20 juin 2009

Charlie Bubbles (1967) de Albert Finney

Charlie BubblesElle :
(pas vu)

Lui :
L’acteur anglais Albert Finney a réalisé un (seul) film à la fin des années soixante, un film particulièrement original sur un jeune auteur à succès, d’origine modeste, qui retourne dans sa ville natale. Charlie Bubbles traite de la difficulté à gérer cette notoriété soudaine, du dilemme à tirer ou pas un trait sur son passé. Charlie n’est plus parfaitement à l’aise avec ses anciens amis mais ne l’est guère plus avec ses nouveaux. Albert Finney tient lui-même le rôle principal. Charlie Bubbles comporte des petites originalités, comme cette façon amusante de montrer l’intérieur de sa maison au travers de caméras de surveillance, mais l’ensemble manque de relief et de mordant. Le propos n’est pas toutefois de dresser un portrait au vitriol de l’un ou l’autre milieu social mais plutôt de montrer le malaise de cet homme entre deux chaises. Le propos est en tous cas assez désabusé et sombre. Albert Finney étant lui-même d’origine modeste, on pourrait penser qu’il y a une part autobiographique dans Charlie Bubbles.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Albert Finney, Colin Blakely, Billie Whitelaw, Liza Minnelli
Voir la fiche du film et la filmographie de Albert Finney sur le site IMDB.

A noter la présence du jeune Stephen Frears en tant qu’assistant-réalisateur.
S’il n’a réalisé qu’un seul long métrage, Albert Finney a produit plusieurs films aux alentours de 1970 sans être crédité au générique, dont le premier Mike Leigh, le If d’Anderson et les premiers films de Stephen Frears. Une (fausse) rumeur lui attribuait même la paternité (en tant que réalisateur) de Gumshoe (1971).

19 juin 2009

Sylvie et le fantôme (1946) de Claude Autant-Lara

Sylvie et le fantômeElle :
(pas vu)

Lui :
Sylvie est une jeune fille de 16 ans dont l’imaginaire est très marqué par une histoire familiale : sa grand-mère avait un jeune amant, le « chasseur blanc », qui se tua pour elle. La jeune fille est persuadée que l’esprit de ce jeune homme est toujours présent dans la vieille et vaste demeure familiale. De cette histoire, tirée d’une pièce de théâtre, Claude Autant-Lara en fait un film très poétique, plein de tendresse et aussi d’humour. C’est l’univers imaginaire de l’adolescence, peuplé de princes charmants et de grand Amour, qui se heurte avec douceur au monde réel. Sylvie et le fantôme bénéficie d’une fort belle distribution. C’est Jacques Tati, avec sa sihouette si particulière, qui interprète le fantôme. Les effets de transparence sur ce fantôme (et son chien) sont particulièrement réussis. L’humour est très présent, notamment au travers du domestique superstitieux incarné par Julien Carette. Tourné au lendemain de la Libération, le film d’Autant-Lara apportait une bouffée d’air pur et de fraîcheur.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Odette Joyeux, François Périer, Julien Carette, Jean Desailly, Jacques Tati, Pierre Larquey
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Autant-Lara sur le site IMDB.

Voir les autres films de Claude Autant-Lara chroniqués sur ce blog…

18 juin 2009

Vacances (1938) de George Cukor

Titre original : « Holiday »

VacancesElle :
(pas vu)

Lui :
Un trentenaire, plein de charme et de vie, rencontre une jeune femme en vacances. Quand il va la retrouver chez elle à son retour, il découvre qu’elle est la fille d’un banquier richissime et qu’elle a une jolie sœur, très libre d’esprit. Comment peut-il prendre place dans cette famille sachant qu’il nourrit le projet secret de s’éloigner de la carrière qui s’ouvre devant lui ? Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de Philip Barry des années 20 (qui avait déjà été portée à l’écran en 1930). Cary Grant réussit parfaitement à donner vie à ce personnage multi facettes : alliant assurance et maladresse avec un charme déconcertant, il apporte une véritable bouffée d’air frais dans cette maison « aussi grande qu’un musée ». Katharine Hepburn saisit la balle au bond et les meilleures scènes sont celles où ils sont tous deux présents, les dialogues sont d’une grande authenticité et d’une belle richesse. Le fond du propos est de critiquer la lourdeur des conventions et le culte de l’argent, il souligne aussi la difficulté des grands choix de vie des trentenaires. En ce sens, le film est toujours aussi actuel 70 ans après sa sortie, si ce n’est que les conventions ont un peu changé de style… Assez curieusement, Vacances est parfois considéré comme un film assez mineur de Cukor. Bien entendu, nous sommes un cran en dessous de la pétulance de Philadelphia Story où le cinéaste portera le couple Hepburn/Grant à son sommet, mais Vacances reste une comédie à la fois légère et profonde, pleine de vie.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Katharine Hepburn, Cary Grant, Doris Nolan, Lew Ayres, Edward Everett Horton, Henry Kolker
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.

