20 décembre 2010

Charlot et le comte (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « The Count »

Charlot et le comteLui :
(Muet 24 mn) Charlot travaille chez un tailleur et va être amené à prendre l’identité d’un comte dans une soirée mondaine. Ce court métrage, le cinquième de Chaplin pour la Mutual, semble moins travaillé que les autres. Il manque aussi de scènes fortes, la seule qui soit vraiment originale est la toute première, la prise des mensurations d’une jeune femme par Charlot. Le restant de Charlot et le Comte est dans le pur style « slapstick » avec moult coups de pied aux fesses. Pas de grandes subtilités donc, c’est son agilité dans les poursuites qui reste le plus remarquable. A noter que Charlot et le Comte permet à Chaplin d’aborder un thème qu’il traitera plusieurs fois : l’immersion d’un pauvre dans un monde de riches.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Eric Campbell, Edna Purviance
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19 décembre 2010

Full metal jacket (1987) de Stanley Kubrick

Full Metal JacketLui :
Full Metal Jacket est l’avant-dernier film de Stanley Kubrick, un film sur la guerre plus qu’un film de guerre. Dans la première moitié, nous suivons l’entrainement d’un groupe de Marines mené par un sergent gueulard, interprété avec beaucoup d’énergie par un ex-instructeur qui a improvisé une partie des dialogues. Les textes les plus hauts en couleur (un véritable flot d’obscénités) sont toutefois l’oeuvre d’un autre ex-Marine, Gustav Hasford, l’auteur du livre que Kubrick a choisi d’adapter. Cette partie est à la fois drôle et terrifiante. Elle est surtout intense. Kubrick montre sa grande virtuosité de la mise en scène, avec des travelings arrières de toute beauté qui ont largement contribué à la réputation du film. La seconde moitié se déroule au Vietnam. Après un passage à vide montrant les dessous de la presse militaire, le film retrouve toute sa force dans la dernière partie qui nous fait vivre l’affrontement d’une petite escouade de soldats avec un sniper invisible. Full Metal Jacket est un film hors normes, il n’a pas vraiment de héros ni d’histoire au sens classique du mot. Ce n’est pas vraiment un film anti-guerre : Kubrick ne porte pas de jugement, il décrit l’apprentissage de jeunes soldats à la mort. C’est en tout cas un film d’une grande force. Le perfectionnisme de Kubrick s’est traduit en plus de neuf mois de tournage.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Matthew Modine, Adam Baldwin, Vincent D’Onofrio, R. Lee Ermey, Arliss Howard
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Remarques :
* « Full Metal Jacket » (littéralement : entièrement enrobé de métal) est un terme qui s’applique à un certain type de munitions. En choisissant ce titre, Kubrick fait bien entendu l’analogie avec les soldats.
* Le livre de Gustav Hasford s’intitule The Short-Timers.
* La partie Vietnam a été tournée dans la banlieue de Londres, sur deux sites de complexes industriels promis à la démolition. Kubrick a eu toutes les autorisations pour les détruire à loisir.
* Les références à Mickey Mouse peuvent surprendre, notamment dans la scène finale où les soldats marchent dans la ville en flammes en chantant le thème du Club Mickey… Dans le langage des G.I., Mickey Mouse désigne tout ce qui est petit et stupide.

18 décembre 2010

Reaching for the moon (1917) de John Emerson

Titre français parfois utilisé : « Douglas dans la lune »

Reaching for the Moon Lui :
(Film muet) Produit et joué par Douglas Fairbanks, qui était alors en pleine ascension, Reaching for the Moon est une fable sur l’ambition, sous la forme d’une amusante comédie. Un employé de bureau d’une fabrique de boutons rêve d’une autre vie où il côtoie des têtes couronnées. Un jour, il est découvert par un comte étranger qui lui affirme qu’il est l’héritier du trône du petit royaume de Vulgaria. Il doit épouser une princesse ce qui n’est pas goût d’un autre prétendant au trône qui va tout faire pour tenter de l’éliminer… Dans ce film, Douglas Fairbanks fait preuve d’une vitalité étonnante, cette histoire lui permettant de réaliser des acrobaties et même des cascades avec une rapidité et un naturel qui n’appartientent qu’à lui. Reaching for the Moon Les poursuites dans la cité aux canaux sont trépidantes. Il y a aussi beaucoup d’humour dans cette histoire qui se veut légèrement moralisante : plutôt que de chercher à décrocher la lune (« Reach for the moon »), il faut mieux choisir des buts à sa portée et tout aussi nobles comme se marier et fonder une famille…!
Note : 3 étoiles

