31 janvier 2009

Sommaire de janvier 2009

Chercheuses d'or de 1935L'heure zéroCeux qui restentLes amours d'Astrée et de CéladonLe grand attentatLa félineSecret SunshineHello, Sister!

Chercheuses d’or de 1935

(1935) de Busby Berkeley

L’heure zéro

(2007) de Pascal Thomas

Ceux qui restent

(2007) de Anne Le Ny

Les amours d’Astrée et de Céladon

(2007) de Eric Rohmer

Le grand attentat

(1951) de Anthony Mann

La féline

(1942) de Jacques Tourneur

Secret Sunshine

(2007) de Lee Chang-dong

Hello, Sister!

(1936) de Erich von Stroheim, Alan Crosland, Alfred Werker et Raoul Walsh

Paranoid ParkAu fil de l'eauLa vengeance dans la peauSérénade à troisL'ennemi intimeUn nom pour un autreDeux vies... plus uneLes cent pas

Paranoid Park

(2007) de Gus Van Sant

Au fil de l’eau

(1950) de Fritz Lang

La vengeance dans la peau

(2007) de Paul Greengrass

Sérénade à trois

(1933) de Ernst Lubitsch

L’ennemi intime

(2007) de Florent Emilio Siri

Un nom pour un autre

(2006) de Mira Nair

Deux vies… plus une

(2007) de Idit Cebula

Les cent pas

(2000) de Marco Tullio Giordana

Winchester 73Par effractionLes démons de la libertéSwing voteL'éclipseQuand une femme monte l'escalierUNos retrouvailles

Winchester 73

(1950) de Anthony Mann

Par effraction

(2006) de Anthony Minghella

Les démons de la liberté

(1947) de Jules Dassin

Swing vote

(2008) de Joshua Michael Stern

L’éclipse

(1962) de Michelangelo Antonioni

Quand une femme monte l’escalier

(1960) de Mikio Naruse

U

(2006) de Serge Elissalde

Nos retrouvailles

(2007) de David Oelhoffen

Piège de cristal58 minutes pour vivreUne journée en enfer

Piège de cristal

(1988) de John McTiernan

58 minutes pour vivre

(1990) de Renny Harlin

Une journée en enfer

(1995) de John McTiernan

Nombre de billets : 27

25 janvier 2009

Chercheuses d’or de 1935 (1935) de Busby Berkeley

Tiotre original : Gold diggers of 1935

Gold Diggers of 1935Elle :
(pas vu)

Lui :
Par rapport à son illustre prédécesseur Chercheuses d’Or 1933, ce Gold Diggers of 1935 paraît plus conventionnel, avec moins de « mordant ». L’histoire en soi n’est pas très originale : dans un hôtel de grand luxe, une jeune fille, étouffée par sa mère richissime et avare, va se dévergonder avec un jeune homme sans le sou. Nous sommes sur le terrain de la comédie et l’ensemble est plaisant, un peu idiot sans doute, assez amusant tout de même grâce à un bon jeu d’acteurs (qui ont tendance quelquefois à surjouer mais sans excès). L’ensemble reste néanmoins un peu banal. Ce n’est que vers la fin du film que surviennent les morceaux de choix, deux numéros musicaux qui portent la patte de Busby Berkeley. Ils sont très différents l’un de l’autre : The Words are in my Heart est un envoûtant ballet où Berkeley fait littéralement danser plusieurs dizaines de pianos à queue d’un blanc immaculé (il y en a 56), une vision assez spectaculaire et gracieuse. L’autre est le célèbre Lullaby of Broadway, dans une veine plus sociale, avec une histoire propre assez développée pour un numéro musical et dont le clou chorégraphique est un ensemble de plus de 100 danseurs et danseuses qui font les mêmes mouvements de claquette avec une précision extrême. Busby Berkeley a déclaré que Lullaby of Broadway était ce qu’il avait fait de mieux de toute sa carrière. En tout cas, ce Chercheuses d’Or de 1935 serait bien banal sans ces deux numéros. 
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dick Powell, Adolphe Menjou, Gloria Stuart, Alice Brady, Hugh Herbert, Glenda Farrell, Frank McHugh
Voir la fiche du film et la filmographie de Busby Berkeley sur le site IMDB.
Voir les autres films de Busby Berkeley chroniqués sur ce blog…

