16 mars 2008

Les infiltrés (2006) de Martin Scorsese

Titre original : « The departed »

Les infiltrés Elle :
(pas vu)

Lui :
Les Infiltrés est le remake américain d’Infernal affairs du hongkongais Andrew Lau. Cette histoire d’infiltrations croisées entre la police et la pègre irlandaise de Boston permet à Scorsese de revenir sur son sujet de prédilection et de montrer toute sa virtuosité à monter un film policier haletant quasiment parfait dans sa forme. Malgré les quelque 2h30 de film, la tension est très forte assez rapidement et se maintient ainsi jusqu’à la toute fin (un peu précipitée ceci dit). Le suspense est même difficile à supporter parfois… Par rapport à l’original, les téléphones portables ont ici aussi une grande importance mais, comme en peut s’en douter avec Scorsese, pas autant que les armes et les poings. Dans sa forme, Les Infiltrés est particulièrement efficace avec une mise en scène précise et tranchante, une utilisation de la musique assez remarquable et un jeu d’acteurs à un niveau très élevé. Sous la direction de Scorcese, Jack Nicholson montre le meilleur de son talent, parvenant à marquer son personnage de ses touches si caractéristiques sans jamais aller trop loin (même si l’on sent parfois qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’il se laisse aller). DiCaprio est tout aussi convaincant avec cette instabilité qui lui va si bien. Martin Scorsese a aussi soigné les seconds rôles en faisant appel à des acteurs comme Martin Sheen ou Mark Whalberg. Les Infiltrés a parfois été placé au même niveau que Les Affranchis par certains observateurs mais il n’est pas certain qu’il laisse autant de traces toutefois. Malgré ses grandes qualités, il a tout de même moins d’ampleur et de profondeur.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Leonardo DiCaprio, Jack Nicholson, Matt Damon, Mark Wahlberg, Martin Sheen, Ray Winstone, Alec Baldwin
Voir la fiche du film et la filmographie de Martin Scorsese sur le site imdb.com.

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15 mars 2008

La lettre (1999) de Manoel De Oliveira

La LettreElle :
Beau film sur les affres intérieurs de Catherine de Clèves alias la Princesse de Clèves. Sa passion amoureuse contenue consume la belle Chiara Mastroianni en proie aux tourments de la culpabilité vis à vis de son mari trompé en pensée. La lumière, les cadrages sont remarquablement étudiés et les dialogues sont émouvants.
Note : 5 étoiles

Lui :
La transposition à notre époque de ce roman de Madame de La Fayette est intéressante : Manoel De Oliveira garde l’esprit et les dialogues du XVIIe, seul l’environnement extérieur change. Cela donne au film un côté atemporel plutôt séduisant. Cependant, le film est vraiment très lent et je dois bien avouer avoir eu bien du mal à rester accroché.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Chiara Mastroianni, Pedro Abrunhosa, Antoine Chappey, Françoise Fabian
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Homonyme :
La lettre (The letter) de William Wyler (1940) avec Bette Davis

14 mars 2008

Hold-up à Londres (1959) de Basil Dearden

Titre original : The League of Gentlemen

The League of GentlemenElle :
Un film noir anglais de très bonne facture. Le scénario, pourtant classique, d’un braquage de banque est ici présenté de façon inhabituelle et captivante avec ses cambrioleurs chevronnés et sa mécanique bien huilée. Hélas bien trop peu connu, le film n’a absolument rien perdu de son attrait après 50 ans.
Note : 5 étoiles

Lui :
Un ex-Colonel s’entoure de membres peu recommandables de l’armée pour mettre sur pied le braquage d’une banque en plein jour à Londres. Le cinéma anglais des années 50 nous réserve vraiment des petits bijoux mal connus et à découvrir, tel ce film qui se situe à la fois dans la lignée des films noirs américains et de celles des Studios Ealing (bien que ce film n’en soit pas issu toutefois). Filmé avec grande minutie mais aussi avec humour, le film culmine lors de la scène du hold-up, un long suspense de 20 mn sans aucune parole. Hold-up à Londres aurait été une source d’inspiration pour les instigateurs de l’attaque du train postal Glasgow-Londres en 1963 !
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jack Hawkins, Nigel Patrick, Roger Livesey, Richard Attenborough
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Ne pas confondre ce film avec :
The league of Extraordinary Gentlemen de Stephen Norrington (2003) avec Sean Connery
The League of Gentlemen, une série TV anglaise (1999-2002)

