30 mai 2008

The situation (2006) de Philip Haas

The SituationElle :
Philippe Haas a le mérite de nous plonger en plein cœur du bourbier irakien qu’on nous montre si peu en images. Situations confuses, angoisse et tension permanentes, kidnapping, attentats, bombardements, tortures, factions armées, le paysage de la guerre en Irak est un puzzle complexe difficile à cerner et à maîtriser. Les américains se conduisent en colons détestables et les rebelles irakiens n’hésitent pas à tuer pour parvenir à leurs fins. Dommage que cette jeune femme américaine, tiraillée entre le cœur d’un agent des renseignements de l’armée et celui d’un photographe, fasse davantage mannequin que journaliste de reportage.
Note : 3 étoiles

Lui :
Sans être un grand film sur la situation actuelle en Irak, The Situation a le mérite de nous donner une idée de la confusion qui doit y régner. Une jeune journaliste tente d’enquêter sur la mort de deux jeunes irakiens et a bien du mal à nouer des contacts avec les irakiens. Philip Haas nous présente une force américaine qui agit de façon très militaire sans grande réflexion et des irakiens divisés et opportunistes. Le principal défaut du film réside dans le choix de Connie Nielsen pour interpréter la jeune journaliste : trop propre, trop blonde, elle semble totalement déplacée dans cet univers à tel point que ce doit être un choix volontaire du réalisateur. De la même manière, la relative confusion du récit doit être tout aussi volontaire, et, sans aucun doute, cette façon de mixer les ambiances sonores très fortes qui rend certaines discussions pénibles à écouter. Confusion, malaise, impossibilité de trouver une issue sont les sentiments qui ressortent de The Situation et, en ce sens, le film doit traduire une partie de la réalité.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Connie Nielsen, Damian Lewis, Mido Hamada, Driss Roukhe, Nasser Memarzia
Voir la fiche du film et la filmographie de Philip Haas sur le site imdb.com.

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29 mai 2008

A fleur de peau (1995) de Steven Soderbergh

Titre original : « Underneath »

A Fleur de PeauElle :
Peu de choses à dire sur ce remake de Robert Siodmak qui distille un certain ennui. Beaucoup de longueurs, des effets trop esthétisants et des personnages guère convaincants.
Note : 2 étoiles

Lui :
A Fleur de Peau est le remake du film noir Criss Cross de Robert Siodmak (1948). Ce quatrième long métrage de Soderbergh ne jouit généralement pas d’une grande estime mais il est pourtant très intéressant. Sur le fond, l’histoire en elle-même n’est certes pas particulièrement riche (un homme revient dans sa ville natale qu’il a quitté précipitamment de nombreuses années plus tôt en laissant beaucoup de dettes) mais c’est surtout le traitement que Soderbergh lui applique qui la rend assez unique. D’abord, il déstructure le récit en entremêlant de très nombreux flashbacks, sans toutefois dérouter le spectateur puisqu’il nous donne un moyen simple pour les identifier (le personnage principal est barbu dans les flashbacks). Mais ce qui donne toute sa force au film, c’est le climat assez étrange que le réalisateur parvient à maintenir pendant les 90 minutes du film et le spectateur a constamment le sentiment de n’avoir aucune idée de ce qui va arriver. Soderbergh s’essaie à de nombreuses figures de style ; c’est quelquefois assez moyen (filtres de couleur) mais le plus souvent très réussi, telle cette longue scène de l’hôpital en caméra subjective où l’on a vraiment l’impression d’être nous-même dans les vapes… A Fleur de Peau est un film très particulier qui se révèle finalement assez prenant, surtout lorsque l’on a aucune idée (comme ce fut notre cas) du type d’histoire qui va se développer.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Peter Gallagher, Alison Elliott, William Fichtner, Elisabeth Shue
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27 mai 2008

Ciel d’octobre (1999) de Joe Johnston

Titre original : « October sky »

”CielElle :
(pas vu)

Lui :
L’histoire en elle-même est assez belle : à la fin des années 50, un jeune garçon de Virginie, que tout prédestine à travailler plus tard à la mine de charbon de son village, se passionne pour la construction de fusées. A force de volonté et de persévérance, il franchira tous les obstacles. Une histoire très américaine donc… Comme il se doit, celle-ci est inspirée de faits réels (celle d’un ingénieur de la NASA) mais celle-ci a été, bien entendu, réécrite selon les standards hollywoodiens ce qui donne au final un produit dûment calibré et excessivement formaté. C’est un peu dommage car Ciel d’Octobre dans un premier temps se révèle plutôt prenant, on a vraiment envie de voir monter comme un flèche les fusées du charmant Jake Gyllenhaal, mais tout se gâte ensuite et le film donne alors l’impression d’une confiture que l’on étale à n’en plus finir…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jake Gyllenhaal, Chris Cooper, Laura Dern, Chris Owen, William Lee Scott
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26 mai 2008

