24 mai 2009

Il y a longtemps que je t’aime (2008) de Philippe Claudel

Il y a longtemps que je t'aimeElle :
Il y a longtemps que je t’aime se révèle être un excellent film et Philippe Claudel, l’écrivain, un très bon réalisateur. Mise en scène sobre, pudique et délicate pour un sujet grave et tabou qui remue au plus profond de soi. Kristin Scott Thomas et Elsa Zilberstein font une interprétation remarquable et sensible des retrouvailles de ces deux sœurs au bord du gouffre. Juliette, après 15 ans d’emprisonnement pour meurtre, retrouve la liberté et sa sœur brisée, elle aussi, par cette histoire tragique. On assiste par petites touches à la lente reconstruction de ces deux femmes. La réinsertion professionnelle et sociale ne va pas de soi ; il faut abattre des montagnes pour faire changer le regard des autres. La complicité des deux sœurs est très émouvante, chacune attendant patiemment l’une de l’autre que la glace se brise, que l’étau se desserre pour libérer les souffrances du passé et expliquer ses actes.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pour sa première réalisation, l’écrivain Philippe Claudel a non pas adapté l’un de ses livres mais écrit un scénario original sur une femme recueillie à sa sortie de prison par sa sœur qu’elle n’avait plus vue depuis quinze ans. Elles devront réapprendre à se parler, à se connaître, à s’estimer mutuellement. C’est un thème que l’écrivain connaît bien puisqu’il y a été professeur dans les prisons pendant de nombreuses années. Il parvient à faire un film bouleversant, à la fois fort et délicat, et surtout profondément humain. On connaissait déjà le talent de Kristin Scott Thomas pour interpréter des rôles complexes et elle le montre ici une fois de plus. Face à elle, lsa Zylberstein enrichit le film par son jeu en petites touches qui transcrit parfaitement toute la fragilité de son personnage ; cela donne à Il y a longtemps que je t’aime cette légère instabilité, cette impression de marcher sur fil tendu. Philippe Claudel signe là un film d’une grande force. Seul bémol à cette belle réussite, une fin autant inutile que peu crédible.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Kristin Scott Thomas, Elsa Zylberstein, Serge Hazanavicius, Laurent Grévill, Frédéric Pierrot
Voir la fiche du film et la filmographie de Philippe Claudel sur le site IMDB.

23 mai 2009

Le Soleil (2005) de Aleksandr Sokurov

Titre original : « Solntse »

Le SoleilElle :
Un film original de par son sujet. Sokurov ne cherche pas à analyser les ambiguïtés et le rôle historique de l’Empereur Hirohito lors de la deuxième guerre mondiale. Il s’intéresse davantage à l’homme qu’il est, en tant qu’homme de pouvoir vénéré comme un dieu soleil au moment où le Japon connaît la défaite. Hirohito est prisonnier de codes rigides tout comme les chambellans qui l’accompagnent. Multitude de courbettes mécaniques et de politesses à l’image d’un Japon sclérosé dans ses traditions. L’homme est presque touchant tant il vit dans une bulle comme un enfant, à l’écart de la tragédie qui se joue. C’est la reddition aux américains qui va lui faire perdre son aura et le transformer en être humain. Peu de dialogues ; c’est une lente métamorphose qui se concentre sur les scènes du quotidien, les gestes et les tics de l’empereur. Une belle mise en scène sépulcrale accompagne cette renaissance.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le Soleil évoque le destin de l’Empereur du Japon Hirohito au moment il doit accepter la capitulation face aux américains en août 1945. Le film d’Alexandre Sokurov n’a cependant rien d’un film historique classique ; en fait, le cinéaste russe a choisi de nous immerger dans l’univers étroit et fermé de l’Empereur pour mieux comprendre quelle a pu être son influence sur le déroulement de la seconde guerre mondiale (sa responsabilité réelle est toujours controversée). Nous suivons donc l’Empereur sur quelques jours, assistons aux cérémonials codifiés de sa vie quotidienne. L’Empereur a un statut de demi-dieu dans la civilisation japonaise, il vit dans palais/bunker, totalement coupé du monde extérieur, surprotégé. Petit à petit, nous pénétrons dans son univers et avons l’impression de faire corps avec lui. Sa rencontre avec le Général MacArthur est délicate tant ils semblent vivre dans deux mondes différents. L’acteur Issei Ogata a fait un travail remarquable pour personnifier « celui qui ne doit pas être personnifié ». Face à lui, le général MacArthur (interprété par un acteur assez jeune alors que MacArthur avait 65 ans à l’époque) n’a aucune prestance ni aucune présence, certainement un choix volontaire du réalisateur pour accroître l’abîme qui les sépare. Le Soleil se déroule vraiment très lentement, surtout dans sa première partie, mais au final se révèle être assez fort.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Issei Ogata, Robert Dawson, Shirô Sano, Shinmei Tsuji 
Voir la fiche du film et la filmographie de Aleksandr Sokurov sur le site imdb.com.
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22 mai 2009

