22 avril 2011

Fish Tank (2009) de Andrea Arnold

Fish TankLui :
Mia est une jeune sauvageonne de quinze ans, colérique, renfermée et agressive. Elle travaille en solitaire la danse hip-hop. L’arrivée du nouveau petit ami de sa mère, un homme affable qui semble la comprendre, va un peu bouleverser sa vie… Pour mettre en scène Fish Tank, la réalisatrice anglaise Andrea Arnold a choisi la voie de prendre autant que possible des acteurs non professionnels qui soient proches de ses personnages. Elle a eu la main particulièrement heureuse en trouvant Katie Jarvis qui donne une belle interprétation assez complexe : véritable boule d’énergie et de colère, elle a aussi une bonne part visible d’innocence et de fragilité. La caméra à l’épaule est fort bien maitrisée. Le film n’est pas sans défaut mais parvient à aller au-delà de la simple authenticité pour atteindre avec force une vraie dimension humaine assez émouvante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Katie Jarvis, Michael Fassbender, Kierston Wareing, Harry Treadaway
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21 avril 2011

Une histoire immortelle (1968) d’ Orson Welles

Une histoire immortelleLui :
Un riche marchand se souvient d’une histoire qu’un marin lui a racontée : un vieil homme paie grassement un marin trouvé dans la rue pour coucher avec sa femme afin de lui donner un héritier. Lorsque son secrétaire lui affirme que cette histoire est en réalité une fable que tous les marins du monde racontent, le riche marchant décide de mettre en scène cette histoire afin qu’elle devienne authentique : « Si cette histoire n’est jamais arrivée, moi je la ferai arriver »… Une Histoire immortelle est adapté d’une nouvelle de Karen Blixen qu’Orson Welles admirait. Le film a été produit par l’ORTF, il est sorti simultanément en salles et à la télévision (1). Il s’agit du premier film en couleurs d’Orson Welles (2). Le film est court (58 minutes) mais l’histoire est assez riche, multi-facettes et très évocatrice. C’est à la fois une réflexion sur le mensonge de la mise en scène, sur le rapport entre l’Art et la réalité, sur la jeunesse perdue, sur le passé réel ou imaginé Une histoire immortelle que l’on fait revivre, sur le passé que l’on veut faire revivre et celui que l’on fait revivre. L’histoire se déroule au XIXe siècle dans la colonie portugaise de Macao mais elle est atemporelle et non marquée par le lieu. Hélas, le film est doublé en français et l’image n’est aujourd’hui plus parfaite : les blancs sont brûlés dans les scènes les plus lumineuses.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Orson Welles, Roger Coggio, Norman Eshley, Fernando Rey
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Remarques :
Ecrivaine danoise et authentique baronne, Karen Blixen a signé ses livres sous le nom d’Isak Dinesen. Parmi ses autres livres adaptés au cinéma, on notera Out of Africa et Le festin de Babette. L’adaptation française d’Une Histoire Immortelle est signée Louise de Vilmorin.

(1) Une Histoire immortelle a été diffusé pour la première fois à la télévision française le 24 mai 1968, certainement pas la période idéale pour ce genre d’histoire (24 mai est d’ailleurs le jour où le Général De Gaulle a fait une intervention télévisée pour proposer un référendum).
(2) Orson Welles avait toutefois tourné certaines scènes de son film (inachevé) de 1942 It’s all true en couleurs. Il a un jour déclaré que seuls les cinéastes japonais savaient utiliser au mieux la couleur.

