5 décembre 2010

Last chance for love (2008) de Joel Hopkins

Titre original : « Last chance Harvey »

Last Chance for LoveLui :
Un compositeur de musiques publicitaires vient des Etats Unis à Londres pour assister au mariage de sa fille qu’il ne voit plus guère depuis son divorce. Il fait la rencontre de Kate, une londonienne tout aussi esseulée que lui. Ce n’est donc pas par l’originalité de son scénario (ni par son titre!) que Last Chance for Love pourra briller… sauf que l’histoire en question met en scène deux quinquagénaires (quoique Dustin Hoffman serait plutôt septuagénaire) et que le film a l’avantage d’être une petite production : son petit budget lui permet d’avoir une certaine fraîcheur. Après une belle mise en place qui s’appuie sur de bons dialogues, le film devient ensuite bien plus conventionnel. Il repose alors uniquement sur son duo d’acteurs : eux seuls peuvent maintenir cette légèreté qui fait son attrait. Last Chance for Love est une gentille (et optimiste) comédie romantique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Emma Thompson, Eileen Atkins, Kathy Baker
Voir la fiche du film et la filmographie de Joel Hopkins sur le site IMDB.

5 décembre 2010

For his son (1912) de David W. Griffith

For His SonLui :
(Muet, 15 mn) For his son est l’un des courts-métrages les plus étonnants de David Griffith. Il nous montre un médecin qui, pour pouvoir répondre aux forts besoins d’argent de son fils, a l’idée de commercialiser une boisson contenant de la cocaïne. C’est le succès immédiat mais, rapidement, certains clients deviennent dépendants de la drogue. Ce qui est étonnant dans cette fable moralisatrice, c’est qu’elle a des motivations fondées ! En effet, quelques mois auparavant, une loi avait été votée pour interdire l’adjonction de cocaïne dans une boisson nommée… Coca-Cola. Griffith condamne sans équivoque cette pratique en montrant un personnage avide, uniquement motivé par l’appât du gain facile, et qui ne se  soucie nullement des dommages occasionnés. Il appuie fortement et dramatise son propos.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Hill Mailes, Charles West, Blanche Sweet, Dorothy Bernard
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5 décembre 2010

La mer calme (1910) de David W. Griffith

Titre original : « The unchanging sea »

The Unchanging SeaLui :
(Muet, 14 mn) La mer calme est inspiré d’un poème de Charles Kingsley qui apparaît en intertitres : trois pêcheurs partent vers l’ouest, au loin, laissant leurs femmes qui attendent leur retour. Reviendront-ils ? Griffith tente avec le peu de moyens à sa disposition de créer une grande tension dramatique. Il y parvient partiellement, handicapé par l’unité de lieu (en extérieur, toutefois, sur une plage) et par la brièveté du film. La Mer Calme est en revanche remarquable par le jeu des acteurs qui est très retenu pour 1910 et par la belle composition des plans.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Arthur V. Johnson, Linda Arvidson, Gladys Egan, Mary Pickford, Charles West
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4 décembre 2010

Suds (1920) de John Francis Dillon

Titre français parfois utilisé : « Rêve et réalité »

