24 mai 2006

La chambre des officiers (2001) de François Dupeyron

La Chambre des officiers Elle :
Un émouvant et sobre hommage à ces gueules cassées de la guerre 14-18. C’est à travers l’histoire vraie de ce jeune soldat, Adrien Fournier, que Dupeyron nous entraîne dans les souffrances physiques et morales de ces grands blessés de guerre. On assiste à la lente reconstruction physique de ces visages ravagés, à leur difficulté à subir le regard des autres et en particulier celui des femmes. Sabine Azema en infirmière attentionnée et André Dussolier en chirurgien dévoué sont formidables. La caméra se glisse délicatement près des corps et visages, la musique dépouillée du piano et du violon accompagne cette longue rédemption de quatre ans.
Note : 5 étoiles

Lui :
Ce film sur le réapprentissage à la vie d’une « gueule cassée » est assez fort, et globalement assez dur. François Dupeyron sait pourtant filmer cette remontée vers une vie normale avec délicatesse, discrétion même, nous épargnant tous les effets faciles et gratuits. Non, il se concentre sur la psychologie de ses personnages et sait nous faire partager leurs sentiments. La Chambre des Officiers est ainsi un film assez dur mais poignant, porteur de message simple. Son seul défaut est peut-être d’être parfois un peu long.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Denis Podalydès, Sabine Azéma, André Dussollier, Grégori Derangère, Eric Caravaca
Voir la fiche du film et la filmographie de François Dupeyron sur le site IMDB.

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24 mai 2006

La mort dans la peau (2004) de Paul Greengrass

Titre original : « The Bourne supremacy »

La mort dans la peau Elle :
(pas vu)

Lui :
Cette suite de La mémoire dans la peau (”The Bourne identity”) n’a pas les mêmes atouts que son prédécesseur. D’une part, le scénario est beaucoup moins riche, centré uniquement sur l’aspect chasse à l’homme (sans toutefois que l’on frémisse un seul instant pour le gibier) et, d’autre part, le réalisateur a cherché à impliquer le spectateur dans l’action en utilisant une caméra à l’épaule tremblotante à souhait (c’est un peu la marque de fabrique de Paul Greengrass) et en multipliant les très gros plans. Le découpage étant très rapide, avec des enchaînements précipités, les scènes d’action en deviennent extrêmement confuses. La mort dans la peau se laisse toutefois regarder mais il est beaucoup moins prenant que le premier volet.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Matt Damon, Joan Allen, Franka Potente, Brian Cox
Voir la fiche du film et la filmographie de Paul Greengrass sur le site IMDB.
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Lire aussi nos commentaires sur le premier volet La mémoire dans la peau et sur la suite La Vengeance dans la Peau.

23 mai 2006

Playtime (1967) de Jacques Tati

Playtime Elle :
C’est avec perfectionnisme, dextérité et humour tendre que Tati réalise un portrait au vitriol de notre société de consommation fascinée par l’Amérique des années soixante. Playtime est un travail de titan qui a nécéssité trois ans de tournage et neuf ans de préparation. Tati décrypte les codes, comportements et technologies de notre société moderne. Les personnages formatés marchent et tournent à angle droit, ont des gestes mécaniques, maîtrisent mal les machines ; les décors des couloirs, bureaux et immeubles de béton sont gris et tristes. Pas de couleur dans le monde de Tati sauf la fleuriste du carrefour avec ses fleurs. Un monde monochrome dans lequel les hommes parviennent toutefois à s’adapter et s’amuser notamment dans ce club où la soirée tourne à l’anarchie. Les masques tombent. Tati se laisse emporter par le flot de la vie sans chercher à le maîtriser. Un petit chef d’oeuvre d’humour dans ces scènes délirantes bourrées de gags visuels.
Note : 5 étoiles

Lui :
Playtime est peut-être le film le plus abouti de Jacques Tati, celui qui condense ses films précédents tout en allant plus loin. Ses variations sur l’architecture moderne vont beaucoup plus loin que dans Mon oncle et il joue avec les lignes, les perspectives. Ce qui frappe le plus, c’est la perfection dans le rythme, dans les bruitages, les mouvements. Chaque scène est un tableau vivant, extrêmement riche le plus souvent, où il est difficile de tout remarquer tant les seconds plans portent d’éléments importants. Et il y a toujours cet humour à la Tati bien-sûr, tout en petites touches de dérision, de regards portés sur notre monde, des regards également plein de tendresse.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jacques Tati, Rita Maiden, France Rumilly
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Tati sur le site IMDB.

