6 juillet 2011

Le grand amour (1969) de Pierre Étaix

Le grand amourLui :
Pierre s’est marié avec la femme qu’il aime mais il doit faire face à sa belle famille, plutôt envahissante. L’arrivée d’une charmante secrétaire va éveiller en lui une nouvelle passion… L’histoire du Grand amour de Pierre Etaix n’a pas tant d’importance, elle n’est en fait qu’un prétexte pour créer des situations où il peut placer ses gags. Comme toujours avec Pierre Etaix, c’est un humour délicat, subtil, inventif, qui peut se nicher dans tous les recoins de l’image, parfois très poétique comme cette célèbre scène où notre héros, dans son lit, laisse vagabonder son imagination : Le grand amour c’est en fait le lit qui part errer sur les routes où il fera diverses rencontres. Ce n’est pas un humour qui nous frappe en pleine figure mais c’est un humour auquel on repense après coup et qui donne immanquablement envie de revoir le film. Il y a de sacrés trouvailles! S’il caricature certains comportements ou certains rapports sociaux, la méchanceté est absente. Le grand amour est le premier film de Pierre Etaix en couleurs. Un petit bijou que l’on peut enfin revoir aujourd’hui après une trop longue éclipse pour des raisons juridiques.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix, Annie Fratellini, Nicole Calfan, Alain Janey
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Étaix sur le site IMDB.

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Remarques :
Annie Fratellini est la femme de Pierre Etaix, à la ville comme à l’écran.

2 juin 2011

Le caporal épinglé (1962) de Jean Renoir

Le caporal épingléLui :
Dans un camp de prisonniers allemand de 1940, trois amis se retrouvent. L’un deux n’a qu’une idée en tête : s’évader… Adapatation des mémoires d’un prisonnier de guerre signées Jacques Perret, Le caporal épinglé a souvent été présenté comme un remake de La Grande Illusion. A tort, car si le lieu est plus ou moins le même, le propos est tout autre. La Grande Illusion traitait des différences de classes et plus particulièrement d’une noblesse à l’agonie qui tentait de se placer au dessus des guerres. Dans Le caporal épinglé, le propos est centré sur l’individu et, s’il est question d’une noblesse, c’est plutôt celle de l’esprit. Renoir place également l’amitié au-dessus de tout, c’est elle qui peut nous pousser à lutter et à vivre comme des hommes. L’amitié et aussi l’amour, par l’intermédiaire de cette jeune fille qui « aime les hommes qui ne sont pas des esclaves ». Le caporal épinglé fut le dernier long métrage de Jean Renoir.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Cassel, Claude Brasseur, Claude Rich, Jacques Jouanneau, Guy Bedos
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28 mai 2011

Il faut marier papa (1963) de Vincente Minnelli

Titre original : « The courtship of Eddie’s father »

Il faut marier papaLui :
Après avoir perdu sa mère, le jeune Eddie, 9 ans, a bien l’intention de participer au choix de la nouvelle épouse de son père… Il faut marier papa est l’adaptation d’un roman de Mark Toby. Il s’inscrit dans une période où la MGM, mal en point, cherchait des valeurs sûres pour remonter la pente. Le film repose donc sur de solides piliers pour en faire un succès : un jeune garçon qui a perdu sa mère est toujours émouvant et mettre un raisonnement d’adulte dans la bouche d’un enfant provoque immanquablement l’attendrissement. Père et fils sont pleins de charme, Glenn Ford est plus séduisant que jamais et le tout jeune Ron Howard (futur réalisateur, entre autres, d’Appolo 13 et Da Vinci Code) est mignon comme tout. Le scénario est très basique et le film serait certainement insignifiant sans la réalisation absolument parfaite de Minnelli. Il faut marier papa fut un succès.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Ron Howard, Shirley Jones, Stella Stevens, Dina Merrill, Roberta Sherwood
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Autres adaptations :
The Courtship of Eddie’s Father (TV 1969-72) avec Bill Bixby et Brandon Cruz
The Courtship of Eddie’s Father (prévu pour 2013) de ???

