17 octobre 2007

Le mystère Von Bulow (1990) de Barbet Schroeder

Titre original : « Reversal of Fortune »

Le mystère von BülowElle :
Barbet Shroeder nous plonge avec élégance et froideur dans les envers du décor de la détérioration d’un couple richissime interprété par Jeremy Irons et Glenn Close. Claus von Bulow est un mari volage, glacial et cynique ; il est condamné à 30 ans de prison pour tentative d’assassinat sur sa femme qui tombe dans un coma profond. L’enquête vue sous plusieurs angles pénètre dans l’intimité des personnages et laisse à penser que Sunny von Bulow est une femme excessive, en proie à des névroses violentes. Où est la vérité ? Faut-il se fier aux apparences ? Le réalisateur a choisi de ne pas prendre partie ; il maintient constamment l’ambiguïté sur les motivations des personnages et la vérité sur le coma de Sunny. J’ai pris moins de plaisir à revoir ce film sinistre et étouffant. L’enquête fuse dans tous les sens et prend beaucoup de place par rapport à la terrible relation qui existe dans ce couple.
Note : 3 étoiles

Lui :
Un dandy est accusé d’avoir tué sa richissime femme et condamné. Il engage un avocat pour prouver son innocence et casser ce jugement. Le Mystère Von Bulow fait partie de ces films judiciaires qui détaille précisément le travail des avocats pour défendre une affaire qui semble perdue d’avance. Il s’inscrit ainsi dans une longue tradition du cinéma américain. Barbet Schroeder joue sur les contrastes : d’un côté, nous avons l’équipe des avocats, jeunes, plutôt épanouis et libérés ; en face, nous avons le couple formé par un Jeremy Irons, strict et digne, très retenu et même austère, et une Glenn Close désillusionnée qui n’attend plus rien de la vie. Si l’histoire en elle-même n’est pas des plus passionnante, Le Mystère von Bulow reste intéressant à regarder pour sa mise en scène très précise, son climat et la belle prestation de Jeremy Irons.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jeremy Irons, Ron Silver, Glenn Close, Annabella Sciorra, Felicity Huffman
Voir la fiche du film et la filmographie de Barbet Schroeder sur le site imdb.com.

Le Mystère Von Bulow est inspiré d’une affaire réelle qui défraya la chronique aux Etats-Unis entre 1982 et 1985. Aujourd’hui, Sunny von Bülow serait toujours dans le coma dans un hôpital de New-York. Claus von Bülow a abandonné toute prétention sur la fortune de sa femme en échange de la garantie que leur fille Cosima ne serait pas déshéritée par sa grand-mère pour avoir témoigné en sa faveur au procès. Il vit à Londres et écrit des critiques d’art. Il a en outre pris l’engagement de ne jamais reparler de l’affaire : Barbet Schroeder n’a donc pu le rencontrer lors de la préparation du tournage.

Dernière minute :
Martha von Bülow est décédée le 7 décembre 2008 à New-York d’un arrêt cardio-pulmonaire. Elle était dans le coma depuis le 21 décembre 1980, c’est à dire depuis 28 années à quelques jours près.

17 octobre 2007

Mannequin (1937) de Frank Borzage

Titre original : « Mannequin »

Mannequin Elle :
(pas vu)

Lui :
Tout en étant assez modeste, Mannequin apparaît comme un film bien équilibré avec quelques thèmes forts introduits par Borzage. L’histoire met en scène une jeune femme (Joan Crawford) transportée par les sentiments qu’elle porte envers un beau gosse pauvre comme elle et un peu truand. Survient Spencer Tracy, self-made man qui a réussi et profondément touché par la sincérité de ses sentiments. Mannequin Borzage traite une nouvelle fois du thème de l’amour qui se place au dessus de tout : plus fort que la misère, plus fort que l’argent. Il faut se battre pour le trouver et le garder, c’est une œuvre de tous les jours. Il y a aussi beaucoup d’humanité dans son propos et dans ses personnages. Un film simple mais assez touchant, avec une belle interprétation, entière et inspirée, de Joan Crawford.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Joan Crawford, Spencer Tracy, Alan Curtis
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16 octobre 2007

