3 juillet 2019

L’Amant double (2017) de François Ozon

L'amant doubleChloé se plaint de douleurs au ventre. Les médecins lui affirmant que l’origine est certainement psychologique, elle se décide à aller consulter un psychothérapeute. Rapidement, ils tombent amoureux l’un de l’autre et s’installent ensemble. Mais elle découvre alors que son amant lui a caché une partie de son identité…
Librement adapté d’un roman de l’américaine Joyce Carol Oates, L’Amant double est présenté sous le terme un peu de racoleur de « thriller érotique ». François Ozon joue avec le thème du double maléfique pour créer une atmosphère intrigante et oppressante. Il montre beaucoup de savoir faire dans la réalisation mais beaucoup moins dans le déroulement du récit. La tension ne monte pas vraiment en intensité et le dénouement est particulièrement décevant, même un peu grotesque. Avec tous ses effets assez gratuits, l’ensemble paraît bien superficiel, du moins à nos yeux car le film a su séduire une partie de la critique.
Elle: 2 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Marine Vacth, Jérémie Renier, Jacqueline Bisset, Myriam Boyer
Voir la fiche du film et la filmographie de François Ozon sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de François Ozon chroniqués sur ce blog…

L'amant double
Jérémie Renier et Marine Vacth dans L’Amant double de François Ozon.

24 mai 2018

Persona (1966) de Ingmar Bergman

PersonaEn pleine représentation, une célèbre actrice s’interrompt brusquement au beau milieu d’une tirade et se réfugie dans un mutisme complet. Brièvement soignée dans une clinique, elle est envoyée par son médecin au bord de la mer en compagnie de la jeune infirmière Alma…
Au milieu des années soixante, Ingmar Bergman traverse une période difficile. Il est persuadé qu’il ne tournera plus. C’est la rencontre avec Liv Ullmann qui va le remettre en selle : frappé par sa ressemblance avec Bibi Andersson, il va construire un film autour de ces deux actrices et leur laissera même une certaine latitude sur le déroulé de l’histoire. Si on peut voir Persona comme une variation très jungienne autour de la personnalité (1), ce n’est pas selon Bergman « un film qu’il faut comprendre, c’est une expérience émotionnelle ». C’est surtout vrai dans le prologue, l’un des plus décortiqués (même si on peut s’interroger sur l’intérêt de le visionner ainsi plan par plan puisqu’il est conçu pour être vu à vitesse réelle) de l’histoire du cinéma : c’est un poème surréaliste qui se ressent (assez durement), une série de chocs visuels que chacun peut interpréter suivant sa perception. C’est vrai aussi, dans une moindre mesure, pour le reste du film où semblent s’opposer les deux faces d’une même personnalité appelées à fusionner. La photographie est très belle avec de superbes éclairages et une profusion de très gros plans. Par ses audaces formelles, Persona est un film qui enchante et fascine.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Bibi Andersson, Liv Ullmann
Voir la fiche du film et la filmographie de Ingmar Bergman sur le site IMDB.

Voir les autres films de Ingmar Bergman chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Ingmar Bergman

Remarque :
* Le tournage a débuté à Stockholm et Bergman était très insatisfait du résultat. Il décida alors de déménager le tournage sur l’île de Fårö où tout se déroula à merveille. Bergman finira par s’installer définitivement sur cette petite île située au nord de l’île de Gotland.

(1) Pour Carl Jung, l’homme est en conflit entre la persona (le masque social) et l’alma (le subconscient).

Persona
Bibi Andersson et Liv Ullmann oto dans Persona de Ingmar Bergman.

Persona

11 avril 2013

Othello (1947) de George Cukor

Titre original : « A Double Life »

A Double LifeUn grand acteur de théâtre, qui vit intensément ses rôles, se prépare à interpréter Othello, le Maure de Venise. Peu à peu, il se laisse submerger par le personnage de Shakespeare au point de ne plus contrôler ses émotions… Ecrit par Garson Kanin et Ruth Gordon (1), le film développe une histoire de dédoublement de la personnalité. Le titre original A Double Life est donc plus représentatif que le titre français Othello qui laisse supposer que le film est une adaptation de la pièce de Shakespeare (2). La construction est assez habile, traduisant bien le glissement progressif de l’acteur. La mise en scène de Cukor est sobre, sans effet inutiles. Le film nous plonge de façon très réaliste dans le monde des acteurs de théâtre. Il a aussi un petit côté « film noir », non seulement dans le développement de l’histoire, mais aussi par la photographie des extérieurs, essentiellement nocturne. A Double Life est tout le contraire d’un film tape à l’oeil. Il a la simplicité et la limpidité des meilleurs films. Il montre aussi une certaine perfection aussi bien dans l’écriture que dans la mise en scène ou l’interprétation.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ronald Colman, Signe Hasso, Edmond O’Brien, Shelley Winters
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.

Voir les autres films de George Cukor chroniqués sur ce blog…

(1) Garson Kanin et Ruth Gordon étaient mari et femme. C’est le premier des quatre scénarios que le couple écrira pour George Cukor. A noter également que A Double Life est produit par Michael Kanin, le frère de Garson. Michael est également scénariste (oscarisé en 1942 pour A Woman of the year). Son épouse, Fay Kanin, fait ici une petite apparition en tant qu’une des actrices de la pièce Othello.

(2) Pour une adaptation de la pièce de Shakespeare, on peut se tourner vers la version d’Orson Welles Othello (1952) ou celle de l’anglais Stuart Burge Othello (1965) avec Laurence Olivier.

14 janvier 2013

Despair (1978) de Rainer Fassbinder

DespairA Berlin en 1930, un dandy d’origine russe dirige une petite entreprise de fabrication de chocolats. Il développe un dédoublement de la personnalité : il s’imagine par exemple assis dans un fauteuil se regardant faire l’amour à sa femme. Ce syndrome va l’entrainer à mettre sur pied une surprenante machination… En 1978, Fassbinder a surpris le monde du cinéma avec Despair : pour son 34e film, le réalisateur a accepté une production internationale, avec un budget conséquent et une tête d’affiche connue. Il tourne un film assez déroutant qui tranche avec ses films précédents. Le scénario de cette adaptation du roman La Méprise de Nabokov est signé Tom Stoppard, écrivain de théâtre anglais d’origine tchèque qui avait notamment écrit pour Losey. Le film déroute car il paraît alourdi par un symbolisme trop appuyé de symboles et une diction des acteurs presque pédante (1). Il reste assez nébuleux dans son développement. Sur le plan de la forme, c’est le jeu avec les vitres et les reflets qui est le plus réussi bien qu’il soit, lui aussi, souvent trop appuyé, semblant se transformer alors en course à la virtuosité. Les références à l’Histoire de l’Allemagne, toujours très fortes chez Fassbinder, sont ici réduites à de la pure figuration. Assez rapidement, on se désintéresse de cette lente glissade vers la folie. Despair est un film bien surprenant de la part de Fassbinder.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Dirk Bogarde, Andréa Ferréol, Klaus Löwitsch, Volker Spengler
Voir la fiche du film et la filmographie de Rainer Fassbinder sur le site IMDB.

Voir les autres films de Rainer Fassbinder chroniqués sur ce blog…

(1) A noter que le film a de plus été tourné en anglais et donc les accents sont assez marqués. Même Dirk Bogarde semble avoir un accent.