Seuls les anges ont des ailes (1939) de Howard Hawks

Titre original : « Only angels have wings »

Seuls les anges ont des ailesElle :
(pas vu)

Lui :
Au pied de la Cordillère des Andes, un petit groupe d’aviateurs prennent de gros risques pour assurer le transport du courier. A la tête de cette petite compagnie d’aviation, Geoff (Cary Grant) ne voit pas d’un bon œil l’arrivée d’une jeune et jolie chorus girl (Jean Arthur). Howard Hawks a bien insisté sur le fait que cette histoire était entièrement basée sur des faits réels, les personnages, les évènements aussi bien que le lieu, « un petit port de la Grace Line en Amérique su Sud ». Passionné d’aviation et lui-même pilote, il s’est beaucoup investi dans ce film et Seuls les Anges ont des Ailes est probablement le premier film parfaitement abouti du réalisateur, le premier d’une longue série. Tout en étant simple en apparence, le scénario est extrêmement riche car il développe toute une palette de sentiments sur une base de deux thèmes forts : un groupe d’hommes soudé face au danger et la guerre des sexes. Le tour de force de Hawks est d’exposer toute cette richesse dans un univers très restreint : un petit groupe de baraques autour d’un terrain d’aviation de fortune. A aucun moment, on ne ressent cette étroitesse tant l’action qui se déroule devant nous est prenante ; rarement, la notion de danger, de péril n’a été si bien transcrite à l’écran. Ce cocktail parfaitement réussi aurait pu l’être sans doute plus encore : Cary Grant interprète magnifiquement son rôle mais un autre acteur plus profond et intensif l’aurait sans doute porté plus haut. De même, Hawks n’a pas réussi à faire jouer Jean Arthur comme il l’aurait voulu : elle joue de façon parfaite et très professionnelle mais face à Cary Grant, il n’y a pas d’électricité dans l’air (1). En revanche, la jeune Rita Hayworth, dont c’est ici la première apparition dans un grand film, parvient à introduire ce petit côté sensuel et ambigu que Hawks voulait, mais l’actrice encore bien jeune n’a pas l’assurance suffisante pour le développer pleinement. Le film s’appuie aussi sur d’excellents seconds rôles, des personnages très forts qui donne une extraordinaire consistance à l’histoire. Seuls les Anges ont les Ailes fait partie de ces films que lesquels le temps ne semble pas avoir de prise. Vision après vision, il reste toujours aussi prenant, passionnant, vibrant.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Jean Arthur, Richard Barthelmess, Rita Hayworth, Thomas Mitchell
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(1) Après avoir vu Le Port de l’angoisse cinq ans plus tard, Jean Arthur serait retournée voir Howard Hawks pour lui dire « J’aurais du faire ce que vous me demandiez. Si je tourne à nouveau avec vous, je ferais tout ce que vous voulez. Si une gamine comme Lauren Bacall peut faire ce genre de choses, je peux le faire moi aussi. » Hawks n’a cependant jamais tourné de nouveau avec Jean Arthur…

20 mai 2009

Les tuniques écarlates (1940) de Cecil B. DeMille

Titre original : « North West Mounted Police »

Les tuniques écarlatesElle :
(pas vu)

