Elle :
Un peu de mal à me plonger dans le film que je trouve un peu trop « grand spectacle » au départ… Puis, peu à peu, on se laisse gagner par l’ambiance photographique qui évoque le passé, par les ambiances contrastées, la beauté des paysages qui s’entrechoque avec les horreurs de la Guerre d’Algérie. Ce film âpre et brut a le mérite de porter au grand jour les atrocités commises par l’armée française, et aussi par le FLN, pendant cette guerre. Benoît Magimel et Patrick Rotman (en tant que scénariste) se sont fortement impliqués pour qu’il voie le jour. Les scènes de combats et de torture sont violentes, presque insupportables mais reflètent la vérité historique. Cette période honteuse et mal reconnue par les autorités politiques fut peu explorée par les cinéastes, mis à part par exemple René Vautier qui se fit interdire son film Avoir 20 ans dans les Aurès il y a quelque 30 ans. Au delà de la guerre d’Algérie, L’ennemi intime est aussi un regard porté sur toutes les guerres, montrant comment elles transforment peu à peu les hommes les plus idéalistes et les plus humanistes en machines à tuer.
Note : 
Lui :
L’ennemi intime est le premier film français à grand spectacle sur la Guerre d’Algérie. Pour les films précédents sur ce sujet, qui est comme banni de nos mémoires, il faut remonter aux films militants des années 70 comme R.A.S. ou Avoir 20 ans dans les Aurès. Basé sur le livre de Patrick Rotman (qui a participé à l’écriture du scénario), le film décrit cette guerre dans sa réalité la plus brute et la plus dure, nous faisant suivre l’évolution d’un jeune lieutenant qui va se trouver transformé par l’horreur quotidienne de la guerre. Comme l’indique le titre L’ennemi intime, l’ennemi dans une guerre est autant soi-même que celui d’en face ; ce jeune lieutenant sera autant transformé par les erreurs qu’il fait que par la barbarie de la guerre. Si le fond apparaît louable, L’ennemi intime est hélas plus critiquable sur sa forme : la démonstration est bien trop appuyée et beaucoup de scènes veulent visiblement marquer nos esprits. Le traitement photographique, appliqué pour vieillir l’image, est inutile. Etait-ce nécessaire pour accroître sa portée ? C’est difficile à dire mais quoi qu’il en soit le film de Florent Siri est à voir : c’est avant tout un plaidoyer efficace contre la guerre.
Note : 
Acteurs: Benoît Magimel, Albert Dupontel, Aurélien Recoing, Mohamed Fellag, Lounès Tazairt
Voir la fiche du film et la filmographie de Florent Emilio Siri sur le site IMDB.
Les autres films français sur la Guerre d’Algérie :
Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier (1972) avec Philippe Léotard
R.A.S. d’Yves Boisset (1973) avec Jacques Speisser et Jacques Villeret
La question de Laurent Heynemann (1977)
A noter également :
La Bataille d’Alger (1966), le film italien de Gillo Pontecorvo (La Battaglia di Algeri)