13 mars 2008

Planète interdite (1956) de Fred M. Wilcox

Titre original : « Forbidden Planet »

Planète interditeLui :
Planète Interdite est incontestablement l’un des films les plus marquants de toute l’histoire du cinéma de science-fiction. C’est aussi l’un des plus beaux, l’un des plus poétiques, l’un des plus aptes à enflammer notre imagination. Plus que tout autre, il symbolise la richesse, la puissance et l’innocence de la science-fiction des années cinquante. Fred McLeod Wilcox put bénéficier de moyens importants pour réaliser son film et la qualité de la réalisation est visible : le paysage de la planète Altaïr IV, minutieusement créé avec son ciel vert et ses deux soleils, est rendu magique par un très beau Technicolor et les immenses souterrains sont remarquables. Le robot Robby est le robot le plus célèbre de la science fiction. Planète interdite Le thème global de Planète Interdite est assez puissant et ambitieux : l’idée de départ a d’ailleurs été inspirée de La Tempête de Shakespeare (pièce dans laquelle un vaisseau fait naufrage près d’une île habitée par Prospero, la belle Miranda et le serviteur Ariel, dont les équivalents sont ici le Docteur Morbius, Altaïra et Robby). Le film ouvre une voie de réflexion sur la maîtrise de notre subconscient face au progrès technique. La seule faiblesse de Planète Interdite réside dans son intrigue amoureuse qui tient un peu trop de place mais cela ne suffit pas pour diminuer l’attrait de ce film qui reste intact après 50 ans : un petit joyau de la science-fiction dans ce qu’elle a de meilleur, celle qui nous fait rêver.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Walter Pidgeon, Anne Francis, Leslie Nielsen
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Remarques :
Planète interdite* Le robot Robby eut tant de succès avec ce film que la MGM le réutilisa l’année suivante comme personnage central du film Le Cerveau Infernal (The Invisible Boy). Très moyen, le film n’eut aucun succès et cela montre bien que l’attrait de Planète Interdite ne résidait pas en ce seul personnage mais bien en un ensemble.
* La MGM a longtemps laissé planer le doute mais l’on sait maintenant que Robby était bien animé par un acteur (Frankie Darro) à l’intérieur de sa carapace.
* Le musique est l’oeuvre de Bebe et Louis Barron. C’est la première musique de film entièrement électronique de toute l’histoire du cinéma.

Planète interditeLégende : « Le grand vaisseau spatial, capable de dépasser la vitesse de la lumière, survole les paysages désolés de la planète Altair-4, à la recherche d’une zone pour atterrir. »

Planète interditeLégende : « Les terriens sont accueillis par les seuls survivants d’une précédente expédition, le scientifique Walter Pidgeon et sa fille, Anne Francis. »

Planète interditeLégende : « Etonnante merveille de la science, Robby le Robot, à la fois garde et serviteur, a des talents fabuleux. »

Pour voir d’autres images de matériel publicitaire du film, aller sur Docteur Macro.

Remakes :
– Le bruit a couru dans les années 90 qu’Irvin Kershner (le réalisateur du 2e Star Wars, L’Empire contre-attaque) cherchait a faire un remake de Forbidden Planet. Plus récemment, certaines rumeurs faisaient état d’un intérêt de la part de Dreamworks. La difficulté d’en faire un remake (vu ce qu’est devenu le cinéma de science-fiction) devrait toutefois nous épargner de voir un tel massacre.
– Il y eut une adaptation en comédie musicale à Broadway : Return to Forbidden Planet, pièce qui a des origines anglaises toutefois (milieu des années 80).

