13 octobre 2009

La fièvre au corps (1981) de Lawrence Kasdan

Titre original : « Body Heat »

La fièvre au corpsElle :
(pas vu)

Lui :
Agé d’à peine plus de trente ans, Lawrence Kasdan parvient à un degré de perfection franchement inhabituel pour un premier film (1). La Fièvre au Corps met en scène une histoire de manipulation et de femme fatale qui évoque les meilleurs films noirs des années quarante, on pense à Le facteur sonne toujours deux fois ou surtout à Assurance sur la mort, mais l’histoire de Kasdan va encore plus loin dans le machiavélisme avec notamment un twist final qui nous laisse pantois. La mise en place et le déroulement du scénario font preuve d’une grande rigueur qui approche la perfection. La Fièvre au Corps est aussi un film audacieux, tout d’abord par sa sensualité torride qui frôle l’érotisme et que Kasdan montre avec beaucoup de style, se situant là encore dans la droite ligne des films noirs. La fièvre au corps Il est audacieux aussi par le choix des acteurs : c’est le premier rôle pour Kathleen Turner qui montre une grande force dans son jeu avec une bonne dose de mystère et qui forme un couple vraiment électrique avec William Hurt qui a enfin ici un rôle de premier plan. Ils donnent beaucoup de crédibilité au film. La musique de John Barry contribue elle aussi à créer un climat très fort. Envoûtant et original, La Fièvre au Corps est une réussite sur toute la ligne. Avec le recul, on mesure mieux à quel point il ne peut se comparer qu’aux très grands films noirs, qui sont souvent ses aînés de trente ou quarante ans.
Note : 5 étoiles

Acteurs: William Hurt, Kathleen Turner, Richard Crenna, Ted Danson, J.A. Preston, Mickey Rourke
Voir la fiche du film et la filmographie de Lawrence Kasdan sur le site IMDB.

(1) Lawrence Kasdan n’était toutefois pas un débutant en tant que scénariste : il avait précédemment signé les scénarii de Les Aventuriers de l’Arche Perdue et Star Wars l’Empire contre-attaque (c’est d’ailleurs George Lucas qui a anonymement produit son film).

12 octobre 2009

Mort sur le Nil (1978) de John Guillermin

Titre original : « Death on the Nile »

Mort sur le NilElle :
(pas vu)

Lui :
Mort sur le Nil de John Guillermin s’inscrit dans la lignée du Crime de l’Orient Express tourné par Sydnet Lumet, quatre ans plus tôt. Ils sont tous deux adaptés d’un roman d’Agatha Christie et émanent des mêmes producteurs anglais. Il est donc assez inévitable de les comparer. La scène se passe en Egypte, sur un bateau effectuant une croisière sur le Nil. Cette fois, c’est Peter Ustinov qui interprète le détective belge Hercule Poirot et il donne un style quelque peu différent : une certaine rondeur (!), une imperturbable placidité et une bonne dose d’autosatisfaction. La mise en scène est plus fastueuse avec une large utilisation des décors extérieurs, majestueux, baignés de soleil. On pourra peut-être reprocher au film une mise en place assez longue, mais celle-ci ne manque pas de charme ; lorsque l’enquête démarre, le rythme devient nettement plus soutenu et le développement de l’histoire réserve bien des surprises. L’interprétation est parfaitement dans le ton. Aux côtés de Peter Ustinov, David Niven contribue à donner à l’ensemble une indéniable élégance qui fait tout de charme de ce Mort sur Nil
Note : 4 étoiles

Acteurs: Peter Ustinov, David Niven, Lois Chiles, Simon MacCorkindale, Bette Davis, Mia Farrow, Jane Birkin, Maggie Smith
Voir la fiche du film et la filmographie de John Guillermin sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Guillermin chroniqués sur ce blog…

Autre adaptation du même roman :
Agatha Christie: Poirot – Death on the Nile de Andy Wilson (2004) pour la télévision (dans le cadre d’une série). A noter que le même bateau a été utilisé dans cette nouvelle adaptation.

