16 juin 2008

Inland Empire (2006) de David Lynch

Inland EmpireElle :
Très mal à l’aise, j’ai abandonné à mi-parcours cette expérience vers l’irrationnel et cette plongée en abîme dans les tourments de Laura Dern. Le manque de fil conducteur et de construction apparente est ici vraiment déroutant, le scénario de ce film tourné en DV ayant été écrit au fur et à mesure du tournage. J’ai préféré de loin Mulholland Drive, beaucoup plus facile d’abord.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Il ne faut surtout pas chercher de fil conducteur à Inland Empire ni d’explication dans le sens classique du terme. David Lynch a pour habitude de ne jamais parler du sens de ses films et cela fait habituellement partie de l’aura qui en émane. Inland Empire ne fait pas exception, loin de là… Le film se présente comme une série de divagations et de troubles qui traversent la tête d’une actrice tourmentée, un exercice de style pour David Lynch qui l’a entièrement tourné sans scénario écrit à l’avance et avec des moyens très légers (notamment une Sony PD-150, une simple caméra DV à 5000 €). Cette caméra lui donne une liberté énorme et il se laisse aller à expérimenter à loisir pour créer un climat assez lourd et oppressant dans lequel il faut accepter se laisser happer sans contrepartie. Très bien mais la question est de savoir si au final le film se révèle intéressant… Pour moi la réponse est franchement non. Le voyage que Lynch nous propose avec Inland Empire est long et passablement éprouvant ; je dois avouer m’être forcé pour rester jusqu’au bout. Je n’ai pas ressenti le besoin d’aller lire des tentatives d’interprétation du film comme cela avait été le cas pour Mulholland Drive. C’est une expérience qui va explorer certaines limites.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Laura Dern, Jeremy Irons, Justin Theroux, Harry Dean Stanton
Voir la fiche du film et la filmographie de David Lynch sur le site imdb.com.

Voir les autres films de David Lynch chroniqués sur ce blog…

15 juin 2008

My Blueberry Nights (2007) de Wong Kar-wai

My Blueberry NightsElle :
Dans ce premier film tourné exclusivement avec des acteurs américains, Wong Kar-wai se montre au sommet de son art puisqu’il parvient à fusionner l’esthétisme de son cinéma avec la trame émouvante de son scénario. On nage en plein éblouissement visuel, en totale volupté et mélancolie tandis que son personnage principal interprété par Norah Jones part en quête d’elle-même à travers l’Amérique suite à une rupture sentimentale. Ses rencontres lui révèlent des histoires plus fortes et tragiques que la sienne et lui font prendre conscience de sa véritable personnalité. Elles ont toutes lieu dans ces bars de nuit déserts aux éclairages diffus et colorés. Montage époustouflant, beaux éclairages, palette de teintes primaires subtiles, compositions élaborées, effets de flous et d’accélérés, jeux de reflets, de plans, de lettrages et de graphismes dans les vitrines et les rideaux pour montrer la solitude et l’enfermement. Wong Kar-wai contrairement à ses films précédents apporte une touche positive et une lueur d’espoir dans le destin de ses personnages. L’atmosphère et le scénario ont parfois des parfums de Wim Wenders et de David Lynch. La belle bande son de Ry Cooder, Cat Power et Norah Jones participe à cette ambiance envoûtante.
Note : 5 étoiles

Lui :
My Blueberry Nights est le premier film américain du réalisateur hongkongais Wong Kar-wai qui prend un certain risque en bâtissant tout son film autour de Norah Jones, que l’on connaît plus en tant que chanteuse qu’en tant qu’actrice… Comme pour beaucoup de ses autres films, Wong Kar-wai place plusieurs histoires dans My Blueberry Nights, quatre histoires que va traverser son héroïne qui sort elle-même d’une rupture douloureuse. L’ambiance générale du film nous rappelle celle des films de Wim Wenders. La plupart des scènes se situent la nuit dans un bar, le plus souvent en dialogue, à deux personnes donc : Wong Kar-wai parvient à nous mettre très près de ses personnages, avec peu d’interférences du monde environnant, une sorte d’intimité que l’on a plus coutume de trouver au théâtre qu’au cinéma. La patte de Wong Kar-wai se montre aussi beaucoup sur la forme, avec ses compositions d’image très étudiées et ses trouvailles visuelles que l’on peut trouver trop ostensibles si l’on en croit les commentaires (généralement assez mauvais) de la Critique. Les cinq acteurs principaux font une très belle prestation avec une mention pour Natalie Portman qui montre, une fois de plus, la multiformité de son talent.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Norah Jones, Jude Law, Natalie Portman, David Strathairn, Rachel Weisz
Voir la fiche du film et la filmographie de Wong Kar-wai sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Wong Kar-wai chroniqués sur ce blog…

