21 mars 2023

Moulin Rouge (1952) de John Huston

Moulin RougeÀ Paris, à la fin du XIXe siècle, le peintre Henri de Toulouse-Lautrec noie son mal de vivre dans l’alcool en compagnie des filles légères de Montmartre. Client assidu du Moulin-Rouge, il va exécuter les portraits de quelques artistes qui deviendront les figures emblématiques du cabaret mythique…
Moulin Rouge est un film anglo-américain réalisé par John Huston d’après le roman homonyme du français Pierre La Mure paru en 1951. Le réalisateur a dit regretter de n’avoir pu représenter la vie réellement dissolue du peintre pour ne pas subir les foudres de la censure. Le film est remarquable par l’utilisation qui est faite du Technicolor. Pour s’harmoniser avec les couleurs des peintures de Toulouse-Lautrec, John Huston a engagé le photographe Eliot Elisofon de Life Magazine afin d’expérimenter des nouvelles techniques : utilisation de filtres d’extérieur en intérieur et ajout d’une brume pour éviter les couleurs trop exubérantes du Technicolor (au grand dam du laboratoire qui déclina toute responsabilité). Le résultat est pourtant très réussi avec des couleurs douces qui évoquent les à-plats de la peinture. La longue scène d’ouverture dans le cabaret est extraordinaire.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: José Ferrer, Zsa Zsa Gabor, Suzanne Flon, Colette Marchand, Claude Nollier, Peter Cushing
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site IMDB.

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Remarque :
• Dans son autobiographie, John Huston par John Huston (Pygmalion, 1980), le cinéaste raconte quelques anecdotes de tournage pas très glorieuses pour les parisiens.
• José Ferrer a dû jouer à genoux. La prothèse qu’il portait lui interdisait de jouer plus d’une heure par jour avant d’être longuement massé.

Moulin RougeJosé Ferrer et Zsa Zsa Gabor dans Moulin Rouge de John Huston.

7 octobre 2022

Gigi (1958) de Vincente Minnelli

GigiParis, 1900. La jeune Gigi (Leslie Caron) est élevée par sa grand-mère et sa grande tante qui la destinent à une vie de mondaine et de courtisane. Plutôt espiègle et pleine de vie, elle entretient des rapports de bonne camaraderie avec le jeune Gaston Lachaille (Louis Jourdan), un riche héritier qui aime rendre visite à la grand-mère de Gigi pour fuir les mondanités…
Gigi est un film musical américain réalisé par Vincente Minnelli, adaptation de la nouvelle homonyme écrite par Colette en 1944. La distribution est franco-américaine et le tournage a été en grande partie fait à Paris. Le thème sulfureux de la nouvelle de Colette (peinture du monde des « cocottes », il s’agissait presque de prostitution infantile à destination de la haute société) est ici escamoté au profit d’une certaine vision de la culture française libertine de jadis, une vision joyeuse et idéalisée. Le personnage de l’oncle de Gaston (Maurice Chevalier), personnage qui a été créé de toutes pièces, appuie en ce sens : les français, c’est bien connu, ne pensent qu’à l’amour ! Si le fond du propos n’emporte pas forcément l’adhésion, la forme enchante par les couleurs, les décors, les costumes et une nombreuse figuration. Le Gigi de Minnelli est très hollywoodien, certes, mais il forme un somptueux spectacle. Et voir Maurice Chevalier chanter « Thank Heaven for Little Girls » est un petit plaisir dont on ne se lasse pas. Gros succès aux Etats-Unis avec 9 Oscars à la clé.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Leslie Caron, Maurice Chevalier, Louis Jourdan, Hermione Gingold, Eva Gabor, Jacques Bergerac, Isabel Jeans
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.

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GigiLeslie Caron, Louis Jourdan et Hermione Gingold dans Gigi de Vincente Minnelli.

GigiLouis Jourdan et Maurice Chevalier dans Gigi de Vincente Minnelli.

Remarques :
* Alan Jay Lerner a écrit l’adaptation en se basant sur la pièce d’Anita Loos (1951), elle-même basée sur la nouvelle de Colette.
* Paroles des chansons de Alan Jay Lerner, sur une musique de Frederick Loewe, arrangée et dirigée par André Previn.
* Une scène chez Maxim’s a été tournée de nouveau en studio par Charles Walters (alors que Minnelli était déjà sur un nouveau projet).
* Le générique utilise des dessins de Sem (1963-1934), caricaturiste français de la Belle Époque. Ils ont été également une source d’inspiration pour les costumes.

