8 juillet 2021

Hana-bi – feux d’artifice (1997) de Takeshi Kitano

Titre original : « Hana-bi »

Hana-bi - feux d'artifice (Hana-bi)À la suite d’une fusillade qui a rendu paraplégique son partenaire et la mort d’un jeune policier tué lors d’une arrestation sanglante, Yoshitaka Nishi, un inspecteur de police taciturne parfois violent, quitte la police pour se consacrer à son épouse, Miyuki, atteinte d’une leucémie incurable…
Plus encore que Sonatine (1993), Hana-bi (littéralement « la Fleur de feu ») est le film qui nous a vraiment fait découvrir Takeshi Kitano, en occident mais aussi au Japon où, selon ses propres dires, il n’était pas encore reconnu comme un réalisateur sérieux. C’est un film étonnant, original et d’une indéniable beauté formelle. Le réalisateur tient le rôle principal et son personnage presque muet, sujet à de brèves explosions de violence, donne au film son étrange singularité. Il est impénétrable et l’on peut lui attribuer de nombreux sentiments, parfois contradictoires. Les thèmes évoqués par le récit sont variés et ambitieux : l’emprise de la mort, l’amour, la violence, la vengeance, … mais surtout la vie, comment surmonter l’adversité. L’ensemble est empreint d’une grande mélancolie.  La forme est tout aussi singulière, de par sa structure qui introduit progressivement les éléments-clés du récit, et par sa photographie avec de nombreux plans fixes. Hana-bi fait partie de ces films profondément marqués par leur auteur.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Takeshi Kitano, Kayoko Kishimoto, Ren Ôsugi, Susumu Terajima, Tetsu Watanabe
Voir la fiche du film et la filmographie de Takeshi Kitano sur le site IMDB.

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Remarques :
* Les différentes peintures que l’on peut voir à plusieurs reprises tout au long du film, sont l’œuvre de Kitano, peu après l’accident de moto qui a failli lui coûter la vie en août 1994.
* La fillette de l’épilogue sur la plage est jouée par la propre fille de Kitano.

 Hana-bi - feux d'artifice (Hana-bi)Takeshi Kitano dans Hana-bi – feux d’artifice (Hana-bi) de Takeshi Kitano.

 Hana-bi - feux d'artifice (Hana-bi)Kayoko Kishimoto dans Hana-bi – feux d’artifice (Hana-bi) de Takeshi Kitano.

 Hana-bi - feux d'artifice (Hana-bi)Takeshi Kitano dans Hana-bi – feux d’artifice (Hana-bi) de Takeshi Kitano.

23 décembre 2017

Yakuza (1974) de Sydney Pollack

Titre original : « The Yakuza »

YakuzaEn Californie, un détective à la retraite est rappelé par un ancien ami devenu trafiquant, parce que sa fille a été enlevée par un chef yakuza mécontent d’une commande d’armes non livrée. Le détective se rend au Japon et fait appel à ses anciennes connaissances, notamment le frère d’une femme qu’il a aimée…
Martin Scorsese voulait tourner cette histoire écrite par Paul Schrader (auteur de Taxi Driver) mais les studios décidèrent que ce serait Sydney Pollack. Le réalisateur s’est trouvé très dépaysé pour la tourner, que ce soit sur le plan des acteurs, de l’équipe et même du lieu puisque la très grand grande majorité du film a été tourné au Japon (1). Malgré cela, Yakuza est un film personnel, ce n’est pas un film de genre. Il y a beaucoup de choses dans Yakuza, on pourrait même dire que c’est autant un film romantique qu’un film d’action, mais ce sont les différences de civilisation qui ont visiblement le plus intéressé Pollack, notamment le formalisme de certaines règles. Il tente ainsi de faire comprendre la mentalité japonaise et la rigueur consentie de son système de valeurs à un public occidental. Cela n’a visiblement pas marché car le film n’a pas trouvé son public. A cette époque, beaucoup de critiques avaient, par méconnaissance (2), de forts à-priori contre l’univers du cinéma japonais. Il est plus estimé aujourd’hui, assez justement car c’est un film joliment complexe.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Ken Takakura, Brian Keith, Herb Edelman, Richard Jordan, Keiko Kishi, Eiji Okada
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(1) Sydney Pollack raconte que son directeur de la photographie (Kôzô Okazaki) ne parlant pas anglais et lui-même ne parlant pas japonais, ils communiquaient en utilisant un simple nuancier de gris.
(2) Le public occidental découvrira vraiment la richesse du cinéma japonais quelques années plus tard.

Yakusa
Ken Takakura et Robert Mitchum dans Yakuza de Sydney Pollack.

Yakuza
Ken Takakura dans Yakuza de Sydney Pollack.