Voir les autres films de George Cukor chroniqués sur ce blog…

Version antérieure :
Holiday (1930) de Edward H. Griffith avec Ann Harding, Mary Astor et Robert Ames. Détail amusant : Edward Everett Horton interprète le même rôle (le professeur ami de Case) dans les deux versions.

17 juin 2009

Crimes à Oxford (2008) de Álex De La Iglesia

Titre original : « The Oxford Murders »

Crimes à OxfordElle :
(pas vu)

Lui :
Le réalisateur espagnol Álex de la Iglesia signe là un film à l’atmosphère très british. Crimes à Oxford se déroule effectivement dans la ville du même nom et se présente comme une énigme policière sur fond de suites logiques de nombres et de raisonnement mathématique. Elijah Wood, avec son regard d’extraterrestre, donne au film une coloration fantastique qui n’était probablement pas nécessaire. John Hurt est, quant à lui, assez remarquable dans son rôle de vieux mathématicien. Si elles reposent sur certaines bases, les théories mathématiques développées ne vont cependant pas bien loin mais le réalisateur les utilise très bien en toile de fond pour créer un suspense qui va grandissant. La fin ne déçoit pas. Les rapports entre les personnages sont à la fois simples et complexes, ce qui donne au film une certaine substance. A condition de ne pas accorder aux théories exposées plus d’importance qu’elles en ont, Crimes à Oxford est franchement plaisant, une énigme policière divertissante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Elijah Wood, John Hurt, Leonor Watling, Julie Cox, Jim Carter, Dominique Pinon
Voir la fiche du film et la filmographie de Álex De La Iglesia sur le site IMDB.

Voir les autres films de Álex De La Iglesia chroniqués sur ce blog…

16 juin 2009

Sur les quais (1954) de Elia Kazan

Titre original : On the Waterfront

On the WaterfrontElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Même aujourd’hui, 50 ans après, il est difficile voire impossible de regarder Sur les quais en le sortant entièrement de son contexte : quelques mois avant de tourner ce film, Elia Kazan avait spontanément donné un certain nombre de noms à la commission dirigée par Joe McCarthy. Sur les quais est incontestablement une tentative de justification de son geste puisqu’il montre un jeune docker qui, ayant pris part malgré lui à un meurtre organisé par son syndicat aux pratiques mafieuses, va aller en dénoncer les pratiques devant une commission. Tout en gardant cela à l’esprit, il faut reconnaître que Sur les quais est un film d’une puissance peu commune, porté par un Marlon Brando, remarquable en bagarreur torturé par sa conscience ; les scènes avec Eva Marie Saint ou encore sur les toits où il élève ses pigeons restent dans les esprits. La belle photographie en noir et blanc ajoute au côté social et à l’apparence authentique du film. Il est difficile d’imaginer le même impact si le film avait été en couleurs. L’intensité culmine dans la scène finale, où Marlon Brando presque christique symbolise le refus de l’injustice et de porter le joug. Malgré ses origines troubles, Sur les quais reste un film d’une force rare.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Eva Marie Saint, Karl Malden, Lee J. Cobb, Rod Steiger
Voir la fiche du film et la filmographie de Elia Kazan sur le site IMDB.
Voir les autres films de Elia Kazan chroniqués sur ce blog…

Remarques et anecdotes :
L’idée de départ est basée sur une série d’articles écrits par un reporter new-yorkais sur la corruption dans le monde des dockers après qu’un meurtre ait eu lieu en 1948.

Marlon Brando était réticent à tourner avec Kazan ; Frank Sinatra avait accepté avec enthousiasme le rôle. Mais le producteur, Sam Spiegel, voulait Brando. Dans sa biographie sur Kazan, Richard Schickel raconte l’astuce qu’employa le réalisateur : il fit tourner une scène avec un petit jeune de l’Actors Studio pour faire croire à Brando qu’il allait se faire souffler le rôle par un petit nouveau… Piqué au vif, Brando signa peu après. (Le petit jeune en question s’appelait Paul Newman.)

Arthur Miller, qui était au départ du projet mais s’en éloigna ensuite, écrivit une pièce « A view from the bridge » en 1955 qui est une réponse ou un contrepoint au film de Kazan. Jouée à Broadway, cette pièce a été ensuite adaptée au grand écran par Sidney Lumet en 1962 : Vu du pont. Arthur Miller fut lui-même inquiété par la maccarthisme et accusé de sympathies communistes en 1956. Il fit appel et sa condamnation fut annulée l’année suivante.

