15 décembre 2009

Mesrine : L’instinct de mort (2008) de Jean-François Richet

L'instinct de mortElle :
(pas vu)

Lui :
Première partie d’un diptyque retraçant le parcours de Jacques Mesrine, L’instinct de mort nous fait assister à la naissance du personnage, celui qui sera plus tard surnommé « l’ennemi public numéro un ». Jean-François Richet a visiblement été fasciné par son sujet mais il nous restitue le personnage sans complaisance. Il met l’accent sur son fonctionnement à l’instinct, sa grande confiance en lui et son jusqu’au-boutisme ; il évite le rocambolesque qu’aurait généré une succession de braquages. L’ensemble est plutôt bien ficelé même si le rythme est assez inégal : le déroulement du scénario est plus enlevé dans la partie canadienne. Vincent Cassel livre une belle prestation, tout de même assez retenue, sans charger le côté psychopathe.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Vincent Cassel, Gérard Depardieu, Gilles Lellouche, Cécile De France, Roy Dupuis, Elena Anaya, Michel Duchaussoy, Myriam Boyer
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-François Richet sur le site IMDB.

Les deux parties :
1. L’instinct de mort
2. L’ennemi public numéro un

Autre adaptation de l’autobiographie de Mesrine :
Mesrine d’André Génovès (1984)

14 décembre 2009

Un vrai cinglé de cinéma (1956) de Frank Tashlin

Titre original : « Hollywood or bust »

Un vrai cinglé de cinémaElle :
(pas vu)

Lui :
Jerry Lewis et Dean Martin ont formé un tandem très populaire au début des années cinquante. Ils ont tourné ensemble seize films. Un vrai cinglé de cinéma est le dernier d’entre eux ; il est réalisé par Frank Tashlin, un réalisateur qui vient du monde du dessin animé. Les films de du tandem Lewis / Martin reposent toujours un peu sur la même recette qui s’applique aussi ici : Jerry Lewis fait le pitre et les grimaces pendant que Dean Martin charme, chante et séduit. Le résultat paraît ici aussi un peu poussif, il n’y a ni le rythme, ni la satire du monde hollywoodien annoncés par certains commentaires sur ce film. Jerry Lewis fera beaucoup mieux ensuite, notamment dans les films qu’il a lui-même réalisés.
Note : 1 étoile

Acteurs: Dean Martin, Jerry Lewis, Pat Crowley, Anita Ekberg
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Tashlin sur le site IMDB.

Voir les autres films de Frank Tashlin chroniqués sur ce blog…

A noter pour les amoureux des animaux et des chiens en particulier, l’excellent jeu d’un (énorme) danois à qui l’on doit certaines des meilleures scènes du film.

13 décembre 2009

Le Mécano de la « General » (1927) de Buster Keaton et Clyde Bruckman

Titre original : « The General »

Le mécano de la GeneralElle :
Note : 5 étoiles

Lui :
Buster Keaton a toujours aimé les trains. Il nous l’avait déjà montré dans Les lois de l’hospitalité, mais avec Le mécano de la « General », il va encore plus loin puisque, cette fois, une locomotive est au centre de tout le film. L’histoire est authentique : pendant la Guerre de Sécession, un commando d’espions nordistes s’empare d’un train en Georgie. Le conducteur, n’appréciant guère qu’on lui vole ainsi sa locomotive, part seul à sa poursuite. Très tôt dans le film, le rythme est particulièrement soutenu ; il ne faiblit à aucun moment par la suite. Les évènements sont nombreux et Keaton est particulièrement inventif pour mettre en place des situations amusantes tout en ne gommant nullement la tension dramatique qui est très forte. La situation s’inverse à mi-film et, loin de répéter, Keaton enrichit encore la poursuite. Le film est à la fois burlesque, dramatique, historique. La solidité de la mise en scène et la façon d’occuper l’espace sont remarquables, les scènes de bataille sont épiques. Toutes les situations et cascades ont été réalisées en grandeur réelle avec un vrai train, pas question pour Buster Keaton d’utiliser des miniatures, y compris dans la fameuse scène de l’écroulement du pont (1). Le film ne rencontra pas tout de suite le succès (2). Ce n’est qu’avec le recul que Le Mécano de la « General » est apparu comme étant bien le plus grand film de Buster Keaton.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Marion Mack, Glen Cavender, Jim Farley, Frederick Vroom
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton sur le site imdb.com.