11 octobre 2009

Notre histoire (1984) de Bertrand Blier

Notre histoireElle :
Bien que maltraité par la critique à l’époque de sa sortie, Notre histoire est plutôt un bon cru. Cette parodie sentimentale avec un Alain Delon à contre-emploi, puisqu’il joue le rôle d’un loser, est amusante mais aussi grinçante. Le couple déchiré et déstabilisé par le divorce s’enfonce soit dans l’excès soit dans le repli. C’est non seulement une parodie absurde et décalée avec des personnages truculents qui font les quatre cent coups mais c’est aussi une peinture mélancolique sur la solitude et la difficulté de trouver l’amour. Toute une pléiade d’acteurs connus et encore inconnus envahit peu à peu les décors. On passe du rire aux éclats à l’émotion pure.
Note : 4 étoiles

Lui :
Seul et désabusé dans son compartiment de première classe, un homme se fait aborder par une jeune femme qui s’offre à lui. Arrivé à destination, il cherche à s’incruster dans sa vie, prêt à tout accepter pour pouvoir rester avec elle. Notre histoire est un film difficile à définir comme le sont souvent les films de Bertrand Blier : c’est autant une comédie, qu’un drame, qu’une variation surréaliste sur l’amour. Il démarre de façon saugrenue et monte en intensité pour partir ensuite en roue libre (le milieu de film est franchement hilarant) et finit par retomber sur ses pieds avec un beau final. Derrière l’humour et la parodie, Notre histoire est une réflexion sur l’attachement et la solitude qu’il peut occasionner. Alain Delon joue avec son image de battant irrésistible puisqu’il est ici un loser geignard qui est toutefois rapidement attachant comme le sont beaucoup des personnages. Face à lui, Nathalie Baye est tout aussi convaincante. Le tandem est complété par toute une pléiade d’acteurs connus. Notre histoire fut à l’époque de sa sortie vilipendé par la critique, parfois pour des raisons extra-cinématographiques (1). C’est toutefois un film très réussi, parfaitement inclassable si n’est parmi les films d’auteur, un film sur lequel le temps n’aura certainement que peu de prise.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Nathalie Baye, Gérard Darmon, Michel Galabru, Jean-Pierre Darroussin, Sabine Haudepin, Geneviève Fontanel, Jean-François Stévenin, Ginette Garcin, Vincent Lindon
Voir la fiche du film et la filmographie de Bertrand Blier sur le site IMDB.

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(1) Il faut dire qu’Alain Delon (qui est aussi co-producteur du film) venait de défrayer la chronique en affirmant publiquement son soutien au président du Front National…

10 octobre 2009

Benjamin Gates et le livre des secrets (2007) de Jon Turteltaub

Titre original : « National Treasure: Book of Secrets »

Benjamin Gates et le livre des secretsElle :
(pas vu)

Lui :
Deuxième opus de la série des aventures du brillant archéologue, Benjamin Gates et le Livre des Secrets est une course au trésor avec son petit lot d’énigmes à déchiffrer entrecoupées de courses-poursuites. Le film reprend la formule d’Indiana Jones à ceci près que notre archéologue utilise plutôt l’ordinateur que son fouet et surtout que l’ensemble n’a aucune vraisemblance et ne cherche visiblement pas en à avoir. On est donc dans le divertissement pur. Notre héros réussit tout, il est rusé comme un renard et rien ne lui résiste ; tout le monde est gentil, même les méchants finissent par être gentil! Comme toutes les productions Walt Disney, la réalisation est techniquement parfaite mais aussi extrêmement formatée. Le rythme est assez soutenu sauf dans le dernier tiers qui s’éternise quelque peu. Bien ficelé, Benjamin Gates ou le Livre des Secrets est un gentil divertissement apte à nous détendre après une journée difficile… mais il reste loin de son modèle.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Nicolas Cage, Justin Bartha, Diane Kruger, Jon Voight, Helen Mirren, Ed Harris
Voir la fiche du film et la filmographie de Jon Turteltaub sur le site IMDB.

Précédent film :
Benjamin Gates et le Trésor des Templiers (National Treasure) de Jon Turteltaub (2004)

8 octobre 2009

Shanghai Express (1932) de Josef von Sternberg

Shanghai ExpressElle :
(pas vu)

