13 novembre 2007

Water (2005) de Deepa Mehta

WaterElle :
Water a mis cinq ans avant de pouvoir être achevé car il dénonce l’existence en Inde de traditions révoltantes : des petites filles mariées à l’âge de sept ans qui, une fois devenues veuves, étaient bannies et devaient passer le restant de leurs jours dans un ashram. N’ayant reçu aucune éducation, ces femmes ne cherchent pas à remettre en cause leur sort injuste tandis que les brahmanes décrètent par loi qu’ils peuvent coucher avec qui ils veulent et que leurs maîtresses sont bénies des dieux. Deepa Mehta parvient à faire passer avec sensibilité et justesse ce message de révolte dans la réalité de l’Inde coloniale des années 1930 qui tente de marcher vers l’indépendance avec l’arrivée de Gandhi. Elle nous offre également une mise en scène d’une grande beauté. Elle fait un travail photographique splendide sur la lumière et la vie au bord du Gange. L’eau est présente tout au long du film. Le fleuve sert à baigner les morts, à se laver, à se purifier des péchés, à prier. Une fois immergé dans cette réalité très différente de la nôtre, on se laisse gagner par le message d’injustice, par l’émotion et la beauté des images et des personnages. On est bien loin de Bollywood qui nous semble si souvent masquer les véritables facettes de l’Inde en n’offrant que joie et sourires forcés. Seul petit bémol, la scène avec le discours de Gandhi n’est pas très convaincante car très mal amenée.
Note : 5 étoiles

Lui :
Water nous plonge en plein cœur de pratiques particulièrement choquantes qui avaient cours en Inde dans les années 30 et qui auraient encore des restes de nos jours. Qu’une petite fille de 7 ans se retrouve mariée à un homme de plus de 50 ans est déjà à peine imaginable mais qu’elle soit obligée de passer toute sa vie comme une paria de la société une fois devenue veuve est encore plus terrifiant. Les veuves vivent cloîtrées en petits groupes, sans ressources, la plus jolie étant obligée de se prostituer pour que les autres puissent manger. Cette pratique trouve sa justification dans les textes sacrés, écrits il y a plus de 2000 ans. Water a l’immense mérite d’étaler au grand jour ces usages épouvantables et la réalisatrice le fait d’une façon très authentique, réussissant une sorte de symbiose entre film indien et film occidental. La photographie est assez belle ce qui n’empêche pas le film d’être assez dur. On sent poindre le désir de révolte qui trouve écho dans le contexte politique mis ici en toile de fond avec la montée de Gandhi, ce qui n’empêche pas la réalisatrice de montrer les contradictions des personnes qui se disent progressistes.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Sarala, Lisa Ray, John Abraham
Voir la fiche du film et la filmographie de Deepa Mehta sur le site imdb.com.

Note : La réalisatrice a eu toutes les difficultés à réaliser ce film : menaces, plateau saccagé et brûlé, effigies de la réalisatrice brûlées quotidiennement à travers le pays. Après avoir protégé le tournage avec des hommes de troupe, le gouvernement indien a finalement du l’interdire. Il aura fallu un soutien international actif, avec notamment le réalisateur Georges Lucas, pour que le tournage puisse s’achever 5 ans après avoir commencé.

12 novembre 2007

Diamants sur canapé (1961) de Blake Edwards

Titre original : « Breakfast at Tiffany’s »

Diamants sur canapéElle :
(pas vu)

Lui :
Cette adaptation d’un roman de Truman Capote n’aurait probablement été qu’une comédie assez conventionnelle si elle avait était tournée par Frankenheimer avec Marilyn Monroe comme cela était prévu au départ. Entre les mains de Blake Edwards, elle est devenue tout autre chose : Diamants sur Canapé reste une comédie, certes, mais une comédie tendre et très originale. Replacée dans son contexte du début des années 60, elle est même particulièrement novatrice dans sa façon de mettre en avant ses deux principaux personnages. Délicieusement farfelue, Audrey Hepburn nous charme et nous attendrit malgré son idée fixe de faire un mariage intéressé. Blake Edwards parsème son film de petites touches bien personnelles dont certaines évoquent certains de ses films suivants : le voisin asiatique et tempétueux (interprété par un Mickey Rooney en pleine forme) fait penser à La Panthère Rose et la scène complètement folle de la soirée préfigure La Party. Même vu presque 50 ans plus tard, Diamants sur Canapé nous apparaît toujours comme un film attachant doté d’une belle personnalité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Audrey Hepburn, George Peppard, Patricia Neal, Mickey Rooney, Buddy Ebsen
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12 novembre 2007

Deux hommes dans l’Ouest (1971) de Blake Edwards

Titre original : « Wild Rovers »

Deux hommes dans l'OuestElle :
(pas vu)

