14 août 2024

Vivre (1952) de Akira Kurosawa

Titre original : « Ikiru »

Vivre (Ikiru)Veuf, Kanji Watanabe comprend malgré les silences du médecin qu’il est atteint d’un cancer de l’estomac qui ne lui laisse que quelques mois à Vivre. Sa vie étriquée de fonctionnaire inutile lui apparaît alors et décide de consacrer son temps à une tâche qui lui donnera le sentiment d’avoir accompli quelque chose…
Vivre est un film japonais réalisé par Akira Kurosawa. Inspiré en partie du roman La Mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï, le scénario a été écrit par le cinéaste et deux scénaristes qui deviendront habituels : Shinobu Hashimoto et Hideo Oguni. Dans sa filmographie, il vient juste après son adaptation de L’Idiot de Dostoïevski avec lequel on peut s’amuser à chercher quelques points communs. Se sachant condamné, le personnage principal recherche d’abord les plaisirs mais, n’y trouvant satisfaction, va se lancer dans une œuvre utile à la société qui lui demandera de vaincre les lourdeurs de l’administration. Tout comme le court roman de Tolstoï dont il s’inspire, c’est un récit poignant qui semble vous pénétrer au plus profond. Le visage hébété de Takashi Shimura est d’une grande force pour exprimer ses sentiments après avoir ouvert les yeux sur son existence. La fin du film, plus de trente minutes dans la chambre funéraire, est incroyablement riche et émouvante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Takashi Shimura, Miki Odagiri, Nobuo Nakamura, Atsushi Watanabe, Isao Kimura
Voir la fiche du film et la filmographie de Akira Kurosawa sur le site IMDB.

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Remake : Vivre (2022), film britannique réalisé par le Sud-Africain Oliver Hermanus.

Miki Odagiri et Takashi Shimura dans Vivre (Ikiru) de Akira Kurosawa.
Vivre (Ikiru) de Akira Kurosawa.
Takashi Shimura dans Vivre (Ikiru) de Akira Kurosawa.

3 août 2024

Vivre (2022) de Oliver Hermanus

Titre original : « Living »

Vivre (Living)En 1953, à Londres, M. Williams est un fonctionnaire, chef de service à la mairie de cette ville en pleine reconstruction. Cet homme routinier va voir son existence bouleversée quand il découvre qu’il est atteint d’une maladie grave. Il se penche alors sur sa vie qu’il juge morne et sans intérêt et décide de finir plus pleinement, loin de son quotidien banal…
Vivre est un film britannique réalisé par le sud-africain Oliver Hermanus. Il s’agit d’un remake du film japonais du même nom (titre original : Ikiru) d’Akira Kurosawa sorti en 1952, lui-même librement inspiré de la nouvelle La Mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï. C’est l’écrivain Kazuo Ishiguro qui a eu l’idée du projet et il en a écrit l’adaptation. Celle-ci est vraiment très proche du film de Kurosawa, extrêmement proche pourrait-on dire (1), mais cela ne l’empêche pas de révéler de grandes qualités. L’approche est très délicate et la profondeur du récit séduit : cette réflexion très Tolstoïenne sur le sens de la vie est fort bien écrite. L’image est belle et les cadrages sont soignés. Bill Nighy adopte une grande retenue dans son jeu qui sied bien au personnage. Un remake qui semble (pour une fois) très utile.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bill Nighy, Aimee Lou Wood, Alex Sharp, Adrian Rawlins
Voir la fiche du film et la filmographie de Oliver Hermanus sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

(1) Le synopsis du film de Kurosawa est extrêmement détaillé et complet sur sa fiche Wikipédia : Ikiru (ne lire qu’après avoir vu le remake, pas avant…)

Bill Nighy et Aimee Lou Wood dans Vivre (Living) de Oliver Hermanus.