SudsLui :
Avec Suds, Mary Pickford met de côté ses bouclettes et son visage d’ange pour personnifier une jeune blanchisseuse, un peu souillon, dans un Londres populaire à la Dickens. Raillée et persécutée par ses collègues, elle se réfugie dans le rêve et s’invente des histoires où un jeune Lord doit venir la chercher pour l’épouser. Mary Pickford a certes toujours un jeu très appuyé mais dans Suds, elle semble aller un peu trop loin. Il s’agit d’un drame traité comme une farce et l’actrice charge un peu trop le côté clownesque de son personnage. L’accumulation de déboires et d’avanies peut probablement fonctionner comme un ressort comique auprès de certains spectateurs mais personnellement ce ne fut pas mon cas. Mary Pickford, « America’s sweetheart » (= la petite fiancée de l’Amérique), était alors au sommet de sa popularité : elle venait de fonder United Artists (avec Fairbanks, Chaplin et Griffith) et d’épouser Douglas Fairbanks. Elle désirait alors se tourner vers des rôles ayant une vraie dimension dramatique. Elle y parviendra… mais plus tard ; ici, nous avons plutôt un maladroit mélange des genres. Suds était d’ailleurs prévu pour se terminer sur une note triste : « Mais qui va bien pouvoir m’aimer ? ». Cela ne plut guère au public et deux fins heureuses, une américaine et une européenne, furent filmées à la va-vite et plaquées sans se soucier de faire la liaison ni de garder une certaine vraisemblance.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Albert Austin, Harold Goodwin, Rose Dione
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Remarques :
* Explication du titre (qui peut paraître un peu bizarre) : « Suds » en anglais désigne la mousse de savon et les collègues d’Amanda l’ont surnommée « Sudsie », c’est-à-dire « couverte de mousse de savon ».
* Dans son autobiographie, Mary Pickford raconte que le cheval famélique, que le studio avait eu tant de mal à trouver, a repris rapidement des forces dans les écuries de Douglas Fairbanks en attente du tournage. Il a donc fallu le « maquiller » pour qu’il paraisse fatigué et lui dessiner des côtes saillantes. Mary Pickford dit avoir fait elle-même le maquillage du cheval.

3 décembre 2010

Les gens de la pluie (1969) de Francis Ford Coppola

Titre original : « The rain people »

Les gens de la pluieLui :
Etouffant face à la perspective d’une vie de mère de famille bien rangée, une jeune femme qui vient d’apprendre qu’elle est enceinte décide de partir à l’aventure, pour essayer de prendre du recul et de réfléchir. En chemin, elle recueille un ex-footballer devenu simplet à la suite d’un accident. Les Gens de la Pluie est le quatrième long métrage de Francis Ford Coppola. Il l’a filmé entièrement en extérieurs avec une équipe légère. Le scénario a été en grande partie improvisé ce qui donne beaucoup d’authenticité au film, une grande impression de liberté… mais aussi une fin aussi improbable qu’insatisfaisante. Le thème du rejet d’une vie toute tracée d’avance par la société revient dans de nombreux films importants de la fin des années soixante et début des années soixante-dix ; en revanche, il est plus rare que le personnage principal en soit une femme et c’est ce personnage qui fait toute la force du film de Coppola, par sa complexité et sa richesse. Désemparée, ne trouvant aucun point d’appui (parents très fermés et mari incompréhensif), elle semble partir dans tous les sens, pleine de contradictions, déterminée et peu sûre d’elle, égocentrique mais généreuse, naturelle mais se maquillant parfois excessivement. Effrayée par cette grossesse qui arrive bien trop tôt, elle cherche surtout à garder sa liberté qu’elle sent s’éloigner… La mise en scène est soignée, ne traduisant pas du tout l’improvisation du scénario. Le plus spectaculaire est cette série de flashbacks très courts (le mot « flash » est ici très approprié) que Coppola utilise pour exprimer les pensées de ses personnages. Plusieurs scènes sont très complexes, telle celle dans la chambre de motel qui a été filmée dans une lumière faible à travers un et même deux miroirs. Souvent éclipsé par ses succès plus voyants, Les Gens de la Pluie est à ranger parmi les meilleurs films de Coppola.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Shirley Knight, James Caan, Robert Duvall
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2 décembre 2010

