12 avril 2011

Stavisky (1974) d’ Alain Resnais

Stavisky...Lui :
Alain Resnais retrace le parcours de Serge Alexandre Stavisky, escroc de l’entre-deux-guerres dont la mort, maquillée en suicide, créa un scandale aux profondes implications politiques (1). Le cinéaste désire surtout montrer comment cet homme, charmeur et enjôleur, avait su se créer des amitiés dans la classe politique dirigeante avant d’être lâché et exécuté (2). Au lieu d’adopter une structure narrative chronologique et continue, Alain Resnais éclate son récit en morceaux épars. Cette construction, très originale et particulièrement audacieuse dans une histoire complexe, s’adapte en réalité très bien à cette affaire aux multiples ramifications et implications : elle permet de nous délivrer de la nécessité de compréhension totale pour mieux nous nous concentrer sur les caractères. Par la même, son film s’écarte franchement du documentaire censé rapporter objectivement les faits. Il adopte une approche plus émotionnelle, s’intéressant à l’image que l’escroc donne de lui, images multiples et attirantes. Et Stavisky est aussi un spectacle : décors somptueux, personnage semi-irréel de la femme (Anny Duperey, superbe en élégante des années trente), il se dégage presque un certain lyrisme des superbes images d’Alain Resnais. Le film fut généralement assez mal reçu (3), souvent mal compris. C’est vraiment regrettable.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, François Périer, Anny Duperey, Charles Boyer, Michael Lonsdale, Roberto Bisacco, Claude Rich
Voir la fiche du film et la filmographie de Alain Resnais sur le site IMDB.
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(1) Largement récupérée par l’extrême-droite, l’Affaire Stavisky provoqua un grand scandale en France en 1934. Des émeutes antiparlementaires éclatèrent. Camille Chautemps, Président du Conseil de la Troisième République, démissionna car son beau-frère, Procureur Général, était directement impliqué pour avoir protégé l’escroc. L’Affaire Stavisky provoqua également un fort regain d’antisémitisme puisqu’il était juif.
Notons qu’Alain Resnais introduit aussi par petites touches, sans le relier directement, l’autre évènement qui mit en effervescence l’opinion publique de l’époque, plutôt l’extrême gauche cette fois : l’exil de Trotski en France.

(2) « Ce qui nous intéressait, c’étaient les mécanismes d’une société qui commence par flatter, sous couvert de libéralisme, ce que l’on pourrait appeler le clown dans l’arène et qui, à partir du moment où ce dernier en fait trop, le supprime froidement. » (interview d’Alain Resnais et Jorge Semprún par Claude Beylie, Ecran 74 n°27)

(3) Beaucoup des critiques furent centrées sur le choix de Jean-Paul Belmondo et sur le fait qu’il ne colle pas vraiment avec l’époque des années trente…. C’est justement pour cela qu’il était un très bon choix : il apparaît ainsi totalement hors-normes, hors du commun, un personnage qui attire par un charisme qui ne lui fait jamais défaut. En outre, Belmondo a produit le film… A propos d’acteurs, il faut noter la présence du merveilleux Charles Boyer, ici dans l’un de ses tous derniers rôles.

L’affaire Stavisky a été précédemment mise en scène au cinéma par Michael Curtiz en 1937 : Stolen Holiday avec Kay Francis et Claude Rains.

11 avril 2011

Tarzan s’évade (1936) de Richard Thorpe

Titre original : « Tarzan escapes »

