18 janvier 2006

Sweet Sixteen (2002) de Ken Loach

Sweet Sixteen Elle :
Une nouvelle fois, Ken Loach parvient à nous faire partager avec talent ses préoccupations sociales au travers d’un adolescent de 16 ans confronté au trafic de drogue. Sa famille est dévastée ; il a quitté l’école et s’enfonce peu à peu dans la délinquance. Son seul but est de sortir sa mère de prison et de lui offrir une vie décente. C’est la rage au ventre qu’il prend de plus en plus de risques pour survivre. Les paysages magnifiques de l’Ecosse contrastent fortement avec l’environnement glauque de ces déshérités. Patiemment et sans aucune démonstration, Ken Loach trace le portrait d’une génération perdue sur un ton authentique.
Note : 4 étoiles

Lui :
Encore beaucoup d’authenticité et de vérité dans ce film de Ken Loach, qui parvient à nous mettre très près de son personnage principal. On pourrait reprocher à Loach sa vision assez désespérée de tout cela, puisque malgré toute sa volonté et son ardeur son personnage principal s’enfonce et ne s’en sort pas. Quelques longueurs également, mais globalement c’est un film qui nous apporte un certain témoignage de situations presque sans issue.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Martin Compston, William Ruane
Voir la fiche du film et la filmographie de Ken Loach sur le site IMDB.

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18 janvier 2006

Rendez-vous (1940) d’ Ernst Lubitsch

Titre original : « The shop around the corner »

Rendez-vous Elle :
C’est un délicieux film plein de nostalgie et de remords auquel Lubitsch nous convie. On reconnaît son talent pour parler des petits employés qui se font exploiter par leur patron. James Stewart incarne un vendeur de maroquinerie à la fois drôle et émouvant. Il doit subir à la fois les humeurs de son patron et ses propres déceptions amoureuses. Bref, c’est un homme ordinaire et c’est cela qui le rend si attachant.
Note : 5 étoiles

Lui :
Rendez-vous est une comédie assez brillante de Lubitsch qui parvient à bâtir un film émotionnellement fort sur une base de scénario très classique et des sentiments somme toute assez simples. Tout semble parfaitement dosé et équilibré et c’est cet équilibre qui rend le film quasiment atemporel. James Stewart est parfait dans ce rôle d’aspirant à l’amour.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Margaret Sullavan, James Stewart
Voir la fiche du film et la filmographie de Ernst Lubitsch sur le site IMDB.

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18 janvier 2006

Petite chérie (2000) de Anne Villacèque

Petite chérie Elle :
Quelques bonnes choses dans ce film assez particulier. La réalisatrice s’attache à dépeindre le désir de bonheur d’une société atone et sclérosée par son habitat de banlieue sans âme, son train de vie gris et monotone, ses citoyens sans rêve et imagination. C’est au travers d’une trentenaire célibataire coincée qui ne vit l’amour qu’au travers de romans à l’eau de rose qu’elle fait ses observations. Même sa rencontre avec l’élu de son coeur, un SDF qui escroque ses parents, ne mène au bonheur tant désiré. On peut reprocher un manque de rythme dans la construction du scénario qui nuit à l’ensemble.
Note : 3 étoiles

Lui :
Si la base du scénario est intéressante, si le climat installé par la réalisatrice est assez particulier et original, il n’en reste pas moins que le film déçoit, surtout du fait de plans inutilement longs, étirés jusqu’à en devenir ennuyeux, et il est bien difficile de résister d’appuyer sur l’avance rapide. Il aurait sans doute fallu jouer un peu plus avec la mise en place des personnages (on sait tout dans les 5 premières minutes). La fin semble plaquée et n’est guère crédible.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Corinne Debonnière, Jonathan Zaccaï

17 janvier 2006

L’Homme sans passé (2002) de Aki Kaurismäki

Titre original : « Mies vailla menneisyyttä »

L'Homme sans passé Elle :
Excellent film du cinéaste finlandais qui choisit de parler de l’amnésie d’un homme qui a été frappé à mort par des malfrats. Aki Kaurismaki reste fidèle au monde des exclus, des sans-logis, des marginaux et retrace la renaissance de cet homme qui a perdu son identité et est libéré du carcan des conventions. Il nous emmène dans les terrains vagues où les containers servent d’abri et va à la rencontre de ces gens solidaires et généreux. Les visages sont bouleversants d’humanité et de sincérité. Le réalisateur manie l’humour froid avec brio. Les situations sont cocasses ; les visages sont impassibles. Ce monde en marge s’oppose au monde industriel carnassier qui laisse les gens au bord du chemin.
Note : 5 étoiles