27 octobre 2021

Lola, une femme allemande (1981) de Rainer Fassbinder

Titre original : « Lola »

Lola, une femme allemande (Lola)En 1957, un nouveau directeur de l’urbanisme prend ses fonctions dans une ville de Bavière. Originaire de Prusse orientale, l’homme apparaît rapidement peu enclin aux compromissions, ce qui inquiète les notables de la ville qui profitent de la reconstruction pour s’enrichir…
Pour Lola, Rainer Werner Fassbinder s’est inpiré du roman d’Heinrich Mann, Professeur Unrat, qui avait déjà engendré L’Ange Bleu (1930). Il en a transposé l’histoire dans l’Allemagne des années cinquante en pleine reconstruction. Ce n’est toutefois nullement un remake car le cinéaste s’est éloigné le plus possible du film de Sternberg pour ne garder que la situation de base : un fonctionnaire sage et consciencieux tombe amoureux d’une femme de petite vertu et se retrouve transformé par cet amour non partagé. Fassbinder ne suit pas non plus le schéma classique du film dénonçant la spéculation et l’hypocrisie d’une classe de notables aux moeurs dépravés. On peut même dire qu’il s’abstient de porter un jugement politique ou moral. Il semble plutôt s’attacher à montrer qu’un système basé sur une fausse honnêteté perdure en se construisant sur le fonctionnement réel des individus, incluant leurs désirs et leurs fantasmes. Fassbinder parvient à créer des personnages forts, même si c’est au prix d’un jeu des acteurs assez appuyé comme c’est le cas pour Mario Adorf. Il crée aussi une atmosphère douce tout en étant incisive. Le cinéaste fait une utilisation étonnante de la couleur en éclairant les personnages en bleu, jaune ou rouge selon leurs sentiments, procédé qui en d’autre mains aurait paru simplet. Le film a été parfois mal perçu pour son contenu, jugé pas assez militant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Barbara Sukowa, Armin Mueller-Stahl, Mario Adorf, Matthias Fuchs, Helga Feddersen, Karin Baal, Ivan Desny, Hark Bohm
Voir la fiche du film et la filmographie de Rainer Fassbinder sur le site IMDB.

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Remarque :
* Lola s’incrit dans une trilogie que Fassbinder a appelée BRD (= BundesRepublik Deutschland), qu’il n’a pas tournée dans l’ordre chronologique :
BRD 1 : Le Mariage de Maria Braun (1979) (‘BRD 1’ non mentionné au générique)
BRD 2 : Le Secret de Veronika Voss (1982)
BRD 3: Lola, une femme allemande (1981).

Lola, une femme allemande (Lola)Armin Mueller-Stahl et Barbara Sukowa dans Lola, une femme allemande (Lola) de Rainer Werner Fassbinder.

Lola, une femme allemande (Lola)Barbara Sukowa et Mario Adorf dans Lola, une femme allemande (Lola) de Rainer Werner Fassbinder.

20 février 2012

Les grades et les hommes (1929) de Yakov Protazanov

Titre original : « Chiny i lyudi »

Les grades et les hommes (Film muet) Adaptation de trois nouvelles de Tchekhov, Les grades et les hommes traite avec humour de l’influence de la hiérarchie sociale sur les comportements. La première histoire est la plus longue : La croix de Sainte Anne met en scène une jeune femme qui se marie sans amour à un riche bourgeois dans l’espoir de pouvoir aider sa famille dans la misère. Hélas son mari se révèle être un homme strict et avare. Mais un évènement va bouleverser leur vie… La seconde histoire La mort d’un fonctionnaire est celle d’un homme qui, après avoir éternué malencontreusement sur un général, n’aura de cesse que de vouloir s’excuser… La troisième, Le caméléon, montre un policier cherchant à verbaliser le propriétaire d’un chien qui a mordu un habitant. Lorsqu’il découvre que le chien appartient à un général, il change d’attitude… Le point commun de ces trois histoires est l’influence des grades sociaux sur nos comportements, comment ils peuvent modifier notre degré d’acceptation de certaines situations ou nos jugements. Après un début assez sombre, le ton devient soudainement léger, puis l’humour est de plus en plus présent ; la dernière histoire est une véritable pantalonnade. C’est tout à fait le genre de sujet qui convient à Protazanov qui a toujours été un cinéaste un peu à part.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mikhail Tarkhanov, Mariya Strelkova, Ivan Moskvin, Vladimir Popov
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