H2G2 : Le guide du Voyageur Galactique (2005) de Garth Jennings

Titre original : « The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy »

”H2G2, le guide du voyageur galactique”Elle :
(pas vu)

Lui :
Adapter Le Guide du Routard Galactique au cinéma n’est pas une entreprise facile. Au tout départ, il s’agit d’un feuilleton radiophonique écrit pour la BBC par l’anglais Douglas Adams et ensuite décliné en livre qui eut plusieurs suites. Hitchhicker Guide to the Galaxy (HHGG ou H2G2 pour les intimes) rencontra un grand succès grâce à son humour omniprésent, un humour très anglais nourri d’un mélange d’incongruité et de flegme et servi par une imagination extrêmement fertile. On peut faire un certain parallèle avec le Flying Circus des Monthy Python. Les livres de la série sont tous merveilleusement réussis et très drôles. H2G2, le film, démarre assez bien mais tend à s’empêtrer un peu ensuite, ne parvenant pas à restituer tout le côté farfelu et nonsense du texte original. Garth Jennings a su toutefois ne pas abuser d’effets spéciaux qui auraient trop pris le pas sur le fond : le passage sur les constructeurs de planète est toutefois très réussi et très beau. Du côté des acteurs, Mos Def donne une bonne interprétation de Ford Prefect, parfaitement british surtout dans les premières minutes. H2G2 n’est certes pas franchement convaincant et risque fort de paraître trop décousu aux spectateurs qui ne sont pas familiers avec le livre. 
Note : 3 étoiles

Acteurs: Martin Freeman, Mos Def, Zooey Deschanel, Sam Rockwell, Bill Nighy, John Malkovich
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Précisions : Le feuilleton radiophonique initial fut diffusé sur la BBC en 6 épisodes en mars et avril 1978. Il fut une première fois adapté à l’écran pour la télévision en 1981, The Hitch Hikers Guide to the Galaxy, toujours pour la BBC et toujours en 6 épisodes de 33 minutes. Cette adaptation est bien entendu plus rudimentaire, tourné très rapidement en studio, mais le résultat est certainement supérieur au film de Garth Jennings car une plus grande partie de l’humour de Douglas Adams y semble intact. (on le trouve encore très facilement en DVD)

Le rôle de Humma Kavula, interprété par John Malkovitch, fut ajouté par Douglas Adams lui-même avant sa mort en 2001. Il écrivit ce rôle pour l’acteur.

Les livres : (une « trilogie » en 5 volumes…)
1. Le Guide du Routard Galactique (1979)
2. Le dernier restaurant avant la fin du monde (1980)
3. La vie, l’univers et le reste (1982)
4. Salut, et encore merci pour le poisson (1984)
5. Globalement inoffensive (1992)
A noter qu’un éditeur de guide ayant déposé la marque, l’édition française du premier livre fut renommée par la suite Le routard galactique, puis Sac à dos dans les étoiles , et enfin Le Guide Galactique.

24 mai 2008

Si le vent soulève les sables (2006) de Marion Hänsel

Si le vent soulève les sablesElle :
Ce film adapté du très beau roman de Martin Durin-Valois intitulé Chamelle se veut être un message d’alerte face à la pénurie d’eau qui menace la planète et oblige des peuples à errer sans fin pour survivre. J’ai préféré de loin le roman qui dépeint avec une intensité poignante la longue errance d’une famille nomade à la recherche de l’eau. Certes, cette quête dans le film est dépouillée, brute et douloureuse dans les brûlants déserts de pierre mais il manque les dialogues et pensées intérieures qui assaillent les personnages. Il est parfois bien difficile de remplacer les mots d’un écrivain, même en étant parfaitement en phase avec lui.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans un pays d’Afrique, une famille part chercher de l’eau avec un chameau et un petit troupeau de chèvres. De longues journées de marche dans des régions désertiques les attendent. Si le vent soulève les sables est adapté du roman du français Marc Durin-Vallois, Chamelle, livre par lequel il voulait nous sensibiliser à l’importance de cette ressource essentielle et limitée, l’eau. Le film de Marion Hänsel prolonge sa portée, la cinéaste ayant parfaitement su mettre en place cette atmosphère de dénuement et réflexes de survie sans jamais utiliser de sentimentalisme racoleur ou d’apitoiement facile. Il y a une force certaine dans ses personnages et l’environnement extrêmement aride et inhospitalier ne fait que renforcer ce sentiment. La qualité de la réalisation de Si le vent soulève les sables est patente et sa bande sonore particulièrement remarquable. S’il n’est pas sans défaut, le film a une certaine force d’impact.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Isaka Sawadogo , Carole Karemera
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22 mai 2008