Lui :
Basé sur un épisode réel et important de l’histoire du Canada, la Rébellion du Nord-Ouest menée par Louis Riel en 1885, Les Tuniques Ecarlates est le premier film en Technicolor de Cecil B. DeMille. Le rouge vif de l’uniforme de la Police Montée se détache particulièrement bien sur le vert des forêts canadiennes, une occasion rêvée d’utiliser ce nouveau procédé de couleurs qui est un spectacle à lui tout seul. L’image est effectivement superbe. Les tuniques écarlates Hormis deux beaux personnages féminins à l’opposé l’un de l’autre, Madeleine Carroll dévouée et la sauvageonne Paulette Godard, les scénaristes ont créé un personnage de héros modeste au grand cœur qui convient parfaitement à Gary Cooper, lui offrant là un joli rôle même si l’on peut trouver qu’il survient inopinément (un officier américain arrivé là pour poursuivre un criminel). Sur le fond, DeMille se montre étonnamment neutre dans sa représentation Louis Riel à la tête du peuple métis en rébellion, le méchant étant non pas lui-même mais l’un de ses acolytes, mû uniquement par l’appart du gain. Si sur le plan historique, Les Tuniques Ecarlates est intéressant en re-créant cette partie de l’histoire canadienne et son univers, le film apparaît plus faible dans les scènes plus sentimentales, notamment entre Gary Cooper et Madeleine Carroll, des scènes assez convenues où les personnages paraissent quelque peu empruntés.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gary Cooper, Madeleine Carroll, Paulette Goddard, Preston Foster, Robert Preston, George Bancroft, Akim Tamiroff
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19 mai 2009

L’homme sans âge (2007) de Francis Ford Coppola

Titre original : « Youth without youth »

L’Homme sans AgeElle :
Un homme frappé par la foudre revient à la vie, miraculeusement rajeuni. Trop de tout dans cette histoire où Coppola en homme vieillissant se projette certainement beaucoup. Trop de belles images, trop d’effets visuels et sonores faciles et un scénario pas suffisamment étoffé pour me retenir très longtemps.
Note : pas d'étoile

Lui :
Après dix années d’abstinence, Francis Ford Coppola revient à la réalisation avec L’homme sans âge. Il nous livre une fois de plus un film assez original. Le temps qui passe, le manque de temps et ce sentiment de crainte de ne pouvoir achever, l’acquisition et l’utilisation de la connaissance, tels sont les principaux sujets de réflexion qu’il nous propose, des thèmes qui l’ont certainement interpellé personnellement. Il ne craint pas de barder son film d’une touche fantastique et d’un certain ésotérisme, sans doute parfois un peu simplet, qui viennent donner de la consistance et un liant à l’ensemble. Un scénario assez riche et la réalisation  irréprochable font le reste : L’homme sans âge est franchement prenant. Coppola sait parfaitement doser ses effets, n’en abusant à aucun moment, les utilisant seulement pour appuyer son questionnement sur le temps, sur son utilisation, ses liens avec la connaissance, ce temps qui ne fait que manquer, même pour aimer. La fin est implacablement sombre. Le film est adapté d’un roman de Micea Eliade, historien des religions et philosophe roumain. L’homme sans âge, sous ses airs énigmatiques, apparaît comme un film assez particulier, plutôt réussi.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tim Roth, Alexandra Maria Lara, Bruno Ganz, André Hennicke, Marcel Iures
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18 mai 2009

Panique à Hollywood (2008) de Barry Levinson

Titre original : « What Just Happened ? »

Panique à HollywoodElle :
(pas vu)

