10 mars 2014

À l’est d’Eden (1955) de Elia Kazan

Titre original : « East of Eden »

À l'est d'EdenDans la Californie de 1917, à la veille de l’entrée en guerre des Etats Unis, un fermier rigoriste vit avec ses deux fils. Cal ne se sent pas aimé comme peut l’être son frère, il pense qu’il incarne le mal. Il a récemment découvert que sa mère n’est pas morte, comme son père a toujours affirmé, et qu’elle vit dans une ville voisine… Cette adaptation du roman de John Steinbeck À l’est d’Eden ne porte que sur une petite partie du livre. Elia Kazan ne fait pas particulièrement preuve de légèreté en en faisant une variation biblique de l’histoire de Caïn et Abel, aux effets mélodramatiques appuyés. Avec le recul, cette lourdeur semble apparaître d’autant plus. Le film doit en partie sa réputation au fait d’être le premier des trois grands films de James Dean, alors un jeune acteur peu connu de théâtre et de télévision. Très marqué Actors Studio, son jeu est assez puissant (d’autant plus puissant que le personnage de Cal avait quelque écho avec sa propre vie) À l'est d'Eden mais a le défaut d’être en décalage total avec les autres acteurs. Elia Kazan ne parvient pas à atteindre la fusion, à tel point que l’on a parfois l’impression qu’il y a deux films : celui où joue James Dean et celui où jouent les autres acteurs. Quoiqu’il en soit, À l’est d’Eden marquera les esprits pour ce portrait de James Dean en adolescent tourmenté et en rupture, désespérément en quête d’amour et dont les aspirations se heurtent au puritanisme du père.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Julie Harris, James Dean, Raymond Massey, Burl Ives, Richard Davalos, Jo Van Fleet
Voir la fiche du film et la filmographie de Elia Kazan sur le site IMDB.

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Remarque :
* À l’est d’Eden est le seul des 3 films de James Dean à être sorti avant sa mort (l’accident qui lui coûta la vie eut lieu le 30 septembre 1955).

13 janvier 2014

Thomas l’imposteur (1965) de Georges Franju

Thomas l'imposteurEn 1914, alors que l’on craint que les allemands prennent Paris, la princesse de Bormes transforme son hôtel particulier en hôpital. Elle est aidée par un jeune sous-lieutenant qui s’est présenté comme le neveu du général De Fontenoy qui s’est illustré au front. Grâce à lui, les portes s’ouvrent et autorisations pour aller chercher les blessés sont plus faciles à obtenir… Thomas l’imposteur est adapté d’un roman que Jean Cocteau a écrit en 1923. L’écrivain a participé à l’écriture cette adaptation par Georges Franju (Cocteau était toutefois décédé au moment du tournage). Le thème est celui de la confrontation de deux mondes : celui du rêve dans l’esprit d’un garçon de 16 ans et celui de la réalité dans l’une de ses formes les plus dures, celle d’une guerre particulièrement meurtrière. La transposition au cinéma est très délicate car les images, par leur nature-même, tendent à renforcer l’un de ces deux mondes, celui de la réalité et le monde du rêve en devient d’autant plus difficile à exprimer. Georges Franju y parvient toutefois plutôt bien, nous gratifiant même de quelques « visions » irréelles (tel ce cheval fou à la crinière en feu ou encore ce lieu étrange où l’on ne sait plus où finit la terre et où commence la mer). Emmanuelle Riva est, une de fois de plus, merveilleuse.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Riva, Jean Servais, Fabrice Rouleau, Sophie Darès, Rosy Varte, Jean-Roger Caussimon
Voir la fiche du film et la filmographie de Georges Franju sur le site IMDB.

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Remarques :
* Fabrice Rouleau est le fils de Raymond Rouleau, acteur d’origine belge qui a beaucoup tourné dans les années 30, 40 et 50, et que l’on a parfois surnommé « le Cary Grant du cinéma français ». On le retrouve par exemple à l’affiche de Falbalas de Jacques Becker (1945). Il a également réalisé de nombreux films pour le cinéma et la télévision dont Les sorcières de Salem (1957) et Les amants de Teruel (1962).
*  L’homme qui danse avec Emmanuelle Riva lors du bal est André Méliès, le fils de Georges Méliès qui avait déjà joué par deux fois dans des films de Georges Franju : Le grand Méliès (1952) et Judex (1963).

25 novembre 2013

Les Hommes contre (1970) de Francesco Rosi

Titre original : « Uomini contro »

Les hommes contrePremière Guerre mondiale. Nous sommes en 1916 dans le nord de l’Italie où les italiens se battent contre les autrichiens. Un général italien qui vient de perdre dans un mouvement de panique une position importante veut la reprendre coûte que coûte. Mais ce sommet de colline se révèle imprenable… Adapté d’un roman d’Emilio Lussu, Les Hommes contre n’est pas sans rappeler Les Sentiers de la gloire de Kubrick. Le film de Rosi est lui aussi un film militant qui dénonce la barbarie de la guerre et ses nombreuses morts inutiles, des morts d’autant plus révoltantes quand elles sont causées par l’obstination aveugle d’un ou deux officiers. Les faits rapportés sont réels et il y eut bien une mutinerie de soldats à l’été 1917 près de Santa Maria la Longa. Les Hommes contre est sorti en 1970, en résonance avec un certain courant pacifique et antimilitariste qui se développait alors. En Italie, un procès pour « dénigrement de l’armée » fut intenté mais se termina par un acquittement. Francesco Rosi est très direct dans sa démarche, nous livrant sans fard une dure réalité qui parle d’elle-même : tout discours devient inutile. L’interprétation est parfaite, jamais appuyée, sans aucun accent mélodramatique. Presque à la limite du documentaire, le film fait aujourd’hui oeuvre de mémoire.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Mark Frechette, Alain Cuny, Gian Maria Volonté
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Remarque :
Emilio Lussu a réellement vécu en tant que soldat les évènements décrits (en 1916 et 1917). Il a écrit le livre Les Hommes contre beaucoup plus tard en 1938. Dans le film, il est représenté par le jeune Lieutenant Sassu. Comme son personnage, l’écrivain a été tout d’abord interventionniste (favorable à l’entrée en guerre de l’Italie contre L’Autriche et l’Allemagne) avant de changer d’opinion après avoir vu les atrocités de la guerre. La fin du livre est toutefois différente de la fin du film car il survivra. Dans l’Entre-deux guerres, il aura une activité politique et combattra activement le fascisme naissant. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il sera ministre dans le premier gouvernement d’unité nationale de l’Italie libérée.

>> Pour se faire une idée de l’accueil critique en France du film à sa sortie, lire les extraits de presse sur le site de la Cinémathèque Française.