Voir les autres films réalisés par Buster Keaton chroniqués sur ce blog…
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(1) Cette scène est dite être la plus chère de tout le cinéma muet. Une seule prise était possible. Keaton utilisa plusieurs caméras. La locomotive est restée de longues années au fond d’une rivière de l’Oregon. Ses restes étaient même devenus une attraction touristique. Elle ne fut extirpée que pendant la seconde guerre mondiale pour récupérer le métal.
(2) Une célèbre critique de l’époque, du journal Motion Picture Classics, le décrit comme une comédie anodine (« a mild Civil War comedy »). Ce jugement est tout de même surprenant mais apparemment assez général.

Le Mécano de la General
Le Mecano de la General
Le Mécano de la General
Le Mécano de la General
Le Mécano de la General

Autre adaptation de la même histoire réelle :
L’infernale poursuite (The great locomotive chase) de Francis D. Lyon (1956), film d’aventures des Studios Walt Disney

12 décembre 2009

La voisine de Malec (1920) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « Neighbors »

La voisine de MalecElle :
(pas vu)

Lui :
(Court métrage de 18 minutes) Un jeune homme (Buster Keaton) et sa voisine s’aiment en secret de leurs parents qui se font la guerre. Ils doivent déployer des trésors d’ingéniosité pour pouvoir se voir et se parler. La voisine de Malec a été tourné alors que Buster Keaton avait depuis peu son studio à lui et donc une certaine autonomie. Il affine alors son style. Dès le début, avec la scène d’échanges de billets doux par un trou de la palissade, cela va très vite, les messages sont interceptés par les différents protagonistes de la querelle de voisinage et les situations burlesques s’enchaînent à bon rythme. Buster Keaton montre beaucoup d’inventivité dans l’humour et aussi des qualités acrobatiques hors pair. Il est même aidé par un tandem d’acrobates (Les Flying Escalantes) pour cette incroyable scène où ils marchent à trois entre les deux maisons, chacun étant debout sur les épaules de l’autre ! La voisine de Malec est très drôle d’un bout à l’autre, très bien construit et rythmé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Virginia Fox, Joe Roberts, Joe Keaton
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Remarque :
A l’époque de ses courts métrages, Buster Keaton a été surnommé par les distributeurs français tantôt Frigo (par Gaumont), tantôt Malec (par Superfilm).

11 décembre 2009

Charlot, chef de rayon (1916) de Charles Chaplin

Titre original : « The floorwalker »

Charlot, chef de rayonElle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet de 30 minutes) Premier des douze courts métrages que Charles Chaplin a réalisé pour la Mutual en 1916 et 1917, Charlot Chef de Rayon préfigure parfaitement la qualité et l’inventivité qu’il montrera durant cette période, l’une des plus faste de sa carrière. Le lieu est somme toute assez réduit : deux rayons d’un grand magasin, deux bureaux à l’étage et, surtout, entre les deux, un escalier mécanique avec lequel Chaplin va trouver toutes sortes de gags. Se sentant maintenant délivré de toute contrainte, il laisse libre cours à son inventivité et il n’en manque pas : le rythme est très soutenu, il n’y a aucun temps mort, gags et situations burlesques s’enchaînent rapidement. Il joue beaucoup plus qu’avant avec les objets, le personnage du vagabond étant ici laissé de côté. Il apporte aussi beaucoup plus de soin à la construction, le début de son perfectionnisme légendaire. Résultat : on ne voit pas le temps passer et on rit probablement autant aujourd’hui qu’il y a un siècle.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Eric Campbell, Edna Purviance, Lloyd Bacon
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Remarques :
– La fin est assez brutale sur les copies actuelles. Il semble qu’il manque les quelques secondes finales où les indélicats sont arrêtés et Charlot, félicité, commence à conter fleurette à la secrétaire.
– On remarque une scène qui est l’embryon de la scène du miroir de La Soupe aux Canards des Marx Brothers (présente aussi dans un film de Max Linder de 1921) : quand il voit son double, Chaplin croit être devant une glace car tous les deux font les mêmes mouvements. 