Lui :
Au départ, il y a un best-seller écrit par Art Linson (le producteur d’Into the Wild) dévoilant les dessous et les travers d’Hollywood. Il a ensuite lui-même transformé son livre en scénario : Panique à Hollywood. Robert De Niro y incarne un producteur que l’on suit dans ses démêlés avec en vrac les compagnies dictatoriales, les acteurs caractériels, les réalisateurs intransigeants, des agents fuyants, ses ex-femmes, sa fille, etc… Il s’agit donc d’une satire du petit monde de l’industrie du cinéma mais sans que ce soit vraiment mordant. La comparaison avec The Player d’Altman est un peu inévitable mais Panique à Hollywood n’en a ni la richesse ni l’équilibre. Le film de Barry Levinson n’en reste pas moins plaisant à regarder avec quelques bons traits d’humour. On en vient à plaindre ce pauvre garçon : prothèse téléphonique collée à l’oreille, il ne connaît pas de répit. Producteur, ce n’est vraiment pas une vie…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Bruce Willis, John Turturro, Sean Penn, Robin Wright Penn, Stanley Tucci, Catherine Keener, Kristen Stewart
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Remarques :
1. Le livre d’Art Linson a été publié en 2002 : What Just Happened? Bitter Hollywood Tales From the Front Line (Bloomsbury Publishing). Il n’a pas été traduit en français.
2. Art Linson a produit des films comme Les incorruptibles de Brian de Palma (1987), Tension de Sidney Lumet (1995), Fight Club de Fincher (1999), Le Dahlia Noir de De Palma (2006) et Into the Wild de Sean Penn (2007). Voir la liste complète
3. Le réalisateur qui ne veut pas changer la fin de son film peut faire penser à Abel Ferrara…
4. Bruce Willis et Sean Penn jouent leur propre rôle.
5. Panique à Hollywood n’est pas sorti en salles en France. Il est sorti directement en DVD.

17 mai 2009

Deburau (1951) de Sacha Guitry

DeburauElle :
(pas vu)

Lui :
La même année que se joue la dernière représentation de sa pièce Deburau qu’il a écrite en 1918, Sacha Guitry l’adapte au cinéma, sans aucun doute pour la prolonger, l’empêcher de s’éteindre. Il l’adapte sans fioritures, gardant pratiquement l’intégralité du texte original. Son personnage est bien entendu assez différent du Deburau des Enfants du Paradis : le Deburau de Guitry est tout en verve et il nous gratifie d’un très beau texte tout en vers. Le ton cependant n’est pas léger : le badinage de l’amour est ici triste, celui qui rend malheureux et le thème de l’acteur vieillissant forcé de passer la main avait peut-être une résonance particulière pour Sacha Guitry en 1950. Difficile à dire mais ce qui est certain, c’est qu’il avait connu lui aussi un rejet du public à la fin de la guerre et il ne s’est jamais vraiment remis des accusations de collaboration portées contre lui. Il trouve donc ici naturellement le ton qui convient parfaitement à ce personnage délaissé, un ton plein de mélancolie et de fatalisme. Face à lui, Lana Marconi (depuis peu sa cinquième femme) a un physique parfait et très aristocratique mais ni sa voix ni son jeu ne paraissent remarquables… Deburau fait partie des films les moins connus de Guitry. Il est certes moins léger et mois facile d’abord que beaucoup d’autres mais il permet de garder sa pièce vivante encore aujourd’hui.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sacha Guitry, Lana Marconi, Jean Danet, Michel François
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Le pièce de Sacha Guitry fut adaptée à la télévision par Jean Prat en 1982 avec Robert Hirsch dans le rôle principal.

15 mai 2009

La fabrique des sentiments (2008) de Jean-Marc Moutout

La fabrique des sentimentsElle :
Comme dans Violence des échanges en milieu tempéré que j’avais bien apprécié, Jean-Marc Moutout pose son regard acide et ironique sur les failles de notre société contemporaine qui isole et brise les gens. Drame de la solitude d’une jeune femme bien élevée qui espère trouver l’âme sœur dans le speed-dating, lieu de drague des temps modernes où il faut se valoriser en 7 minutes, comme dans un entretien d’embauche pour espérer un rendez-vous amoureux. Questionnements, doutes, dévalorisation de soi taraudent les personnages qui ne trouvent jamais leur place. Elsa Zylberstein est lumineuse. On reste un peu sur sa faim dans la dernière partie qui s’éternise. Un film sans prétention qui se laisse regarder.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si Eloise a bien réussi dans sa vie professionnelle, elle vit seule et la vacuité de sa vie sentimentale va la pousser à employer une méthode un peu artificielle pour rencontrer l’âme soeur. A la lecture de cette base de scénario, on pourrait penser que La fabrique des sentiments est un film français de plus sur le mal-être des trentenaires. Il paraît cependant un peu différent de ses semblables. Jean-Marc Moutout base son film sur son personnage central, à la fois simple et complexe, et y ajoute une réflexion sur la fabrication des sentiments : Eloise a recours au speed-dating pour rencontrer un homme, technique qui applique les méthodes des entretiens d’embauche pour forcer l’éclosion de relations sentimentales. Si Jean-Marc Moutout semble vouloir orienter sa réflexion dans ce sens, on peut probablement lui reprocher de ne pas aller suffisamment loin ce qui laisse une impression d’inachevé. La seconde moitié de La fabrique des sentiments s’étire parfois en longueur et la fin semble franchement bâclée.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Elsa Zylberstein, Jacques Bonnaffé, Bruno Putzulu
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14 mai 2009