Parlez-moi de la pluie (2008) de Agnès Jaoui

Parlez-moi de la pluieLui :
Une intellectuelle féministe retourne dans son Var natal pour se présenter aux élections régionales. Un réalisateur de documentaires sur le retour (il vit toujours sur la gloire d’un court métrage remarqué il y a 20 ans) fait équipe avec un jeune rencontré dans un stage de cinéma pour une série sur « les femmes qui ont réussi »… Les trois personnages centraux de Parlez-moi de la pluie ne sont pas bardés d’assurance, aucun c’est sûr de lui-même ni de sa voie ; leurs hésitations provoquent ratés et controverses. Leur vie sentimentale prend le dessus. Le défaut du film d’Agnès Jaoui est sans doute de sembler partir dans plusieurs directions sans vraiment en explorer une seule. Il y a de tout… un peu. L’ensemble reste plaisant mais, malgré une bonne prestation d’acteurs, nous laisse plutôt sur notre faim (la fin, quant à elle, est franchement gentillette). Djamel Debbouze est assez étonnant, quittant son habituel personnage exubérant et poseur, pour adopter un jeu retenu avec plus de délicatesse et donc de richesse.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Bacri, Jamel Debbouze, Agnès Jaoui, Pascale Arbillot, Frédéric Pierrot, Florence Loiret Caille
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30 novembre 2010

Sommaire de novembre 2010

Amère victoireUne femme a passéLe silence de LornaCharlot à la plageMax veut faire du théâtreMax célibataireMy Father, my LordL'Aigle Noir

Amère victoire

(1957) de Nicholas Ray

Une femme a passé

(1928) de René Jayet

Le silence de Lorna

(2008) de Jean-Pierre & Luc Dardenne

Charlot à la plage

(1915) de Charles Chaplin

Max veut faire du théâtre

(1911) de René Leprince & Max Linder

Max célibataire

(1910) de Max Linder

My Father, my Lord

(2007) de David Volach

L’Aigle Noir

(1925) de Clarence Brown

Les pirates du railL'empreinteLa frontière de l'aubeLe jugement des flèchesMalec l'insaisissableLes faubourgs de New YorkLes garçonsLe voyage à travers l'impossible

Les pirates du rail

(1938) de Christian-Jaque

L’empreinte

(2008) de Safy Nebbou

La frontière de l’aube

(2008) de Philippe Garrel

Le jugement des flèches

(1957) de Samuel Fuller

Malec l’insaisissable

(1921) de Buster Keaton & Malcolm St. Clair

Les faubourgs de New York

(1933) de Raoul Walsh

Les garçons

(1959) de Mauro Bolognini

Le voyage à travers l’impossible

(1904) de Georges Méliès

Le sang d'un poèteThe visitorDaddy-Long-LegsLa stradaReligoloLe pré de BéjineOctobreLa fée aux choux

Le sang d’un poète

(1930) de Jean Cocteau

The visitor

(2007) de Thomas McCarthy

Daddy-Long-Legs

(1919) de Marshall Neilan

La strada

(1954) de Federico Fellini

Religolo

(2008) de Larry Charles

Le pré de Béjine

(1937) de Sergueï Eisenstein

Octobre

(1928) de Sergueï Eisenstein

La fée aux choux

(1900) de Alice Guy

Sept ans de malheurLa forêt interditeLa loi et l'ordreLa fin de Saint-PétersbourgLa charge héroïqueSans Sarah, rien ne va

Sept ans de malheur

(1921) de Max Linder

La forêt interdite

(1958) de Nicholas Ray

La loi et l’ordre

(2008) de Jon Avnet

La fin de Saint-Pétersbourg

(1927) de Vsevolod Poudovkine

La charge héroïque

(1949) de John Ford

Sans Sarah, rien ne va

(2008) de Nicholas Stoller

Nombre de billets : 30

30 novembre 2010

Amère victoire (1957) de Nicholas Ray

Titre original : « Bitter Victory »