Le troisième numéro musical de Chercheuses d’or de 1935, situé au milieu du film, est I’m going shopping with you. Ce n’est pas un ballet mais plutôt une chanson illustrée et apparaît comme étant bien moins notable, si ce n’est pour la belle voix de Dick Powell…

24 janvier 2009

L’heure zéro (2007) de Pascal Thomas

L'Heure zéroElle :
Un jeu d’acteur inégal, souvent trop poussé et une mise en place confuse et laborieuse me font abandonner. L’ensemble sonne faux.
Note : 0 étoile

Lui :
Pascal Thomas adapte une nouvelle fois un roman d’Agatha Christie, une histoire qu’il place dans une grande demeure bourgeoise au bord de la belle côte rocheuse de la Bretagne Nord. L’Heure Zéro a beaucoup de mal à se mettre en place et il faut attendre le tiers du film pour le voir enfin prendre son envol. Cela ne dure pas hélas, le soufflé retombe vite, principalement du fait d’une interprétation forcée et des personnages bien trop typés : Laura Smet est trop vulgaire, Chiara Mastroianni trop froide, Melvil Poupeau trop propret. Rien ne passe entre les personnages. Les personnages secondaires sont en revanche insignifiants mis à part un excellent couple de domestiques à qui l’on doit les meilleurs moments. François Morel n’est pas crédible une seule seconde en enquêteur, sorte de Colombo déguisé en Jacques Tati. Il reste le scénario, une solide énigme policière et familiale qui finalement nous sauve de l’ennui. L’Heure Zéro est un divertissement hélas bien moins réussi que l’adaptation précédente de Pascal Thomas Mon petit doigt m’a dit.
Note : 3 étoiles

Acteurs: François Morel, Danielle Darrieux, Melvil Poupaud, Laura Smet, Chiara Mastroianni, Alessandra Martines
Voir la fiche du film et la filmographie de Pascal Thomas sur le site IMDB.
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Remarque :
Il faut tout de même saluer la prestation parfaite de Danièlle Darrieux, qui montre toujours une belle présence à l’écran.

23 janvier 2009

Ceux qui restent (2007) de Anne Le Ny

Ceux qui restentElle :
Des choses touchantes et bien senties dans ce premier film. Dommage que la médiocre qualité sonore et les marmonnements de Vincent Lindon nuisent à la bonne compréhension des dialogues. Cette histoire d’amour impossible surgit en milieu hospitalier entre un homme et une femme dont les conjoints sont atteints de cancers. Bertrand va voir sa femme chaque jour à l’hôpital depuis cinq ans. Il est épuisé et soumis alors que Lorraine très perturbée vient seulement de connaître cette nouvelle situation conjugale dramatique. Les deux personnages sont attendrissants mais ils connaissent la culpabilité de l’amour dans leur solitude assumée. Anne Le Ny peint les sentiments sur la vie et la mort avec justesse sans jamais donner dans le mélo puisqu’on ne voit jamais les malades et les médecins.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans les couloirs d’un hôpital, Bertrand et Lorraine se rencontrent fortuitement. Ils y viennent tous les jours visiter leur conjoint atteint d’une maladie grave. Ils seront ceux qui restent. Pour son premier long métrage, Anne Le Ny a choisi un sujet délicat à traiter : l’amour peut-il trouver une place là où il ne devrait pas en trouver ? Ils ont tous deux des attitudes très différentes : elle est nerveuse, papillonne, parle beaucoup, lui est calme, sans espoir, usé par la longue maladie de sa femme. Les deux caractères sont probablement un peu tranchés mais ce n’est pas là le principal problème. Le film est vraiment gâché par un très mauvais son, on ne comprend qu’une phrase de Vincent Lindon sur trois et les autres acteurs ne sont qu’à peine plus compréhensibles. Difficile donc d’entrer dans le film dans ces conditions. Ceux qui restent aurait certainement mérité un meilleur traitement.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Vincent Lindon, Emmanuelle Devos, Yeelem Jappain
Voir la fiche du film et la filmographie de Anne Le Ny sur le site IMDB.