La source thermale d’Akitsu (1962) de Yoshishige Yoshida

Titre original : « Akitsu onsen »

La Source thermale d’AkitsuElle :
Ce film de Yoshida m’a moins enthousiasmée que Bon à Rien, me paraissant même un peu long et répétitif, sentiment accentué par une musique de type mélo trop omniprésente. Il n’en reste pas moins que cette histoire d’amour avorté entre une jeune femme qui tombe amoureuse de l’homme qu’elle sauve de la mort est assez poignante, surtout dans la dernière partie du film où les scènes avec l’amant sont déchirantes et intenses. Les quelques rendez-vous qui s’étalent sur plus de dix ans avec cet homme qui ne s’engage pas en amour laissent entrevoir une femme qui s’étiole progressivement et nourrit l’envie de mourir. Yoshida continue de nous éblouir par ses paysages urbains et de nature, son sens du cadrage, de la composition et des éclairages.
Note : 3 étoiles

Lui :
La Source Thermale d’Akitsu nous montre Yoshishige Yoshida explorer le genre du mélodrame : à la fin de la seconde guerre mondiale, une jeune fille redonne le goût à la vie à un homme très malade venu à la source thermale d’Akitsu. Elle en tombe amoureux mais il repart à Tokyo. Ils se reverront quatre fois au cours des 20 années qui suivent. Hiroyuki Nagato peine à donner une réelle présence à son personnage et le film repose beaucoup sur les épaules de Mariko Okada qui porte son rôle avec beaucoup de charme, de pudeur et de force. Pour l’anecdote : elle épousera Yuri Yoshida 2 ans plus tard. Si l’histoire en elle-même manque d’intensité et ne semble pas atteindre une grande dimension lyrique, La Source Thermale d’Akitsu est surtout remarquable par sa forme, par de superbes plans qui donnent au film une indéniable dimension graphique. La bande sonore est en revanche quelque peu désagréable du fait d’une musique trop présente.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mariko Okada, Hiroyuki Nagato
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21 mai 2008

Mon fils à moi (2006) de Martial Fougeron

Mon fils à moiElle :
Ce premier long métrage sur un amour maternel dévorant et destructeur est une grande réussite. La mise en scène est sobre et bouleversante ; elle se penche essentiellement sur les regards et les silences puisque la communication semble bannie au sein de cette famille qui se disloque. Nathalie Baye incarne une mère glaciale, autoritaire et tyrannique qui, au nom d’un amour ambigu pour son fils, le dévore et le détruit. L’amour fait peu à peu place à la haine car cette femme ne supporte pas de voir son fils devenir autonome au moment de l’adolescence, elle veut le garder tout entier pour elle. Pour y parvenir, elle le séquestre, le bat, lui ôte toute parcelle de liberté sans que son mari incarné par Olivier Gourmet ne s’indigne et ne réagisse.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour son premier long métrage, Mon fils à moi, Martial Fougeron réussit à créer une forte tension dans cette histoire de mère ultra possessive envers son enfant de 13 ans, sans toutefois dramatiser à outrance une situation qui nous met presque un peu mal à l’aise en tant que spectateur. Nathalie Baye se dévoile assez étonnante dans ce rôle à contre-pied de son image habituelle. Froide et autoritaire, elle passe rapidement d’une connivence ambiguë avec son fils à une attitude obsessionnelle et destructrice. Elle nous apparaît alors assez effrayante. Egalement à contre emploi, Olivier Gourmet est ici totalement effacé… Martial Fougeron a su trouver le bon équilibre et le ton juste : Mon fils à moi a une indéniable force sans user de spectaculaire. Un drame ordinaire pourrait-on dire.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Nathalie Baye, Victor Sévaux, Olivier Gourmet, Marie Kremer, Emmanuelle Riva
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18 mai 2008

Le candidat (2007) de Niels Arestrup

Le CandidatElle :
Je n’ai absolument pas été convaincue par l’intérêt de ce film, censé démonter les arcanes de la préparation d’un homme politique à une élection présidentielle. Je l’ai trouvé plat, vide et ennuyeux à l’image de ce candidat président incarné par un Yvan Attal guère crédible. Le milieu grand bourgeois de ces hommes de pouvoir vivant dans un château et roulant dans des Jaguar rutilantes n’est pas très plausible non plus. L’ensemble est trop caricatural.
Note : 2 étoiles