GigiGénérique de Gigi de Vincente Minnelli.

Les adaptations les plus célèbres de la nouvelle de Colette :
1949 : Gigi, film français de Jacqueline Audry avec Danièle Delorme, Gaby Morlay et Jean Tissier.
1951 (théâtre) : Gigi adapté par Anita Loos, mise en scène de Raymond Rouleau, avec Audrey Hepburn.
1958 : Gigi, film américain de Vincente Minnelli

6 octobre 2019

Dilili à Paris (2018) de Michel Ocelot

Dilili à ParisParis 1900. Dilili, une petite fille française kanake, se lie d’amitié avec le jeune livreur Orel alors que Paris est secoué par une vague d’enlèvements de fillettes par une organisation secrète, les Mâles-Maîtres. Les deux amis mènent leur enquête qui va leur faire rencontrer beaucoup de gens…
Ce nouveau dessin animé de Michel Ocelot nous plonge dans le Paris de la Belle Époque avec une histoire délicieuse, esthétiquement très belle. Le style du dessin est toujours proche de la ligne claire mais le cinéaste utilise ici un nouvel effet qui consiste à incruster ses personnages dans des photographies retouchées de lieux. Cette intégration est vraiment très réussie car elle ne se détecte pas au premier coup d’œil, il n’y a aucun hiatus entre les deux styles. L’Art Nouveau est ainsi joliment mis en valeur, tout comme les artistes de cette période foisonnante. L’histoire fustige le racisme et la soumission de la femme ; en revanche, elle prône la tolérance et l’ouverture d’esprit. Ce conte pour petits et grands est un vrai régal, rafraichissant et esthétique. (À partir de 6 ans)
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Prunelle Charles-Ambron, Enzo Ratsito, Natalie Dessay
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Dilili à Paris

Dilili à ParisDilili à Paris de Michel Ocelot.

Remarques :
* Dilili rencontre de nombreuses personnalités de la Belle Époque : l’actrice Sarah Bernhardt, la scientifique Marie Curie, les peintres Henri de Toulouse-Lautrec, Amedeo Modigliani, Pablo Picasso, Claude Monet, Le Douanier Rousseau et Auguste Renoir, le scientifique Louis Pasteur, l’ingénieur Gustave Eiffel, les compositeurs Erik Satie et Claude Debussy, la femme politique Louise Michel (qui a été son institutrice), la cantatrice Emma Calvé (qui l’aide dans son enquête), la romancière Colette, les écrivains Aristide Bruand et Marcel Proust, l’artiste clown de cirque Chocolat, l’aviateur Alberto Santos-Dumont, les illusionnistes Auguste et Louis Lumière, le militaire Ferdinand Von Zeppelin, et les sculpteurs Auguste Rodin et Camille Claudel.

* La cantatrice Natalie Dessay prête sa voix au personnage de la cantatrice Emma Calvé.

Dilili à Paris

Dilili à ParisDilili à Paris de Michel Ocelot.

6 mai 2015

Le Lion des Mogols (1924) de Jean Epstein

Le lion des Mogols(Film muet) Le royaume des Mogols, au Thibet (ancienne orthographe de « Tibet »), est gouverné par un tyran âgé et brutal. Le prince Roundghito-Sing tente de sauver une jeune femme qui vient de tomber dans ses griffes mais il est contraint de fuir son pays… Le Lion des Mogols est avant tout un film des fameux Studios de l’Albatros de l’immigré russe Alexandre Kamenka plus qu’un film de Jean Epstein. Ce dernier est tout de même crédité du scénario, l’idée de base venant d’Ivan Mosjoukine. L’histoire joue sur l’attrait de l’exotisme, sur le thème du prince oriental plongé dans notre civilisation moderne. Le film se révèle être (hélas) décevant et même un peu ennuyeux, Jean Epstein ayant tendance à étirer ses scènes ce qui accentue l’impression de faiblesse du récit. C’est d’autant plus dommage que qu’il y a de très beaux plans (tels ceux de cette étonnante séquence de vitesse en plein Paris) et qu’Ivan Mosjoukine a, comme toujours, cette forte présence à l’écran.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ivan Mosjoukine, Nathalie Lissenko, Camille Bardou
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Lire la présentation du film par Olivier Bitoun sur le site DVDClassik, une excellente analyse.