20 avril 2011

La ligne générale (1929) de Sergueï Eisenstein

Autre titre : « L’ancien et le nouveau »
Titre original : « Staroye i novoye » ( « Старое и новое » )

La ligne généraleLui :
(Film muet) L’écriture du scénario a été entreprise par Eisenstein et Grigori Alexandrov juste après le Cuirassé Potemkine. Il s’agissait d’illustrer la ligne générale du parti en termes de développement rural : Boukharine prônait la mécanisation des campagnes et l’enrichissement des paysans. Interrompu pour tourner Octobre, l’écriture du scénario reprit en 1928 alors que la ligne avait déjà changé : Staline faisait le ménage autour de lui et Boukharine était écarté (1). La nouvelle ligne était alors d’exalter la collectivisation. Eisenstein dût donc insérer la présentation d’un kolkhoze ultramoderne (c’est presque un spot publicitaire plaqué en milieu de film) et fustiger l’individualisme des koulaks (paysans indépendants). Le titre dût être changé pour « L’ancien et le nouveau ».
La ligne généraleBien qu’il soit ainsi né sous de sombres auspices, La ligne générale est un merveilleux film. Il est difficile de ne pas tomber sous le charme de la beauté des images que nous offre Eisenstein, avec ces merveilleux gros plans (même très gros plans) de visages si expressifs, bien que statiques. Il utilise aussi très bien la nature et ses grandes étendues et, bien entendu, les plans de machines sont comme toujours merveilleusement réussis. Eisenstein se livre même à certaines expérimentations, non seulement dans les images telles celles de rêve, mais aussi dans le contenu. Les connotations sexuelles sont très marquées comme dans cette scène très célèbre de l’écrémeuse où les paysans ont un plaisir extatique voire orgastique en admirant le premier fonctionnement d’une écrémeuse mécanique. La ligne générale La scène de la vache livrée au taureau est assez surprenante également… L’humour peut être très fort, comme dans cette satire mordante de la bureaucratie. Le film comporte un personnage central, celui de la paysanne Marfa, rôle pour lequel Eisenstein eut bien du mal à trouver un interprète ; il faillit prendre une comédienne professionnelle avant de trouver une paysanne illettrée parfaite. Le montage est lui aussi remarquable : bien plus que dans ses précédents films, Eisenstein joue avec l’enchaînement des plans pour créer une tension (2). La ligne générale est bien l’un des plus beaux films d’Eisenstein.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Marfa Lapkina, Konstantin Vasilyev
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Remarques :
(1) Révolutionnaire bolchévique dès 1905, Nikolaï Boukharine est l’un des grands esprits des premières années du communisme. Brillant théoricien, il faisait partie de l’aile droite du parti. Il a aidé Staline à se débarrasser de l’aile gauche du parti après la mort de Lénine, devenant ainsi l’homme fort aux côtés de Staline. Lorsque celui-ci fait un virage à gauche en 1928, il se débarrasse cette fois de l’aile droite et Boukharine est exclu. Après une autocritique, il sera brièvement réhabilité au milieu des années trente avant d’être arrêté puis exécuté.
(2) La scène de la procession religieuse pour provoquer la pluie est différente du reste du film : c’est une scène plus traditionnelle car elle repose sur un jeu théâtral et elle est montée de façon classique. Il est intéressant de constater à quel point elle paraît plus fade que le reste du film, et même un peu ennuyeuse.

[mise à jour du 19/09/2016]
Le film ressort le 26 septembre 2016 en version restaurée, aux Editions Lobster (Serge Bromberg) ce qui laisse augurer une très haute qualité.

19 avril 2011

La Marseillaise (1938) de Jean Renoir

Sous-titre : « Chronique de quelques faits ayant contribué à la chute de la Monarchie »