15 juin 2009

La chevauchée de la vengeance (1959) de Budd Boetticher

Titre original : « Ride Lonesome »

La chevauchée de la vengeanceElle :
(pas vu)

Lui :
Avec un tel titre, on peut éprouver quelque crainte de voir un film insignifiant mais il n’en est rien : La chevauchée de la vengeance est un très beau western, nerveux et dépouillé, qui repose sur un petit nombre de personnages forts. Un ex-sheriff capture un jeune hors-la-loi qu’il doit escorter jusqu’à la ville. Son chemin croise celui de deux ex-brigands qui vont l’aider à convoyer ce condamné en puissance afin de bénéficier eux-même d’une amnistie. La chevauchée de la vengeance Le film est entièrement tourné en extérieurs avec visiblement peu de moyens, ce qui n’empêche pas les scènes d’action d’être franchement convaincantes. Le nombre de personnages est certes réduit mais les caractères se complètent parfaitement pour former un ensemble solide avec un scénario qui déroule impeccablement. Le film repose aussi sur son duo d’acteurs principaux : Randolph Scott est remarquable dans ce personnage droit, obstiné et taciturne, face à lui Pernell Roberts fait indéniablement preuve de charme. La chevauchée de la vengeance se situe à la fin d’un genre cinématographique, les westerns de série B ; c’est un des meilleurs du genre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Randolph Scott, Karen Steele, Pernell Roberts, James Best, Lee Van Cleef, James Coburn
Voir la fiche du film et la filmographie de Budd Boetticher sur le site IMDB.

14 juin 2009

Les citronniers (2008) de Eran Riklis

Titre original : « Etz Limon »

Les CitronniersElle :
Ce film poignant livre un regard lucide sur l’incompréhension et l’absence de communication entre deux voisins, un ministre israélien et une veuve palestinienne. Un simple champ de citronniers entre leur maison respective finit par devenir un enjeu politique national. Miradors, barbelés, gardes du corps… la phobie d’une attaque conduit le ministre à vouloir éliminer ces vieux arbres qui pourraient abriter des terroristes. Un scénario bien construit à partir du symbole fort de l’arbre qui nourrit, une histoire d’amour émouvante entre Salma et son jeune avocat, une analyse intéressante sur la peur permanente qui animent les deux parties, sur la brutalité de la riche société israélienne et le conservatisme des hommes palestiniens… tous ces éléments créent un bel équilibre qui apporte beaucoup d’intensité et d’émotion.
Note : 5 étoiles

Lui :
A l’instar de son film précédent La fiancée syrienne, le nouveau long métrage du réalisateur israélien Eran Riklis met en relief les conséquences absurdes d’une situation auto-génératrice de conflits. En territoire occupé, une veuve palestinienne, à la tête d’un florissant verger de citronniers, a comme nouveau voisin un ministre israélien. Le service de sécurité estime que ce verger est potentiellement dangereux et en ordonne l’arrachage. La femme veut se défendre et l’attaque au tribunal. Le sujet du film d’Eran Riklis est centré sur les hommes. Le film évolue en un face à face de deux femmes : la femme palestinienne aux citronniers et l’épouse du ministre israélien. Toutes deux ont des trajectoires parallèles qui ne rencontreront jamais, elles sont toutes deux prisonnières d’un carcan qui mène à des situations sans issue où la communication entre les êtres n’a plus de place. Eran Riklis n’aborde pas les sources du conflit israélo-palestinien, il s’attache surtout à montrer que, humainement, la situation ne peut mener qu’à un mur… La fin du film est sans illusion : même si en apparence, les deux parties semblent à demi-gagnantes, sur le plan humain, tout le monde a perdu et la situation a évolué d’un cran supplémentaire vers l’absurde. Bien soutenu par la belle interprétation des deux femmes, Les Citronniers est un beau film profondément humain.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hiam Abbass, Doron Tavory, Ali Suliman, Rona Lipaz-Michael, Tarik Kopty
Voir la fiche du film et la filmographie de Eran Riklis sur le site IMDB.