Tarzan s'évadeLui :
Pour une nébuleuse histoire d’héritage, la cousine de Jane arrive avec son frère en Afrique dans l’espoir de ramener Jane à Londres. Une expédition est entreprise pour aller dans ces régions de hauts plateaux inaccessibles où ils pensent la trouver… Tarzan, le personnage créé par Edgar Rice Burroughs, a été adapté de nombreuses fois au cinéma mais c’est la série de films avec Johnnie Weissmuller, champion olympique de natation, qui eut le plus d’impact, créant une véritable image populaire. Tarzan s’évade est le troisième film de cette série. C’est un film plus sage que deux précédents ; il repose sur un dosage d’aventures et d’exotisme que l’on retrouvera dans les films suivants. Malgré ce début de standardisation, la magie opère toujours, le film reste agréable et prenant, très divertissant. Le code Hays étant alors pleinement en vigueur, la belle Jane (Maureen O’Sullivan) a du troquer son bikini deux-pièces en peau de léopard pour une robe courte, nettement plus couvrante. Johnny Weissmuller conserve le droit de montrer toute sa musculature. On pourra s’amuser de voir reproduit le confort à l’américaine : Jane et Tarzan se sont aménagé un ascenseur, l’eau courante, un tourne broche et même un ventilateur. Dans le film suivant, il se verra affublé d’un fils, ce qui achèvera la reproduction de la cellule familiale américaine.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Johnny Weissmuller, Maureen O’Sullivan, John Buckler, Benita Hume, William Henry, Herbert Mundin
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Remarques :
Tarzan s'évade * La production fut difficile. Le réalisateur initial était James C. McKay. Hélas, le premier montage reçut un accueil très mitigé des publics-test, notamment en raison de la brutalité des scènes d’action. Le réalisateur fut renvoyé sur le champ et la MGM appela John Thorpe à la rescousse qui aurait (dit-on) tout repris à zéro…
* Tarzan s’évade réutilise certaines images tournées pour Trader Horn de W.S. Van Dyke (1931), film qui avait été tourné sur place en Afrique pendant près d’un an. Il réutilise également certaines scènes des deux précédents Tarzan, telle la scène du combat avec le crocodile.

La série des Tarzan avec Johnny Weissmuller :
Avec Maureen O’Sullivan dans le rôle de Jane (les deux premiers sont les plus remarquables et mettent en place tous les codes de la série, dont le fameux cri de Tarzan):
1. Tarzan, l’homme-singe (Tarzan the Ape Man) de W.S. Van Dyke (1932)
2. Tarzan et sa compagne (Tarzan and His Mate) de Cedric Gibbons (1934)
3. Tarzan s’évade (Tarzan Escapes) de Richard Thorpe (1936)
4. Tarzan trouve un fils (Tarzan Finds a Son) de Richard Thorpe (1939)
5. Le trésor de Tarzan (Tarzan’s Secret Treasure) de Richard Thorpe (1941)
6. Les aventures de Tarzan à New-York (Tarzan’s New York Adventure) de Richard Thorpe (1942)

Sans Jane (« partie visiter sa famille en Europe »)
7. Le triomphe de Tarzan (Tarzan Triumphs) de Wilhelm Thiele (1943)
8. Le mystère de Tarzan (Tarzan’s Desert Mystery) de Wilhelm Thiele (1943)

Avec Brenda Joyce dans le rôle de Jane
9. Tarzan et les amazones (Tarzan and the Amazons) de Kurt Neumann (1945)
10. Tarzan et la femme leopard (Tarzan and the Leopard Woman) de Kurt Neumann (1946)
11. Tarzan et la chasseresse (Tarzan and the Huntress) de Kurt Neumann (1947)
12. Tarzan et les sirènes (Tarzan and the Mermaids) de Robert Florey (1948).

A lire sur le mythe de Tarzan adapté au cinéma :
« Tarzan ou la chute d’un mythe » de Francis Lacassin dans Cinéma 62 n°65 d’avril 62, texte repris dans son (excellent) livre « Pour une contre histoire du cinéma ». Et du même auteur : « Tarzan ou le chevalier crispé ».

10 avril 2011

She went to the races (1945) de Willis Goldbeck

She Went to the RacesLui :
Pour financer leurs travaux de recherches, quatre chercheurs décident de jouer aux courses hippiques en mettant tous les paramètres en équation pour être sûrs de gagner. L’un de ces chercheurs est une jeune femme. L’équipe est obligée de partager une chambre d’hôtel avec le propriétaire d’un cheval… She Went to the Races est comédie très classique dans son scénario sur l’épanouissement du grand amour. Rien n’est particulièrement notable si ce n’est que le troisième rôle, celui de la femme rivale, l’ancien amour, est tenu par Ava Gardner, encore peu connue à l’époque. Elle y est superbe, les face à face avec Frances Gifford, qui tient le premier rôle féminin, sont totalement déséquilibrés : ils mettent en évidence et de façon manifeste la grâce et l’élégance naturelle d’Ava Gardner. She Went to the Races reste plaisant à regarder mais s’oublie assez vite.
Note : 2 étoiles

Acteurs: James Craig, Frances Gifford, Ava Gardner, Edmund Gwenn, Sig Ruman, Reginald Owen
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Remarques :
Il faut noter l’apparition de Buster Keaton en groom d’hôtel (non crédité au générique) qui trouve le moyen de se prendre les pieds dans les bagages et faire une pirouette avec toujours autant d’agilité.
Le site IMDB rapporte que Buster Keaton et Willis Goldbeck s’était rencontré 24 ans auparavant : en 1921, Goldbeck, alors journaliste, avait interviewé Keaton.