14 juin 2008

Casino Royale (2006) de Martin Campbell

”CasinoElle :
(pas vu)

Lui :
Nous sommes vraiment dans une époque qui aime casser les icônes. Donc fini le James Bond charmeur et plein de style qui mettait ses attaquants hors d’état de nuire sans se départir de son flegme britannique, le James Bond de Casino Royale est sec, impitoyable, court beaucoup (on ne comprend pas toujours après qui il court, mais il court vite), cogne dur et ne s’embarrasse pas de gadgets : il ne fait pas dans la dentelle et le macramé. Inévitable corollaire, l’ensemble est beaucoup plus violent, le générique donnant le ton en traçant des arabesques de sang. On peut d’ailleurs s’interroger sur cet étalage de violence dans une série qui était jusque là un divertissement ciblé grand public. Le scénario est assez confus et peu fourni, tout le film étant centré sur les scènes d’actions et une interminable partie de poker dont (je dois bien l’avouer) l’enjeu m’a quelque peu échappé. En voulant dépoussiérer le personnage, les producteurs de la série lui ont enlevé une grande partie de sa spécificité et Casino Royale n’est rien de plus qu’un film d’action comme un autre.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Daniel Craig, Eva Green, Mads Mikkelsen, Judi Dench
Voir la fiche du film et la filmographie de Martin Campbell sur le site imdb.com
Voir les autres films de Martin Campbell chroniqués sur ce blog…

Il existait déjà un film intitulé Casino Royale, film parodique des aventures de James Bond, signé par 5 réalisateurs dont John Huston (1967).

13 juin 2008

Silent running (1971) de Douglas Trumbull

Titre canadien : « Et la terre survivra »

Silent runningElle :
(pas vu)

Lui :
Douglas Trumbull est l’un des créateurs des effets spéciaux de 2001, Odyssée de l’espace (on lui doit notamment les fantastiques effets psychédéliques du voyage supraluminique de la fin du film). Silent Running est pour lui l’occasion d’utiliser un certain nombre de techniques qu’il avait développées pour 2001 mais qui ne furent pas utilisées. Son film est toutefois bien plus que cela puisqu’il porte en lui une fable écologique assez forte et qui paraît tout aussi actuelle de nos jours. Nous sommes à bord d’un gigantesque vaisseau qui glisse dans l’espace à la façon de 2001… mais le dit-vaisseau porte de vastes plateaux où quelques chercheurs tentent de recréer les forêts qui ont été supprimées par l’homme de la surface de la Terre. La décision vient d’être prise de stopper l’expérience car pas assez rentable… Le propos de Silent Running s’inscrit donc tout à fait dans son époque, le tout début des années 70, mais a des résonances en notre troisième millénaire car il soulève des questions qui, si elles n’ont pas de dimension spirituelle comme 2001, n’en sont pas moins persistantes : pas d’Etre Supérieur, ni de robots qui se retourne contre l’homme dans Silent Running ; non, l’homme maîtrise la technique, les robots sont des gentils compagnons patauds et légèrement anthropoïdes (ils sont toutefois présentés comme porteurs d’avenir) mais celui qui peut causer sa perte est l’homme lui-même. En ce sens, il soulève des questions bien plus pragmatiques que 2001… De façon étonnante, l’humanité est surtout présente dans le film par la bande sonore : quelques très belles chansons de Joan Baez créent un contraste étonnant avec les images. Le budget fut très réduit (1) ce qui ne l’empêche pas de comporter quelques scènes visuellement efficaces à base de grandes maquettes. Le film n’eut hélas que très peu de succès à l’époque, il fallut même attendre 1975 pour qu’il sorte en France. A noter que l’un des co-scénariste est Michael Cimino.
Note : 4 eacute;toiles

Acteurs: Bruce Dern, Cliff Potts, Ron Rifkin, Jesse Vint
Voir la fiche du film et la filmographie de Douglas Trumbull sur le site imdb.com.