Valse avec Bachir (2008) de Ari Folman

Titre original : « Vals Im Bashir »

Valse avec BachirElle :
Ari Folman a choisi de raconter sa propre histoire de soldat, au moment de l’invasion du Liban en 1982 par les israéliens, sous la forme d’un film documentaire d’animation. Traumatismes psychologiques, amnésies, massacres, séquelles de toutes les guerres. En cela Valse avec Bachir a une portée universelle. L’univers graphique est très novateur et original; il passe de l’ambiance tragique à l’atmosphère onirique du rêve et de l’hallucination. On peut reprocher la démarche un peu chaotique et ralentie de ses personnages qui tranche avec la fluidité de certaines scènes. Je suis déçue et ne suis pas très convaincue par l’utilisation de l’animation pour raconter ce témoignage douloureux. Dans le même registre, le film de Marjanne Satrapi Persépolis est à mon sens beaucoup plus réussi. Le choix de voix off très monocordes est un peu soporifique. D’autre part, cette narration qui nous place constamment en retrait des personnages fait qu’on ne s’y attache pas. L’émotion ne jaillit pas alors qu’elle le devrait. Le film d’archives final qui nous rappelle à la réalité de la tragédie me paraît bien plus fort.
Note : 2 étoiles

Lui :
Valse avec Bachir est un film (ou un documentaire) vraiment original par ses parti pris de réalisation. Traiter de la 1ere guerre du Liban en film d’animation est bien entendu très audacieux et le faire au travers du récit autobiographique d’une jeune recrue israélienne dont la mémoire n’a gardé aucune trace de ces évènements tragiques l’est tout autant. Il est donc difficile de maltraiter un projet qui sort ainsi des sentiers battus et, de plus, l’engouement qui a porté le film après son premier passage à Cannes a permis de donner une forte portée à son message et à son témoignage des horreurs de la guerre. Néanmoins, le film n’est pas pleinement réussi : il a quelque peu du mal à donner de la force à ses personnages et l’on se sent trop extérieur, ce qui est difficile à expliquer vu la gravité du sujet. L’animation n’aide en rien, montrant un décalage flagrant entre les mouvements minimalistes des personnages et la fluidité du décor ou de certains objets. Le sentiment d’étrangeté créé par cette technique appuie le récit parfois mais gêne le plus souvent. La voix-off du personnage principal se révèle assez lancinante. En revanche, les choix graphiques et l’utilisation des couleurs sont plus réussis. Malgré ses défauts, Valse avec Bachir reste un essai intéressant, apportant un témoignage réel sous une forme vraiment inattendue.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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12 mai 2009

Un nommé Cable Hogue (1970) de Sam Peckinpah

Titre original : « The ballad of Cable Hogue »

Un nommé Cable Hogue Elle :
(pas vu)

Lui :
Tourné juste après La horde sauvage, Un nommé Cable Hogue traite du même thème : la fin de l’Ouest. Laissé sans eau dans le désert par des associés peu recommandables, Cable Hogue erre plusieurs jours et finit par trouver une source d’eau. Il entreprend d’y construire une halte pour les diligences qui passent non loin de là. Cette fois, Sam Peckinpah n’utilise pas une débauche de violence pour montrer ce monde finissant, à l’aube d’un changement de civilisation, non, il utilise l’humour : Un nommé Cable Hogue est en fait une comédie, ce qui est assez rare pour un western. Cependant, malgré une solide construction de scénario et un déroulement parfait, le film peine à intéresser et l’humour, somme toute assez épars, ne suffit pas à relever l’ensemble. Le film est toutefois généralement assez bien estimé.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jason Robards, Stella Stevens, David Warner
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