Da Vinci Code (2006) de Ron Howard

Da Vinci CodeElle :
(Abandon rapide)
Note : pas d'eacute;toiles

Lui :
Sans être aussi catastrophique que la critique unanime l’a déclaré, cette adaptation du roman de Dan Brown est assez mal réalisée, Ron Howard semblant s’être livré à un travail de tâcheron sans aucun éclat. Le côté le plus intéressant de Da Vinci Code est l’aspect enquête / jeu de piste ; il est très mal mis en valeur dans le film du fait d’une mise en place confuse et d’un rythme plutôt poussif. De ce fait, l’invraisemblance du scénario n’en devient que plus criante alors que Dan Brown avait suffisamment de talent d’écrivain pour faire avaler ce salmigondis de théories fumeuses…
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Tom Hanks , Audrey Tautou, Ian McKellen, Jean Reno, Paul Bettany, Alfred Molina
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15 octobre 2007

Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

Marie-AntoinetteElle :
Quelle bonne surprise! Sofia Coppola dépoussière le film historique pour lui apporter son regard singulier, audacieux et plein d’humour. Marie-Antoinette est un film à grand spectacle provocant, virevoltant, somptueux. Le mélange de musique classique et de rock donne un ton décalé plein de vie ; à aucun moment, il ne choque car il est bien intégré. La mise en scène est d’une grande maîtrise et beauté. Les décors, cadrages, éclairages, costumes sont éblouissants. La réalisatrice nous plonge dans la vie privée luxueuse de cette reine adolescente. Délaissée par son mari, elle dépense sans compter, donne des fêtes fastueuses et se coupe de son peuple. Kirsten Dunst est une actrice pleine de grâce qui donne beaucoup de frivolité et de légèreté au film. Sofia Coppola ne cherche pas à aborder les problèmes politiques du moment ; ils ne sont que survolés. C’est sans doute pour mieux immerger le spectateur dans un univers artificiel coupé de la réalité. Elle nous invite à suivre ce jeune couple royal inexpérimenté et à le regarder s’enfoncer inexorablement et en toute insouciance vers son destin fatal. Sofia Coppola travaille en famille puisque son cousin interprète le rôle du roi et son père Francis Ford Coppola est le producteur du film.
Note : 5 étoiles

Lui :
Sophia Coppola nous dresse le portrait d’une jeune femme déplacée et décalée qui ne parvient que difficilement à se trouver une place dans un milieu qui n’est pas le sien. Sa Marie-Antoinette se réfugie dans des fêtes qui lui permettent de noyer son mal-être. Au-delà de cette vision un peu simpliste de l’Histoire, son film est surtout remarquable par sa forme. Marie-Antoinette est un superbe spectacle avec une belle utilisation des décors de Versailles, une superbe photographie magnifiée par la lumière. Sophia Coppola réussit en outre à mêler de la musique actuelle aux décors d’époque sans provoquer de hiatus et sans tomber dans la caricature. Sur ce plan, le film est parfait ; dommage que le contenu soit tout compte fait assez vide et, passé l’émerveillement de la première heure de film, Marie-Antoinette m’est apparu assez long et superficiel.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kirsten Dunst, Jason Schwartzman, Judy Davis, Rip Torn, Rose Byrne
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14 octobre 2007

Magnolia (1999) de Paul Thomas Anderson

MagnoliaElle :
Film trop long (3h), déroutant, pesant et déprimant. Que de qualificatifs pour cette histoire aux scénarios multiples, aux personnages détraqués et désirant visiblement s’inscrire dans la lignée de Shortcuts d’Altman. En y projetant son propre vécu douloureux (plusieurs personnages meurent du cancer), le réalisateur  en fait un film morbide qui se termine par une grotesque pluie de grenouilles. Anderson semble chercher son style en usant de fonds sonores cacophoniques, d’effets visuels gratuits, de plans instables caméra à l’épaule.
Note : 2 étoiles