Lui :
Shanghai Express fait partie des sept films que Marlene Dietrich tourna sous la direction de Sternberg entre 1930 et 1935 et qui la hissèrent au niveau des plus grandes stars d’Hollywood. Shanghai Express est celui qui rencontra le plus grand succès populaire à l’époque. On y retrouve cette note d’exotisme dont Sternberg aimait entourer son actrice fétiche. Dans une Chine en pleine guerre civile, un petit groupe d’occidentaux montent dans un train à destination de Shanghai. Parmi eux, une femme à la réputation sulfureuse, surnommée Shanghai Lily, attire les regards et les réprobations. Du fait de la situation politique troublée, le voyage ne va pas se dérouler sans évènements… Josef von Sternberg a tourné son film entièrement en studio dans lesquels il a recréé des environnements limités mais empreints d’une forte atmosphère. Le début du film, avec le départ du train et sa traversée délicate de la ville surpeuplée où il emprunte des rues étroites, est remarquable. On peut sans aucun doute lui reprocher de nous présenter une Chine un peu caricaturale, du moins pleine des clichés de l’époque, Shanghai Express mais il parvient à créer une ambiance toute particulière ; les éclairages y sont pour beaucoup, notamment dans les scènes à l’intérieur du train. Sur une trame de troubles politiques, le thème central du film reste celui d’un amour tumultueux, des retrouvailles difficiles entre deux anciens amants qui ne savent exprimer leurs sentiments. Si le personnage interprété par Clive Brook peut paraître un peu guindé voire terne (mais il crée un contrepoint parfait, tout à fait dans son époque), c’est bien entendu Marlène Dietrich qui crève l’écran, avec une présence magistrale, méritant plus que jamais son qualificatif de mythe cinématographique, et magnifiée par des robes époustouflantes et des éclairages de toute beauté. Que l’histoire ne soit guère crédible, comme il a parfois été reproché, passe au second plan : Shanghai Express reste une de ces petites merveilles quasiment atemporelles qui se regarde toujours aujourd’hui avec un grand plaisir.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Clive Brook, Anna May Wong, Warner Oland
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Remarke :
Peking Express de William Dieterle (1951) avec Joseph Cotten

Les sept films de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich :
L’angle Bleu (Der blaue Engel) (1930)
Coeurs Brûlés (Morocco) avec Gary Cooper (1930)
Agent X27 (Dishonored) (1931)
Shanghai Express (1932)
Blonde Vénus (Blonde Venus) avec Cary Grant (1932)
L’Impératrice Rouge (The Scarlet Empress) (1934)
La femme et le pantin (The devil is a woman) (1935)

7 octobre 2009

Du sang dans le désert (1957) de Anthony Mann

Titre original : « The tin star »

Du sang dans le désertElle :
(pas vu)

Lui :
Du sang dans le désert, derrière ce titre français qui fait plutôt sourire se cache un western d’un très beau classicisme. Un ex-sheriff désillusionné devenu chasseur de primes (Henry Fonda) prend sous son aile un tout jeune sheriff (Anthony Perkins) qui, du fait de son inexpérience, a toutes les chances de ne pas rester en vie très longtemps. Il lui enseigne les ficelles du métier et le jeune élève ne va tarder à devoir mettre les leçons en pratique. Le scénario n’est donc pas franchement original, on retrouve le thème de la transmission de l’ancien, calme et perspicace, au jeune idéaliste et impétueux avec en accompagnement bon nombre de poncifs du western du côté des personnages secondaires. Cependant, le film est très attachant, même assez enthousiasmant, d’abord par sa forme, un beau noir et blanc avec une image très précise, une grande pureté dans la mise en scène sans esbroufe d’Anthony Mann, et aussi par une interprétation à la fois sobre et puissante avec, au premier rang, un Henry Fonda qui montre une grande présence à l’écran. Tout cela contribue à donner une indéniable profondeur à l’histoire et aux personnages. Du sang dans le désert est un western qui fait preuve d’un superbe classicisme et qui mérite de figurer parmi les meilleurs.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Anthony Perkins, Betsy Palmer, Neville Brand, John McIntire, Lee Van Cleef
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5 octobre 2009

Le tour du monde en 80 jours (1956) de Michael Anderson

Titre original : « Around the world in eighty days »

Le tour du monde en 80 joursElle :
(pas vu)