La MarseillaiseLui :
Ce film de Jean Renoir a été souvent critiqué pour ses partis-pris idéologiques et sa construction. Réalisé dans l’enthousiasme du Front Populaire, il est vrai que La Marseillaise présente un tableau idyllique de la Révolution Française où le sang ne coule que très peu. Il exalte la fraternité, le sentiment d’union de tous les français qui doit permettre de voir la fin des querelles. Il est vrai aussi que sa construction peut surprendre : un enchaînement d’assez courts tableaux qui aboutit sur la marche des 500 marseillais sur Paris (apportant avec eux ce « chant de l’armée du Rhin » qui deviendra La Marseillaise) et se termine par une grande reconstitution : l’attaque des Tuileries de 1792. Jean Renoir dit avoir voulu montrer « les petits côtés des grands moments ». Ainsi, le film ne montre point de grands héros mais des gens ordinaires. La Marseillaise Si certaines scènes paraissent un peu faibles, surtout en début de film, d’autres montrent beaucoup de force, telles ces scènes de tribune populaire ouverte avec le discours d’une couturière… La Marseillaise n’est pas en tout cas un film de propagande dans le mauvais sens du terme : il n’est en rien simplificateur, le roi est par exemple présenté comme un monarque plutôt intelligent mais dépassé par les évènements ; le propos n’est jamais dichotomique. Non, c’est un film attachant, assez beau, qui acquiert sa force par un assemblage subtil, un peu naïf sans doute mais joliment poétique. Le film fut un échec commercial.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Andrex, Edmond Ardisson, Pierre Renoir, Lise Delamare, Louis Jouvet, Paul Dullac
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Remarques :
L’idée au départ était de financer le film par une souscription de parts lancée dans le public par les militants de gauche, notamment la C.G.T. Les fonds recueillis se révélèrent largement insuffisants et la production fut reprise par une société de production de type classique.

18 avril 2011

Tetro (2009) de Francis Ford Coppola

TetroLui :
Employé sur un paquebot, le jeune Bennie profite d’une escale technique à Buenos Aires pour rendre visite à son grand frère Tetro qu’il n’a pas revu depuis des années. Celui-ci a en effet rompu tout lien avec sa famille, notamment avec son père, un musicien de génie égocentrique et tyrannique… Francis Ford Coppola signe là un grand film, une histoire qu’il a lui-même écrite centrée sur un thème qui lui est cher, celui de la famille. C’est une histoire très forte sur une superbe construction qui dévoile par petites touches les rivalités, les tensions, les plaies restées ouvertes. Le film est tourné en noir et blanc avec les quelques scènes de flashbacks en couleurs légèrement désaturées. Belle photographie. Tetro est en outre servi par une belle prestation de Vincent Gallo, riche et complexe. Loin de tout spectaculaire, Tetro est une œuvre subtile et puissante, du très beau cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Vincent Gallo, Alden Ehrenreich, Maribel Verdú, Klaus Maria Brandauer, Carmen Maura
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17 avril 2011

The Americano (1916) de John Emerson

Titre français : « L’américain »

The AmericanoLui :
(Film muet) Un ingénieur américain se laisse convaincre d’aller diriger les mines du pays imaginaire de Paragonia après avoir eu le coup de foudre pour la fille du président venue à New York. Mais lorsqu’il arrive sur place, un coup d’état a eu lieu : le président est emprisonné, sa fille doit épouser de force le nouveau chef des armées… The Americano est le dernier des films de Douglas Fairbanks pour la Triangle Company, films supervisés par David W. Griffith. Le type d’histoire est assez classique pour l’acteur : Douglas Fairbanks a bâti sa popularité sur ce genre de personnage de sauveur, celui qui vient à la rescousse et fait des prouesses pour rétablir ce qui est juste. L'américain Le film est assez court mais bien construit, avec un scénario assez travaillé relativement à ses autres films. L’aspect comédie est plutôt moins développé qu’à l’habitude. The Americano est plaisant, pas ennuyeux mais pas vraiment remarquable non plus. Fairbanks reprendra le même thème, de façon plus élaborée, l’année suivante dans Reaching for the moon, toujours mis en scène par John Emerson mais cette fois sous l’égide de la Douglas Fairbanks Pictures nouvellement créée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Douglas Fairbanks, Alma Rubens, Spottiswoode Aitken, Carl Stockdale
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L'Americano Remarques :
Le scénario est signé Anita Loos qui est en devenir non seulement l’une des grandes scénaristes d’Hollywood mais aussi la femme de John Emerson.