23 mai 2011

Mélodie en sous-sol (1963) de Henri Verneuil

Mélodie en sous-solLui :
Charles, la soixantaine, sort de prison. Il est quelque peu déphasé face au monde qui change, ses anciens comparses se sont rangés. Il décide de faire un dernier grand coup et prend un jeune acolyte qu’il a connu en cellule… Adaptation d’un roman noir de John Trinian, Mélodie en sous-sol est un film policier français d’un grand classicisme. Que ce soit dans l’histoire ou dans la vraie vie, avec le duo Gabin / Delon, ce sont deux mondes qui s’opposent. Gabin est en fin de carrière, blasé, un peu fatigué ; s’il joue sans grand entrain, c’est toujours un plaisir de le voir évoluer. Alain Delon, quant à lui, est pétillant de jeunesse, plein de charme, il montre une formidable envie de jouer (1). L’adaptation, très solide, est signée Albert Simonin. Michel Audiard a écrit 25 répliques dont la verve donne un peu de peps à l’ensemble. La mise en scène est précise, certes sans grand éclat ni grand suspense, avec une scène de braquage montrée en temps réel. Très belle scène finale, très photogénique. Mélodie en sous-sol se regarde toujours avec plaisir, un film de la meilleure veine du cinéma policier français.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Alain Delon, Viviane Romance, Maurice Biraud, Henri Virlojeux, Jean Carmet, José Luis de Villalonga
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Remarques :
(1) Alain Delon avait une grande admiration pour Jean Gabin, à tel point qu’il accepta de jouer gratuitement dans Mélodie en sous-sol. Il demanda juste les droits de distribution sur trois pays dont le Japon sur lequel, en se démenant, il gagna énormément d’argent, beaucoup plus que Gabin au final…

13 mai 2011

Rupture (1961) de Jean-Claude Carrière et Pierre Étaix

RuptureLui :
(Court métrage 10 mn) Un jeune homme reçoit une lettre de sa bien-aimée. Hélas, il s’agit d’une lettre de rupture. Il entreprend de lui répondre… Pour sa toute première réalisation, en réalité une co-réalisation puisque Jean-Claude Carrière est associé aussi bien au scénario qu’à la mise en scène, Pierre Etaix montre déjà toute la personnalité de son comique. Il joue avec les objets et il n’en a pas besoin de beaucoup pour créer tout un enchainement de gags : ces dix minutes se déroulent en quasiment une seule scène où Pierre Etaix est à son bureau, sans paroles avec des objets pas toujours coopératifs… et aussi une sacré chute finale.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix
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26 avril 2011

La baie des anges (1963) de Jacques Demy

La baie des angesLui :
Employé de banque très sage, Jean se laisse entraîner par son collègue et ami Caron(1) au casino d’Enghein. La chance lui sourit. Il décide alors d’aller passer ses vacances sur la Côte d’Azur pour jouer. Il y rencontre la belle Jackie… La baie des anges est le deuxième long métrage de Jacques Demy, tourné alors qu’il avait des difficultés à financer son projet de comédie musicale Les Parapluies de Cherbourg. Sur le thème du télescopage entre l’amour et l’enfer du jeu, Demy signe un très beau film, fluide, vif et rythmé, délicat. La photographie en noir et blanc signée Jean Rabier est superbe, la musique de Michel Legrand souligne certaines scènes avec flamboyance et nous emporte… La baie des anges est aussi porté par Jeanne Moreau, en blonde platine, dans un personnage d’ange déchu qui se complexifie joliment au fur et à mesure de l’avancée du film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Claude Mann, Paul Guers
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Remarques :
On remarquera aussi la présence au générique de Costa-Gavras en assistant-réalisateur et de Claude Zidi en assistant-cameraman.

(1) A noter que Caron (ou Charon) est, dans la mythologie grecque, le passeur vers l’Enfer. Avec sa barque, il conduit les âmes vers le séjour des morts.

21 avril 2011

Une histoire immortelle (1968) d’ Orson Welles

Une histoire immortelleLui :
Un riche marchand se souvient d’une histoire qu’un marin lui a racontée : un vieil homme paie grassement un marin trouvé dans la rue pour coucher avec sa femme afin de lui donner un héritier. Lorsque son secrétaire lui affirme que cette histoire est en réalité une fable que tous les marins du monde racontent, le riche marchant décide de mettre en scène cette histoire afin qu’elle devienne authentique : « Si cette histoire n’est jamais arrivée, moi je la ferai arriver »… Une Histoire immortelle est adapté d’une nouvelle de Karen Blixen qu’Orson Welles admirait. Le film a été produit par l’ORTF, il est sorti simultanément en salles et à la télévision (1). Il s’agit du premier film en couleurs d’Orson Welles (2). Le film est court (58 minutes) mais l’histoire est assez riche, multi-facettes et très évocatrice. C’est à la fois une réflexion sur le mensonge de la mise en scène, sur le rapport entre l’Art et la réalité, sur la jeunesse perdue, sur le passé réel ou imaginé Une histoire immortelle que l’on fait revivre, sur le passé que l’on veut faire revivre et celui que l’on fait revivre. L’histoire se déroule au XIXe siècle dans la colonie portugaise de Macao mais elle est atemporelle et non marquée par le lieu. Hélas, le film est doublé en français et l’image n’est aujourd’hui plus parfaite : les blancs sont brûlés dans les scènes les plus lumineuses.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Orson Welles, Roger Coggio, Norman Eshley, Fernando Rey
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Remarques :
Ecrivaine danoise et authentique baronne, Karen Blixen a signé ses livres sous le nom d’Isak Dinesen. Parmi ses autres livres adaptés au cinéma, on notera Out of Africa et Le festin de Babette. L’adaptation française d’Une Histoire Immortelle est signée Louise de Vilmorin.