Voir les autres films de Eran Riklis chroniqués sur ce blog…

13 juin 2009

Les randonneurs à Saint-Tropez (2008) de Philippe Harel

Les randonneurs 2Elle :
(Abandon rapide)
Note : Pas d’étoile

Lui :
Philippe Harel a co-écrit le scénario de cette suite aux Randonneurs… Quel scénario ? a t-on envie de demander. Dès le début du film, la pauvreté de l’histoire se fait sentir mais on espère que le film va démarrer à l’arrivée à Saint-Tropez. Non, le miracle ne se produit pas, il ne se passe rien. Seuls les acteurs peuvent alors combler ce vide absolu, tâche qu’ils tentent d’accomplir avec professionnalisme, certes, mais visiblement sans entrain. On touche le fond…
Note : 1 étoile

Acteurs: Karin Viard, Géraldine Pailhas, Benoît Poelvoorde, Vincent Elbaz, Philippe Harel
Voir la fiche du film et la filmographie de Philippe Harel sur le site IMDB.

Voir les autres films de Philippe Harel chroniqués sur ce blog…

11 juin 2009

L’invraisemblable vérité (1956) de Fritz Lang

Titre original : « Beyond a reasonable doubt »

L'invraisemblable véritéElle :
(pas vu)

Lui :
Un directeur de journal opposé à la peine de mort, aidé d’un écrivain, son futur gendre, met sur pied un plan pour faire avancer ses idées : l’écrivain va se laisser accuser d’un meurtre non élucidé. Ils fabriquent ainsi des fausses coïncidences dans le but de prouver que n’importe qui peut se retrouver accusé à tort. Face à eux, le procureur va sauter sur cette occasion en or de faire avancer sa carrière, bien décidé à mener ce « coupable » à la chaise électrique. L’invraisemblable vérité est le dernier film américain de Fritz Lang (ses disputes avec son producteur sur ce film le pousseront à quitter Hollywood définitivement) mais ce n’est certainement pas l’un des moindres. Si Fritz Lang filme de façon très épurée, sans aucune débauche et sans grand numéro d’acteur, c’est pour mieux se concentrer sur l’essentiel, utilisant une construction et un déroulement du récit d’une efficacité implacable. On retrouve ici cette sensation déjà éprouvée à la vision de certains de ses autres films d’être face à un concentré de cinéma pur, loin de tout racolage. De plus Fritz Lang réussit le tour de force de doubler son propos : L’invraisemblable vérité est bien plus qu’un réquisitoire contre la peine de mort, le film nous questionne directement : c’est notre propre regard qui est mis en cause. (Arrêtez ici la lecture de ce commentaire si vous avez l’intention de voir prochainement le film) Avec ce dénouement si particulier, Fritz Lang nous met dans le même panier que ce procureur arriviste qui avait toute notre réprobation. Notre aveuglement vaut le sien. Nous pensions pourtant être à l’abri, être beyond a reasonable doubt... Sous ses airs simples, L’invraisemblable vérité est un film très fort et particulièrement implacable dans sa démonstration.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Dana Andrews, Joan Fontaine, Sidney Blackmer, Arthur Franz, Philip Bourneuf
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.
Voir les autres films de Fritz Lang chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Le scénario est très proche de celui de The man who dared (1946) de John Sturges. Film assez rare, il s’agit de sa première réalisation et n’a pas la réputation d’être parmi ses meilleures.

Remake :
Un remake de L’invraisemblable vérité est sorti en 2009 : Beyond a Reasonable Doubt de Peter Hyams avec Michael Douglas et Jesse Metcalfe.

10 juin 2009

Adorable menteuse (1962) de Michel Deville

La menteuseElle :
(pas vu)

Lui :
Adorable menteuse est le troisième film de Michel Deville. L’histoire met en scène deux jolies sœurs de 20 ans dont l’une met un soin tout particulier à mentir continuellement aux hommes. Elle s’amuse à les faire marcher ce qui lui permet de tromper l’ennui. Dans toute sa première moitié, le film est extrêmement léger, frivole et Michel Deville parvient remarquablement à transcrire toute la futilité et l’insouciance de ses personnages ; c’est un plaisir de se laisser bercer et de plonger nous aussi dans cette farandole. Puis, le film change de registre, devient plus sérieux et Deville réussit parfaitement à prendre le tournant, aussi habile dans les scènes de nuit à Pigalle que dans les scènes champêtres en plein soleil, aussi habile dans le marivaudage que dans le batifolage… Marina Vlady et Macha Méril sont particulièrement charmantes en ravissantes écervelées, elles illuminent tout le film. Adorable menteuse est un film d’une grande fraîcheur avec cette atmosphère si particulière du début des années 60. Le scénario est de Nina Companéez.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marina Vlady, Macha Méril, Michel Vitold, Jean-Marc Bory, Michael Lonsdale
Voir la fiche du film et la filmographie de Michel Deville sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michel Deville chroniqués sur ce blog…