22 mars 2011

Charlot au music-hall (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « A night in the show »

A Night in the ShowLui :
(Muet, 23 minutes) Charlot se rend au music hall. Tout d’abord, il change plusieurs fois de place avec, à chaque fois, beaucoup d’interactions avec les autres spectateurs ou même les musiciens de l’orchestre qui sont juste devant lui. Ensuite, il perturbe parfois malgré lui le bon déroulement du spectacle… En réalité, Chaplin joue deux rôles différents : celui d’un spectateur mondain alcoolique et celui, un peu moins reconnaissable car plus moustachu, d’un spectateur plus populaire à l’étage, encore plus éméché. L’ensemble est bien enlevé, le bon rythme venant d’un enchaînement assez rapide des gags qui sont nombreux et assez variés. A noter qu’Edna Purviance n’a ici qu’un tout petit rôle.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance
Voir la fiche du film et la filmographie de Charles Chaplin sur le site IMDB.

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21 mars 2011

Théorème (1968) de Pier Paolo Pasolini

Titre original : « Teorema »

ThéorèmeLui :
Un jeune homme, d’une beauté angélique, passe quelque temps dans une riche famille milanaise. Auprès de chacun des membres de la famille, il agit comme un révélateur, il ouvre des portes. Son départ va les laisser totalement transformés… Théorème part d’une hypothèse, d’une interrogation : que se passerait-il si un être supérieur rendait visite à une famille bourgeoise bien installée dans les codes de la société ? Notons que cet être absolu peut être vu comme un jeune Dieu ou un jeune diable (1). La « révélation » passe dans tous les cas par le sexe qui joue ici un rôle central, une passerelle vers un autre moi. A long terme, les effets sur chacun sont très variables et dépendent de l’individu puisque cela ira de la catatonie totale à l’explosion créative. En cette fin des années soixante, Théorème est un film très libre, sans contrainte, sans dogme ; Pasolini le définit plutôt comme un poème. Il parvient parfaitement à mêler réel et onirisme, on semble toujours osciller entre les deux. C’est aussi un film très beau, à la fois par ses images et ses cadrages très purs, et aussi par une belle utilisation du Requiem de Mozart.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Silvana Mangano, Terence Stamp, Massimo Girotti, Anne Wiazemsky, Laura Betti, Andrés José Cruz Soublette
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Remarques :
(1) L’Office catholique international du cinéma y a vu un jeune Dieu puisqu’elle a attribué un prix à Théorème. L’attribution de ce prix, quelque peu surprenant il est vrai, a fait grand scandale à l’époque, plus que le film lui-même…!

20 mars 2011

The Box (2009) de Richard Kelly

The BoxLui :
Dans les années soixante-dix, un homme apporte à un jeune couple une boîte avec un gros bouton. L’inconnu leur explique que s’ils appuient sur le bouton, on leur donnera un million de dollars mais en même temps un humain, inconnu d’eux, mourra quelque part. Ils ont 24 heures pour se décider… Cette histoire, adaptée d’une courte nouvelle de Richard Matheson, est donc une réflexion sur l’individualisme, la conscience, la nature humaine. Richard Kelly a bien su développer et enrichir cette base de scénario. Il parvient à mettre en place un climat très particulier entre suspense angoissant et puissances supérieures. Malgré quelques effets probablement superflus, The Box montre beaucoup de retenue dans son déroulement et évite le spectaculaire. Le choix de Cameron Diaz pour le rôle principal est, ceci dit, assez… inattendu. Toujours est-il qu’à l’heure où les scénarios de science-fiction sont de plus en plus simples, il est assez courageux de proposer un film potentiellement bien plus complexe… la preuve en est que le film n’a pas été particulièrement bien accueilli par le public. En fait, The Box s’inscrit plutôt dans la ligne des films de science-fiction des années cinquante et soixante et c’est une très bonne chose.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Cameron Diaz, James Marsden, Frank Langella, James Rebhorn, Holmes Osborne
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Remarques :
Richard Matheson a écrit la nouvelle Button, Button (Le jeu du bouton) en 1970. L’histoire était plus réduite puisque la personne qui mourrait n’était autre que le mari. A l’étonnement de la femme, il était répondu : « Pensiez-vous vraiment connaître votre mari ? »
Richard Matheson a ensuite développé légèrement l’histoire pour un épisode de la série Twilight Zone (celle des années 80 bien entendu, pas celle des années 50), version qu’il a désavouée et finalement signée d’un pseudonyme. C’est Richard Kelly qui a considérablement développé le personnage du messager/ange organisateur.

