28 décembre 2010

Charlot brocanteur (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « The pawnshop »

Charlot brocanteurLui :
(Muet 24 minutes) Charlot est employé chez un prêteur sur gages. Son collègue lui joue des mauvais tours et ils en viennent aux mains… Charlot brocanteur est le sixième des douze films tournés pour la Mutual. L’humour est essentiellement de type « slapstick », centré sous les bagarres permanentes entre les deux employés de l’usurier mais le clou du film est la scène du réveil. Un client apporte un réveil pour le mettre en gage. Charlot brocanteurLe réveil ne semble pas marcher. Charlot commence à l’ausculter avec grand sérieux, puis l’ouvre avec un ouvre-boîte et commence à en extirper toutes les pièces… Cette scène est vraiment hilarante, c’est l’un des plus beaux détournements d’objet du cinéma comique. Le reste du film n’est pas tout à fait à la hauteur de cette scène vraiment mémorable mais de bon niveau tout de même.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Henry Bergman, Edna Purviance, John Rand
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27 décembre 2010

Charlot musicien (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « The Vagabond »

Charlot musicienLui :
(Muet, 26 mn) Charlot musicien fait partie des courts métrages les plus remarquables de Chaplin. C’est le troisième film qu’il réalise pour la Mutual et c’est son premier film vraiment sérieux (presque un an avant L’émigrant). Un musicien de rue sauve une jeune gitane d’un « protecteur » violent et s’enfuit avec elle dans sa roulotte. C’est étonnant de voir à quel point Charlot Musicien préfigure The Kid et Les Lumières de la Ville. C’est grâce à la très grande liberté que Chaplin avait obtenue de la Mutual qu’il put ainsi expérimenter des approches différentes, plus risquées ; il ressentait le besoin d’aller au-delà de l’humour pur. Ce court-métrage montre déjà ce mélange subtil d’humour et d’humanité qui fera toute la qualité de ses films ultérieurs.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Eric Campbell, Leo White, Lloyd Bacon, Charlotte Mineau
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Charlot musicienNe pas confondre :
Le Vagabond (The Tramp) réalisé en 1915 pour Essanay et
Charlot Musicien (The Vagabond) réalisé en 1916 pour la Mutual qui a été parfois diffusé en France sous le titre Le Vagabond (par Film Triomphe notamment)…
Ceci dit, ces deux courts-métrages ont certains points communs. Le premier film est celui dans lequel Chaplin a vraiment introduit le personnage du vagabond et son habillement. Le second s’inscrit donc dans la ligne du premier.

27 décembre 2010

Charlot pompier (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « The fireman »

Charlot pompierLui :
(Muet, 25 minutes) Charlot est pompier mais n’est pas très habile. Il est donc relégué à certaines corvées. Un notable vient demander au chef (Eric Campbell) de laisser brûler sa maison pour toucher l’assurance. The Fireman est le second court métrage tourné par Chaplin pour la Mutual. Il reste dans le pur style « slapstick » : Charlot se prend un nombre impressionnant de coups de pied aux fesses ! Il y a de bons moments mais aussi, hélas, certaines répétitions et longueurs. On remarquera une belle utilisation du « film passé à l’envers » (le procédé est loin d’être nouveau mais il est ici très bien utilisé). Les scènes en extérieurs permettent de voir les rues des environs de Los Angeles à cette époque, vision toujours étonnante où l’on mesure l’évolution en un siècle.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Eric Campbell, Edna Purviance
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26 décembre 2010

Charlot rentre tard (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « One A.M. »