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Le Lion des Mogols
Ivan Mosjoukine (Ivan Mozzhukhin) dans Le lion des Mogols de Jean Epstein (avec une diseuse de bonne aventure, non créditée)

Remarque :
* Ivan Mosjoukine et Nathalie Lissenko étaient mari et femme. Mosjoukine était l’acteur le plus célèbre en Russie avant d’émigrer après la Révolution de 1917 avec tout un groupe. Acteur avant tout, Ivan Mosjoukine a également réalisé deux films dont l’excellent Le Brasier ardent (1923).
Pour en savoir plus, voir la section sur les films Albatros du site de la Cinémathèque Française

27 septembre 2013

French Cancan (1954) de Jean Renoir

French CancanParis, à la fin du XIXe siècle : Malgré ses revers de fortune, le directeur de cabaret Henri Danglard est constamment à la recherche de nouveaux talents. En voyant une jeune blanchisseuse, Nini, danser dans un café populaire, il a l’idée de monter un nouveau grand numéro basé sur une danse ancienne, le cancan… Pour son retour en France après 15 ans d’absence, Jean Renoir a voulu réaliser un film « dans un esprit très français ». Il renoue avec le Montmartre de son enfance avec cette histoire qui retrace la création du cabaret le Moulin Rouge. French Cancan Le projet était initialement destiné à Yves Allégret mais Renoir l’a entièrement réécrit. French Cancan fait l’apologie de la vie d’artiste, la prééminence de la création sur la richesse matérielle. Le scénario montre un très bel équilibre, sans excès de sentimentalisme ou de mélodrame, d’une belle sobriété. Tourné dans un Technicolor flamboyant, French Cancan est aussi une grande féérie de couleurs qui trouve son apothéose dans la scène finale, un cancan grandiose et étourdissant d’une dizaine de minutes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Françoise Arnoul, María Félix, Philippe Clay, Jean-Roger Caussimon, Giani Esposito
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Remarques :
* On remarque la présence du jeune Michel Piccoli (le capitaine Valorgueil), d’Edith Piaf, de Patachou, de Claude Berri (un jeune homme à l’inauguration) et de… France Roche (Béatrice).
* Anna Amendola, la chanteuse de La Complainte de la butte, est doublée par Cora Vaucaire.

9 février 2012

La nouvelle Babylone (1929) de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg

Titre original : « Novyy Vavilon »

La nouvelle BabyloneEn 1870, la population acclame les soldats qui partent se battre contre les prussiens. A Paris, la vie continue. Louise, une jeune vendeuse du grand magasin Nouvelle Babylone, est invitée au bal par son patron. Mais la fête est interrompue par l’annonce de la défaite. Il faut défendre Paris et une souscription populaire est lancée pour acheter des canons. Quand l’armée capitule et cherche à reprendre ces canons sur la butte Montmartre, cela provoque une insurrection… La nouvelle Babylone est un film russe de la fin du muet, l’un des très rares films qui évoquent la Commune de Paris de 1871. C’est un film assez étonnant, souvent exubérant. Les deux réalisateurs font une grande utilisation du mouvement : les scènes de liesse, de danses, de fête sont tourbillonnantes, frénétiques, excessives même. Les scènes montrant l’ardeur au travail sous la Commune sont superbes (telle cette lavandière qui éclabousse largement tout autour d’elle). Ces scènes de grande agitation contrastent avec des scènes plus calmes, parfois statiques même. Le montage est assez remarquable, les réalisateurs juxtaposent des scènes qui semblent au final former un kaléidoscope énivrant. Le jeu des acteurs peut paraître parfois outré. Sur le plan du contenu, le film ne fait pas un récit vraiment chronologique mais reprend quelques temps forts. L’accent est bien entendu mis sur l’opposition de classes. Chostakovitch (alors âgé de 23 ans) composa sa première musique de film pour La nouvelle Babylone, musique dans laquelle il reprend divers airs révolutionnaires français qu’il mêle à un thème d’Offenbach.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yelena Kuzmina, David Gutman, Pyotr Sobolevsky
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Remarques :
Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg ont fondé à Leningrad en 1921 le collectif d’avant-garde théâtral FEKS (La Fabrique de l’Acteur Excentrique) qui s’étendit rapidement au cinéma où il tint un rôle important. En 1921, ils avaient 16 et 19 ans.

Versions :
La version la plus complète est actuellement celle durant 1h33, restaurée en 2004 avec la musique de Chostakovitch. Il existe également une version de 1h15 (version allemande du début des années 80), version tronquée avec réintégration de chutes de montage, accompagnée d’une musique au piano.