Acteurs: Douglas Fairbanks, Eileen Percy, Richard Cummings, Eugene Ormonde, Frank Campeau
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Remarques :
* Notons que le film a été tourné pendant la Guerre de 14-18 et que ce royaume fictif de Vulgaria a une nette connotation germanique.
* On aperçoit (de dos seulement mais on le reconnaît fort bien) Erich von Stroheim dans un petit rôle de figuration.
* Le scénario est co-signé John Emerson et Anita Loos (future Madame Emerson et, surtout, grande scénariste hollywoodienne, d’Intolérance à Les hommes préfèrent les blondes).

Homonyme :
Douglas Fairbanks tournera un autre film intitulé Reaching for the Moon en 1930 réalisé par Edmund Goulding avec Bebe Daniels en co-star. Il n’y a aucun lien entre les deux films, ce n’est pas la même histoire.

17 décembre 2010

Le Cheik Blanc (1952) de Federico Fellini

Titre original : « Lo sceicco bianco »
Autre titre français : « Courrier du coeur »

Le Cheik Blanc Lui :
Le Cheik Blanc est le premier film vraiment personnel de Fellini. Un couple de jeunes mariés arrive à Rome. Le mari, très formaliste, veut présenter sa jeune épouse à son oncle et l’emmener à une audience publique avec le Pape. Mais, à peine arrivée, la timide jeune femme s’échappe quelques minutes de l’hôtel pour aller rencontrer le héros d’un roman-photo à qui elle a écrit quelques lettres : Le Cheik Blanc. Elle se laisse emmener sur le tournage… Il est vraiment étonnant que ce film soit tant sous-estimé. Boudé par le public et la critique de l’époque, affublé d’un titre ridicule en France (Courrier du cœur), il lui aura fallu un demi-siècle pour revenir en grâce. Courrier du coeur Le Cheik Blanc est en effet une belle exploration de la dualité monde réel / monde des rêves, de l’illusion et la désillusion avec un parallèle audacieux sur l’Eglise. On retrouve ici beaucoup de thèmes chers au réalisateur. Il fait preuve de beaucoup de délicatesse, ne grossit jamais le trait et parsème son film de petites notes d’humour qui ne sont jamais aux dépends de ses personnages : il les dépeint sans porter de jugement avec même une certaine tendresse. Un film qu’il n’est pas trop tard de découvrir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Brunella Bovo, Leopoldo Trieste, Giulietta Masina
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Remarques :
Michelangelo Antonioni a participé à l’écriture, tout comme Tullio Pinelli et Ennio Flaiano qui accompagneront ensuite Fellini sur de nombreux films. La musique est de Nino Rota.

16 décembre 2010

Une soirée de folie (1925) de Leo McCarey

Titre original : « What price Goofy? »

Une soirée de folieLui :
(Muet, 22 mn) Une jeune femme particulièrement jalouse, un mari un peu tête en l’air, tels sont les deux personnages principaux de cette comédie très enlevée de Leo McCarey. Le scénario, écrit par le producteur Hal Roach lui-même, est particulièrement remarquable. Le rythme est rapide avec une très belle exploitation des situations pour développer le burlesque : la salle de bains à deux portes, le chien rapporteur, l’utilisation du cambrioleur, le retournement final… Ce What Price Goofy ? est vraiment un petit bijou du burlesque muet.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charley Chase, Katherine Grant, Lucien Littlefield, Marjorie Whiteis, Noah Young
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Remarques:
Le titre What price Goofy est une déformation humoristique de What price Glory, une pièce de Maxwell Anderson et Laurence Stallings très célèbre à l’époque. Cette pièce sera adaptée au cinéma peu après par Raoul Walsh What price Glory (1926), l’un des plus grands succès de Walsh en muet, puis par John Ford What price Glory (1952) avec James Cagney. L’histoire est très différente puisqu’il s’agit de deux soldats de la Guerre 14-18, amoureux de la même femme puis confrontés à l’enfer du front.