One A.M.Lui :
(Muet, 23 minutes) Un dandy rentre passablement éméché chez lui à 1 heure du matin. Il ne désire qu’une chose, aller se coucher, mais il a toutes les peines du monde à y parvenir : les objets de sa maison semblent se mettent en travers de son chemin… Charlot rentre tard est unique dans la carrière de Chaplin : c’est le seul film où il est seul face à la caméra (à part un chauffeur de taxi impassible au tout début). C’est une petite performance : tenir plus de 20 minutes seul, avec pour seuls partenaires des objets inanimés comme une table, des tapis, des peaux de bêtes (mais pas de singe empaillé comme sur l’affiche), un escalier, un lit pliant (1)… et ne jamais se répéter. Il n’y a aucune longueur ! Il fait preuve aussi de réels talents acrobatiques (même si l’escalier est visiblement en mousse, le dévaler sur le ventre, sur le dos, en roulade etc. n’est pas une chose facile). Il lui faut aussi une bonne dose d’inventivité car il n’y a que deux pièces en tout et les objets ne sont pas si nombreux (2). Charlot rentre tard est le quatrième film de la période Mutual, il avait à ce moment une liberté totale.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin
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(1) Il s’agit plus exactement d’un « Murphy bed », c’est-à-dire un lit qui pivote pour se ranger verticalement dans un placard. Ce style de lit, assez populaire aux Etats-Unis, était assez nouveau à cette époque.
(2) A noter que Chaplin avait déjà un numéro de mondain ivre en 1912, alors qu’il était encore en Angleterre. C’est donc un rôle qu’il connaît bien.

Remarques :
Il semble que la durée était de 34 minutes à l’origine. Les versions restaurées dans les années quatre-vingt font 22 ou 24 minutes, ce qui fait tout de même une belle différence. David Shepard a édité une version plus complète avec 7 minutes en plus en 2006 dans le coffret « Chaplin Mutual Comedies – 90th Anniversary Edition ». Ce coffret ne semble pas avoir été édité en France.

25 décembre 2010

Charlot machiniste (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « Behind the Screen »
Autre titre français : « Charlot fait du ciné »

Charlot fait du cinéLui :
(Muet, 23 mn) Charlot machiniste est le septième film de Chaplin pour la Mutual. Charlot est aide-machiniste sur un plateau de cinéma où se tournent trois films différents. Le machiniste passe son temps à dormir en douce et donc Charlot doit tout faire. L’humour est tout à fait dans le style slapstick qu’il pratiquait avec Mack Sennett deux ans plus tôt. Il joue beaucoup avec le côté factice des objets : il manie les statues d’une main, déplace les colonnes, soulève un piano avec un doigt (alors que qu’un acteur était en train de jouer dessus). Il y a de belles trouvailles comme le fait de parvenir à transporter une dizaine de chaises sur son dos, le faisant ressembler ainsi à un porc-épic géant. Plusieurs scènes hilarantes comme celle du casse-croute de midi où il est assis à côté d’un mangeur d’oignons qui a des renvois. Le film finit sur un duel de tartes à la crème sur l’un des trois plateaux qui va un peu éclabousser les voisins. A noter qu’il y simule l’invention du principe (« Que dois-je faire avec la tarte? »… « Tu la lances contre le mur »… « Ce n’est pas drôle, lance-la sur lui! »)
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Eric Campbell, Edna Purviance
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Remarques :
Charlot Machiniste (Behind the screen) est dans la continuité de deux de ses comédies Keystone tournés deux ans plus tôt : Charlot fait du cinéma (A film Johnny) et Charlot garçon de théâtre (The property man).

24 décembre 2010

La vie est belle (1946) de Frank Capra

Titre original : « It’s a wonderful life »