Lui :
Passant pour la première fois derrière la caméra, le comédien Niels Arestrup n’a visiblement pas cherché la vraisemblance avec Le Candidat : Yvon Attal n’est pas crédible une seule seconde dans le rôle d’un homme politique, pas plus que ne le sont ses conseillers proches et l’environnement très grand bourgeois apparaît même décalé. C’est plutôt l’homme en lui-même qui semble l’avoir intéressé, un candidat à l’élection présidentielle en proie à de profonds doutes sur lui-même et sa crédibilité, justement. Le problème est, qu’à part abuser de regards fuyants et de fronts bas, Yvan Attal ne donne aucune dimension à son personnage et dès lors Le Candidat n’évoque plus qu’une pâle, et un peu vide, variation sur le pouvoir de l’image.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Yvan Attal, Niels Arestrup, Clotilde de Bayser, Maurice Bénichou
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Remarque : Niels Arestrup a su habilement éviter tout rapprochement entre ses personnages et des hommes politiques existants, même si Yvan Attal a déclaré avoir rencontré François Hollande et que le personnage joué par Niels Arestrup peut évoquer Lionel Jospin dans nos esprits (quoique son train de vie et son geste à la fin, franchement grotesque, du film l’en éloigne…).

16 mai 2008

Short Cuts (1993) de Robert Altman

”ShortElle :
(pas vu)

Lui :
Short Cuts nous dépeint en une longue et vaste fresque une certaine vision de l’Amérique moyenne. Le film nous fait suivre une petite dizaine de couples à Los Angeles sur quelques jours. Certains personnages finissent par se croiser, d’autres pas (les gens branchés appellent cela un « film choral »…) Le montage est assez subtil et Altman filme d’une façon à la fois fluide et précise. Sur le fond, la vision du cinéaste est assez mordante, presque terrifiante dans un premier temps tant ces personnages sont superficiels, lâches, hypocrites (tout en subtilité cependant, car les caractères ne sont pas exacerbés au point de rendre les personnages repoussants) mais au fur et à mesure que le film avance, on sent percer un certain regard d’attendrissement d’Altman et de compréhension, certains personnages prenant même une certaine richesse, ou du moins d’humanité (étonnante scène de la cafétéria avec Jack Lemmon). Les femmes sont beaucoup plus épargnées : quand elles trichent, c’est souvent par nécessité. Short Cuts tire sa source d’écrits de Raymond Carver. Les personnages de la violoncelliste et de sa mère chanteuse (Annie Ross) ont été introduits par Altman et il faut bien avouer que ce ne sont pas les plus réussis. La vision de l’Amérique qu’Altman nous présente avec Short Cuts semble autant d’actualité 15 ans plus tard ; elle l’est tout autant en Europe. Short Cuts est très certainement à ranger parmi les films les plus marquants d’Altman.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Andie MacDowell, Tim Robbins, Bruce Davison, Jack Lemmon, Julianne Moore, Matthew Modine, Lily Tomlin, Tom Waits, Anne Archer, Frances McDormand, Peter Gallagher, Lyle Lovett
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15 mai 2008

Le direktor (2006) de Lars von Trier

Titre original : « Direktøren for det hele »

Le direktorElle :
(pas vu)

Lui :
Dès les premières minutes, Le Direktor surprend, il peut même dérouter, mais assez rapidement tout se met en place : le directeur d’une petite société informatique danoise a l’habitude de faire endosser toutes ses décisions désagréables par un « grand directeur » fictif. Voulant vendre la société, il se voit obligé d’engager un acteur pour jouer le rôle de ce grand directeur. L’acteur va prendre son rôle très au sérieux… On peut bien entendu voir en Le Direktor une critique du monde du travail mais elle n’est présente qu’en fond de trame : contre toute attente, le film de Lars von Trier est avant tout une comédie car le réalisateur se concentre surtout sur les rapports humains, s’amusant à les faire évoluer parfois même de façon un peu caricaturale. L’acteur est obligé de (re)composer son personnage et de naviguer à vue, ce qui occasionne des situations amusantes, et le regard que les membres du staff porte sur lui change parfois rapidement. Ce style de mise en situation donne un recul considérable sur ce petit microcosme d’une dizaine de personnes. L’humour est omniprésent dans Le Direktor, Lars von Trier semblant vouloir s’amuser de tout, y compris de lui-même (il fait même dire à un de ses personnages : « Tu n’as pas écouté, ou alors c’est comme dans un film du Dogme, on n’entend pas bien »). Son homme d’affaires islandais est particulièrement haut en couleur (les islandais ne portent pas les danois dans leur cœur, l’Islande ayant été longtemps sous domination danoise). Sur le plan de la forme, Le Direktor comporte une originalité de taille : tous les plans ont été décidés par un ordinateur auquel il avait fourni un certain nombre de règles. Sautes fréquentes et cadrages parfois hasardeux sont une conséquence visible du procédé qui semble surtout relever de l’exercice de style. Mais cela n’empêche pas Le Direktor d’être une comédie particulièrement savoureuse et très réussie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jens Albinus, Peter Gantzler, Iben Hjejle, Mia Lyhne
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