La filmographie de Charles Chaplin dans ses grandes lignes :
* 1914 : 35 courts métrages pour la Keystone avec Mack Sennett qui l’a découvert (certains sont réalisés par lui).
* Janv. 1915 – Fev. 1916 : 14 courts métrages pour Essanay (il réalise lui-même maintenant tous ses films)
* Mars 1916 – Sept 1917 : 12 courts métrages pour la Mutual (Chaplin dira plus tard qu’il s’agit de la période la plus heureuse en terme d’inspiration de sa carrière)
* 1918 – 1923 : 7 courts métrages et premier long métrage (The Kid) pour First National  
* 1923 – 1977 : 10 longs métrages pour les Artistes Associés dont il est l’un des membres fondateurs (victime du maccarthisme et exilé de force, il vit et tourne en Europe à partir de 1952).

10 décembre 2009

Les lumières de la ville (1931) de Charles Chaplin

Titre original : City lights

Les lumières de la villeElle :
Très grand film de Charlie Chaplin où le rire se mêle à l’émotion la plus forte. Un film qui nous bouleverse toujours autant à chaque vision. Un chef d’oeuvre du cinéma muet.
Note : 5 étoiles

Lui :
A partir de fin 1927, le cinéma parlant s’impose très rapidement. En 1931, toute l’industrie cinématographique s’est convertie au parlant. Toute ? non… Un réalisateur résiste et sort un film muet, persuadé (à juste titre) que c’est le meilleur médium pour son personnage. Il sonorise tout de même son film avec quelques bruitages et une musique qu’il a lui-même composée. Seul Charles Chaplin pouvait se permettre cela et il avait raison car Les Lumières de la Ville est son plus grand film. Avec cette histoire où Charlot le vagabond vient en aide à plus déshérité que lui (une jeune aveugle), Chaplin parvient à combiner le burlesque et le tragique comme il ne l’a jamais fait. Les lumières de la ville C’est une osmose parfaite : on a envie de rire et de pleurer en même temps. Et pourtant le burlesque y est très fort, de nombreuses scènes sont hilarantes (le combat de boxe, on ne s’en lasse pas), et le mélodrame est puissant, la fin vous arrache des larmes. Le film est un formidable générateur d’émotions. Comme toujours avec Chaplin, l’ensemble est très humaniste, un peu idéaliste peut-être mais aussi un regard lucide sur le fossé entre riches et pauvres (le film est sorti en pleine dépression). Véritable auteur, ultime perfectionniste, il mettra plus de deux ans à peaufiner chaque scène pour parvenir à un degré extrême de l’épuration qui n’a que rarement (jamais?) été égalé. Le résultat est là : Les lumières de Ville est l’un des plus grands films de toute l’histoire du cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Virginia Cherrill, Harry Myers, Allan Garcia
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Remarques :
City Lights 1) Le documentaire anglais Unknown Chaplin (Chaplin inconnu) est une mine d’information sur ce film, il apporte des preuves de l’extrême perfectionnisme de Charles Chaplin grâce à des chutes retrouvées dans les années 80. La scène de la première rencontre entre Le Vagabond et la jeune fleuriste a nécessité plus de 700 prises (!!) réparties sur les deux années de tournage. On le voit travailler sur cette scène.
2) Le même documentaire montre une scène d’humour non retenue se déroulant juste avant la rencontre : 5 à 10 minutes absolument hilarantes avec un seul petit bout de bois que Chaplin essaie d’enfoncer dans une grille sur un trottoir. Une merveille. On se demande bien pourquoi il ne l’a pas gardée.
3) Virginia Cherrill n’avait aucune expérience d’actrice mais Chaplin voulait qu’il en soit ainsi. Il l’a rencontrée dans un match de boxe, elle était assise derrière lui.
4) Le même documentaire montre que, dans la première fin que Chaplin avait envisagée, la jeune fille ne reconnaissait pas son bienfaiteur et se contentait de se moquer de lui (on voit cette scène interprétée par Georgia Hale car il avait à un moment donné décidé de tout refaire avec elle à la suite de difficultés avec Virginia Cherrill).