12 mars 2008

Le juge et l’assassin (1975) de Bertrand Tavernier

Le juge et l'assassinElle :
Chronique sociale intéressante des années 1890, l’époque de l’Affaire Dreyfus, de Zola, des idées socialistes qui heurtent la pensée religieuse et l’ordre militaire. Michel Galabru incarne à merveille ce désaxé sexuel qui perturbe l’ordre établi face à Philippe Noiret qui est là pour le maintenir. Les personnages de Brialy et Isabelle Huppert ne sont pas assez exploités et paraissent un peu parachutés. Peut-être Tavernier a-t-il voulu traiter trop de thèmes à la fois.
Note : 4 étoiles

Lui :
Bertrand Tavernier profite de ce fait divers authentique pour nous brosser un tableau de la société française de la fin du XIXe siècle. Certains aspects des personnages sont confus ou éludés mais Michel Galabru excelle dans le rôle de cet « anarchiste de Dieu ».
Note : 3 étoiles

Acteurs: Philippe Noiret, Michel Galabru, Isabelle Huppert, Jean-Claude Brialy
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12 mars 2008

Le dîner de cons (1998) de Francis Veber

Le dîner de consElle :
Peu de choses à dire si ce n’est qu’une comédie franchouillarde qui ne fait que très rarement sourire. Seul Daniel Prévost en contrôleur fiscal tire son épingle du jeu.
Note : 2 étoiles

Lui :
Sur le thème global de l’arroseur arrosé, Le Dîner de Cons repose sur un très bon enchaînement de situation et la construction du scénario n’est pas étrangère à la réussite du film. Il faut bien entendu ajouter à cela une certaine qualité du texte, des dialogues parfaitement rodés au théâtre puisque Le Dîner de Cons est en réalité l’adaptation de la pièce du même nom.  Jacques Villeret et Thierry Lhermitte, deux opposés complémentaires, forment un tandem qui fonctionne parfaitement ; nos deux compères se livrent à un ping pong de dialogues pour notre plus grand plaisir et le duo se transforme en trio quand Daniel Prévôt entre en scène. On rit beaucoup et franchement et, grâce à la qualité de ces dialogues, le film peut même être vu et revu avec plaisir, ce qui n’est pas si courant avec les films comiques français.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Thierry Lhermitte, Jacques Villeret, Francis Huster, Daniel Prévost
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Autres versions :
Remake américain : Dinner for Schmucks (2009), film qui n’a eu aucun succès.

11 mars 2008

La soif du mal (1958) de Orson Welles

Titre original : « A touch of evil »

La soif du mal Elle :
(pas (re)vu)

Lui :
Le premier plan de La Soif du Mal est probablement le plan le plus spectaculaire que Welles ait jamais tourné : un plan séquence de trois minutes où l’on suit au milieu d’une ville une voiture que l’on sait devoir exploser incessamment ; la caméra monte à cinq mètres du sol pour revenir ensuite suivre un couple marchant sur le trottoir, la voiture semble nous échapper pour être rattrapée quelques secondes plus tard, l’on remonte comme pour passer les obstacles et venir s’inviter dans une discussion au poste frontière, tout cela sans une seule coupure. C’est superbe. Orson Welles pratique l’exagération jusque dans la virtuosité. La Soif du Mal est adapté d’un roman noir mais cette histoire n’est qu’un tremplin pour Welles La soif du mal qui s’attache surtout à créer une atmosphère poisseuse et kafkaïenne dans cette ville à la frontière mexicaine où il incarne avec maestria un flic-épave qui utilise des moyens peu orthodoxes pour combattre la pègre locale. L’usage de grands-angles qui déforment l’image, les jeux sur l’ombre et la lumière, les contrastes violents, tous les procédés classiques d’Orson Welles viennent accentuer encore ce sentiment d’étrangeté, d’immersion dans un monde à la dérive. On reproche parfois à La Soif du Mal cet excès de virtuosité mais force est de constater que le résultat est vraiment magistral.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Charlton Heston, Janet Leigh, Orson Welles, Akim Tamiroff, Marlene Dietrich, Dennis Weaver
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Versions :
Universal a coupé quelques scènes à la sortie : la version commerciale faisait donc 95 minutes. En 1975, les studios ont réintégré tant bien que mal ces scènes pour former la version assez courante maintenant de 108 minutes, censée être plus proche de celle que voulait Welles. Il existe d’autres versions légèrement différentes.

