant la dernière pour lui. La tension qui s’installe très rapidement ne retombe jamais, tout au plus est-elle soulagée par de petites notes d’humour. Hitchcock montre beaucoup de maitrise et il a des traits de génie comme cette transition/fusion entre le cri de la concierge qui trouve le cadavre et le sifflet du train qui emporte le fugitif. Robert Donat trouve le ton parfait pour interpréter ce héros simple, à l’attitude empreinte de flegme dans un style éminemment britannique. Très belle fin, un surprenant exemple de conscience professionnelle! Malgré des moyens limités, Les 39 marches a beaucoup de charme ; il fait partie des meilleurs films d’Alfred Hitchcock.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Robert Donat, Madeleine Carroll, Lucie Mannheim, Godfrey Tearle, Peggy Ashcroft, John Laurie, Frank Cellier
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Remarques :
* Tout le film a été tourné en studio, au Lime Grove Studio à Londres. La campagne écossaise y était si bien recréée que les moutons introduits dans une scène se crurent en pleine nature et commencèrent à brouter tranquillement. Hitchcock dut tourner rapidement avant qu’ils n’avalent la moitié du décor !
* L’auteur du livre, John Buchan, occupait alors la fonction de British Governor General of Canada, il siégeait au Parlement Britannique.
* Dans ses entretiens avec François Truffaut, Hitchcock raconte que, ce qui lui avait plu dans le livre de John Buchan, c’est l’understatement, comportement qu’il qualifie de « très britannique » (le mot n’a pas vraiment d’équivalent en français, l’understatement c’est l’amoindrissement des faits, raconter d’un ton léger des évènements graves).

Remakes :
Les 39 marches (The 39 steps) de l’anglais  Ralph Thomas (1959) avec Kenneth Moore
Les 39 marches (The 39 steps) de l’anglais Don Sharp (1978) avec Robert Powell