Lui :
Les Dames du Bois de Boulogne, le deuxième long métrage de Robert Bresson, est d’un style plus classique et même sous certains aspects en opposition avec ses films suivants. Librement adaptée d’un conte de Diderot contenu dans Jacques le fataliste et son maître, l’histoire est une variation machiavélique du triangle amoureux : délaissée par son amant, une dame du monde décide de se venger en faisant en sorte qu’il tombe amoureux d’une ex-danseuse sans connaître son passé. L’histoire est transposée en 1943, ce qui crée parfois un léger décalage mais les très beaux dialogues de Jean Cocteau assurent la liaison par leur grand classicisme. Le producteur imposa Paul Bernard pour le rôle de l’homme-victime, acteur plutôt connu pour ses rôles de personnages cyniques, ce qui enlève une partie de la force du film. La présence d’Alain Cuny, initialement pressenti pour le rôle, aurait certainement élargi la dimension dramatique des Dames du Bois de Boulogne en nous rendant son personnage sympathique et aurait ainsi intensifié les tensions. Robert Bresson se concentre avant tout sur ses personnages, décors, costumes et lieux sont très simples sans que cette sobriété n’entrave une certaine élégance de ton. Si elle fut partiellement imposée par l’époque (Les Dames du Bois de Boulogne a été tourné sous l’Occupation), cette sobriété préfigure le style que développera Robert Bresson.
Note :
Acteurs: Paul Bernard, María Casares, Elina Labourdette, Lucienne Bogaert
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Bresson sur le site imdb.com.
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Autre adaptation du même conte de Diderot :
Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret (2018) avec Cecile de France et Edouard Baer.