22 janvier 2009

Les amours d’Astrée et de Céladon (2007) de Eric Rohmer

Les Amours d'Astrée et de CéladonElle :
(pas vu)

Lui :
Rohmer nous prévient par un panneau au tout début de son film : Les amours d’Astrée et de Céladon met en scène une petite communauté de bergers du Ve siècle tels qu’imaginés par un écrivain du XVIIe siècle (il s’agit en effet de l’adaptation du roman d’Honoré d’Urfé L’Astrée, adaptation simplifiée puisque le roman fait plus de 5000 pages). Et nous, nous regardons cela avec nos yeux du XXIe siècle. Il faut donc surmonter les décalages, dépasser l’apparente artificialité du jeu des acteurs et se laisser glisser sans résister. Une fois passées les premières minutes, l’univers bucolique de ces Amours d’Astrée et de Céladon nous gagne et c’est un délice de suivre les péripéties de cet amour entier, indéfectible, presque absolu. Rohmer dit avoir été frappé par la modernité du texte d’Honoré d’Urfé ; il est vrai que nous ne sommes pas loin de ses propres Contes et on retrouve ici toute la fraîcheur, la simplicité, la spontanéité, l’absence de fard qui rend ses films si attachants. A plus de 85 ans, Rohmer nous prouve qu’il n’a rien perdu de la justesse de son regard. Les Amours d’Astrée et de Céladon est cependant un film qui pourra rebuter certains, non pas que ce soit un film difficile, bien au contraire : c’est plutôt un film où il faut accepter de se laisser aller. C’est alors un régal de fraîcheur qui tranche agréablement avec la production cinématographique courante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Andy Gillet, Stéphanie Crayencour, Cécile Cassel, Véronique Reymond, Jocelyn Quivrin
Voir la fiche du film et la filmographie de Eric Rohmer sur le site IMDB.
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Remarque:
Le travestissement de Céladon en femme est d’autant plus étonnant, qu’en plus de la mise en valeur des traits fins de son visage, on assiste à une transformation de sa voix. Rohmer a utilisé l’informatique, un programme de l’Ircam de Pierre Boulez, pour féminiser la voix d’Andy Gillet. Cela rend la transformation extrêmement troublante et ajoute beaucoup à la sensualité du film.

21 janvier 2009

Le grand attentat (1951) de Anthony Mann

Titre original : « The tall target »

Le Grand attentatElle :
(pas vu)

Lui :
Un policier démissionnaire tente de déjouer un complot qui vise à abattre Abraham Lincoln le jour même de son investiture en 1861. Précisons qu’il s’agit de fiction, libre extrapolation d’un incident qui eut effectivement lieu. Plutôt mal connu, Le Grand Attentat est remarquable pour plusieurs raisons : il se déroule entièrement dans un seul lieu, un train allant de New York à Washington, et de plus quasiment en temps réel, l’action et la durée du film correspondant presque parfaitement. Bien que de tendance libérale, le film ne s’étend nullement en discours ou explications, se concentrant essentiellement sur l’action et la montée du suspense. Dans ce domaine, il réussit parfaitement grâce à un traitement très brut qui immerge totalement le spectateur dans l’action. La tension monte assez rapidement et notre policier (qui s’appelle… John Kennedy ! Cela ne s’invente pas…) se retrouve assez rapidement seul face à un adversaire de taille. Tourné avec un budget plutôt supérieur à une production B, Le Grand Attentat se révèle être un suspense vraiment brillant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Dick Powell, Paula Raymond, Adolphe Menjou, Marshall Thompson
Voir la fiche du film et la filmographie de Anthony Mann sur le site IMDB.
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Remarque :
On rapproche souvent The Tall Target du film de Richard Fleischer The Narrow Margin (L’Énigme du Chicago Express, 1952) qui se déroule, lui aussi, entièrement dans un train.