23 mai 2006

The unknown (1927) de Tod Browning

Titre français : « L’inconnu »

The Unknown Elle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) The Unknown (L’inconnu) est incontestablement l’un des films les plus puissants de Tod Browning et aussi de Lon Chaney : son interprétation d’Alonzo, l’homme sans bras, est assez phénoménale puisqu’il joue entièrement avec ses pieds. En face de lui, la jeune Joan Crawford campe son personnage avec beaucoup d’aplomb. L’actrice déclarera plus bien tard que, de toute sa carrière, ce fut le film où elle a le plus appris.

Lon Chaney et Joan CrawfordCette histoire d’amour fou se déroule dans le monde d’un petit cirque gitan, l’occasion pour Tod Browning et Waldemar Young, le scénariste, de justifier l’un des scénarios les plus improbables du cinéma. Et cette histoire, tout invraisemblable qu’elle soit, on y croit entièrement, comme envoûté par la puissance du jeu des acteurs et une intensité dramatique qui ne fait que croître pour culminer dans une scène finale qui en devient presque insoutenable. Et pourtant, aucune scène n’est horrible en soi, il me paraît d’ailleurs très réducteur de le classer dans les films d’horreur. Non, c’est un film sur la nature humaine où les personnages sont dominés par leurs émotions, par des sentiments simples et quasi-instinctifs. Le personnage d’Alonzo, très complexe, nous inspire à la fois compassion et condamnation, parfois dans la même scène. Le film, du moins dans la version qui a survécu, est très court, 49mn, ce qui le rend encore plus dense.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Joan Crawford, Norman Kerry
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22 mai 2006

Solaris (1972) de Andrei Tarkovsky

Titre original : « Solyaris »

Solyaris On présente souvent ce film comme une réponse de Tarkovski au 2001 Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Il est vrai qu’il est intéressant de constater que sur un thème similaire, le propos de Solaris est totalement différent. Il s’interroge plutôt sur les fondements de la notion d’humanité, comment l’essence de l’homme peut résister à un phénomène qui le dépasse. Il apporte des pistes de réponses, même si, tout comme 2001, sa fin est des plus énigmatiques. Solyaris Sur le plan des moyens mis en oeuvre, Solaris n’a en revanche rien à voir avec le film de Kubrick : ses moyens sont des plus simples et le nombre d’acteurs très réduit. Le rythme du film est très lent (2h45), étrange, presque hypnotique. Le scénario est assez différent du livre de Stanislas Lem. Certainement le plus grand film de science-fiction soviétique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Natalya Bondarchuk, Donatas Banionis
Voir la fiche du film et la filmographie de Andrei Tarkovsky sur le site imdb.com.
Voir nos commentaires sur le remake : Solaris par Soderbergh

22 mai 2006

La Pianiste (2001) de Michael Haneke

La Pianiste Elle :
Dans ce film franco-autrichien primé plusieurs fois à Cannes, notamment pour les prestations d’Isabelle Huppert et de Benoît Magimel, Michael Haneke fait preuve de maîtrise et de talent dans la mise en scène de cet univers violent et étouffant. Une vieille fille de quarante ans, professeur de piano rigide, frustrée et impassible aux émotions et sentiments vit avec sa mère castratrice (Annie Girardot). Elle rencontre un jeune homme qui tombe amoureux d’elle et tente de le soumettre à ses fantasmes. Haneke ne donne pas les clés de la souffrance de cette femme mais cherche à décrypter les tourments intérieurs qui agitent des êtres lisses et sans histoire.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si l’interprétation d’Isabelle Huppert est impressionnante, le film est vraiment dérangeant, dans le mauvais sens du terme. C’est noir, sordide. Ce fut pour moi presque une épreuve de le regarder sans que cela m’apporte quoi que ce soit. Il me semble qu’il y a sur le personnage principal, une accumulation un peu gratuite de névroses et de fantasmes, dans le seul but de perturber le spectateur.
Note : 1 étoile