9 avril 2011

Reds (1981) de Warren Beatty

RedsLui :
Produit, coécrit, réalisé et joué par Warren Beatty, Reds est une longue fresque retraçant le parcours entre 1915 et 1920 de John Reed, journaliste idéaliste et politiquement engagé, auteur du célèbre livre sur la révolution russe « Dix jours qui ébranlèrent le monde ». Warren Beatty mêle plusieurs genres dans le même film, essayant de donner la même importance aux aspects politiques qu’aux déboires sentimentaux de John Reed avec Louise Bryant, journaliste féministe. Il ajoute même un côté purement documentaire en insérant de vrais témoignages de personnes qui les ont connus. L’ensemble est très long (3h10), souvent dogmatique, assez lourd dans sa construction mais il comporte de très belles scènes, notamment en Russie au moment de la Révolution d’octobre. Il faut bien entendu saluer l’audace et les convictions de Warren Beatty (1) qui parvint à faire accepter son film, ce type de sujet n’étant pas vraiment courant dans le cinéma américain. Perfectionniste, il multiplia les prises qui se comptaient souvent en dizaines. Il finança en grande partie le tournage qui s’étala sur une année, dans cinq pays différents. Le film reçut un bon accueil de la critique mais le succès fut plus mitigé auprès du public. Que l’on ressente ou pas la longueur et les lourdeurs, Reds reste de toutes façons intéressant pour son côté historique.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Warren Beatty, Diane Keaton, Edward Herrmann, Jerzy Kosinski, Jack Nicholson, Paul Sorvino, Maureen Stapleton, Gene Hackman
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Remarques :
(1) Le film Reds sortit au début des années Reagan (et donc bien avant la chute du mur), une époque qui n’est pas vraiment synonyme de baisse de cette ferveur anticommunisme si caractéristique des Etats-Unis. Ceci dit, le film dénonce la bureaucratie envahissante qui commençait, dès 1920, à dénaturer les idéaux. L’état soviétique fit d’ailleurs pression sur la Finlande pour entraver le tournage du film.

Remarque :
Je dois avouer que nous avions beaucoup plus apprécié le film à sa sortie.

8 avril 2011

À travers l’orage (1920) de David W. Griffith

Titre original : « Way Down East »

À travers l'orageLui :
(film muet) La jeune Anna est victime des avances d’un riche oisif. L’homme va jusqu’à organiser une fausse cérémonie pour lui faire croire qu’il l’épouse en secret. En réalité, il ne cherche qu’une aventure et ne lui avoue la vérité que lorsqu’un bébé naît quelques mois plus tard…
Way Down East, À travers l’orage, est adapté d’une pièce très populaire à l’époque. C’est un grand mélodrame dont l’histoire pourra certes paraître convenue mais qui, entre les mains de Griffith, devient un grand film, intense et très beau. À travers l'orage Le film dure près de 2h30 et Griffith en aurait tourné trente fois plus ! Il prend ainsi le temps de faire des longs plans, entrecoupés de superbes gros plans. Il insuffle un beau lyrisme, rarement trop appuyé, porté par le jeu de Lillian Gish, et une force que seules quelques notes d’humour viennent contrecarrer. Et il y a cette grande scène de la tempête de neige et de la rivière en dégel, devenue l’une des plus célèbres de toute l’histoire du cinéma : inanimée sur un bloc de glace dérivant rapidement vers une gigantesque cascade, Anna doit être secourue par le jeune David qui saute de bloc en bloc. A travers l'orage Particulièrement authentique, cette scène donne aux vingt dernières minutes une intensité dramatique presque insoutenable. Way Down East est assez fortement marqué par un certain moralisme de Griffith sur la fidélité et l’amour unique ; en outre, le film montre bien les conceptions puritaines et rigoureuses de la morale victorienne de l’époque qui n’offrait aucun pardon aux écarts. Certaines scènes sont teintées en couleur. Way Down East fut un énorme succès dès sa sortie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lillian Gish, Richard Barthelmess, Lowell Sherman, Burr McIntosh
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Remarques :
À travers l'orage* La scène de la tempête de neige a été tournée en conditions réelles. L’équipe a du attendre qu’un vrai blizzard se lève. Dans un gros plan, Lillian Gish a de véritables petits blocs de glace sur les cils… Plusieurs dizaines d’années après le tournage, elle a affirmé que la main qu’elle a laissée pendre dans l’eau gelée lui faisait toujours mal certains jours. David W. Griffith a été assez gravement blessé lors du dynamitage d’un bloc de glace. Il a du être hospitalisé et remplacé par Elmer Clifton.
* La scène de la tempête de neige a été introduite par Griffith, elle ne figurait pas dans la pièce. Il est possible qu’il ait été en partie inspiré par un film de 1903 produit par les Studios Edison, Uncle Tom’s cabin, qui comportait une scène de flot de glaces sur une rivière en dégel.
* La scène de la tempête de neige a inspiré Poudovkine pour La Mère (1926).
* Dans la scène du bal, l’une des jeunes danseuses est Norma Shearer.
* Anecdote amusante : Richard Barthelmess et Mary Hay qui jouent deux personnages qui avouent ne pas s’aimer dans le film et qui refusent de se marier, se sont mariés dans la vraie vie, peu après la fin du tournage. Richard Barthelmess était déjà très célèbre à l’époque, l’un des jeunes premiers les plus en vogue. Il faut dire que son visage a une présence étonnante et il y a dans son regard une intensité rare.
* Autre anecdote (nettement moins amusante) : Robert Harron, jeune acteur au physique assez exceptionnel présent dans de nombreux films de Griffith, s’est tiré une balle dans le poumon la veille de la première de Way Down East. Officiellement, la mort a été déclarée accidentelle mais la rumeur prétend que le jeune acteur s’est suicidé par dépit de ne pas avoir été choisi pour le rôle principal, ne supportant pas de voir Richard Barthelmess devenir le nouveau protégé de Griffith.