9 décembre 2009

Le cirque (1928) de Charles Chaplin

Titre original : « The circus »

The CircusElle :
(pas vu)

Lui :
Quatrième long métrage de Charles Chaplin, Le Cirque a souvent été considéré comme mineur dans sa filmographie. Pourtant, au-delà de l’aspect purement comique, le film contient une réelle réflexion sur la comédie et l’art de faire rire : ce vagabond, qui se retrouve engagé dans un cirque, fait rire le public de manière involontaire. Quand il cherche vraiment à faire rire, ou quand il est triste, il n’y parvient pas. Après un prologue au rythme très enlevé, avec une belle course poursuite où Charlot se retrouve dans un labyrinthe de miroirs, le rythme devient plus calme et posé. Se déroulant presque intégralement en un lieu unique, Le Cirque est finalement un film très cohérent (1). Le tournage fut difficile et mouvementé (2). Il fut aussi périlleux car la scène où il est enfermé dans la cage du lion a été réalisée sans trucage et a nécessité de nombreuses prises. Sous son apparente simplicité, Le Cirque est un film très complet.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Merna Kennedy, Allen Garcia, Harry Crocker
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En 1970, Charlie Chaplin a ressorti Le Cirque avec sa musique originale et une chanson de générique, Swing Little Girl, qu’il chante lui-même à 80 ans (sur quelques images prises au milieu du film).

(1) Le remarquable documentaire anglais Unknown Chaplin (Chaplin inconnu) de Kevin Brownlow (1982) montre une longue scène que Chaplin n’a pas retenue. Effectivement, elle est dans un style très différent et montre Chaplin sortant en ville avec Merna Kennedy où ils rencontrent Rex, le rival. Il s’en suit quelques scènes amusantes notamment dans un café avec un duo de catcheurs frères jumeaux.
(2) Le tournage fut interrompu plusieurs fois à la suite d’incendies et surtout à cause de la demande de divorce de Lita Grey qui, poussée par sa famille et ses avocats, s’arrangea pour diffuser à la presse des détails sordides. Ce fut un lynchage médiatique sans précédent et les ligues puritaines firent interdire les films de Chaplin dans plusieurs états. Très affecté, Chaplin ne reprit le tournage qu’après plusieurs mois d’arrêt. Il avait pris des cheveux blancs et on dut lui teindre pour qu’ils soient ‘raccord’. D’autres auraient eu leur carrière brisée, mais pas Chaplin. La sortie du film The Circus un an plus tard fut un triomphe.

8 décembre 2009

La ruée vers l’or (1925) de Charles Chaplin

Titre original : « The Gold Rush »

La ruée vers l'orElle :
(pas (re)vu)

Lui :
Après l’échec commercial de son second long métrage (L’Opinion Publique), Charles Chaplin revient plus près du style burlesque qui l’a fait connaître, cette fois dans le cadre de la ruée vers l’or en Alaska. Il renouera effectivement avec le succès, plusieurs scènes passant dans la légende avec, au premier rang, la célèbre danse des petits pains. S’il n’a pas, du moins en apparence, la profondeur de The Kid ou de certains de ses films ultérieurs, La Ruée vers l’Or traite de la solitude, du rejet et de la fragilité de la fortune. Dépassant la simple virtuosité de style, Chaplin parvient une fois de plus à mêler l’humour pur à la profonde mélancolie de son personnage. Le film ne semble pas avoir vieilli. S’il n’est probablement pas le plus grand film de Charles Chaplin, La Ruée vers l’Or reste un grand classique du cinéma qui se revoit toujours avec grand plaisir.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Georgia Hale, Mack Swain
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Remarques :