Lui :
Adaptation du roman de Jules Verne, Le Tour du Monde en 80 jours fut l’une des plus grosses productions hollywoodiennes des années cinquante. En grande partie tourné en studio, il a nécessité cent quarante décors différents, soixante-neuf mille figurants et huit mille cinq cent animaux. L’idée du producteur Michael Todd était aussi de mettre en avant son nouveau système de cinéma en 70mm et le roman de Jules Verne lui offrait une belle occasion de présenter de vastes scènes fastueuses dans des registres forts différents suivant les pays traversés. Il n’y a pas vraiment de suspense sur le voyage en lui-même, ce Tour du Monde en 80 jours est donc surtout un spectacle. Technicolor est merveilleusement utilisé, notamment dans la traversée des Etats-Unis. Le film semble forcément un peu daté aujourd’hui, cet attrait de la découverte de pays lointains étant plus émoussé. Quelques longueurs se font sentir ici et là comme dans la scène de la corrida qui paraît interminable. L’ensemble reste plaisant. British jusqu’au bout des ongles, David Niven incarne un parfait Phileas Fogg.
Note : 3 étoiles

Acteurs: David Niven, Cantinflas, Shirley MacLaine, Robert Newton
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Remarque :
Le Tour du Monde en 80 jours comporte un grand nombre de courtes apparitions d’acteurs célèbres (« cameos ») :
Parmi les plus connus, on peut citer Martine Carol, Fernandel, Charles Boyer, Luis Miguel Dominguín, Charles Coburn, Peter Lorre, George Raft, Marlene Dietrich, John Carradine, Frank Sinatra, Buster Keaton, John Gielgud, Trevor Howard.

Mais il y a aussi : A.E. Matthews, Alan Mowbray, Andy Devine, Basil Sydney, Beatrice Lillie, Cesar Romero, Tim McCoy, Edmund Lowe, Edward R. Murrow, Evelyn Keyes, Finlay Currie, Glynis Johns, Harcourt Williams, Hermione Gingold, Jack Oakie, Joe E. Brown, John Mills, José Greco, Melville Cooper, Mike Mazurki, Noel Coward, Red Skelton, Reginald Denny, Richard Wattis, Robert Morley, Ronald Colman, Ronald Squire, Cedric Hardwicke and Victor McLaglen.

L’utilisation du terme « cameo appareance » dans le cadre du cinéma viendrait d’ailleurs de ce film : certaines affiches avaient en effet aligné ces acteurs connus dans des ovales (« cameo » = « camée » en français). Le terme est toutefois d’origine plus ancienne dans le monde du théâtre.

Autres versions :
Le tour du Monde en 80 jours (Around the world in eighty days) de Frank Coraci (2004) avec Steve Coogan et Jackie Chan
+ de nombreuses adaptations télévisées dont une de Buzz Kulik avec Pierce Brosnan et Eric Idle (1989).

4 octobre 2009

J’ai toujours rêvé d’être un gangster (2007) de Samuel Benchetrit

J'ai toujours rêvé d'être un gangsterElle :
(pas vu)

Lui :
Filmé en noir et blanc, dans des décors souvent très graphiques, J’ai toujours rêvé d’être un gangster a une forme très travaillée, sans doute un peu trop. Le film reprend la formule des films à sketches des années soixante pour nous présenter quatre variations autour du thème du gangster raté ou à la retraite, l’une des saynètes étant un face à face entre Alain Bashung et Arno qui rappelle étrangement Jarmusch (1). L’ensemble ne manque pas d’humour mais n’a pas l’épaisseur que l’on aurait souhaitée. Samuel Benchetrit cherche beaucoup trop à montrer qu’il a du style, certains de ses plans sont admirables mais il appuie beaucoup trop fort sur la pédale… Ses sources d’inspirations sont visiblement nombreuses, trop nombreuses sans doute et trop disparates car le résultat manque un peu de cohérence et reste assez loin des modèles.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Anna Mouglalis, Edouard Baer, Jean Rochefort, Laurent Terzieff, Jean-Pierre Kalfon, Bouli Lanners, Serge Larivière, Alain Bashung
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(1) L’une des scènes mémorables de Coffee and Cigarettes de Jim Jarmusch est un face à face entre Iggy Pop et Tom Waits dans un café alors qu’ils ont tous deux arrêté de fumer.