Remake :
Way Down East de Henry King (1935) avec Rochelle Hudson et Henry Fonda.

7 avril 2011

Les yeux de Satan (1972) de Sidney Lumet

Titre original : « Child’s play »

Child's PlayLui :
Ancien élève, Paul revient dans un petit collège catholique pour prendre son poste de professeur de gymnastique. Il trouve une situation très tendue entre ses deux anciens professeurs. De plus, les élèves se livrent à d’étranges jeux très cruels… Les yeux de Satan est l’un des films les moins connus de Sidney Lumet. Pourtant, comme d’autres de ses films, il s’agit de l’adaptation d’une pièce de théâtre et, comme pour d’autres, il s’agit d’un huis clos, genre où il excelle. Il parvient à créer une atmosphère angoissante, étrange, aux accents surnaturels. Le spectateur est trompé, on manipule nos sentiments, nos impressions : le dénouement ultime (totalement inattendu) nous oblige presque à se repasser mentalement tout le film. Les yeux de Satan a eu si peu de succès que Paramount décida d’interrompre les sorties : il n’est tout simplement pas sorti dans de nombreux pays. L’une des explications souvent avancée est que le film serait trop proche de If, explication étrange car si le lieu est dans les deux cas un collège privé anglais, le propos est très différent. En tous cas, ce film de Lumet ne mérite pas ce mauvais traitement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: James Mason, Robert Preston, Beau Bridges
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6 avril 2011

Air Force (1943) de Howard Hawks

Air ForceLui :
Partis pour un vol de routine dans le Pacifique, l’équipage d’un bombardier apprend la nouvelle de l’attaque de Pearl Harbour en plein vol. La base qu’ils devaient rallier est en grande partie détruite, ils doivent aussitôt repartir pour aller soutenir la bataille dans les Philippines… Air Force fut tourné peu après Pearl Harbour. Il s’agit donc essentiellement d’un film de propagande pour souder la nation dans l’effort de guerre. C’est un film sans star, le premier rôle étant tenu par l’équipage qui, bien que très hétéroclite dans sa composition, forme un ensemble uni où chacun à un rôle à jouer. C’est presque un huis clos puisque la majorité du film se déroule dans les airs et nous sommes ainsi immergés dans cet environnement étroit avec ses attentes et ses moments intenses. Hawks avait l’avantage de bien connaître le monde de l’aviation, il avait notamment tourné le très beau Seuls les anges ont des ailes quelques années plus tôt. Le film est très bien construit, admirablement bien monté et très prenant. Ce fut un énorme succès pour la Warner.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Ridgely, Gig Young, Arthur Kennedy, Charles Drake, Harry Carey, George Tobias, Ray Montgomery, John Garfield
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Remarques :
* William Faulkner a écrit la scène de la mort du pilote sur son lit d’hôpital.
* Des images réelles de la Bataille de la Mer de Corail (4-8 mai 1942) ont été utilisées et habilement insérées.