(1) Une Histoire immortelle a été diffusé pour la première fois à la télévision française le 24 mai 1968, certainement pas la période idéale pour ce genre d’histoire (24 mai est d’ailleurs le jour où le Général De Gaulle a fait une intervention télévisée pour proposer un référendum).
(2) Orson Welles avait toutefois tourné certaines scènes de son film (inachevé) de 1942 It’s all true en couleurs. Il a un jour déclaré que seuls les cinéastes japonais savaient utiliser au mieux la couleur.

3 avril 2011

L’oeil du malin (1962) de Claude Chabrol

L'oeil du malinLui :
Un jeune homme s’immisce dans la vie d’un couple bourgeois dont l’ostensible bonheur l’exaspère… L’œil du Malin est un film assez peu connu du début de carrière de Claude Chabrol. Son aspect le plus remarquable est de préfigurer certains de ses films ultérieurs, notamment La femme infidèle. On retrouve ici en effet la même peinture d’un couple bourgeois qui, sous des apparences parfaites, recèle une bonne part de mensonge. L’ensemble est toutefois beaucoup maladroit ici, le point faible étant essentiellement le personnage du trublion, ce jeune homme qui va briser la carapace : le problème n’est pas tant qu’il soit parfaitement odieux et détestable mais qu’il soit odieux et rien d’autre. Très certainement, Jacques Charrier est un acteur qui possède un registre insuffisamment large pour ce rôle mais il y a aussi une certaine carence au niveau du scénario qui reste en surface du personnage et de ses motivations. La photographie est assez belle avec, en intérieurs, des éclairages travaillés. Film d’auteur, imparfait, L’œil du malin est un film qu’il est intéressant de regarder aujourd’hui avec la perspective des films ultérieurs du cinéaste.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jacques Charrier, Stéphane Audran, Walter Reyer
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30 mars 2011

Tant qu’on a la santé (1966) de Pierre Étaix

Tant qu'on a la santéLui :
Tant qu’on a la santé est le troisième long métrage de Pierre Etaix. C’est un film en quatre tableaux ou quatre actes (Pierre Etaix refusait le terme de « film à sketches ») avec de multiples variations burlesques sur les objets et la vie quotidienne moderne. Pierre Etaix va ici beaucoup plus loin que Tati dans la satire de la vie moderne. S’il y a quelques passages plus faibles (notamment les scènes de vampires du premier acte), la plupart des scènes sont de très haut niveau, reposant sur une écriture très précise du scénario (coécrit avec Jean-Claude Carrière) : il faut voir, par exemple, la scène millimétrée du restaurant où le malheureux voisin de table de Pierre Etaix va ingurgiter un repas un peu particulier… un vrai petit bijou. Le film est ainsi parsemé de superbes trouvailles de gag. Pratiquement sans paroles, Tant qu’on a la santé est une petite merveille d’invention.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix, Denise Péronne, Simone Fonder
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Remarques :
Les quatre actes :
1. L’insomnie : un homme, ne pouvant dormir, lit un livre racontant une histoire de vampires.
2. Le cinématographe : dans une salle de cinéma bondée, un spectateur a bien des déconvenues pour trouver une bonne place assise.
3. Tant qu’on a la santé : variations sur le stress du monde moderne
4. Nous n’irons plus au bois : un chasseur du dimanche, un couple cherchant un emplacement pour piqueniquer, un paysan qui met en place une clôture… tous se retrouvent dans le même petit bois…

Tant qu’on a la santé est sorti en 1966 dans une version avec, comme fil conducteur, le personnage interprété par Pierre Etaix. En 1971, Pierre Etaix l’a remonté comme il le désirait initialement, en l’articulant en quatre actes en ajoutant L’insomnie qu’il avait initialement tourné en court métrage en 1962 et qui n’avait pas été exploité. En contrepartie, une séquence est retirée du film : En pleine forme qui ressort en court métrage aujourd’hui.

30 mars 2011

En pleine forme (1966) de Pierre Étaix

En pleine formeLui :
(Court métrage 13 min) Initialement intégré à Tant qu’on a la santé, cette séquence a été retirée par Pierre Etaix du long métrage lors d’un nouveau montage en 1971. En pleine forme nous montre un jeune campeur adepte du camping sauvage qui s’éveille et tente de se faire un café avec une cafetière électrique… Délogé ensuite par un agent, il est envoyé dans un camping officiel… L’humour joue sur les objets et sur la reproduction des codes de la vie sociale au sein du camping. Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière jouent aussi beaucoup avec les situations saugrenues pour créer l’humour, tel ce couple qui dort dans une toute petite tente parce que la grande abrite l’auto…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Pierre Étaix
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