Lui :
Que ce soit sur le fond ou sur la forme, Magnolia semble forcer la caricature pour retenir l’attention : personnages hystériques, musiques permanentes et tonitruantes, effets visuels ou scénaristes inutiles. Il me semble que le réalisateur désirait donner au film une certaine dimension métaphysique mais le propos manque de profondeur. Globalement Magnolia me paraît assez complaisant et j’avoue n’avoir pas su trouver quel peut être l’intérêt d’un tel film…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Julianne Moore, William H. Macy, John C. Reilly, Tom Cruise, Philip Baker Hall, Philip Seymour Hoffman
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13 octobre 2007

Comment épouser un millionnaire (1953) de Jean Negulesco

Titre original : « How to marry a millionaire »

Comment épouser un millionnaireElle :
(pas vu)

Lui :
Epouser un millionnaire, c’est l’idée fixe que trois jeunes femmes opportunistes et obnubilées par l’argent se sont mis en tête. Ce film de Jean Negulesco est resté assez connu grâce à la présence de Marilyn Monroe, qui commençait tout juste, en 1954, à être célèbre (elle venait seulement de tourner Gentlemen prefer blondes). Son numéro de gaffeuse myope comme une taupe est, il est vrai, tout à fait charmant. Mais c’est Lauren Bacall qui a le meilleur rôle dans cette comédie, elle y est à la fois séduisante, intelligente et distinguée. Tout le film semble être fait pour la mettre en valeur. A côté de Lauren et Marilyn, Betty Grable (la pinup la plus punaisée par les G.I. durant la seconde guerre mondiale) a bien du mal à rester au même niveau et fait un peu pâle figure. Sans être vraiment mémorable et malgré sa misogynie légère, Comment épouser un millionnaire est une comédie plaisante.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Lauren Bacall, Marilyn Monroe, Betty Grable, Cameron Mitchell
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A noter un prologue étonnant montrant pendant 5 minutes le grand orchestre de la Fox dirigé par Alfred Newman et interprétant « Street scenes« . Un « cadeau » de la Fox aux amateurs de musiques de films et surtout une démonstation du CinemaScope puisque l’orchestre s’étale sur toute la largeur de l’image : le spectacle est effectivement imposant sur grand écran. Comment épouser un millionnaire est d’ailleurs le premier film tourné en CinemaScope (tourné peu avant La Tunique, le peplum d’Henry Koster qui fut toutefois le premier a être distribué).

12 octobre 2007

Le Dernier des hommes (1924) de F.W. Murnau

Titre original : « Der letzte Mann »

Le dernier des hommesLui :
Le portier très âgé d’un grand hôtel est écarté de ses fonctions pour être placé comme préposé aux toilettes. Autant il s’enorgueillait de sa fonction précédente, autant il a maintenant l’impression d’être devenu le dernier des hommes…
Tourné par Murnau deux ans après Nosferatu, Le Dernier des hommes se situe dans un registre tout à fait différent. Il marque le début d’un nouveau courant réaliste. Mais son côté le plus spectaculaire est incontestablement l’utilisation que Murnau fait de la caméra. Il réalise des effets visuels, soit par superposition ou effets de flous, soit par des mouvements étonnants qui contrastent avec la rigidité habituelle de l’époque. Le dernier des hommes Il fait preuve d’une inventivité quasi permanente. Il faut aussi remarquer que ce film muet est totalement dénué d’intertitres, un film muet sans paroles pourrait-on dire… Pourtant cette absence n’est à aucun moment gênante. L’histoire de cet homme qui ne vit que par le regard des autres est assez poignante ; un angle de lecture du scénario est de rapprocher la perte de l’uniforme de ce portier à la situation de l’Allemagne désarmée par les Alliés en ce début des années 20. Le film s’achève cependant de façon amusante, avec une pirouette finale de scénario annoncée comme invraisemblable par le film lui-même. Le Dernier des hommes valût à Murnau de se faire inviter à Hollywood où il tournera ses 4 derniers films.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Emil Jannings, Maly Delschaft
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11 octobre 2007