1. Charles Chaplin ressortira La Ruée vers l’Or en 1942, composant une nouvelle musique et supprimant les intertitres pour commenter lui-même en voix off (dans la version française, c’est Henri Virlojeux). Ce commentaire est un peu trop présent par moments mais donne un rythme plus soutenu. Certaines scènes furent coupées, notamment au début du film et le baiser final ; Chaplin a également modifié une scène (le petit billet doux de Georgia est directement adressé à Charlot), probablement pour renforcer la sincérité du personnage de Georgia et être ainsi plus cohérent avec la fin. Longtemps, la version de 1942 a été en bien meilleur état que la version de 1925, dont les copies existantes étaient fort rares. Cette dernière a maintenant été restaurée et il est donc préférable de voir celle-ci.

2. Le tournage de La Ruée vers l’Or commença en extérieurs dans la Sierra Nevada où Chaplin fit construire à grand frais le village des prospecteurs et surtout tourna la fameuse scène époustouflante du tout début où l’on voit une file ininterrompue de prospecteurs gravir la montagne enneigée. Après plusieurs mois, du fait des nombreux problèmes techniques, le tournage dut être repris en studio. Hormis cette scène du tout début, Chaplin ne garda qu’une autre courte scène où il glisse sur une pente !

3. Chaplin changea aussi de personnage principal féminin. Alors qu’il avait commencé avec Lita Gray (qu’il épousa plus ou moins de force pendant le tournage car elle était enceinte), en studio, il reprit tout avec Georgia Hale.

4. La fameuse danse des petits pains est originellement un petit numéro de Fatty Arbuckle que l’on voit dans Rough House (1917) avec également Buster Keaton. Chaplin donne toutefois à ce numéro une tout autre dimension. La cabane en équilibre instable serait quant à elle présente dans un court métrage d’Harold Lloyd.

7 décembre 2009

Le vagabond (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « The Tramp »
Autre titre français : « Charlot vagabond »

The TrampElle :
(pas vu)

Lui :
(Court métrage de 32 minutes) The Tramp est souvent présenté comme le film où Chaplin crée le personnage de Charlot le Vagabond tel qu’on le connaît. C’est en grande partie exact mais il faut savoir que Chaplin avait utilisé un habillement similaire (chapeau melon, pantalon trop large, godillots usés) dès son deuxième film avec Mack Sennett l’année précédente : Mabel’s strange predicament. Il a ensuite utilisé de plus en plus ce costume. Un an plus tard, alors qu’il vole de ses propres ailes chez Essanay, il introduit le personnage de vagabond un peu en marge de la société, au grand cœur et toujours prêt à venir en aide. Ici, il sauve une jeune fille des griffes de trois malfrats à la mine patibulaire et va ensuite travailler à la ferme de son père. L’humour reste dans le registre Mack Sennett mais va aussi beaucoup plus loin car Chaplin commence à introduire un peu de pathos. Il a aussi une façon de regarder la caméra avec une infinie tristesse qui ne peut qu’interpeller le spectateur. Le succès fut immense, le public adopta immédiatement ce personnage de vagabond avec sa silhouette si facilement reconnaissable. Vu aujourd’hui, Charlot Vagabond reste un plaisir à regarder : un court métrage très amusant, vif et bien enlevé.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Edna Purviance, Lloyd Bacon
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Ne pas confondre :
Le Vagabond (The Tramp) réalisé en 1915 pour Essanay et
Charlot Musicien (The Vagabond) réalisé en 1916 pour la Mutual qui a été parfois diffusé en France sous le titre Le Vagabond (par Film Triomphe notamment)…
Ceci dit, ces deux courts-métrages ont certains points communs. Le premier film est celui dans lequel Chaplin a vraiment introduit le personnage du vagabond et son habillement. Le second s’inscrit donc dans la ligne du premier.

