7 mars 2015

Thelma et Louise (1991) de Ridley Scott

Thelma & LouiseThelma et Louise ont décidés de faire une petite escapade ensemble. Elles prennent la voiture pour aller passer un long week-end à la montagne, toutes les deux, libres. Les évènements vont les empêcher d’atteindre leur but… Le scénario de Thelma & Louise a été écrit par Callie Khouri qui serait d’ailleurs partie de l’idée de la scène finale. Le film dresse un portrait assez dur de l’Amérique profonde, primaire et rétrograde, qui accorde si peu de considération aux femmes. Nos deux héroïnes qui, au départ, n’ont qu’un simple désir de liberté, sont entraînées malgré elles dans une fuite en avant. Thelma & Louise est indéniablement un film féministe, il interroge sur la place de la femme dans notre société. Les hommes, violents, primaires et dangereux, ne sont guère montrés à leur avantage. Ridley Scott filme cette histoire de façon assez spectaculaire, il nous gratifie de très beaux plans, avec des grands espaces très photogéniques et des scènes mémorables (voire jubilatoires comme celle du règlement de comptes avec le camionneur). La fin est superbe, indéniablement à classer parmi les plus belles fins de toute l’histoire du cinéma. Elle est d’une grande force évocatrice. La scénariste et Ridley Scott ont du se battre longuement avec les producteurs pour imposer cette fin non hollywoodienne. On peut penser que l’impact d’un film comme Thelma & Louise a dépassé le cadre du cinéma et qu’il fait partie des films qui marquent et peuvent probablement contribuer à l’évolution de notre société.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Susan Sarandon, Geena Davis, Harvey Keitel, Michael Madsen, Stephen Tobolowsky, Brad Pitt
Voir la fiche du film et la filmographie de Ridley Scott sur le site IMDB.

Voir les autres films de Ridley Scott chroniqués sur ce blog…

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Thelma & Louise
Susan Sarandon et Geena Davis sont les héroïnes éponymes du film Thelma et Louise de Ridley Scott.

Remarques :
* Ridley Scott a monté une fin alternative plus longue (où la chute se prolonge et qui se termine par un plan symbolique où l’on voit la voiture s’éloigner sur une route poussiéreuse) mais le cinéaste a préféré opter pour la plus courte. La fin alternative est visible sur le DVD (et sur YouTube).

* L’article de Wikipedia sur Thelma & Louise mérite d’être signalé. Son auteur se penche sur les différents aspects du film et, de façon intéressante, sur la façon dont le film a été perçu. Un tel film mérite en effet d’être analysé non pas sur son seul contenu mais, plus encore, sur les réactions qu’il suscite. Par exemple, l’auteur s’interroge sur la perception de la violence : le film a (bizarrement) été considéré comme violent par un grand nombre de personnes, certainement parce que ce sont des femmes qui y tiennent les armes.

Thelma & Louise est le film qui permit à Brad Pitt de sortir vraiment de l’anonymat.

Thelma & Louise
Le selfie le plus célèbre du cinéma.

Thelma & Louise
Note : Intrigué par une petite différence dans les nuages de l’arrière plan, j’ai découvert que l’image ci-dessus qui circule sur le net comme étant une image du film et que j’avais prise pour illustrer ce billet, est en réalité extraite d’une reconstitution minutieuse faite récemment pour une pub. Le saut final est effectivement étonnant car vraiment très proche de l’original (avec même l’enjoliveur qui se détache). Pour avoir une telle similitude, ils ne pouvaient pas jeter une voiture dans le vide comme l’avait fait Ridley Scott (le résultat aurait certainement été différent) et donc les ordinateurs sont entrés dans la danse pour incruster la voiture sur un arrière-plan reconstitué à partir de plusieurs centaines de photos (bracketées HDR) prises depuis un hélicoptère…
Je rajoute ci-dessous la vraie image du film :
Thelma et Louise

 

11 janvier 2014

Buffalo Bill et les indiens (1976) de Robert Altman

Titre original : « Buffalo Bill and the Indians, or Sitting Bull’s History Lesson »

Buffalo Bill et les IndiensEn 1885, Buffalo Bill dirige un grand spectacle sur l’Ouest dont il est la vedette. Pour pimenter le show, il achète à l’armée l’un de ses prisonniers les plus célèbres, le chef indien Sitting Bull… Après l’armée (MASH), le western (John McCabe), la music-business (Nashville), Robert Altman s’attaque à l’une des plus grandes figures mythiques de l’Amérique : Buffalo Bill. Alors qu’Hollywood a exploité jusqu’à la corde la légende du héros intrépide, Altman nous le montre comme un cabotin plutôt grotesque entouré de béni-oui-oui, maladroit au tir et piètre cavalier. Même s’il grossit un peu le trait, il est tout de même assez proche de la vérité historique et sait agrémenter l’ensemble d’une bonne dose d’humour. Au-delà de cette figure légendaire, Altman s’attaque à cette société du spectacle capable de créer l’Histoire (« J’ai le sens de l’Histoire » braille Buffalo Bill dans un moment d’énervement, « et c’est moi qui commande ! ») et ainsi s’interroge sur la façon dont se forge un imaginaire collectif, fondement d’une civilisation moderne. Altman maitrise parfaitement cette mise en scène d’une mise en scène, utilisant comme à son habitude de très nombreux personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Joel Grey, Kevin McCarthy, Harvey Keitel, Geraldine Chaplin, Burt Lancaster
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Altman sur le site IMDB.