The Secret Life of Words (2005) de Isabel Coixet

The secret life of wordsElle :
Une jeune femme sourde, murée dans son silence et sa solitude, vient sur une plate-forme pétrolière coupée du monde soigner un grand blessé qui a perdu temporairement la vue à la suite d’un accident. Cet endroit perdu ressemble à une île où se mêlent quelques personnes très différentes mais qui doivent respecter certaines règles pour pouvoir vivre ensemble. Ce huis clos est très intense et émouvant car composé de vibrations subtiles à fleur de mots et à fleur de peau. Des liens se tissent entre ces deux personnages égarés et solitaires grâce au pouvoir de la parole ainsi qu’à la relation sensible et intime qui se forge dans cette cabine de bateau. Les mots vont créer la confiance puis devenir la passerelle pour que chacun d’entre eux ouvre son cœur et se découvre tout en délicatesse et sensibilité, une passerelle pour une nouvelle naissance. Derrière ce scénario original et sans aucun pathos, se profile la douloureuse histoire de la Yougoslavie et de ses atrocités. Sarah Polley et Tim Robbins sont bouleversants de justesse. Les personnages secondaires sont également très attachants et convaincants.
Note : 5 étoiles

Lui :
Sur une plate-forme pétrolière, une jeune infirmière occasionnelle très refermée sur elle-même soigne un grand brûlé qui a perdu la vue. Le scénario peut rebuter car on peut craindre un mélo très classique. Il n’en est rien. The Secret Life of Words est un film tout en délicatesse et en nuances, Isabel Coixet sachant nous tenir à distance dans un premier temps pour ensuite, très progressivement, nous rapprocher de ses deux personnages. Elle parvient à trouver le ton et l’équilibre parfaits pour donner de la force à son histoire. Sarah Polley et Tim Robbins font tous deux une interprétation très sensible et particulièrement remarquable. Produit par Pedro Almodovar et son frère, The Secret Life of Words est un film espagnol tourné en anglais. Un merveilleux film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Sarah Polley, Tim Robbins
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10 octobre 2007

Indigènes (2006) de Rachid Bouchareb

IndigenesElle :
Indigènes est un film sobre, intense, utile et authentique grâce à la teneur de son message, à la mise en scène dépouillée de Rachid Bouchareb, à la justesse des interprètes, aux décors et scènes de combat sans artifices, à la langue originale préservée. C’est un hommage émouvant aux indigènes des trois guerres qui subirent les terribles discriminations et injustices de l’armée française. Ce film engagé pousse les politiques à modifier la loi française pour rendre leurs droits à ces hommes qui sacrifièrent leur vie pour libérer la France de l’ennemi. D’autre part, ce film transmet non seulement aux générations issues de l’immigration la mémoire méconnue de leurs ancêtres mais il leur offre aussi la possibilité de porter un regard différent sur leur identité.
Note : 5 étoiles

Lui :
Indigènes est avant tout un film utile qui remet en pleine lumière le rôle des combattants africains dans la seconde guerre mondiale, une partie injustement occultée de notre Histoire. Mais Indigènes est aussi un film de guerre très bien réalisé, très convaincant dans ses scènes d’action ; il supporte sans aucun doute la comparaison avec les productions américaines, traditionnellement plus rodées à ce genre précis. L’intensité monte tout au long du film et culmine dans les 15 dernières minutes se déroulant dans le village alsacien. Les cinq acteurs principaux se sont particulièrement impliqués dans leurs rôles et l’interprétation est globalement excellente mis à part certains seconds rôles comme celui du colonel tenu par un Antoine Chappey assez absent.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Samy Naceri, Sami Bouajila, Bernard Blancan
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9 octobre 2007

Les perles de la couronne (1937) de Sacha Guitry

Les perles de la couronneElle :
Guitry nous conte à sa manière l’Histoire de France en prenant comme sujet le destin de sept perles de la couronne anglaise qui furent perdues et bien sûr retrouvées. Ce jeu de piste de nature policière nous fait cotoyer et découvrir les grands souverains de ce monde. C’est plaisant à regarder.
Note : 4 étoiles

Lui :
Guitry aime ces petites histoires de l’Histoire. Cette fois-ci, c’est effectivement une anecdote assez amusante qu’il nous raconte et l’on se plaît à suivre cette quasi-enquête policière : suivre, à travers le temps, les parcours de 7 perles. Certains épisodes sont de qualité inférieure toutefois mais on sent que les acteurs se sont amusés.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jacqueline Delubac, Sacha Guitry, Renée Saint-Cyr, Marguerite Moreno, Arletty, Marcel Dalio, Raimu
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