10 mars 2010

Celui par qui le scandale arrive (1960) de Vincente Minnelli

Titre original : « Home from the Hill »

Celui par qui le scandale arriveLui :
Un propriétaire terrien texan décide de reprendre en main l’éducation de son fils de dix-sept ans jusque là élevé par sa femme. Les rapports au sein de la famille sont marqués par l’absence de rapports entre le père et la mère. Adaptée d’un roman William Humphrey, cette histoire permet à Vincente Minnelli de mettre en place un grand mélodrame où il transcrit l’espace étouffant d’une cellule familiale reposant sur le ressentiment. Les relations complexes entre les quatre personnages principaux tissent un écheveau serré, rendu indémêlable par le désir de respect des conventions et apparences. Minnelli parvient à rendre ces quatre personnages sympathiques, ce qui est assez étonnant vu la situation. Mitchum se donne particulièrement dans ce rôle qui lui sied à merveille ; George Hamilton et George Peppard livrent face à lui une belle performance. Celui par qui le scandale arrive est un film dont la tension monte lentement mais sûrement, avec quelques poussées d’intensité dans certaines scènes fortes. Minnelli fait également une très belle utilisation de la couleur (système Metrocolor) et des décors dans ce grand mélodrame familial et social.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Eleanor Parker, George Peppard, George Hamilton, Luana Patten
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.

Voir les autres films de Vincente Minnelli chroniqués sur ce blog…

9 mars 2010

Ne vous retournez pas (1973) de Nicolas Roeg

Titre original : « Don’t Look Now »

Ne vous retournez pasLui :
Un couple, fortement perturbé par la mort récente de leur toute jeune fille, se rend à Venise pour oublier. Là, ils sont approché par une femme médium et aveugle qui se dit porteuse d’une message d’avertissement de la part de leur fille. Cette histoire baignée de supernaturel est adaptée d’une nouvelle de Daphné du Maurier. Après avoir été un chef opérateur réputé, Nicolas Roeg est passé à la réalisation avec Performance. Dans Ne vous retournez pas, il utilise comme décor Venise en plein hiver, exploitant son aspect vide et inquiétant. Nicolas Roeg a une certaine tendance à utiliser certains effets à outrance, que ce soit dans le montage ou dans le déroulement narratif : de nombreuses fausses pistes ou attitudes inquiétantes accentuent notre sensation de confusion. L’ensemble m’a paru assez décevant personnellement. Ne vous retournez pas est pourtant généralement plutôt bien estimé par les amateurs de surnaturel. Bonne prestation de Donald Sutherland (affublé d’une perruque frisée!)
Note : 2 étoiles

Acteurs: Julie Christie, Donald Sutherland, Hilary Mason, Clelia Matania
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicolas Roeg sur le site IMDB.

8 mars 2010

Loulou (1929) de Georg Wilhelm Pabst

Autre titre  : « La boîte de Pandore »
Titre original : « Die Büchse der Pandora »

La boite de PandoreLui :
(Film muet) Au départ, il y a deux pièces de l’allemand Frank Wedekind, La Boîte de Pandore et L’esprit de la Terre, qui firent grand scandale aux alentours de 1900, étant qualifiées d’immorales et sans valeur artistique. Ces pièces ont créé un personnage qui sera adapté plusieurs fois au grand écran : Loulou, une très jeune femme amorale qui vit dans l’instant, jouit de la vie et détruit les hommes qui la côtoient. C’est bien entendu la version de G.W. Pabst qui est restée dans les esprits de tous les cinéphiles, un véritable mythe s’étant développé autour de Louise Brooks, qui avait alors 22 ans quand elle tourna ce film. Louise Brooks est, il est vrai, une actrice totalement à part : elle ne semble pas jouer son personnage, elle vit son personnage. Elle ne joue pas Loulou, elle est Loulou, impression certainement accentuée par le fait qu’elle ne lisait pas les scénarii (1). Très spontanée, déroutante, sa Loulou dégage une forte sensualité couplée à une innocence presque enfantine. Le résultat est désarmant… Le jeu très simple de Louise Brooks n’était toutefois pas vraiment compris, ni par ses partenaires (2), ni par la critique qui éreinta le film à sa sortie. Les aspects licencieux du film firent le reste : il fut mis à l’index (3). Ce n’est que dans les années cinquante qu’il fut redécouvert et reconsidéré, la brièveté de la carrière de Louise Brooks n’en parut alors que plus incompréhensible. Avec les deux films tournés avec Pabst, Loulou et Le journal d’une fille perdue, Louise Brooks est vue aujourd’hui par beaucoup de cinéphiles comme l’un des plus grands sex-symbols de l’histoire du cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Louise Brooks, Fritz Kortner, Francis Lederer, Carl Goetz, Alice Roberts, Gustav Diessl
Voir la fiche du film et la filmographie de Georg Wilhelm Pabst sur le site IMDB.