16 avril 2011

The New York hat (1912) de David W. Griffith

The New York HatLui :
(Film muet, 16 minutes) Une mère lègue une petite somme d’argent au pasteur de son village pour qu’il achète à sa fille quelques frivolités dont elle est privée par un père trop rigide. Le pasteur achète un chapeau de la toute dernière mode qui faisait visiblement très envie à la jeune fille. Dans le village, cet achat fait jaser… The New York Hat illustre la rigidité des codes de la morale victorienne de cette époque et cette propension à juger et à condamner sur de simples apparences. La jalousie est le principal moteur de ces travers. Le scénario est signé par la toute jeune (14 ans!) Anita Loos, dont ce serait la première adaptation au cinéma (1). L’histoire est simple mais Griffith sait lui donner de la force. Il s’agit du dernier film de Mary Pickford sous la direction de Griffith, l’actrice passant ensuite de Biograph à la Paramount. On notera la présence de Lionel Barrymore dans l’un des premiers rôles (2) et l’une des premières apparitions de Liliane Gish dans un petit rôle (l’une des trois jeunes filles devant la vitrine, puis devant l’église).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, Lionel Barrymore, Charles Hill Mailes, Claire McDowell, Mae Marsh
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Remarques :
(1) Anita Loos sera l’une des grandes scénaristes d’Hollywood. Son livre le plus célèbre est sans aucun doute « Les hommes préfèrent les blondes ».
(2) Il est parfois fait mention d’un film de 1908 appelé « The Paris Hat » qui serait le premier film de Lionel Barrymore. Il n’existe aucune preuve de l’existence d’un tel film. Il s’agit probablement d’une confusion avec The New York Hat. Lionel Barrymore ne débuta au cinéma qu’en 1911.

15 avril 2011

Little Annie Rooney (1925) de William Beaudine

Titre français parfois utilisé : « La petite Annie »

Little Annie RooneyLui :
(Film muet) Après deux essais commercialement infructueux pour changer radicalement de registre, Mary Pickford décide de revenir à ce qui a fait son succès et de donner au public ce qu’il réclame. Donc, à 32 ans, l’actrice reprend son costume de gamine intrépide de 12 ans aux longues tresses. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, elle est parfaitement crédible. Elle écrit elle-même le scénario de Little Annie Rooney sous un pseudonyme (1) et appuie très fort sur la pédale : dans les quartiers très pauvres de New York, la petite Annie se bagarre avec les garçons de son âge dans de véritables batailles rangées (2). En revanche, quand elle rentre à la maison, elle s’occupe avec amour de son petit papa, prenant la place d’une mère (absente). C’est un peu la clé du succès considérable de Mary Pickford (3) : elle est tout à la fois, garçon manqué, femme aimante, jeune fille en quête d’amour… elle n’a pas d’âge, elle a tous les âges. Little Annie Rooney n’est toutefois pas le film idéal pour la découvrir car l’histoire manque ici un peu d’épaisseur. Le film montre néanmoins plus de force vers la fin avec notamment de belles scènes se déroulant à l’hôpital. Néanmoins, ce film ressemble un peu trop à un film de commande où Mary Pickford donne au public tout qu’il désire. Et cela marcha : le film fut un gigantesque succès.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Mary Pickford, William Haines, Walter James, Gordon Griffith
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Remarques :
Little Annie RooneyLes rapports entre William Beaudine et Mary Pickford furent un peu difficiles : le réalisateur était en effet d’un style dirigiste alors que l’actrice (qui était aussi productrice) était depuis longtemps persuadée qu’elle n’avait pas besoin de metteur de scène et qu’elle était parfaitement capable de se diriger elle-même. Les tensions se poursuivirent sur le tournage du film suivant, le très beau Sparrows.

(1) Katherine Hennessy est en réalité le nom de sa grand-mère maternelle.
(2) Il est amusant de constater à quel point l’humour de type « slapstick » de l’époque est assez violent : les gamins se lancent à la figure tout ce qui leur passe sous la main, leur projectile préféré étant la brique. Et quand ils reçoivent une brique sur la tête, ils font simplement « ouille », se frottent la tête deux secondes et repartent de plus belle !
(3) Pour situer la popularité de Mary Pickford, rappelons que l’actrice était au milieu des années vingt non seulement l’actrice la mieux payée d’Hollywood mais aussi l’une des quatre ou cinq femmes les plus riches du monde.