19 mars 2011

L’arte di arrangiarsi (1954) de Luigi Zampa

L'arte di arrangiarsiLui :
L’arte di arrangiarsi (traduction littérale : l’art de la débrouille) nous retrace le parcours sur quarante ans d’un arriviste intéressé par les femmes et l’argent. Impliqué dans la vie politique, il change radicalement de bord suivant ses intérêts et trempe dans des magouilles de troisième ordre… Luigi Zampa est un réalisateur qui a souvent dépeint la société italienne dans ses travers et imperfections. Sa satire est souvent légère, manquant un peu de mordant ce qui fait qu’il n’a pas eu le même impact que d’autres réalisateurs. C’est ici le cas, L’arte di arrangiarsi est une comédie plaisante, bien enlevée par un Alberto Sordi en bonne forme, mais il manque l’étincelle qui aurait porté le film beaucoup plus haut. En bon scénariste, Zampa sait créer de belles situations, chacune ayant un très fort potentiel de développements mais ceux-ci se révèlent être trop sages, notamment au niveau des dialogues. Ce film, assez rare, n’en reste pas moins une bonne comédie qui met en relief avec humour un certain art de la « débrouillardise »…
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Armenia Balducci, Carlo Sposito, Elli Parvo
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18 mars 2011

L’ombre de l’introuvable (1941) de W.S. Van Dyke

Titre original : « Shadow of the Thin Man »

L'ombre de l'introuvableLui :
Par pur hasard, Nora et Nick Charles se retrouvent par deux fois à l’endroit où un crime est commis. L’enquête va les entraîner dans le milieu des paris sur les courses hippiques et les combats de catch… L’ombre de l’introuvable est le quatrième film de la série des Introuvable et force est de constater que la formule continue de très bien fonctionner. Mêlant humour et enquête, le film forme un cocktail très divertissant, les scénaristes ayant l’intelligence de ne trop appuyer leurs effets. Les personnages de Nick et Nora restent égaux à eux-mêmes, lui en alcoolique mondain qui aborde les pires situations avec grand flegme, elle en épouse frivole mais audacieuse ; on remarquera que le personnage de Nora est moins mis en avant, il faut dire que Myrna Loy ruait dans les brancards et d’ailleurs quittera la MGM pour quelque temps après ce film. Le scénario de L’ombre de l’introuvable est assez peu vraisemblable mais on ne s’en soucie guère car l’ensemble est on ne peut plus plaisant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: William Powell, Myrna Loy, Barry Nelson, Donna Reed, Sam Levene
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17 mars 2011

L’astronome indiscret (1900) de George A. Smith

Titre original : « As seen through a telescope »

L'astronome indiscretLui :
(Muet, 1 minute) Un homme âgé, qui observe le ciel en pleine rue avec une lunette astronomique, est attiré par un sujet plus intéressant : un passant relace le soulier de sa jeune épouse. La lunette lui permet d’avoir un très gros plan de la scène… As seen through a telescope montre la première utilisation d’un cache devant l’objectif et une utilisation nouvelle du gros plan. Il faut bien entendu garder à l’esprit, qu’à cette époque où les robes trainaient par terre, la cheville d’une femme était une partie du corps fortement chargée d’érotisme. Comme on le sait, le voyeurisme a joué un rôle important dans le développement de la photographie et du cinéma. Ici George Albert Smith intègre parfaitement dans une histoire sa nouveauté de placer un cache devant l’objectif. Toute la scène centrale est un gros plan en vision subjective. George Smith repasse en vision objective pour la scène finale, avec une chute amusante.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de George Albert Smith sur le site imdb.com.