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Remarques :
* Loin du mythe largement accepté comme vérité historique, le chasseur de bisons William Frederick Cody (alias Buffalo Bill) a été un showman qui s’est forgé un personnage de légende en créant un spectacle mettant en scène des scènes de la vie dans l’Ouest et des batailles contre les indiens. Buffalo Bill faisait jouer à de vrais indiens leurs propres rôles ce qui contribua à l’immense popularité de son spectacle. Le cinéma, juste naissant, lui a permis d’accentuer davantage son image. Il a ainsi créé et répandu dans l’imaginaire collectif le mythe du Far-West et ses codes vestimentaires (on lui doit les chapeaux, les chemises, les foulards, les coiffes de plumes pour les indiens, etc.) Son spectacle a même tourné en Europe : ses représentations à Paris en 1905 ont attiré plus de 3 millions de spectateurs ! Le mythe de Buffalo Bill a été ensuite largement entretenu par le cinéma. C’est un superbe exemple de « légende qui dépasse la réalité »…

* Dès 1894, William Frederick Cody apparaît dans de petits films où il joue son propre rôle, le plus souvent des extraits de son show. IMDB liste ainsi 20 films où il apparait entre 1894 et 1917, l’année de sa mort.

7 novembre 2013

La Nuit de Varennes (1982) d’Ettore Scola

La nuit de VarennesEn juin 1791, l’écrivain libertin et chroniqueur de la Révolution Restif de La Bretonne est le témoin involontaire du départ du Palais Royal en pleine nuit d’un carrosse dans lequel a pris place l’une des dames de compagnie de la reine. Intrigué, il décide de le rattraper et découvre que leurs occupants tentent de rejoindre la famille royale en fuite… En s’inspirant d’un roman de Catherine Rihoit, Ettore Scola et son scénariste ont inventé ce trajet de Restif de La Bretonne (Jean-Louis Barrault) de Paris à Varennes en compagnie de l’intellectuel américain Thomas Paine (Harvey Keitel), d’une dame de la cour (Hanna Schygulla), et quelques autres personnages auxquels vient s’adjoindre Casanova (Marcello Mastroianni). C’est un petit microcosme de la société et le temps du trajet est l’occasion de discussions et d’échanges d’idées assez intéressants sur ce monde en pleine transformation. Hélas, le film est gâché par une bande son épouvantable que doublages et bruitages de studio bien trop présents rendent assez agressive. Ettore Scola ne porte pas de jugement tranché même s’il donne l’impression de s’être identifié à ce Casanova vieillissant qui regrette l’insouciance et une certaine douceur de vivre. Très belle fin.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Barrault, Marcello Mastroianni, Hanna Schygulla, Harvey Keitel, Jean-Claude Brialy, Andréa Ferréol, Michel Vitold, Laura Betti, Daniel Gélin, Jean-Louis Trintignant
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Remarque :
La version initiale de La Nuit de Varennes dure 150 minutes. Il existe également une version réduite à 135 minutes et une autre à 122 minutes (c’est cette dernière qui était visionnée ici).

12 avril 2013

Pulp Fiction (1994) de Quentin Tarantino

Pulp FictionPulp Fiction est composé de trois histoires mettant en scène deux tueurs à Los Angeles. Ce qui rend le film si particulier est le traitement que Tarantino fait de ces histoires. Il entremêle, complique, insère de l’humour et esthétise l’ensemble qui, malgré sa violence, devient savoureux. C’est surtout le tandem formé par les deux tueurs qui donnent au film tout son sel, deux tueurs bavards, ergoteurs, la moindre futilité étant le prétexte d’un long échange verbal d’une fausse profondeur. En ajoutant une bonne dose d’humour, Tarantino parvient à les rendre attachants et crée des scènes fortes, des images qui restent. Toutefois, cette esthétisation de la violence peut toutefois susciter des interrogations, d’autant plus que Tarantino entoure toute cela d’une morale qui lui est propre (et que l’on retrouve dans bon nombre de ses films ultérieurs) : tout se paye au prix fort car on tombe toujours sur plus fort que soi… Une justice immanente en quelque sorte. Mais Tarantino, c’est avant tout un spectacle qu’il crée et il montre en ce domaine un réel talent dans Pulp Fiction. A l’instar de ces publications pulp dont il se réclame ouvertement par le titre, il crée un environnement clinquant, combinant habilement attraction et répulsion, et aussi un peu magique. Et il manie avec beaucoup de goût cette dimension supplémentaire dont il dispose qu’est la musique.
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Travolta, Samuel L. Jackson, Uma Thurman, Bruce Willis, Harvey Keitel, Christopher Walken, Tim Roth
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