Acteurs: Isabelle Huppert, Annie Girardot, Benoît Magimel
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21 mai 2006

Königsmark (1935) de Maurice Tourneur

Königsmark Elle :
Une adaptation du roman de Pierre Benoit que j’aimais bien lire adolescente. Complot à la cour, mort suspecte du mari de la princesse, tels sont les ingrédients de ce film qui paraît assez artificiel dans sa mise en scène. L’adaptation est un peu inconsistante dans son scénario.
Note : 3 étoiles

Lui :
Une histoire assez classique de princesse d’un petit état germanique au début du XIXe siècle, tout à fait dans le style Pierre Benoit. Ce n’est pas franchement mal fait, mais pas franchement intéressant non plus. Vu actuellement, Königsmark apparaît surtout très kitsch…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Fresnay, Elissa Landi
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21 mai 2006

Rendez-vous à Bray (1971) de André Delvaux

Rendez-vous à Bray Elle :
(en bref) Mis à part de beaux morceaux de piano, on reste sur sa faim ; il ne se passe rien. (Abandon).
Note : pas d'étoile

Lui :
(en bref) Le film s’étire en silences interminables, il ne se passe rien. Abandon à mi-film.
Note : pas d'étoile

Acteurs: Anna Karina, Mathieu Carrière, Roger Van Hool, Bulle Ogier, Boby Lapointe
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20 mai 2006

Et là-bas, quelle heure est-il? (2001) de Tsai Ming-liang

Titre original : « Ni neibian jidian »

Et là-bas, quelle heure est-il? Elle :
Cette histoire de solitude, d’errances sans but, d’incommunicabilité de trois personnages finit par lasser en partie à cause de sa très grande lenteur et de ses innombrables plans fixes à la Chantal Ackerman. On ne voit pas très bien où le cinéaste veut en venir.
Note : 1 étoile

Lui :
Rythme très lent, très très lent, très très très lent pour ce film taïwanais. On pénètre la vie d’un jeune vendeur à la sauvette qui pense sans arrêt à une jeune fille qu’il a croisé alors qu’elle allait à Paris. Et encore cette noirceur, ce vide, cette morosité, cet anonymat  que l’on retrouve si souvent dans les films tawainais récents.
Note : 1 étoile

Acteurs: Lee Kang-sheng, Chen Shiang-chyi, Jean-Pierre Léaud
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19 mai 2006

La felicità, le bonheur ne coûte rien (2003) de Mimmo Calopresti

Titre original : « La felicità non costa niente »

La felicità, le bonheur ne coûte rien Elle :
Suite à un accident, un architecte volage quarantenaire, interprété par le réalisateur en personne, fait une crise existentielle qui chamboule complètement sa vie. Il n’aime plus sa femme et s’en sépare, se fâche avec ses amis, délaisse son travail… Cette rupture brutale ne lui apporte pas pour autant le bonheur tant attendu. Ce film pessimiste sur la vie de couple, contient de bonnes choses sur la solitude, la relation aux autres mais a tendance à cultiver les clichés. Les allers et retours entre passé et présent sont un peu pesants. On a envie de bousculer ce perpétuel insatisfait issu de la bonne société pour qu’il trouve enfin un sens à sa vie.
Note : 3 étoiles

Lui :
Un quarantenaire aisé qui s’interroge sur le sens à donner à sa vie… le fond du scénario de La felicità, le bonheur ne coûte rien est très conventionnel. Il a même tendance à accumuler les clichés. Dans un premier temps, le film s’attarde à montrer comment ce personnage fortement égocentrique a fait peu à peu le vide autour de lui, pour ensuite le suivre dans sa tentative de remonter la pente. Le récit est totalement déstructuré, les flash-back arrivant pêle-mêle, ce qui finit par lasser un peu. Malgré cela, le film a ses bons côtés, essentiellement du fait de l’excellente prestation des acteurs (avec le réalisateur dans le rôle principal) mais ne laissera probablement que peu de traces.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Mimmo Calopresti, Vincent Perez, Francesca Neri, Fabrizia Sacchi, Valeria Bruni Tedeschi
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