What Price Goofy?

15 décembre 2010

Ceux de la zone (1933) de Frank Borzage

Titre original : « Man’s Castle »

Ceux de la zoneLui :
Dans le cinéma de Frank Borzage, l’amour est toujours le plus fort, il triomphe de tout. C’est particulièrement vrai dans Ceux de la Zone puisque son histoire prend place dans une zone de New York connue sous le nom de « Hoover Flats » (= les appartements Hoover), sorte de petit bidonville créé au bord de l’Hudson après la Grande Dépression. C’est là que s’installent provisoirement les deux personnages principaux, deux irréductibles optimistes : lui est un individualiste forcené qui tient à sa liberté et s’interdit d’exprimer tout sentiment (Spencer Tracy), elle est une jeune femme fragile, débordant d’amour (Loretta Young). La façon dont ils se rencontrent en début de film est une petite merveille scénaristique. Borzage est aussi le cinéaste de l’espoir : à l’instar de la fleur qui émerge non sans mal dans cet environnement sombre et pollué, l’amour va éclore malgré l’adversité et les tentations, l’amour qui se joue de la fatalité. Très belles prestations d’acteurs, en totale emphase avec leur personnage ; Loretta Young est particulièrement lumineuse dans cet environnement modeste. Tous deux sont terriblement attachants. Plus que jamais, Borzage fait preuve de délicatesse et de nuances. Malgré les forts contrastes, il ne grossit jamais le trait ni ne joue avec la dramatisation. Il trouve là un équilibre parfait. Ceux de la Zone est l’un de ses plus beaux films.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Spencer Tracy, Loretta Young, Marjorie Rambeau, Glenda Farrell, Walter Connolly, Arthur Hohl
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Ceux de la zoneRemarques :
* Le film eut des problèmes avec la censure du fait de la grossesse hors mariage. Certaines scènes furent coupées.
* Si le film a indéniablement un côté historique aujourd’hui en nous montrant la façon dont pouvaient vivre des chômeurs au lendemain de la Grande Dépression, il n’était pas très vendeur de trop le montrer à l’époque comme en témoigne l’affiche ci-contre qui reprend une scène très courte entre Spencer Tracy et Glenda Farrell (qui représente la tentation et copie de façon étonnante le jeu de Mae West), une affiche vraiment peu représentative du film.

14 décembre 2010

Le convoi (1978) de Sam Peckinpah

Titre original : « Convoy »

Le convoiLui :
Poursuivi par un policier haineux et obstiné, un desperado du bitume se retrouve amené à prendre la tête de toute une troupe de big-trucks en révolte… Sam Peckinpah transpose l’image du cowboy dans le monde des années soixante-dix. Dans Le Convoi, le hors-la-loi est au volant d’un puissant camion lancé à vive allure au travers des déserts du Middle-west. L’idée était très intéressante, surtout venant de Sam Peckinpah qui a déjà traité plusieurs fois de l’univers de l’Ouest. Le scénario fait hélas un peu défaut, semblant se contenter de surfer sur l’ambiance de rébellion et de rejet du politique de ces années post-Watergate. Le Convoi comporte de belles scènes alignant ces beaux monstres rugissants et de bonnes scènes de poursuite mais l’ensemble manque de finalité. Le film s’étiole nettement dans sa seconde moitié.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Kris Kristofferson, Ali MacGraw, Ernest Borgnine, Burt Young
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13 décembre 2010