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Remarques :
* George Albert Smith est avec James Williamson l’un des pionniers du cinéma anglais, il est le réalisateur le plus important de « l’école de Brighton ».
* George Albert Smith a réutilisé ce principe de cache quelques semaines plus tard dans Grandma’s reading glass (1900) où un enfant regarde les différents objets d’une pièce à travers une loupe. Les plans sont plus nombreux mais l’ensemble a moins de force et d’impact.

16 mars 2011

The kiss in the tunnel (1899) de George A. Smith

The Kiss in the TunnelLui :
(Muet, 1 minute) George Albert Smith est avec James Williamson l’un des pionniers du cinéma anglais, il est le réalisateur le plus important de « l’école de Brighton ». The Kiss in the Tunnel est remarquable à plus d’un titre. Tout d’abord, il s’agit de l’un des tous premiers films utilisant le montage pour assurer la continuité de l’action. Il est composé de trois scènes:
1) un train entre dans un tunnel
2) à l’intérieur d’un compartiment, un homme et une femme s’embrassent furtivement
3) le train sort du tunnel.
D’autre part, les scènes d’entrée et de sortie du tunnel sont filmées en caméra subjective, la caméra ayant étant placée à l’avant d’un train. C’est le principe du phantom ride, genre qui impressionnait fortement le public. Ces deux scènes ont été filmées par Cecil M. Hepworth, pour un petit film View from Engine Front – Train Leaving Tunnel. Dans la scène à l’intérieur du compartiment, c’est le réalisateur George Albert Smith lui-même et son épouse qui jouent l’homme et la femme. On remarquera le décor très stylisé, presque onirique, qui ne cherche pas le réalisme. Nous sommes donc là tout à fait dans l’esprit du cinéma.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de George Albert Smith sur le site imdb.com.

Remarques :
The Kiss in the Tunnel Le film a été copié, l’année même de sa réalisation : The Kiss in the Tunnel (1899) (Bamforth & Co, réalisateur non connu). Le film est moins bien réalisé. La différence majeure est dans l’entrée du train dans le tunnel : la vision n’est plus subjective, nous voyons le train entrer dans le tunnel (la connotation sexuelle est ceci dit plus forte…) Le baiser est moins bourgeois, on peut même supposer que les deux personnages ne se connaissent pas. Le décor est plus cru et réaliste. Enfin, on ne voit pas le train sortir du tunnel, le film passe directement à une scène d’arrivée en gare. Le « remake » est donc moins inventif et plus racoleur, dans un esprit de recherche du « croustillant »…

Pour en savoir plus sur les Phantom Rides (article en anglais)

15 mars 2011

3h10 pour Yuma (2007) de James Mangold

Titre original : « 3:10 to Yuma »

3h10 pour YumaLui :
Exactement cinquante ans après sa sortie, James Mangold réalise un remake d’un western de Delmer Daves. Un fermier, acculé par la sécheresse et les dettes, accepte la mission d’escorter un bandit de grand chemin jusqu’à une ville voisine pour le placer dans un train… Le réalisateur parvient à garder toute la force de l’original, c’est-à-dire un subtil mélange de tension et d’action soutenu par un face à face psychologique assez complexe. On pouvait craindre que cette nouvelle version ne tombe dans les travers du cinéma moderne, c’est-à-dire de privilégier le spectaculaire et de simplifier les situations, mais il n’en est rien : le 3h10 pour Yuma de James Mangold reste subtil, jouant avec les incertitudes et les ambigüités. Belle prestation de Christian Bale. C’est un remake réussi, ce qui est de plus en plus rare… 
Note : 4 étoiles

Acteurs: Russell Crowe, Christian Bale, Logan Lerman, Dallas Roberts, Ben Foster, Peter Fonda
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Original :
Voir la présentation de 3h10 pour Yuma de Delmer Daves (1957) avec Glenn Ford et Van Heflin

14 mars 2011

L’amour en quatrième vitesse (1964) de George Sidney

Titre original : « Viva Las Vegas »
Autre titre : « Love in Las Vegas »

