Lui :
En proie à l’insomnie et aux douleurs, un écrivain septuagénaire passe une mauvaise nuit tout en imaginant les scènes de son prochain roman. Peu à peu, il construit son histoire autour d’un procureur cynique et insensible, de sa femme qui aspire à une autre vie et d’un apathique doux rêveur. Providence est un film à plusieurs facettes : c’est en premier un film sur les mécanismes, parfois douloureux, de la création : cet écrivain puise dans ses proches pour créer des personnages en les transformant pour qu’ils deviennent tels qu’il les voit ; il place aussi ses propres terreurs, ses angoisses, sa propre culpabilité. C’est aussi un film sur l’imaginaire, un imaginaire qui n’est pas sans éviquer celui de Lovecraft (1). C’est un film sur l’autorité et le despotisme avec ce climat de guerre et de junte militaire directement issu des angoisses mêlés de souvenirs de l’écrivain. C’est un film sur la mort, omniprésente par la menace de son imminence. C’est un film sur la personnalité, celle qui est visible et celle qui est enfouie. Le retour à la réalité à la fin du film avec son déjeuner en plein air est à la fois éclairant et même amusant, car il nous donne les clés de son imaginaire de la nuit. Providence est ainsi un film très riche, qui peut dérouter, certes, mais qui s’inscrit indéniablement parmi les plus grands films d’auteur du cinéma français.
Note :
Acteurs: Dirk Bogarde, Ellen Burstyn, John Gielgud, David Warner, Elaine Stritch
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(1) Alain Resnais a très probablement nommé la maison de l’écrivain Providence en hommage à H.P. Lovecraft. Lovecraft a en effet vécu toute sa vie dans la ville de Providence (Rhode Island) aux Etats Unis.