5 février 2020

La Colline des potences (1959) de Delmer Daves

Titre original : « The Hanging Tree »

La Colline des potences (The Hanging Tree)Le docteur Trail arrive dans un camp de chercheurs d’or du Montana. Il recueille un jeune voleur de pépites blessé et l’oblige à se mettre à son service. Un jour, la diligence est attaquée et la seule survivante est une jeune et jolie femme retrouvée errante et gravement brulée par le soleil…
The Hanging Tree est un western plutôt atypique. La situation est assez inhabituelle et le personnage principal est particulièrement complexe et difficile à cerner : loin de tout manichéisme, il n’est ni franchement bon, ni franchement mauvais. En outre, Delmer Daves introduit un peu de romantisme et aborde plusieurs thèmes, certains classiques comme le poids du passé et d’autres moins courants tel l’éducation. Il fustige au passage les ligues de vertus, les prédicateurs et les foules. La mise en scène est, elle aussi, assez originale et les mouvements de caméra sont parfois inattendus (mouvements de grue). L’interprétation est dominée par la stature de Gary Cooper mais les seconds rôles, tels Karl Malden (remarquable) ou George C. Scott (son premier rôle au cinéma) sont bien tenus. Seule Maria Schell ne semble pas bien à sa place. Le dénouement est surprenant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Maria Schell, Karl Malden, George C. Scott, Ben Piazza
Voir la fiche du film et la filmographie de Delmer Daves sur le site IMDB.

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Remarques :
* The Hanging Tree est le dernier western de Delmer Daves qui fut malade sur le tournage et remplacé par Karl Malden avec l’assistance de Vincent Sherman. C’est aussi le dernier western de Gary Cooper.
* La chanson The Hanging Tree, interprétée dans le film par Marty Robbins, a été adaptée en français sous le titre L’Arbre aux pendus par Boris Vian.

 La Colline des potences (The Hanging Tree)Ben Piazza et Gary Cooper dans La Colline des potences (The Hanging Tree) de Delmer Daves.

17 mars 2018

Patton (1970) de Franklin J. Schaffner

PattonEn 1943, George S. Patton arrive en Tunisie pour prendre le commandement des troupes américaines alors très mal en point face à l’Afrikakorps de Rommel. Il renforce la discipline et restaure la confiance en remportant une victoire contre les chars allemands…
Sur un scénario co-écrit par Francis Ford Coppola, Patton retrace le parcours de ce général hors du commun, féru d’Histoire et, selon lui, né pour se battre. Le récit se concentre ainsi plus sur le personnage que sur ses faits d’armes. Le général Patton était incontestablement un brillant stratège mais il fut souvent tenu à l’écart par l’état-major car impossible à contrôler et enclin à faire des maladresses diplomatiques ou médiatiques. La vérité historique est assez bien respectée et le plus remarquable dans le film est dans la distance prise avec le sujet : ce n’est ni un éloge admiratif ni une condamnation, c’est avant tout le portrait d’un homme qui se sentait investi d’une mission et qui a joué un rôle important dans le déroulement de la Seconde Guerre mondiale. L’interprétation de George C. Scott est en tous points parfaite, très puissante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George C. Scott, Karl Malden, Stephen Young, Michael Strong
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Remarque :
* George C. Scott fut le premier acteur à refuser son Oscar, s’opposant ainsi à cette grande foire communicationnelle et réfutant le principe-même d’une compétition entre les acteurs.

Patton
George C. Scott dans Patton de Franklin J. Schaffner.

Patton
George C. Scott et Karl Malden dans Patton de Franklin J. Schaffner.

Partton
George C. Scott dans Patton de Franklin J. Schaffner.

19 novembre 2012

Le dernier de la liste (1963) de John Huston

Titre original : « The list of Adrian Messenger »

Le dernier de la listeUn ex-officier des Services secrets se voit confier par son ami Adrian Messenger une liste de dix noms sur lesquels il lui demande d’enquêter afin de savoir ce qu’ils sont devenus. Il lui promet de lui donner ensuite les raisons de sa demande mais il est tué le lendemain dans un mystérieux accident d’avion… Basé sur un roman de Philip MacDonald, Le dernier de la liste est un film d’enquête qui joue sur le mystère et la dissimulation. L’histoire n’est pas vraiment très crédible mais elle reste suffisamment intrigante pour nous intéresser (du moins selon les standards du cinéma des années soixante, car les amateurs de thrillers modernes risquent de s’ennuyer). Tourné en Irlande, le film comporte deux longues scènes de chasse à courre, John Huston rassemblant ainsi deux de ses passions.Le dernier de la listeEn outre, le réalisateur s’amuse avec la tromperie et le déguisement en introduisant des caméos (courtes apparitions) d’acteurs connus, rendus totalement méconnaissables par un maquillage très poussé. Ils sont même doublés pour éviter que l’on puisse reconnaitre leur voix. Ils ne se dévoilent que lors du générique final. Ce petit amusement a peut-être plutôt desservi le film car il n’est ramené qu’à ce tour de passe-passe. Le dernier de la liste est certes un Huston léger mais il reste un bon divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George C. Scott, Jacques Roux, Kirk Douglas, Burt Lancaster, Robert Mitchum, Frank Sinatra, Tony Curtis, Dana Wynter, Clive Brook
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Remarques :
* Le jeune fils Bruttenholm est joué par Tony Huston (12 ans), le fils de John Huston qui fait lui-même une courte apparition à l’écran en cavalier lors de la chasse.
* Le film a été tourné pour la Joel Production, la compagnie de Kirk Douglas (dont le fils se prénomme Joel).