La vie est belleElle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Avec cette histoire qui a tout d’un conte de Noël, Frank Capra semble avoir été touché par la grâce. Son film est parfait,  un subtil équilibre entre drame et comédie, un film riche empreint de tendresse et d’humanité mais sans aucun pathos. Apte à requinquer un bataillon entier de cafardeux, c’est le film optimiste par excellence. Capra a aussi choisi l’interprète parfait. James Stewart est l’archétype de l’homme ordinaire, le grand homme qui s’ignore, l’homme qui sans le savoir rend notre monde meilleur. L’histoire de La Vie est Belle est une jolie fable : alors qu’il est déprimé et prêt à se supprimer, It's a wonderful life un entrepreneur altruiste est sauvé par l’intervention d’un ange qui lui montre quel serait son monde s’il n’était pas né. Frank Capra montre là tout son talent pour raconter une histoire et pour créer l’émotion. La construction rend le film passionant, le dernier quart nous amenant à revivre différemment tout le film. La Vie est Belle n’a eu bizarrement que peu de succès à sa sortie. Il était trop en décalage avec l’esprit du public au lendemain de la guerre. Il s’est rattrapé assez rapidement en devenant l’un des films les plus aimés au monde.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, Donna Reed, Lionel Barrymore, Thomas Mitchell, Henry Travers, Gloria Grahame
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Remarques :
La vie est belle * La Vie est Belle détient probablement le record du nombre de diffusions à la télévision américaine.
* Détail amusant, c’est sans aucun doute le film le plus cité dans les autres films : on ne compte plus les films dont l’un des personnages regarde La Vie est Belle à la télévision soit pour se requinquer soit pour passer un réveillon seul.
* L’histoire est née sous la plume de Philip Van Doren Stern qui écrivait un petit conte qu’il envoyait à ses amis comme carte de vœux de Noël. Son histoire eut tellement de succès qu’il en fit un livre.

Homonyme :
La Vie est belle très beau film de Roberto Benigni (1997) où il réussit le difficile challenge de nous faire rire sur le sujet des camps de concentration. Aucun lien donc entre les deux films.

23 décembre 2010

Lovers (2008) de Isabel Coixet

Titre original : « Elegy »

ElegyLui :
Un intellectuel sexagénaire, auteur et critique culturel, se targue d’avoir une vie sentimentalement émancipée et sans attaches. Sa liaison avec une jeune femme tente ans plus jeune que lui va remettre en cause ses certitudes. Il en tombe amoureux et se retrouve un peu écartelé entre son amour et sa peur panique du fossé jeunesse-vieillesse. En adaptant un roman de Philip Roth, Isabel Coixet signe une nouvelle fois un film très délicat avec une interprétation très juste. Ben Kingsley est remarquable dans ce rôle d’intellectuel libertin vieillissant et Penélope Cruz lumineuse et pleine de sensualité. Cette histoire, beaucoup plus complexe qu’attendue, se révèle être suffisamment riche pour porter une série de réflexions sur l’avancée en âge, l’amour et le désir. Et il ne faut pas se laisser tromper par le titre : le film n’a rien d’une élégie ou d’une plainte!
Note : 4 étoiles

Acteurs: Penélope Cruz, Ben Kingsley, Dennis Hopper, Patricia Clarkson, Peter Sarsgaard
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Remarques :
Le roman (semi-autobiographique?) de Philip Roth s’intitule « La bête qui meurt », il fait partie de sa trilogie David Kepesh.

Homonyme :
Lovers – Dogme France #1 de Jean-Mac Barr (1999) avec Elodie Bouchez

22 décembre 2010

Passion fatale (1949) de Robert Siodmak

Titre original : « The great sinner »

Passion fataleLui :
Dans la station thermale de Wiesbaden en 1860, un jeune écrivain (Gregory Peck) suit une jolie femme (Ava Gardner) qu’il a rencontrée dans le train pour découvrir qu’elle a la passion du jeu. Décidé à tout faire pour la délivrer du démon des casinos, il va lui aussi se laisser prendre… Le scénario de Passion Fatale est une adaptation du roman de Dostoïevski « Le joueur ». Le film nous laisse sur des impressions mitigées car s’il montre une belle progression, débutant dans un grand classicisme pour aller peu à peu vers le démoniaque, suivant ainsi le parcours de son personnage principal, le film se termine de façon décousue. Cette fin peut même paraître un peu bâclée (1). On peut se consoler en admirant la belle Ava Gardner dans ses robes victoriennes et le couple qu’elle forme avec Gregory Peck est plein de séduction.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Ava Gardner, Melvyn Douglas, Walter Huston, Ethel Barrymore, Frank Morgan
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(1) Hervé Dumont, dans son livre sur Robert Siodmak, affirme que le film a été terminé par Jack Conway et que Siodmak aurait mentionné un « rapiéçage de 25 mn fait par Mervyn LeRoy », ce qui n’a pas été confirmé (citation mentionnée par Jacques Lourcelles dans son commentaire sur le film). S’ils ont vraiment eu lieu, ces rafistolages pourraient expliquer le caractère inégal du film Passion fatale.