2 mars 2016

La Jeunesse de la bête (1963) de Seijun Suzuki

Titre original : « Yajû no seishun »

La Jeunesse de la bêteJo s’arrange pour se faire remarquer par un clan de la Mafia sans le but de se faire engager comme homme de main. Les Yakuza le recrutent rapidement et il intègre rapidement le gang. Mais a-t-il un autre but caché ? …. Seijun Suzuki est un réalisateur japonais (1), l’un des plus marquants du genre Yakuza Eiga (= films de Yakuza, c’est-à-dire films de gangsters). De 1956 à 1968, il a réalisé de nombreux films pour la Nikkatsu dont fort peu ont été distribués en Occident où sa découverte se situe dans les années quatre-vingt-dix. Son film le plus connu est La Marque du tueur (1967). La jeunesse de la bête est considéré comme l’un des tous premiers films où il affirme un style assez personnel. Il s’y montre assez inventif sur les plans et les mouvements de caméra, et aussi sur le montage notamment dans les passages d’une scène à une autre : il n’hésite à interrompre brutalement une scène par un fondu au noir soudain si tout a été dit ou fait. Aussi étonnant est cette touche d’humour qui revient assez régulièrement et qui deviendra l’une de ses marques de fabrique, Suzuki le poussant jusqu’à l’absurde. Le scénario est assez alambiqué, le double jeu du personnage principal étant parfois un peu difficile à suivre. Certaines scènes sont très violentes. De belle facture et assez prenant, La jeunesse de la bête est un film qui paraît très moderne.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jô Shishido, Misako Watanabe, Tamio Kawachi
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Remarque :
* Le joufflu Jo Shishido deviendra l’acteur préféré de Seijun Suzuki. On le retrouve dans plusieurs de ses films ultérieurs dont le fameux La Marque du tueur.

La Jeunesse de la bête
Jô Shishido (à droite)  dans La Jeunesse de la bête de Seijun Suzuki.

(1) Ne pas confondre Seijun Suzuki avec Norifumi Suzuki qui a réalisé de nombreux films pour la Toei entre 1968 et 1990, également dans le genre Yakuza Eiga.

14 avril 2013

Naked Bullet (1969) de Kôji Wakamatsu

Titre original : « Otoko goroshi onna goroshi: hadaka no zyudan »

Otoko goroshi onna goroshi: hadaka no zyudanUn jeune gangster, ancien yakusa, s’interpose dans une transaction entre deux gangs. Avec ses deux complices, ils s’enfuient avec le butin et une jeune femme qu’ils ont pris en otage dans l’espoir de lui faire avouer où est caché le reste de l’argent… Naked Bullet est un film de yakusa, genre cher à Kôji Wakamatsu. En cette fin des années soixante, le cinéaste tournait une dizaine de films par an. La rapidité de tournage ne sent pas tant dans la qualité de réalisation mais plutôt au niveau du scénario qui est extrêmement simple. Plus qu’une histoire, c’est un univers qu’il dépeint, celui de ces petits gangsters coincés entre le crime organisé et l’aspiration à une vie plus tranquille. On remarquera quelques cadrages ambitieux et franchement réussis, utilisant toute la largeur de l’image. Les scènes de rue sont en situation réelle. Le film est en noir et blanc et, comme souvent, Wakamatsu tourne un passage en couleurs en début de film, le passage le plus sanguinolent, avec un rouge bien éclatant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Yuichi Minato, Ken Yoshizawa
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22 juillet 2012

Fleur pâle (1964) de Masahiro Shinoda

Titre original : « Kawaita hana »

Fleur pâleA sa sortie de prison, un yakuza (1) s’aperçoit que le monde a changé, son propre clan ayant été contraint de s’allier avec leurs ennemis d’hier. Dans un cercle de jeu clandestin, il rencontre une jeune femme d’apparence douce qui mise de grosses sommes. Il se sent tout de suite attirée vers elle… Simultanément à l’émergence d’un ton nouveau dans le cinéma français, le cinéma japonais a lui aussi connu une Nouvelle Vague au début des années soixante et Masahiro Shinoda en est l’un des meilleurs représentants. Fleur pâle n’a ainsi rien d’un film traditionnel, l’histoire en elle-même n’étant que très peu fournie. C’est surtout un film d’atmosphère et de sensation avec une recherche esthétique évidente, une nouvelle approche du cinéma. Les deux personnages centraux ne correspondent pas aux standards du Japon moderne, ils sont plutôt en marge : le yakuza est déjà un hors-la-loi par nature, il refuse l’amour étouffant d’une ancienne petite amie, il a perdu ses repères. Le personnage de la jeune femme est encore plus en dehors des codes, flambant d’énormes sommes d’argent au jeu, elle reste totalement énigmatique, une fleur pâle, belle et presque irréelle. Cette association de deux caractères très différents qui n’ont en commun qu’un certain mal-être, ou plutôt un décalage avec le monde qui les entoure, est le point fort du film (on peut trouver des points communs avec les couples Belmondo/Seberg et Belmondo/Karina chez Godard). Fleur pâle n’est pas sans défaut, principalement dans le rythme qui manque parfois de cohérence, mais l’ensemble reste admirable. L’esthétisme des plans n’est la moindre de ses qualités, l’image est très travaillée avec souvent une certaine pureté dans les formes et les mouvements. Fleur pâle connut un grand succès au Japon. Il reste aujourd’hui un très beau film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ryô Ikebe, Mariko Kaga, Eijirô Tôno, Seiji Miyaguchi
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Remarques :
* Le film est adapté d’un roman de Shintaro Ishihara, écrivain, scénariste et également réalisateur du segment japonais du film à sketches L’amour à vingt ans (1962).
* A l’époque de sa sortie, les jeux d’argent étaient interdits au Japon et le film eut de sérieux démêlés avec la censure du fait des nombreuses scènes décrivant ces jeux avec force détails.

(1) Yakusa = membre d’un clan mafieux au Japon.