La filmographie de Charles Chaplin dans ses grandes lignes :
* 1914 : 35 courts métrages pour la Keystone avec Mack Sennett qui l’a découvert (certains sont réalisés par lui).
* Janv. 1915 – Fev. 1916 : 14 courts métrages pour Essanay (il réalise maintenant lui-même tous ses films)
* Mars 1916 – Sept 1917 : 12 courts métrages pour la Mutual (Chaplin dira plus tard qu’il s’agit de la période la plus heureuse en terme d’inspiration de sa carrière)
* 1918 – 1923 : 7 courts métrages et premier long métrage (The Kid) pour First National
* 1923 – 1977 : 10 longs métrages pour les Artistes Associés dont il est l’un des membres fondateurs (victime du maccarthisme et exilé de force, il vit et tourne en Europe à partir de 1952).

6 décembre 2009

Voyage au Paradis (1921) de Fred C. Newmeyer

Titre original : Never weaken

Never Weaken
(Court métrage de 29 minutes) Voyage au Paradis (Never Weaken) est le dernier court-métrage tourné par Harold Llyod ; après celui-ci, il ne tournera que des longs métrages. Il est intéressant car il préfigure Safety Last (1). Pourtant, la première partie de Never Weaken est très classique, tout à fait dans le style des comédies de Mack Sennett quelques années auparavant. Elle reste très amusante mais quand Harold Lloyd se retrouve malgré lui, yeux bandés, assis sur une chaise elle-même sur une poutrelle qui se dandine au bout d’un filin à vingt mètres du sol (2), Never Weaken le film prend une autre tournure. Harold Lloyd effectue alors un fabuleux numéro d’équilibriste sur les poutrelles d’un building en construction, une partie absolument terrifiante car les éléments auquel il se raccroche se dérobent toujours (3). C’est épouvantable! Never Weaken est l’un des courts métrages les plus saisissants d’Harold Lloyd.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Harold Lloyd, Mildred Davis
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(1) Safety Last (Monte là-dessus !) est le film où Harold Lloyd est suspendu aux aiguilles d’une horloge en haut d’un building.
(2) Essayez donc un peu d’imaginer quel enchaînement d’évènements peut faire que l’on se retrouve dans une situation pareille…
Never Weaken(3) Pour bien apprécier ces scènes, il faut se rappeler qu’à l’époque les incrustations ne se faisaient pas. Certes, on pouvait jouer devant une toile peinte mais là on voit les voitures rouler en contrebas, les gens marcher : tout bouge! C’est cela qui était terrifiant et qui l’est toujours d’ailleurs. Pas de trucages possibles, l’arrière-plan est bien réel…
L’astuce était de jouer sur la perspective à un endroit de Los Angeles où une petite colline barrait une avenue. En plaçant de petites bâtisses sur ce monticule, on se trouvait au même niveau que les derniers étages des buildings de l’avenue. Donc, Harold Lloyd n’était pas à vingt mètres du sol. Il était tout de même assez haut pour se faire très mal (Buster Keaton qui a tourné au même endroit une scène de Les Trois Âges s’est retrouvé à l’hôpital après une chute). D’ailleurs, Harold Lloyd était doublé par un cascadeur dans certaines scènes. Le secret fut bien gardé et le cascadeur ne l’a révélé qu’après la mort d’Harold Lloyd.
L’autre solution, également employée ici, était de se placer au sommet d’un building existant, en construisant là aussi un élément de décor, une fausse façade par exemple.
Hill Street Tunnel
Ci-contre : Photo du Hill Street Tunnel à Los Angeles peu après qu’il fut percé au début du XXe siècle. La photo donne une bonne idée des possibilités offertes. Le tunnel n’existe plus aujourd’hui, la colline a été aplanie dans les années cinquante.

Harold Lloyd n’a finalement tourné que 5 films (sur plus de 200) où il joue avec le vertige des hauteurs :
Look out Below (1919), court métrage d’1 bobine
High and dizzy (1920), court métrage de 2 bobines
Never Weaken (1921), court métrage de 3 bobines
Safety Last! (1923), long métrage (avec la fameuse scène de l’horloge)
Feet First (1930), long métrage (parlant)
Et pourtant, on se souvient aujourd’hui d’Harold LLoyd en premier pour ces scènes. Elles ont beaucoup marqué les esprits.