21 décembre 2010

La visite de la fanfare (2007) de Eran Kolirin

Titre original : « Bikur Ha-Tizmoret »

La visite de la fanfareLui :
Une petite fanfare de la police égyptienne arrive en Israël pour jouer lors de la cérémonie d’inauguration d’un centre culturel arabe. A leur arrivée à l’aéroport, ils tentent de se rendre par eux-mêmes à destination mais se retrouvent par erreur dans une petite ville sans âme, isolée au beau milieu du désert. La Visite de la Fanfare est un film aussi original par son sujet que par son traitement. Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur israélien Eran Kolirin a choisit une approche minimaliste pour traiter cette histoire. Avec douceur et délicatesse, par petites touches, il nous montre ces rencontres improbables marquées par la difficulté de communication, des rencontres qui auraient besoin de temps pour vraiment éclore. Graphiquement, Eran Kolirin joue avec le cadre large et l’alignement des musiciens, les rues vides, les personnages perdus dans des lieux publics immenses, les tons ocre. Il parsème son film de petites notes d’un humour alimenté par le saugrenu des situations. L’ensemble est réussi, on peut juste regretter qu’il ne soit pas allé plus loin dans le développement, qu’il n’y ait pas cette petite étincelle qui aurait porté le film beaucoup plus haut.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sasson Gabai, Ronit Elkabetz, Saleh Bakri, Khalifa Natour
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Remarques :
Cette histoire est en réalité arrivée au dramaturge égyptien Ali Salem en 1993.

20 décembre 2010

Charlot patine (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « The rink »

Charlot patineLui :
(Muet 24 minutes) Charlot est serveur dans une gargote et ne s’entend pas très bien avec son collègue. Pendant la pause, il va patiner sur des patins à roulettes dans la patinoire voisine… Charlot patine montre une densité de gags vraiment étonnante, le rythme est très soutenu. Ce petit film, réalisé pour la Mutual, se déroule dans deux lieux principaux. La première moitié le montre dans le petit restaurant et ses bagarres avec l’autre serveur sont des sources permanentes d’humour. La scène de la préparation d’un cocktail est assez mémorable. Mais c’est dans la patinoire, en seconde partie, où éclate toute la virtuosité de Chaplin. Sur ses patins à roulettes, il fait preuve d’une agilité et même d’une élégance époustouflante (1) ; il trouve de multiples variations de gags qui s’enchainent sans discontinuer. Sur patins, le contraste avec le géant Eric Campbell est très amusant. A noter aussi que Charlot patine porte en germe quelques scènes célèbres de ses films ultérieurs (2).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Eric Campbell, Henry Bergman
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(1) Chaplin avait déjà un numéro de music-hall sur patins à roulettes à Londres en 1912/1913 ce qui explique sa grande maîtrise.
(2) Dans Les Temps Modernes, Chaplin réutilisera la situation du serveur qui utilise mal les portes IN et OUT dans les cuisines du restaurant. Dans le même film, Chaplin patine aussi avec beaucoup de grâce dans un grand magasin.

Les 12 films de Chaplin pour la Mutual (de mai 1916 à octobre 1917) :
1) The Floorwalker (Charlot chef de rayon)
2) The Fireman (Charlot pompier)
3) The Vagabond (Charlot musicien)
4) One A.M. (Charlot rentre tard)
5) The Count (Charlot et le comte)
6) The Pawnshop (Charlot brocanteur)
7) Behind the screen (Charlot machiniste)
8) The Rink (Charlot patine)
9) Easy Street (Charlot policeman)
10)The Cure (Charlot fait une cure)
11)The Immigrant (L’émigrant)
12)The Adventurer (Charlot s’évade)