Lui :
L’Homme sans Passé est un film très personnel et original de Kaurismaki qui nous raconte une sorte de fable mettant en scène un homme qui doit repartir de rien, sans passé, sans identité, sans argent. D’une certaine manière, il met en valeur les côtés humains, ce qui est essentiel, l’amitié, l’amour,… Et c’est surtout la forme qui est étonnante, car il crée un climat en redéfinissant les rapports aux objets, à l’environnement. Beaucoup d’humour également, mais un humour très glacé : “pince sans rire” est même un mot trop faible pour le décrire… Au final, nous avons une histoire assez forte, mais aussi très plaisante.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Markku Peltola, Kati Outinen
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17 janvier 2006

Un Homme dans la Foule (1957) de Elia Kazan

Titre original : « A Face in the Crowd »

Un Homme dans la Foule Elle :
Ce film visionnaire d’Elia Kazan est étonnant de vérité et de férocité sur le monde des média (télévision et publicité) des années 50. On fait rapidement le parallèle avec ce que l’on connaît aujourd’hui : les animateurs vedettes surpayés, les discours démagogues et mensongers, la recherche d’audience à tout prix, la collusion des publicitaires et des faiseurs de programmes télévisés. Elia Kazan dénonce avec virulence l’attrait de l’argent et du pouvoir au travers du parcours d’un chanteur de country populaire qui fait une ascension fulgurante au sein de la société grâce à son bagout mais qui, au fil du temps, devient de plus en plus réactionnaire. Malgré quelques petites longueurs, j’apprécie ce film provocateur et corrosif.
Note : 4 étoiles

Lui :
Dans le style « rentre-dedans », Un homme dans la foule est une dénonciation de l’utilisation détournée de la notoriété de gens de gens du spectacle à des fins mercantiles ou politiques. La démonstration est même assez violente dans le sens où les personnages de Kazan paraissent presque caricaturés, outranciers dans leur attitude. Il n’en reste pas moins que son propos sur le fond est assez juste, mais globalement ce type de film vieillit assez mal car Kazan semble avoir été obnubilé par sa démonstration et en a un peu oublié d’étoffer son scénario.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Andy Griffith, Patricia Neal, Anthony Franciosa, Walter Matthau
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16 janvier 2006

« Ali » (2001) de Michael Mann

Ali Elle :
Je n’étais pas très chaude pour regarder ce film sur Mohamed Ali alias Cassius Clay mais je n’ai pas regretté mon choix. Ce n’est pas un film sur la boxe mais plutôt sur le combat d’un boxeur de couleur qui devient musulman, revendique le droit des noirs et milite aux côtés de Malcom X au risque de déplaire au pouvoir américain qui fait tout pour l’anéantir. On assiste à sa chute, son refus du compromis et son choix de croire en ses idées jusqu’au bout. Will Smith est assez pathétique en incarnant Ali. On participe à ses désillusions, ses tourments et ses rebonds. D’autre part, le film restitue de façon grandiose cette atmosphère des années 60 avec la foule, les grosses voitures et la musique soul en background. Le film est rythmé par la musique, les coups de poing de Ali et son combat pour les idées.
Note : 5 étoiles

Lui :
Tourné comme un clip, avec un montage très nerveux et parfois 3 voire 4 bandes-sons superposées, le film est beaucoup trop fatiguant à regarder. La forme prend nettement le pas sur le fond et le spectateur n’a pas le droit à beaucoup d’explication. Ce n’est qu’au milieu du film que l’histoire semble reprendre un peu ses droits, mais je n’ai pu tenir jusque là…
Note : pas d'étoile

Acteurs: Will Smith, Jamie Foxx, Jon Voight
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15 janvier 2006

Lawrence d’Arabie (1962) de David Lean

Titre original : « Lawrence of Arabia »

Lawrence d'ArabieElle :
Je ne suis pas vraiment parvenue à me ré-intéresser au destin mythique de Laurence d’Arabie qui, cette fois, ne m’a paru guère sympathique. Je suis restée hermétique à ses tourments, ses exploits, ses cruautés ; David Lean m’a semblé tenir le spectateur à distance. Le point fort est le grand sens de la mise en scène de David Lean et l’aspect visuel époustouflant du film. Quel talent pour filmer l’immensité des déserts ponctués de minuscules silhouettes humaines ou encore les scènes d’action avec des milliers de figurants et d’animaux !
Note : 2 étoiles

Lui :
Dans le genre des grandes épopées, ce film n’a que peu été égalé, une réussite due autant à la réalisation de David Lean qu’à la personnalité très ambigue de Lawrence d’Arabie. La réussite est d’autant plus manifeste dans cette version intégrale, même si le son et les dialogues des scènes ré-intégrées ont été refaits et ne s’intègrent qu’imparfaitement. Les scènes ajoutées permettent cependant de mieux comprendre la situation politique de l’époque et l’attitude assez attentiste et opportuniste des anglais. Sur le plan cinéma, les scènes de désert sont parmi les plus magnifiques jamais tournées, à la fois superbes sur le plan plastique mais aussi terriblement authentiques, nous plongeant ainsi totalement dans cet univers qui nous est si étranger. Parmi les acteurs, c’est peut-être Omar Shariff qui me paraît le plus remarquable. Un film qui laisse des traces.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Peter O’Toole, Alec Guinness, Anthony Quinn, Jack Hawkins, Omar Sharif, José Ferrer, Anthony Quayle, Claude Rains
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15 janvier 2006