10 mars 2008

Le fantôme de l’Opéra (1925) de Rupert Julian et Edward Sedgwick

Titre original : « The Phantom of the Opera »

Le fantôme de l’OpéraElle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) Cherchant à reproduire le succès de Notre-Dame de Paris, les studios Universal virent dans le roman de Gaston Leroux Le Fantôme de l’Opéra un moyen de replacer Lon Chaney dans une situation dramatique de type « la belle et la bête ». Cette adaptation a un peu le défaut de montrer sans expliquer : on ne comprend pas bien pourquoi « la belle » est au départ subjuguée par un homme qu’elle n’a pas vu, pas plus que l’on nous donne les clés pour comprendre le comportement criminel du « fantôme » (contrairement au livre). Le Fantôme de l’Opéra comporte quelques scènes assez spectaculaires de foule et l’atmosphère des souterrains est lourde à souhait. Le couple forcé formé par Lon Chaney et la très belle Mary Philbin fonctionne particulièrement bien, une certaine connivence s’étant créée entre les deux acteurs. Le Fantôme de l’Opéra fut un énorme succès et se révéla être la plus belle réussite financière des années 20 pour les Studios Universal. Une version sonorisée fut refaite en 1929.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lon Chaney, Mary Philbin, Norman Kerry
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Versions :
La version vue ici est l’original de 1925 qui dure 110 minutes environ. Elle comporte deux scènes en Technicolor bichrome. La copie visionnée (DVD du commerce) est en assez mauvais état mais le film reste largement visible. A noter que quelques scènes ont été dirigées par Lon Chaney lui-même et la fin du tournage a été assurée par Edward Sedgwick.
En 1929, Universal sortit une version en partie sonorisée de 83 minutes (Norman Kerry doublant Lon Chaney qui était passé à la MGM) avec ajout de nouvelles scènes d’opéra mais aussi la suppression de nombreuses scènes.
Cette version remaniée est également sortie en version muette. C’est celle-ci qui est hélas la plus courante.

Remakes :
1943 : Le Fantôme de l’Opéra (The Phantom of the Opera) d’Arthur Lubin avec Nelson Eddy et Claude Rains
1962 : Le Fantôme de l’Opéra (The Phantom of the Opera) de Terence Fisher avec Herbert Lom
1974 : Phantom of the Paradise de Brian de Palma avec William Finley, sorte de comédie musicale rock un peu déjantée,
1990 : Le Fantôme de l’Opéra (The Phantom of the Opera) de Dwight H. Little avec Robert Englund
1998 : Le Fantôme de l’Opéra (Il Fantasma dell’Opera) de Dario Argento
2004 : Le Fantôme de l’Opéra (The Phantom of the Opera) de Joel Schumacher avec Gérard Butler et Emmy Rossum.
Bizarrement, ce roman français n’a jamais été adapté en France.

9 mars 2008

L’arbre, le maire et la médiathèque (1993) de Eric Rohmer

L'arbre, le maire et la mediathèqueElle :
Film inattendu et décevant tant par son scénario peu crédible de politique communale que par son verbiage un peu prétentieux sur les vertus et les rites de la vie provinciale. Ce type de raisonnement et ces réflexions sont plutôt dignes d’un parisien bourré d’idées toutes faites et qui ne met jamais les pieds à la campagne plutôt que d’un cinéaste de talent comme Eric Rohmer.
Note : 2 étoiles

Lui :
Rohmer délaisse les rapports humains pour se pencher sur la politique et sur l’opposition ville/campagne. Les intentions étaient peut-être louables, mais hélas le discours ne dépasse guère celui d’une certaine intelligentsia parisienne vaguement écologique, se vautrant dans les banalités et finalement assez ridicule.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Pascal Greggory, Arielle Dombasle, Fabrice Luchini
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8 mars 2008

Jerry chez les cinoques (1964) de Frank Tashlin

Titre original : « The disordely orderly »

Jerry chez les cinoquesElle :
(pas vu)

Lui :
Jerry Lewis est garçon de salle (en anglais « orderly ») dans un hopital-maison de repos. Jerry chez les cinoques est en fait une suite de saynètes qui n’ont pas toujours de lien vraiment marqué entre elles. Quelques passages sont vraiment réussis, ne serait-ce que cette course poursuite finale vraiment délirante. Le reste du film est plus inégal mais il y a tout de même là de quoi réjouir les plus jeunes.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jerry Lewis, Glenda Farrell, Karen Sharpe, Kathleen Freeman
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