Note : Le titre Et la terre survivra (notez l’absence de majuscule qui change le sens et traduit bien le propos du film) est au départ le titre canadien mais a aussi été quelquefois utilisé en France.

(1) Après le succès d’Easy Rider en 1969, Les Studios Universal décidèrent de lancer plusieurs projets de style cinéma indépendant avec un petit buget (1 million de dollars) : Silent Running est l’un d’entre eux, les autres étant : L’homme sans frontière de Peter Fonda (1971), The Last Movie de Denis Hopper (1971), Taking Off de Milos Forman (1971) and American Graffiti de Geoges Lucas (1973).

13 juin 2008

Le Maître des Eléphants (1995) de Patrick Grandperret

Le maître des éléphantsElle :
(En bref) Film très dépaysant avec un beau sujet sur la sauvegarde des éléphants. Les scènes avec les éléphants sont majestueuses ; il est dommage que les dialogues ne soient pas toujours compréhensibles et que le scénario soit un peu confus.
Note : 4 étoiles

Lui :
(En bref) L’immersion forcée d’un gamin français dans la civilisation africaine. Dépaysant et bien fait.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Erwan Baynaud, Jacques Dutronc
Voir la fiche du film et la filmographie de Patrick Grandperret sur le site imdb.com.

12 juin 2008

Juste un Baiser (2001) de Gabriele Muccino

Titre original : « L’ultimo bacio »

Juste un BaiserElle :
Pas grand-chose à dire… juste une petite comédie légère sans importance sur les problèmes de couple qui touchent tous les âges aussi bien la mère vieillissante qui jalouse la vie remplie de sa fille que la-dite jeune femme qui se fait tromper par son compagnon en pleine crise de doute. Les personnages et quiproquos défilent longuement sur un air de déjà vu.
Note : 2 étoiles

Lui :
Certes, Juste un baiser est un film de plus sur les trentenaires indécis, sur ce moment où l’on balance entre l’insouciance et les responsabilités qui se profilent, mais le film Gabrielle Muccino possède un charme certain, pas seulement parce qu’il est italien (cela nous change agréablement des trentenaires américains ou français que l’on commence à connaître un peu beaucoup) mais aussi parce qu’il est porteur d’une certaine innocence, une ingénuité assez rafraîchissante. Juste un baiser est donc plaisant, pittoresque à souhait avec ses scènes de (jeune) ménage « à l’italienne », c’est-à-dire démonstratives en gestes et en paroles, mais aussi plein de vie. Il faut aussi reconnaître que c’est passablement moralisateur…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Stefano Accorsi, Giovanna Mezzogiorno, Stefania Sandrelli, Marco Cocci, Pierfrancesco Favino, Sabrina Impacciatore
Voir la fiche du film et la filmographie de Gabriele Muccino sur le site imdb.com.

Le film ayant été un gros succès en Italie, Juste un baiser eut un remake américain : The Last Kiss (2006) de Tony Goldwyn
(dont on peut raisonnablement supposer que toute cette fraîcheur aura disparu…)

10 juin 2008

Ma place au soleil (2007) de Eric de Montalier

Ma place au soleilElle :
Un film insignifiant qui ne parvient pas à se trouver malgré toute la pléiade d’acteurs de premier plan. Cette juxtaposition de personnages qui se frôlent et parfois se rencontrent parait un peu vaine et manque de fil conducteur et de construction. Ce thème sur les états d’âme de bobos parisiens bien privilégiés où les hommes en prennent pour leur grade est archi-rebattu.
Note : 2 étoiles

Lui :
L’affiche de Ma place au soleil donne bien le ton du film : ce sont de petits fragments de vie mis les uns à côté des autres sans que cet assemblage hétéroclite ne forme un ensemble. Pour sa première réalisation, Eric de Montalier a voulu aborder trop de sujets et au final son film ne parle de rien du tout et brasse allègrement du vide. Le plateau est pourtant impressionnant et on ne peut pas dire qu’un des acteurs présents ait failli. Non, il manque simplement à Ma Place au Soleil un fil conducteur fort, une direction, un sens… En l’état, il ne peut sans doute plaire qu’aux spectateurs qui s’identifient à l’un des personnages.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Nicole Garcia, Jacques Dutronc, André Dussollier, François Cluzet, Valeria Golino, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez, Mélanie Doutey, Hippolyte Girardot
Voir la fiche du film et la filmographie de Eric de Montalier sur le site imdb.com.