20 janvier 2009

La féline (1942) de Jacques Tourneur

Titre original : Cat people

La FélineElle :
(pas vu)

Lui :
Une jeune femme, originaire d’Europe centrale, rencontre un jeune architecte dans un zoo. Elle lui confie que, dans son village natal, ses ancêtres femmes-chats se transforment parfois en panthères lorsqu’elles sont malheureuses. Il ne faut surtout pas classer La Féline parmi les films d’épouvante. Il faut plutôt le considérer comme un film fantastique mais les amateurs actuels du genre seront certainement déçus car le film est loin d’être aussi démonstratif que ses homologues plus récents. C’est aussi un film psychanalytique, un des tous premiers de ce genre qui se développera dans la décennie des années 40. Pour être plus exact, La Féline marque la séparation du film d’épouvante (qui montre les monstres) et du film fantastique (qui suggère leur présence). Tout est en effet suggéré, rien n’est montré, tout se passe dans la tête du spectateur autant que sur l’écran ; dans ce sens, Jacques Tourneur et le producteur Val Lewton furent des véritables pionniers de l’utilisation de la suggestion pour amplifier l’effet d’une histoire.  L’atmosphère du film doit beaucoup de sa force à une progression savante des scènes et une superbe utilisation de la lumière et des ombres floues. La RKO, profondément insatisfaite par le manque de scènes explicites, ne sortit La Féline que dans une seule salle. Ce fut rapidement un des plus grands succès du studio.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Simone Simon, Kent Smith, Tom Conway, Jane Randolph
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Tourneur sur le site IMDB.
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Lire une étude de Nicolas Bardot du film sur filmdeculte.com
et une étude dans une optique pédagogique sur le site du cndp.fr

Suite et remake :
The Curse of the Cat People (La malédiction des hommes-chats) de Gunther von Fritsch et Robert Wise (1944) est plus ou moins une suite avec les mêmes acteurs.
Cat People (La féline) de Paul Schrader avec Nastassja Kinski (1982) est un remake sur un registre de film d’épouvante, donc beaucoup plus explicite ; pour les amateurs du genre seulement…
Plus intéressant : le réalisateur Jacques Tourneur et le producteur Val Lewton continueront à travailler ensemble et le tandem engendrera plusieurs films assez marquants.

19 janvier 2009

Secret Sunshine (2007) de Lee Chang-dong

Titre original : « Milyang »

Secret SunshineElle :
Secret Sunshine nous montre l’errance d’une jeune mère à la recherche d’une renaissance intérieure suite au décès de son mari puis de son fils. Sa famille la rejette car son mari l’a trompée et parce qu’elle ne pleure pas lors de l’enterrement de son fils. En plein désarroi et toujours suivie par un ange gardien célibataire et amoureux d’elle, on assiste à son cheminement douloureux pour tenter de retrouver la paix intérieure et le goût à la vie dans cette ville de Milyang qui signifie « lieu ensoleillé » ou « Secret Sunshine ». Pas de demi-mesure, la jeune femme est entière : soit elle reste fermée aux émotions soit elle les manifeste avec excès. Après un passage dans un groupe religieux qu’elle finit par trouver hypocrite, elle tente en vain de trouver le bonheur par le sexe puis en essayant de mettre fin à ses jours. Le réalisateur esquisse avec sensibilité un cheminement chaotique, une voie sans issue au bord de la fêlure et du gouffre. Son cinéma est sombre et sans espoir.
Note : 3 étoiles

Lui :
J’avoue de ne pas avoir été vraiment touché par l’histoire de cette jeune femme qui tente de se redresser après une double tragédie. Ce n’est probablement pas à cause de l’interprétation de Jeon Do-yeon qui donne beaucoup pour son personnage. Non, ce serait plutôt du fait du comportement entier et sans nuances de l’héroïne dont les changements d’attitude sont assez brutaux et mal expliqués et le manque de profondeur des personnages secondaires. La réalisation de Lee Chang-dong, un peu terne, ne rattrape rien. Non, j’ai bien du mal à partager l’enthousiasme qui a entouré Secret Sunshine.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jeon Do-yeon, Song Kang-ho
Voir la fiche du film et la filmographie de Lee Chang-dong sur le site imdb.com.