Lui :
Bien que Deux Hommes dans l’Ouest soit le seul western qu’il ait réalisé, Blake Edwards n’est pas totalement étranger au genre puisqu’il a écrit plusieurs scénarios au début de sa carrière. Ici, il nous offre un film d’un grand classicisme où tous les grands thèmes du western et de la vie du cow-boy sont bien là : grands espaces avec de superbes paysages, grande propriété avec ses innombrables têtes de bétail, bagarre au saloon, femmes de petite vertu, attaque de banque (assez peu orthodoxe toutefois, très calme), poursuites à cheval, capture d’une cheval sauvage, partie de poker qui tourne mal,… oui tout est là, mais sans ce côté spectaculaire habituel qui rend tout artificiel. Avec Blake Edwards tout semble couler de source, un naturel qui donne à Deux Hommes dans l’Ouest une grande authenticité. Celle-ci est d’ailleurs accentuée par l’absence d’acteurs trop connus. Nous avons simplement l’impression de partager leurs vies dont la rudesse trouve écho dans le drame qui se déroule devant nous. Oui, Deux Hommes dans l’Ouest est un western peu spectaculaire, certes, mais vraiment très beau et très authentique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: William Holden, Ryan O’Neal, Karl Malden, Tom Skerritt
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Note : Le film a été amputé de 30 minutes par les distributeurs qui, en outre, ont cru bon que rajouter les scènes (parfaitement inutiles et un peu ridicules) de ralentis.

11 novembre 2007

L’homme de sa vie (2006) de Zabou Breitman

L'homme de sa vieElle :
Deux maisons dans la Drôme dans lesquelles résident un couple de vacanciers prénommés Frédéric et Frédérique, et Hugo, un homosexuel rejeté par son père. Suite à une invitation, les deux hommes vont être amenés se confier l’un à l’autre et à remettre en cause leurs certitudes sur l’amour, la vie de couple conventionnelle, la solitude, la perfection, l’imperfection. Frédéric se sent attiré par Hugo et ruine sa relation amoureuse avec sa compagne tandis qu’Hugo fait peu à peu tomber ses résistances pour reprendre contact avec sa famille. Ces confidences ponctuent tout le film que Zabou Breitman jalonne de glissements, de suggestions, de visions très poétiques sur la nature, d’effets visuels fluides pour exprimer le flou du sentiment amoureux et de l’amour filial chez ces trois personnages. Les dialogues sont tout en retenue et le jeu des trois acteurs est très convaincant. Zabou Bretman fait preuve d’un réel talent d’écriture pour mettre en scène de façon fort originale et sensible la vie, ses petits bonheurs, ses doutes et ses fêlures.
Note : 4 étoiles

Lui :
Zabou Breitman sort vraiment des sentiers battus avec L’Homme de sa Vie. Le scénario semble tout d’abord ne vouloir que définir une atmosphère et planter quelques personnages pour les laisser vivre devant nous. Par une succession de plans particulièrement travaillés, aux graphismes doux et très évocateurs, le film nous plonge dans l’univers estival d’un village de la Drôme. Mais peu à peu, presque insidieusement, la trame de l’histoire s’épaissit pour laisser paraître un drame sous-jacent. Charles Berling donne beaucoup d’intensité teintée de mystère à son personnage en parfait contraste avec la simplicité apparente de Bernard Campan. Le film forme un très bel ensemble, parfaitement équilibré avec un déroulement original. Même si l’on peut trouver certaines images un peu faciles, L’Homme de sa Vie montre une indéniable personnalité et paraît franchement remarquable.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Bernard Campan, Charles Berling, Léa Drucker
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10 novembre 2007

Président (2006) de Lionel Delplanque

PrésidentElle :
Pas grand-chose à dire sur ce portrait de président, à mi-chemin entre Chirac et Sarkozy. Présenté sous forme de thriller caricatural à l’intrigue inintéressante et peu crédible, on décroche assez vite.
Note : 1 étoile

Lui :
On ne croit pas beaucoup à cette histoire mettant en scène un jeune président français impliqué dans une obscure histoire de mise au point d’une nouvelle arme. Dupontel n’est guère crédible en président, pas plus que Jérémie Renier en conseiller. Le scénario est extrêmement conventionnel.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Albert Dupontel, Jérémie Renier, Claude Rich, Mélanie Doutey, Claire Nebout
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9 novembre 2007