L’autre (2008) de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic

L'autreLui :
Anne-Marie est une quarantenaire qui vient de se séparer de son jeune amant. Lorsque celui-ci lui apprend qu’il fréquente une autre femme, elle cherche à en savoir plus sur elle, une recherche qui l’obsède de plus en plus… Sur une trame d’histoire que l’on pourrait penser rebattue, Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic nous livrent un des films les plus originaux du cinéma français actuel. Ils ont une façon toute particulière d’inscrire le personnage principal dans un décor urbain, cette façon est à la fois très graphique (1) et créatrice d’une atmosphère étrange et envoutante. La caméra semble épier son personnage principal, la suivant ou l’observant à distance avec une fausse furtivité. Elle vient se placer parfois juste derrière Dominique Blanc, jouant alors le rôle d’une caméra subjective (impression bien entendu amplifiée lors des scènes de miroirs). Pourtant très ancré dans la réalité, notamment par l’importance des transports en commun actuels et de la technologie qui est présente mais actuelle, le film semble hors du temps. Cette impression est accentuée par le jeu de Dominique Blanc, actrice à la diction si particulière (on peut penser à Jeanne Moreau) et dont le calme et le sourire contrastent avec son mal à l’aise intérieur. L’environnement sonore joue aussi un rôle très important dans la mise en place du climat. L’autre semble aller jusqu’aux limites du réalisme sans toutefois franchir la ligne qui le ferait basculer dans le fantastique. C’est un film qui peut dérouter mais qui, par ses qualités graphiques, son climat, sa force, se place parmi les productions les plus intéressantes du cinéma français récent.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Dominique Blanc, Peter Bonke, Cyril Guei, Anne Benoît, Christèle Tual
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(1) Le générique est, à lui seul, superbe. On a déjà vu des plans aériens d’une autoroute périurbaine de nuit dans nombre de films américains mais jamais de façon aussi graphique, presque abstraite avec ses flots qui semblent suspendus, hors de la réalité.

Remarque :
Le film est adapté du roman d’Annie Ernaux « L’occupation ».

Homonymes :
L’autre (In name only) de John Cromwell (1939) avec Carole Lombard et Cary Grant
L’autre de Robert Mulligan (1972)
L’autre de Bernard Giraudeau (1991)
L’autre de Youssef Chahine (1999)
L’autre de Benoît Mariage (2003)

12 décembre 2010

Fatty chez lui (1917) de Roscoe Arbuckle et Buster Keaton

Titre original : « The rough house »

Fatty chez luiLui :
(Muet, 22 minutes) Des quinze films que Buster Keaton a tournés avec Fatty Arbuckle, The Rough House est le troisième. C’est le premier où il est co-réalisateur. Fatty vit avec sa femme et sa belle-mère dans une grande maison où il commence par mettre le feu à son lit. Le cuisinier (Al St. John) et un garçon de courses (Buster Keaton) en viennent aux mains pour se disputer les faveurs de la bonne. The Rough House est surtout connu pour sa scène de la danse des petits pains faite par Fatty Arbuckle, danse que reprendra Chaplin dans La Ruée vers l’or. Bien entendu, elle est ici beaucoup plus courte et peu développée. Le restant de ce court métrage est typique de l’humour « slapstick », avec beaucoup de comique tarte à la crème et de comique destructeur : dans les films de Fatty Arbuckle, on casse toujours beaucoup! Surprise : Buster Keaton y sourit, rit et même fait des grimaces. A cette époque, s’il aime utiliser son visage impassible assez souvent, ce n’est pas encore exclusif de toute expression. The Rough House n’est sans doute pas à classer parmi les meilleurs films du trio mais comporte quelques bons moments.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, Al St. John, Buster Keaton
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11 décembre 2010

Malec champion de golf (1920) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « Convict 13 »

Malec champion de golfLui :
Buster Keaton joue au golf et égare quelque peu sa balle avant d’être pris par erreur pour un évadé de la prison voisine. Malec champion de golf comporte ainsi deux parties assez différentes, les univers ne sont pas du tout les mêmes, mais quelles que soient les situations (et elles sont assez pittoresques), il affronte toujours l’adversité avec un flegme inébranlable. Buster Keaton joue beaucoup avec l’absurde (le golf sur l’eau, l’escouade de gardiens marchant au pas, etc…) pour créer des gags inventifs qui rebondissent de l’un à l’autre.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Sybil Seely, Joe Roberts
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Remarques :
Chaplin réalisera un an plus tard un court métrage où il joue également au golf dans un premier tiers du film : The Idle Class (Charlot et le Masque de fer). Il est intéressant de comparer les trouvailles des deux.