9 janvier 2012

Docteur Folamour (1964) de Stanley Kubrick

Titre original : « Dr. Strangelove or: How I learned to stop worrying and love the bomb »

Docteur FolamourAtteint de paranoïa aigue, un général américain lance une flotte de bombardiers porteurs de bombes nucléaires sur l’U.R.S.S. Il coupe toute communication pour empêcher de les rappeler. Son but est de forcer son pays à entrer en guerre générale… Avec Docteur Folamour, Stanley Kubrick choisit l’humour pour souligner les dangers de l’escalade de l’armement nucléaire (1). La force de cette histoire est de reposer sur des bases assez réalistes, presque documentaires par certains aspects, et d’avoir des personnages particulièrement haut en couleur. Dépeindre les dirigeants politico-militaires comme des fous qui ne contrôlent rien est hautement subversif. Côté acteurs, le plus remarquable est bien entendu Peter Sellers qui interprète trois rôles différents (2), dont le fameux Docteur Folamour, transfuge allemand qui ne peut s’empêcher de faire le salut nazi quand il s’enthousiasme un peu trop… Tout aussi savoureuse est la performance de George C. Scott qui réussit à ne jamais trop surjouer son personnage caricatural de général belliciste (3). Slim Pickens est également assez mémorable en pilote texan à l’accent à couper au couteau. Il est difficile de ne pas noter les nombreuses allusions sexuelles, à commencer par le générique (le ravitaillement en vol d’un bombardier sur une chanson d’amour), le nom des personnages (4), la petite amie du général (scène mémorable du coup de téléphone pendant qu’il est aux toilettes), etc. Comme l’ont fait remarquer certains historiens, cette façon de faire la collusion entre sexe et politique rapproche Kubrick de Buñuel. Le film eut beaucoup de succès et reste toujours aussi drôle aujourd’hui. Docteur Folamour est un petit chef d’œuvre d’humour noir.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Peter Sellers, George C. Scott, Sterling Hayden, Slim Pickens, Peter Bull, James Earl Jones, Tracy Reed
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Remarques :
(1) L’humour n’était pas l’intention première de Kubrick. Le roman dont l’histoire est tirée est un livre très sérieux : « Red Alert » (ou « Two hours to doom ») de l’anglais Peter George (alias Peter Bryant, un ex-militaire). Mais après le choix de Peter Sellers comme acteur principal et une première approche du scénario, Kubrick engagea Terry Southern, le roi de la comédie satirique, pour réécrire le tout dans une optique plus loufoque.
(2) C’est la Columbia qui a insisté pour que Peter Sellers joue plusieurs rôles. Il l’avait déjà fait avec grand succès dans La souris qui rugissait de Jack Arnold (1959). Il était même prévu qu’il joue aussi le pilote de l’avion mais l’acteur refusa.
(3) George C. Scott et Kubrick n’étaient pas pleinement d’accord sur l’orientation à donner au personnage. Pour avoir ce qu’il voulait, Kubrick aurait demandé à Scott d’exagérer son personnage dans les premières prises comme entrainement, en promettant de ne pas utiliser ces prises. Bien entendu, il les utilisa. Quand le film fut terminé, George C. Scott aurait juré de ne plus jamais travailler pour Kubrick. Il faut noter également que George C. Scott n’est pas exactement un antimilitariste…
(4) Le général s’appelle Buck Turgidson (Buck = mâle, Turgid = enflé) alors que sa partie de jambes en l’air est toujours remise. Le président se nomme Merkin Muffley (Merkin = faux poils pubiens, Muff= grosse bourde mais aussi, toujours en argot, le sexe féminin) et il est chauve ! (Merkin est aussi un terme péjoratif utilisé par les anglais pour désigner un américain.) On peut aussi noter que Mandrake = mandragore qui est un aphrodisiaque, que le nom de l’ambassadeur russe, De Sadeski, est évidemment une référence à Sade, etc.

A voir aussi, sorti la même année,  le même sujet traité de façon très différente :
Point Limite le très beau film de Sidney Lumet (1964) avec Henri Fonda