5 avril 2011

Julie & Julia (2009) de Nora Ephron

Julie & JuliaLui :
L’affiche ci-contre le clame bien haut… le film est basé sur deux histoires vraies : celle de Julia Child, une américaine qui tombe amoureuse de la cuisine française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et écrit un livre de cuisine qui devient très célèbre et celle de Julie Powell, jeune new yorkaise qui, en 2002, décide de réaliser les 524 recettes du livre en une année et de raconter tout cela dans un blog… Avec une construction en parallèle, Julie & Julia nous fait revivre ces deux parcours. Le film serait certainement très ennuyeux sans la présence de Meryl Streep qui nous livre une superbe interprétation de l’exubérante Julia Child, sachant ne jamais franchir la ligne et ne jamais sur-jouer. Toutes les scènes où elle est présente sont un vrai plaisir, très relevées et pleines d’un enthousiasme communicatif : l’actrice nous donne l’envie de se précipiter dans sa cuisine ! On ne peut, hélas, en dire autant des scènes contemporaines qui sont plates, sans saveur, sans intérêt.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Meryl Streep, Amy Adams, Stanley Tucci, Chris Messina
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4 avril 2011

Le Casanova de Fellini (1976) de Federico Fellini

Titre original : « Il Casanova di Federico Fellini »

Le Casanova de FelliniLui :
Le Casanova de Fellini, le titre en lui-même nous en dit long : Fellini s’approprie un mythe pour en donner sa version, il règle ses comptes avec un personnage creux, vide, incapable de sentiments, un « pantin » comme il le décrit lui-même. Par la même, il s’attaque au mythe du mâle latin. Très librement inspiré des Mémoires, son Casanova enchaîne les aventures sexuelles sans y trouver de plaisir, ramenant ses accouplements à des exploits de gymnastique. Il ne connaît pas l’amour. La seule partenaire qui lui apportera du plaisir est une poupée mécanique… Le Casanova de Fellini semble toujours osciller au bord de la mort. Malgré la noirceur du propos, le film est superbe à regarder. Les extérieurs sont joliment vides ou très brumeux, les intérieurs sont peu meublés mais formidablement dessinés, les costumes de Danilo Donati sont merveilleux, outrés, inventifs. Le tournage connut des difficultés du fait du budget important. Le film fut assez mal reçu à sa sortie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Donald Sutherland, Tina Aumont, Cicely Browne, Carmen Scarpitta, Clara Algranti, Daniela Gatti
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Remarque :
Voici comment Fellini parle des Mémoires : « Lire cet annuaire téléphonique, ce bottin des événements, naviguer dans cet océan de pages arides, écrites sans passion, et qui met en évidence une rigueur de statisticien pédant, méticuleux, pas même menteur, oui cela ne m’a procuré que gêne, dégoût, indifférence. (…) Il n’y a rien dans les Mémoires. On ne se souvient de rien ! (…) Il a fait le tour du monde et c’est comme s’il n’était jamais sorti de sa chambre. (…) On comprend pourquoi il a été mythifié : parce qu’il incarne le vide. »
(Entretien avec Aldo Tassone, 1975, Revue Positif 181/182 mai/juin 1976)

3 avril 2011

L’oeil du malin (1962) de Claude Chabrol

L'oeil du malinLui :
Un jeune homme s’immisce dans la vie d’un couple bourgeois dont l’ostensible bonheur l’exaspère… L’œil du Malin est un film assez peu connu du début de carrière de Claude Chabrol. Son aspect le plus remarquable est de préfigurer certains de ses films ultérieurs, notamment La femme infidèle. On retrouve ici en effet la même peinture d’un couple bourgeois qui, sous des apparences parfaites, recèle une bonne part de mensonge. L’ensemble est toutefois beaucoup maladroit ici, le point faible étant essentiellement le personnage du trublion, ce jeune homme qui va briser la carapace : le problème n’est pas tant qu’il soit parfaitement odieux et détestable mais qu’il soit odieux et rien d’autre. Très certainement, Jacques Charrier est un acteur qui possède un registre insuffisamment large pour ce rôle mais il y a aussi une certaine carence au niveau du scénario qui reste en surface du personnage et de ses motivations. La photographie est assez belle avec, en intérieurs, des éclairages travaillés. Film d’auteur, imparfait, L’œil du malin est un film qu’il est intéressant de regarder aujourd’hui avec la perspective des films ultérieurs du cinéaste.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jacques Charrier, Stéphane Audran, Walter Reyer
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