Amère victoireLui :
En 1943, l’état major britannique en Lybie envoie un petit commando s’emparer de documents militaires allemands. Il place à sa tête le major David Brand, un militaire de carrière qui n’a pas vraiment d’expérience du combat (Curt Jürgens), secondé par le capitaine Leith (Richard Burton), archéologue de profession. Les deux hommes se connaissent mais ne s’estiment guère, tous deux étant de tempéraments opposés et amoureux de la même femme. Face au danger, Brand fait preuve de lâcheté et Leith doit agir à sa place, ce qui ne fera que renforcer la rivalité pendant le long et périlleux trajet de retour dans le désert. L’histoire d’Amère Victoire, adaptée d’un roman à succès de René Hardy (1),Amère victoire met en relief la façon dont les vraies personnalités se dévoilent entièrement face au danger. Nicholas Ray retranscrit parfaitement cette opposition de caractères somme toute très humains. Sous la surface, chacun a des contradictions qu’il ne parvient pas toujours à gérer. Belle mise en scène de Nicholas Ray avec un jeu d’acteurs très retenu et parfaitement contrôlé. L’image est un beau noir en blanc en cinémascope qui magnifie les grandes étendues du désert.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Richard Burton, Curd Jürgens, Ruth Roman, Raymond Pellegrin
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(1) René Hardy est un ancien résistant, soupçonné d’être responsable de l’arrestation de Jean Moulin et sept autres grands résistants en juin 1943 mais, en l’absence de preuves suffisantes, n’a jamais été condamné. Après la guerre, il a écrit plusieurs livres qui ont rencontré un certain succès.

Remarques :
Amère Victoire est une production française : les producteurs sont Paul Graetz et l’éditeur Robert Laffon. S’il fut, bien évidemment, tourné en anglais, il s’agit donc bien d’un film français.

29 novembre 2010

Une femme a passé (1928) de René Jayet

Une femme a passéLui :
(Film muet) Une femme a passé est un film très méconnu qui, heureusement, a été récemment restauré. Il s’agit du premier long métrage du réalisateur français René Jayet, réalisateur qui s’est hélas illustré par la suite avec des films marqués d’un comique pas toujours très fin… Mais, rien de tel dans ce premier film, bien au contraire. Il s’agit d’un grand drame de la jalousie dans le monde des mariniers, une histoire de femme fatale. La plus grande partie du film se déroule sur une péniche (nous sommes, notons-le, six ans avant L’Atalante de Jean Vigo) et ce lieu clos exacerbe bien entendu les tensions. L’environnement et l’atmosphère générale sont très populaires ; René Jayet montre là une indéniable influence de l’expressionisme allemand. Les gros plans sur le décor ou sur une partie de la scène sont toujours très réalistes, on sent presque la poussière. Certains gros plans sur les visages sont assez remarquables. Une femme a passé est un film qui mérite d’être découvert.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Suzanne Talba, Camille Bardou, Gilbert Périgneaux, Gaby Dary
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28 novembre 2010

Le silence de Lorna (2008) de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Le silence de LornaLui :
Pour réaliser son projet d’ouvrir un snack à Liège avec son petit ami, une jeune albanaise s’est laissé embarquer par un truand dans un plan criminel de double mariage blanc : pour obtenir la nationalité belge, elle a épousé un junkie en espérant qu’il meure rapidement d’une overdose, au besoin en l’aidant un peu. Elle permettra ensuite à un russe de l’épouser moyennant finances. Alors que les personnages des films précédents des frères Dardenne avaient souvent des choix à faire, les personnages du Silence de Lorna n’en ont pas vraiment. Leurs trajectoires sont fermées. En revanche, il est un moment où l’humain peut reprendre le dessus, sorte de basculement qui s’opère lentement en Lorna. Notre basculement à nous, spectateurs, l’avait précédé : si au début du film, il est difficile d’être en empathie avec Lorna, les frères Dardenne nous font rapidement changer notre vision. Tourné en 35mm, sans caméra à l’épaule, Le Silence de Lorna est plus posé, le film délaissant la force pure pour une plus grande subtilité. Les Dardenne sont allés chercher Arta Dobroschi au Kosovo où ils ont auditionné une centaine d’actrices. Elle montre une belle présence dans ce rôle riche et complexe.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Arta Dobroshi, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Alban Ukaj
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