Titre original : « Аэлита »
Autres titres : « Aelita, the Queen of Mars », « Revolt of the Robots »
Lui :
Ce film muet soviétique, tourné en 1924, est vraiment étonnant. Aelita est tout d’abord étonnant par son propos, puisque 4 ans avant Metropolis de Fritz Lang il crée un univers de science-fiction, une vision vraiment novatrice d’une civilisation martienne en utilisant des costumes et des décors inspirés du cubisme. Aelita est étonnant aussi par son message, subtil et complexe, puisque l’on peut y lire aussi bien un pamphlet anti-communiste dans la façon où il nous montre une Russie pleine de miséreux (1), qu’une propagande communiste dans cette dualité Mars capitaliste face à la Terre communiste. Au final, le film est vraiment prenant. La musique récemment rajoutée est quelquefois en décalage et aurait tendance à gêner un peu le récit. Aelita connut un gros succès en Union Soviétique.
Note :
Acteurs: Yuliya Solntseva, Vera Orlova
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(1) On peut bien entendu objecter qu’en 1924, l’Union Soviétique sortait à peine de la guerre civile qui a ravagé son économie. Ceci dit, il s’agit ici d’une oeuvre d’anticipation et c’est en cela que la vision que Pritazanov donne de la Russie est assez terrible. Le réalisateur venait d’ailleurs de rentrer dans son pays… après s’être, dans un premier temps, exilé en France pour fuir la révolution.
Aelita est la première grande production soviétique sous le contrôle total du cinéma mis en place par Lénine, précédent ainsi de très peu les grands films de propagande (La grève d’Eisenstein est également de 1924 mais les moyens mis en oeuvre étaient bien moindres que pour Potemkine l’année suivante).