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18 janvier 2009

Hello, Sister! (1936) de Erich von Stroheim, Alan Crosland, Alfred Werker et Raoul Walsh

Titre original : Walking down Broadway

Hello, Sister!Elle :
(pas vu)

Lui :
A l’automne 1932, Erich von Stroheim tourne son premier film parlant, Walking down Broadway : deux jeunes filles descendent Broadway pour trouver l’amour et se font aborder par deux hommes qui, bien qu’étant amis, ont des intentions très différentes. Une fois le film terminé, le nouveau producteur de la Fox qualifie le résultat de « juste bon à illustrer un congrès de psychanalyse »… Le film est largement coupé et Alan Crosland, Alfred Werker et Raoul Walsh sont chargés de retourner des scènes. Hello Sister est donc le résultat d’une mutilation (Von Stroheim a demandé de son nom soit retiré du générique) et le film a perdu presque toute sa personnalité. Tout au plus peut-on imaginer ce que Von Stroheim avait pu faire avec certains personnages : l’ami qui a bien du mal à réfréner ses pulsions, la prostituée, l’amie jalouse… La jalousie et la haine, qui peuvent nous faire penser aux Rapaces par courts instants, ne durent guère. Assez frustrant, Hello Sister nous fait mesurer à quel point il est regrettable que nous ne puissions voir ce que Stroheim avait fait.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Boots Mallory, James Dunn, Zasu Pitts, Minna Gombell, Terrance Ray, Will Stanton
Voir la fiche du film et la filmographie de Erich von Stroheim sur le site imdb.com.
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Remarque :
D’après Patrick Brion, c’est le personnage de l’amie jalouse interprétée par Zasu Pitts (qui fut aussi Trina dans Les Rapaces) qui a été le plus coupé. Il estime aussi que presque la moitié des scènes d’Hello Sister seraient plus ou moins celles tournées par Stroheim.

Homonyme :
Walking down Broadway de Norman Foster (1938) avec Claire Trevor

17 janvier 2009

Paranoid Park (2007) de Gus Van Sant

Paranoid ParkElle :
Voilà un film terriblement émouvant dont la forme sert formidablement bien le fond, un scénario très simple dans lequel un adolescent qui tue un agent de sécurité par accident préfère taire la vérité à son entourage. Adaptée du roman de Blake Nelson, cette histoire a lieu non loin de Paranoid Park, un endroit mal famé où les amateurs de skateboard se rencontrent. Gus Van Sant a choisi de travailler avec Christopher Doyle, directeur de la photo de Wong Kar Wai qu’il admire beaucoup. Il nous fait vivre de l’intérieur la détresse qui habite ce jeune homme perdu, livré à lui-même. Il va à l’essentiel grâce à la force de l’image. Peu de dialogues et de messages démonstratifs. La caméra glisse. Il joue avec le flou et le net, les images surexposées ou sombres, les ralentis et les accélérés, les images stables ou instables, les ambiances sonores aériennes et étranges. Tout ce travail minutieux de mise en scène concourt à créer une atmosphère en apesanteur hors de la réalité. Gabe Nevins qui joue le personnage d’Alex est impassible, juvénile, angélique mais sous cette apparence faussement tranquille, se joue une véritable tragédie sur laquelle il n’a pas de prise car il n’a pas d’écoute possible avec ses amis ou sa famille en rupture.
Note : 5 étoiles

Lui :
Un adolescent tue accidentellement un agent de sécurité et garde tout pour lui. Avec Paranoid Park, Gus Van Sant nous fait entrer dans la tête de ce jeune garçon, en proie au doute, qui ne sait que faire de cet évènement tragique et du lourd poids qu’il place sur ses épaules. Cette confusion est d’autant plus forte que cet adolescent vit comme dans une bulle, sans réelle communication avec d’autres personnes. Pour nous faire toucher du doigt cette distance avec le monde réel, Gus Van Sant filme cet adolescent souvent de très près, avec une profondeur de champ quasi nulle, emplissant son image d’un flou déroutant mais toujours esthétique. Et nous aussi, nous sommes un peu désemparés devant ce visage souvent impassible aux grands yeux ronds qui semblent toujours chercher un endroit pour s’accrocher. Une fois de plus avec ce réalisateur, la forme revêt autant d’importance que le fond. Même si le procédé peut sembler proche de celui utilisé pour Elephant, le résultat me semble ici bien plus convaincant, plus profond ; Gus Van Sant parvient à mieux intégrer la forme à son sujet. Au final, Paranoid Park est un superbe film sur les doutes de l’adolescence.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Gabe Nevins, Taylor Momsen, Jake Miller, Lauren McKinney
Voir la fiche du film et la filmographie de Gus Van Sant sur le site imdb.com.

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