Note : Le DVD édité par Bach Films comporte une musique qui semble être un montage fait avec la musique d’un autre film (bruitages intempestifs, ambiance parfois inadaptée).

14 avril 2011

Association criminelle (1955) de Joseph H. Lewis

Titre original : « The big combo »

The big comboLui :
Un policier obstiné enquête depuis de nombreux mois sur un homme à la tête d’une organisation criminelle. Alors qu’il est pressé par son supérieur de lâcher l’affaire, une nouvelle piste s’ouvre enfin à lui… Association criminelle est un film noir assez méconnu et pourtant il ne manque pas d’attraits. Tout d’abord par son ambiance très forte, donnée en grande partie par une superbe photographie noir et blanc signée John Alton : un jeu superbe sur les ombres et sur le champ de vision (1). Ensuite par les rapports entre ses personnages, ambigus, complexes avec toujours une forte notion de dépendance : rapport entre le policier et la maitresse du truand, entre le policier et une danseuse qu’il fréquente, entre le truand et son second, entre les deux tueurs (une homosexualité qui flirte avec les limites de la censure de l’époque). Joseph H. Lewis dépeint le monde du crime organisé, un monde inquiétant, malsain, violent. Association criminelle est un film noir de fort belle facture qui a heureusement pu être redécouvert, 50 ans après sa sortie, grâce à une sortie en DVD sous son titre original The Big Combo.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Cornel Wilde, Richard Conte, Brian Donlevy, Jean Wallace, Robert Middleton, Lee Van Cleef, Helen Walker
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Remarques :
(1) John Alton est l’un des directeurs de la photographie les plus talentueux d’Hollywood. On lui doit cette phrase : « L’important n’est pas ce que vous éclairez mais plutôt ce que vous n’éclairez pas »

13 avril 2011

Charlot joue Carmen (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « Charlie Chaplin ‘s burlesque on Carmen »

Burlesque on Carmen Lui :
(Muet 32 min) Charlot est officier dans une petite garnison de la côte espagnole. Des contrebandiers demandent à la belle Carmen de le séduire afin de pouvoir passer leurs marchandises… Charlot joue Carmen est une parodie de l’opéra de Bizet et aussi une réponse à deux films qui avaient eu beaucoup de succès l’année précédente : Carmen de Cecil B. DeMille (1915), avec Geraldine Farrar et Wallace Reid, et Carmen de Raoul Walsh (1915) avec la belle Theda Bara. Il s’agit du dernier film de Chaplin pour Essanay qui en profita pour dénaturer le film (1). Burlesque on Carmen Le résultat est plutôt inférieur aux autres courts métrages Essanay, le personnage principal étant trop peu développé ce qui l’empêche d’acquérir une dimension supplémentaire. Les meilleures scènes sont celles d’humour pur, notamment le combat dans l’auberge. A noter également, une fin surprenante où Chaplin et Edna Purviance jouent sérieusement une scène de meurtre suivie d’un suicide (probablement la seule fois où l’on voit Chaplin jouer un meurtre)… mais un amusant twist final lui permet de tout dédramatiser.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Ben Turpin, John Rand
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Remarques :
Burlesque on Carmen (1) Si Chaplin avait monté une version de deux bobines, Essanay s’empressa d’allonger le film dès que Chaplin eut quitté les studios pour aller travailler pour la Mutual. De nouvelles scènes furent tournées avec les seconds rôles et certaines scènes, écartées par Chaplin au montage, furent réintégrées. Essanay en fit ainsi une version de 67 minutes sur quatre bobines, soit le double de la durée initiale! Chaplin en fut bien entendu furieux et leur intenta un procès.
Dans les années 1990, une version de 30 minutes fut reconstituée. On pense qu’elle est assez proche de celle que voulait Chaplin.