Gladiator (2000) de Ridley Scott

GladiatorElle :
Grosse déception pour la première partie de ce film qui est, à mes yeux, ennuyeuse et remplie de poncifs hollywoodiens. J’étais même sur le point d’abandonner mais c’est alors que le brave gladiateur ébahi devant la grandeur du Colisée me fit sortir de ma torpeur. Ce n’est qu’à partir de ce moment que le film prend toute son ampleur grâce à des scènes de reconstitution de Rome de toute beauté, au combat psychologique des personnages et à la grandeur d’âme et souffrance du gladiateur. Dommage qu’il n’y ait pas eu plus d’homogénéité dans le scénario.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce n’est pas du coté du scénario que réside l’attrait de Gladiator : il est manichéen à souhait. Le méchant est puissant, lâche, fourbe et cruel. Le gentil est réduit à l’esclavage, courageux et droit… et il n’est pas manchot au combat! L’intérêt du film réside plutôt dans le spectacle offert, spectacle dont la reconstitution du Colisée est le pivot central. Egalement remarquable est la mise en image d’une bataille romains contre barbares. Les combats sont un peu longs toutefois. En revanche, les rares vues plus globales de Rome sont décevantes, moins crédibles. Au final,  Gladiator constitue un bon divertissement, du « grand spectacle », mais hérite aussi des défauts classiques des grosses productions hollywoodiennes.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Russell Crowe, Joaquin Phoenix, Connie Nielsen, Oliver Reed, Richard Harris, Derek Jacobi
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8 novembre 2007

Mauvaise passe (1999) de Michel Blanc

Mauvaise passeElle :
Film sans grand intérêt avec un sujet racoleur qui met en scène un quarantenaire à la recherche de lui-même, qui devient escort boy. On se demande ce qu’est allé faire Daniel Auteuil dans cette galère.
Note : 2 étoiles

Lui :
Si on est un peu amusé au début de Mauvaise Passe de voir Daniel Auteuil jouer les escort boys, on s’ennuie ferme par la suite. Pourtant les acteurs sont parfaits et le milieu sociologique est plutôt bien décrit. Non, c’est certainement le scénario qui pêche le plus en manquant de consistance : nous voilà avec une crise de la quarantaine de plus. Bien évidemment, il se prend pour un gamin de 20 ans et bien évidemment il fera les plus mauvais choix…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Daniel Auteuil, Stuart Townsend, Liza Walker, Noah Taylor
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7 novembre 2007

Une nuit à l’opéra (1935) de Sam Wood

Titre original : A night at the Opera

Une nuit à l'OpéraElle :
(pas revu)

Lui :
La scène du restaurant, au tout début du film, entre Groucho et Margaret Dumont donne le ton général : l’humour coule non-stop et à gros flots. Cela va en effet continuer ainsi pendant les 90 minutes que dure Une Nuit à l’Opéra. Les scènes de la cabine du bateau, du petit-déjeuner, de la lecture du contrat sont mémorables… On ne s’en lasse pas. Une nuit à l'Opéra Pour la première fois, les Marx Brothers ont un réalisateur de premier plan qui sait parfaitement mettre en valeur les scènes que les frères Marx ont souvent longuement rodées dans leurs spectacles en tournée. Le film est bien mieux construit et l’humour a un effet décuplé. Une nuit à l’Opéra est sans aucun doute l’un des tous meilleurs films des Marx Brothers. Un vrai petit bijou.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Groucho Marx, Chico Marx, Harpo Marx, Kitty Carlisle, Margaret Dumont
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7 novembre 2007

Daddy Nostalgie (1990) de Bertrand Tavernier

Daddy NostalgieElle :
Film bouleversant sur une jeune femme qui redécouvre ses parents au travers de la maladie du père. Dick Bogarde et Jane Birkin sont émouvants de vérité et de sensibilité. Les tensions et l’agressivité qui surgissent dans la relation des trois personnages témoignent de leur douleur intérieure et de leur difficulté à communiquer. Tavernier manie sa caméra avec beaucoup de pudeur et délicatesse.
Note : 4 étoiles

Lui :
(pas vu)

Acteurs: Dirk Bogarde, Jane Birkin, Odette Laure, Emmanuelle Bataille
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6 novembre 2007

Phoenix Arizona (1998) de Chris Eyre

Titre original : Smoke Signals

Phoenix ArizonaElle :
Beau film au scénario original. Un jeune indien part rechercher l’urne funéraire de son père en compagnie d’un ami parfois encombrant. Il éprouve de la haine envers son père alcoolique qui a abandonné sa famille. Il fait un véritable parcours initiatique qui lui permet de retrouver une certaine sérénité et de pardonner.
Note : 5 étoiles

Lui :
On est touché par l’histoire des ces deux garçons indiens, presque frères, mais de caractères si opposés : si l’un est taciturne, réaliste, viril et réfléchi, l’autre est un moulin à paroles, mystique, efféminé et inconséquent. Mais tous deux ont une candeur d’âme, une innonence qui les rend très attachants. La force de ce film tient dans la puissance des deux personnages principaux. Les poncifs (hélas) habituels (misère, alcool et racisme) ne sont ici que sous-jacents, en toile de fond.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Adam Beach, Evan Adams
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