3 octobre 2009

Paris nous appartient (1961) de Jacques Rivette

Paris nous appartientElle :
(pas vu)

Lui :
Par l’intermédiaire de son frère, la jeune Anne rencontre un metteur en scène de théâtre qui monte une pièce avec très peu de moyens. Par ailleurs, la mort d’un ami guitariste, réfugié espagnol, trouble tout le monde : s’est-il suicidé ou a-t-il été assassiné par une obscure organisation politique ? Paris Nous Appartient est le premier long métrage de Jacques Rivette. Il lui a fallu faire preuve de grande ténacité pour l’achever : commencé en 1958, tourné avec des moyens de fortune, il n’est sorti qu’en 1961 (1). Le film se veut être le portrait d’une génération de jeunes intellectuels, attirés par l’art sous toutes ses formes et vivant dans l’angoisse d’une épée de Damoclès politique, le retour sournois d’un certain fascisme. Ils se sentent aussi exilés que leurs amis réfugiés et cherchent à conquérir Paris avec leur art mais sans compromission. Ils regrettent la pureté et l’innocence, ici personnalisée par la jeune Anne. Le film de Jacques Rivette n’est pas sans défaut : surtout dans sa première partie, il se perd en bavardages qui s’étirent en longueur mais la seconde moitié du film est plus enlevée avec un meilleur rythme. Rivette était alors critique aux Cahiers du Cinéma et on note les apparitions de ses amis comme Jean-Luc Godard (au générique sous son nom de plume, Hans Lucas) ou Claude Chabrol. Finalement, malgré ses longueurs et son aspect intellectualiste trop marqué, Paris Nous Appartient montre une certaine richesse.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Betty Schneider, Giani Esposito, Françoise Prévost, Daniel Crohem, François Maistre, Jean-Claude Brialy
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Rivette sur le site IMDB.

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(1) Ironie de l’Histoire (ou justification du propos), le film est sorti en 1961 alors que Paris vivait dans l’angoisse des attentats de l’OAS.

2 octobre 2009

Female (1933) de William A. Wellman, Michael Curtiz et William Dieterle

FemaleElle :
(pas vu)

Lui :
Female est vraiment une belle petite curiosité. Le scénario et son traitement fleurent bon la liberté de ton qui régnait à Hollywood avant que le code Hays impose ses lois de bonne moralité. La jeune et jolie Alison Drake dirige d’une main de fer la grande compagnie de construction automobile qu’elle a hérité de sa famille. Aucun obstacle ne l’arrête et elle pousse ses employés à vendre toujours plus. Certains d’entre eux sont parfois invités le soir chez elle pour « finir une réunion ». Adapté d’un roman, le scénario joue donc sur l’inversion des genres et on imagine aisément qu’il y avait là de quoi choquer à l’époque (on peut toutefois se demander si les ligues de vertu qui s’indignèrent à la sortie du film protestaient pareillement devant les films qui montraient des directeurs-homme séduire leurs secrétaires…) Il faut dire que Female va assez loin car son héroïne est ouvertement sexiste et dénigre allègrement les schémas traditionnels, par exemple quand elle déclare que « une femme amoureuse est pitoyable »… Tout cela est d’autant plus délicieux que l’ensemble est souligné par de constantes petites touches d’humour. Le film est particulièrement court, moins de soixante minutes, et le rythme est enlevé. Bref, on dirait presque du Lubitsch… Il faut souligner la remarquable performance de Ruth Chatterton qui interprète avec une grande aisance toutes les facettes de son personnage. Produit par Henry Blanke de la First National, le film aura vu trois réalisateurs se succéder à la suite d’empêchements divers. Les décors Art déco sont remarquables, notamment le domicile d’Alison (1). Malgré une fin bâclée (2), Female est un petit bijou, il est remarquable de voir la qualité d’une telle comédie souvent considérée comme assez mineure.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ruth Chatterton, George Brent, Lois Wilson, Johnny Mack Brown, Ferdinand Gottschalk
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(1) Les extérieurs de la maison sont en réalité ceux de l’Ennis House, vaste demeure dessinée par Frank Lloyd Wright en 1923 et située près de Los Angeles (voir photos). L’intérieur est tout autre, dans le pur style Art déco. La superbe piscine est celle qui venait d’être utilisée pour un ballet aquatique de Footlight Parade quelques mois plus tôt. A noter que le thème musical, que l’on entend plusieurs fois sous des formes diverses quand Alison séduit ses amants d’un soir, est le thème de la chanson Shanghai Lil du même Footlight Parade.
(2) Pour calmer les esprits moralistes, à la fin du film, la belle Alison rentre dans le rang et devient une femme classique (elle promet d’avoir neuf enfants!)… mais cette fin est tellement bâclée et rocambolesque que l’on n’y croit pas une seconde.