Le Club de la Chance (1993) de Wayne Wang

Titre original : « The Joy Luck Club »

Le Club de la Chance Elle :
C’est juste avant de réaliser Smoke et Brooklyn Boogie que Wayne Wang fait ce portrait sensible et douloureux de quatre chinoises ayant fui leurs pays pour vivre à San Francisco. Quatre histoires terribles de femmes, de mères et de filles autour de June. Cette jeune femme vient de perdre sa mère et tente de reconstituer l’histoire de sa famille. Terrible poids de la tradition familiale chinoise qui pèse à jamais sur les épaules de ces femmes meurtries. Concubines, bébés tués ou abandonnés, bannissement de la famille; tel est l’avenir de la femme chinoise dans les années 40. Ces femmes devenues rigides, communiquent inconsciemment les souffrances endurées à leurs propres filles qui ne parviennent pas à trouver leur identité, faute d’avoir été valorisées et suffisamment aimées. Le Club de la Chance est un film sur les femmes et pour les femmes. Les hommes ne sont pas à leur avantage sans doute parce qu’ils ont le pouvoir et qu’ils briment ces femmes peu émancipées. C’est un film original et émouvant. La caméra sublime les visages de ces femmes au teint de porcelaine.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ces portraits de quatre femmes chinoises met en parallèle, ou en opposition, le parcours assez tragique qu’elles ont eu en Chine et celui de leur fille qu’elles ont eue après avoir émigré aux Etats Unis. Si les circonstances sont souvent assez effroyables en Chine et ce qu’elles ont connu est assez terrible, leurs filles ne parviennent pas plus à trouver un bon équilibre de vie et leur mariage se termine mal. Wayne Wang montre là le poids des traditions, des cultures et cette volonté de donner une vie meilleure à ses enfants, volonté qui finit par les étouffer. La construction du film est tout en flash-back successifs et les scènes se déroulant en Chine sont particulièrement réussies et poignantes. Toutefois, l’ensemble reste globalement juste un peu long.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Kieu Chinh, Tsai Chin, France Nuyen, Lisa Lu
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14 janvier 2006

Baby Doll (1956) de Elia Kazan

Baby Doll Elle :
Elian Kazan nous montre une nouvelle fois son talent pour filmer les confrontations pleines de violence et d’ambiguïté. Baby Doll interprétée par Caroll Baker est la jeune femme enfant paumée qui s’ennuie et se livre aux regards des hommes. Le mari qui fait des mauvais coups pour subsister et le possible amant tout aussi machiavélique s’affrontent sous la candeur de cette jeune fille qui n’est pas encore devenue femme. Elia Kazan oppose le noir et le blanc, joue avec les gros plans de visages, les symboles sexuels pour mieux créer le trouble. Un cinéma original et sulfureux pour l’époque.
Note : 4 étoiles

Lui :
Beaucoup de force dans cette adaptation de la pièce de Tennessee Williams, un trio d’acteurs qui semblent toujours à la limite, à la limite de trop charger leur personnage. Elia Kazan filme avec beaucoup de crudité, dans les décors, dans ses cadrages, afin que passe toute la force de cette histoire. Avec le temps, le côté « sulfureux » du film s’est en grande partie estompé ce qui nous laisse avec la possibilité de regarder le film tel qu’il est.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Karl Malden, Carroll Baker, Eli Wallach
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13 janvier 2006

Embrassez qui vous voudrez (2002) de Michel Blanc

Embrassez qui vous voudrez Elle :
Adaptation plutôt réussie du roman anglais de Joseph Conolly “Vacances anglaises”. J’ai trouvé le roman encore plus loufoque et déjanté avec des descriptions de personnages hilarantes. Michel Blanc s’en tire plutôt bien en privilégiant peut-être plus le côté sombre et grinçant de toutes ces vies déréglées. L’humour et les quiproquos sont au rendez-vous également et les acteurs sont assez convaincants. Cette satire sur les snobs, les jaloux, les couples fatigués, l’appât du gain témoigne d’une certaine réalité où l’individualisme et la réussite sociale sont les nouveaux étendards. Où sont passées nos utopies !
Note : 4 étoiles

Lui :
Comédie de moeurs très bien ficelée et dont le scénario est vraiment riche en rebondissements et quiproquos de qualité. On passe vraiment un bon moment et le film est bien plus convaincant que les films précédents de Michel Blanc. Bonnes prestations d’acteurs.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charlotte Rampling, Jacques Dutronc, Carole Bouquet, Michel Blanc, Karin Viard, Denis Podalydès, Clotilde Courau, Vincent Elbaz
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