10 juin 2008

La momie (1999) de Stephen Sommers

Titre original : The mummy

GabrielleElle :
(En bref) Ce film m’a semblé bien médiocre avec un scénario simplet qui n’est qu’un prétexte à une suite d’effets spéciaux. Où est donc la magie de l’Egypte et de ses Rois? La seule merveille est la scène de 30 secondes du début du film où l’on survole la Ville de Thèbes au temps des pharaons.
Note : 1 étoiles

Lui :
(En bref) La Momie donne l’impression que l’on a voulu reprendre la formule qui avait fait le succès des Aventuriers de l’Arche Perdue… On en est loin. La magie des films anciens sur les momies n’est pas là non plus. Le scénario est assez maigre et il ne nous reste qu’une succession d’effets spéciaux.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Brendan Fraser, Rachel Weisz, John Hannah
Voir la fiche du film et la filmographie de Stephen Sommers sur le site imdb.com.

9 juin 2008

Je suis un aventurier (1955) de Anthony Mann

Titre original : « The far country »

Je suis un aventurierElle :
(pas vu)

Lui :
Je suis un aventurier fait partie des plus beaux westerns du cinéma américain. Comme souvent le titre français paraît bien stupide par rapport au titre original The Far Country qui, lui, évoque parfaitement le contenu réel du film : nous sommes en Alaska et au Canada, à l’époque de la fièvre de l’or, un univers qui évoque celui des livres de Jack London. Anthony Mann traite magistralement du passage de la conscience individualiste d’un cow-boy sans attache (James Stewart) à une vision communautaire et solidaire, le passage à la civilisation en quelque sorte. Je suis un aventurier Il le fait en entremêlant dans une histoire, qui peut paraître simple à première vue, beaucoup de thèmes pour créer un récit fort qui se déroule parfaitement avec une tension assez constante et aucun temps mort. James Stewart est un acteur qu’il connaît bien (entre 1950 et 55, il a tourné 8 films avec lui dont 5 westerns) et qui imprime beaucoup de force à ce personnage qui finit par se découvrir un sens des responsabilités. A ses côtés, pas de grandes vedettes mais une pléiade de bons acteurs qui assurent de solides seconds rôles. Non décidemment, Je suis un aventurier est un film bien plus important que son titre français ne pourrait le laissait supposer…
Note : 4 étoiles

Acteurs: James Stewart, Walter Brennan, Ruth Roman, John McIntire, Corinne Calvet
Voir la fiche du film et la filmographie de Anthony Mann sur le site IMDB.

Voir les autres films de Anthony Mann chroniqués sur ce blog…

Les 5 (superbes) westerns d’Anthony Mann avec James Stewart :
Winchester ‘73 (1950) Winchester 73
Bend of the river (1952) Les affameurs
The Naked Spur (1953) L’appât
The Far Country (1955) Je suis un aventurier
The Man from Laramie (1955) L’homme de la plaine

8 juin 2008

La rupture (1970) de Claude Chabrol

La ruptureElle :
(En bref) Une mère s’enfuit avec son enfant pour le protéger de son mari déséquilibré. Les parents vont tout faire pour le récupérer. Le scénario est particulièrement original et complexe, chargé d’une ambiance malsaine à souhait. Stéphane Audran rayonne dans son combat de mère méprisée face à Jean-Pierre Cassel et Michel Bouquet qui donnent dans la perversité et le machiavélisme.
Note : 5 étoiles

Lui :
(En bref) Une belle intrigue chabrolienne : les sentiments face au pouvoir de l’argent. Très belle interprétation, Stéphane Audran en tête qui, bien qu’employée ici un peu à contre-emploi, joue avec grande conviction.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel, Michel Bouquet, Annie Cordy, Jean-Claude Drouot, Jean Carmet
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Chabrol sur le site imdb.com.

Voir les autres films de Claude Chabrol chroniqués sur ce blog…