L'amour en quatrième vitesseLui :
Il faut faire preuve d’une certaine indulgence en regardant Viva Las Vegas : si les films faits sur mesure pour Elvis Presley ne brillent généralement pas par la profondeur de leur scénario, celui-ci atteint le vide sidéral et le film fait preuve d’un machisme assez évident… Et pourtant, le film a tout de même un certain charme grâce à l’alchimie entre ses deux acteurs principaux qui semblent s’aimanter l’un l’autre. L'amour en quatrième vitesse Il n’est guère surprenant d’apprendre que l’aventure entre Elvis Presley et Ann-Margret s’est prolongée à la ville, au-delà de l’écran. A 23 ans, la jeune actrice d’origine suédoise était alors en train d’exploser : danseuse et chanteuse, elle déploie sa grâce féline et exhale une sensualité charmeuse. Musicalement, le morceau de choix est le C’mon Everybody de la scène de l’Université du Nevada, surtout pour sa chorégraphie pleine de punch où Ann-Margret éclipse assez nettement son partenaire. On notera aussi un très beau duo The lady loves me, plein d’humour et, bien entendu, le morceau-titre, Viva Las Vegas, malheureusement gâché par un play-back épouvantable.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Elvis Presley, Ann-Margret, Cesare Danova, William Demarest
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L'amour en quatrième vitesse L'amour en quatrième vitesse L'amour en quatrième vitesse L'amour en quatrième vitesse

Homonyme :
Viva Las Vegas de Roy Rowland (1956) avec Cyd Charisse

13 mars 2011

Les mines du roi Salomon (1950) de Compton Bennett et Andrew Marton

Titre original : « King Solomon’s mines »

Les mines du roi SalomonLui :
A la fin du XIXe siècle, en Afrique Noire, une anglaise engage le guide de chasse Allan Quatermain pour monter une expédition à la recherche de son mari disparu depuis deux ans. Celui-ci était parti vers des contrées inexplorées, à la recherche des mythiques mines du roi Salomon, des mines de diamants… Ce film a en quelque sorte  marqué un tournant dans le film d’aventures car il a été très largement tourné en décors naturels. Le producteur Sam Zimbalist (qui avait déjà produit plusieurs Tarzan) a en effet emmené réalisateurs et acteurs pour un long voyage de 40 000 kilomètres en Afrique. Les tribus présentes sont donc de vraies tribus, notamment les énigmatiques Watutsi. Même la bande son (aucune musique, seulement les tambours et chants des tribus) est authentique. Les images en Technicolor sont superbes et souvent impressionnantes, mêlant habilement l’aspect presque documentaire des nombreux plans d’animaux sauvages à l’histoire de cette expédition pleine de péripéties et de dangers. Le film ouvrit ainsi de nouveaux horizons au public et fut un très grand succès. Il n’a pas perdu de sa magie, bien que nous soyons aujourd’hui largement gavés d’images, grâce à son subtil mélange d’aventures et d’exotisme.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Deborah Kerr, Stewart Granger, Richard Carlson, Hugo Haas
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Remarques :
* Le film a été tourné au Congo, Kenya, Ouganda, Tanzanie avec quelques scènes additionnelles tournées dans des parcs nationaux américains. Les images tournées ont été réutilisées pour d’autres films, notamment pour Mogambo de John Ford.

* Notons que la MGM avait déjà tenté précédemment d’envoyer une équipe tourner en Afrique : c’était pour le film Trader Horn de W.S. Van Dyke en 1931. Le voyage avait duré une année entière, coûté une fortune et le film, sorti en pleine dépression, avait été un échec. Il aura fallu donc presque 20 ans pour que l’aventure soit enfin retentée.

* Les Mines du roi Salomon est adapté du roman homonyme de l’anglais Rider Haggard (1856-1925), auquel on doit aussi She.
Ce livre a été adapté plusieurs fois au cinéma :
Les mines du roi Salomon (King Solomon’s Mines) de l’anglais Robert Stevenson (1937)
Les mines du roi Salomon (King Solomon’s Mines) de 1950 (ce film)
Watusi (King Solomon’s Mines) de Kurt Neumann (1959)
Allan Quatermain et les mines du roi Salomon (King Solomon’s Mines) de J. Lee Thompson (1985)
+ le personnage d’Allan Quatermain a également été utilisé pour créer des pâles copies d’Indiana Jones, à la télévision et au cinéma.