Voir les autres films de Georg Wilhelm Pabst chroniqués sur ce blog…
Lire aussi ce bel article sur Louise Brooks sur le site DVDclassiks
Voir les livres sur Louise Brooks

La boite de Pandore(1) Louise Brooks raconte dans l’un de ses articles (assemblés dans le livre Louise Brooks par Louise Brooks aux éditions Pygmalion, 1983) que Pabst lui expliquait au fur et à mesure ce qu’elle devait faire : « L’onéreuse traduction en anglais du scénario, que j’avais jetée au pied de mon fauteuil sans même l’ouvrir, avait déjà été récupérée par un assistant outré, provoquant un sourire goguenard chez Pabst. » Dans le même ordre d’idée, elle raconte comment Pabst s’est peu à peu ingérée dans sa vie privée, lui interdisant de sortir le soir par exemple. Plusieurs exemples montrent que, pour Pabst, Louise Brooks était Loulou.
(2) Louise Brooks raconte que Fritz Kortner, la considérant comme la pire actrice au monde, la haïssait et refusait de lui adresser la parole en dehors des scènes. Dans la scène où il la secoue et la malmène, il lui serra si fort le bras qu’elle eut des bleus pendant plusieurs jours. D’une manière générale, tout l’entourage de Pabst pensait qu’il avait été comme envoûté par la jeune actrice.
(3) La danse de Loulou avec la Comtesse est très probablement la première scène fortement suggestive d’amour lesbien au cinéma. Ajoutez à cela l’inceste, le libertinage, les dessous d’une bourgeoisie respectable, l’érotisme suggéré, il y avait de quoi choquer les esprits.

Versions :
Le film est maintenant disponible dans sa version originale intégrale de 133 minutes. Auparavant, la version la plus courante était celle de 109/110 minutes.
L’historien Georges Sadoul parle aussi d’une version française qui avait été totalement remaniée par la censure de l’époque : le fils devient un simple secrétaire, l’amie lesbienne devient une amie d’enfance, Loulou est acquittée au procès, Jack L’éventreur est gommé et Loulou s’engage à l’Armée du Salut à la fin du film….!
Le site IMDB parle d’une version de 152 minutes avec intertitres français qui serait au Musée du Cinéma à Bruxelles. Est-ce la version remaniée par la censure? Ce serait étonnant qu’elle soit ainsi beaucoup longue que l’originale.

Autres principales adaptations de la pièce de Frank Wedekind :
Erdgeist (1923) de l’allemand Leopold Jessner avec Asta Nielsen
Les liaisons douteuses (1962) de l’allemand Rolf Thiele avec Nadja Tiller
Lulu (1980) de Walerian Borowczyk avec Anne Bennent

Homonyme:
Loulou (1980) de Maurice Pialat avec Isabelle Huppert et Gérard Depardieu.

7 mars 2010

Le temps d’un été (2007) de Lajos Koltai

Titre original : « Evening »

EveningElle :
Des choses touchantes mais aussi des choses plutôt convenues. Adapté d’un roman de Susan Minot, le film vaut davantage pour ces histoires de femmes qui se racontent, en douceur et avec subtilité, leurs doutes et regrets. Dans les derniers jours de sa vie, Ann, interprétée de façon très sensible par Vanessa Redgrave, se souvient et révèle à ses deux filles la perte d’un amour de jeunesse très intense : culpabilité, remords et regrets d’une autre vie moins rangée et plus passionnante. A cette époque, il ne faisait pas bon de s’affranchir des normes sociales. Elle tente de faire la paix en elle car elle se sent responsable de ce qui n’a pas pu avoir lieu. En revanche, on n’échappe pas aux clichés sur les bons sentiments et à une mise en scène un peu factice.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le temps d’un été est l’adaptation d’un roman de Susan Minot qui a co-signé le scénario avec Michael Cunningham (l’auteur du roman « Les heures »). Alors qu’elle est sur le point de mourir, Ann dévoile à ses deux filles un épisode lointain de sa vie amoureuse. Elle revit ces moments et les regarde d’un œil nouveau. L’histoire ainsi présentée peut donner l’impression d’être conventionnelle et effectivement le film n’échappe à certains clichés. Cependant il se révèle un peu plus profond qu’attendu en abordant la question « fait-on vraiment des erreurs dans sa vie? » et surtout montre une belle délicatesse, porté par une interprétation féminine hors-pair avec un très beau trio d’actrices : Claire Danes, Toni Collette et Vanessa Redgrave. Le temps d’un été n’est jamais sorti en salles en France, il est sorti directement en vidéo.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Claire Danes, Toni Collette, Vanessa Redgrave, Patrick Wilson, Hugh Dancy, Natasha Richardson, Mamie Gummer, Meryl Streep, Glenn Close
Voir la fiche du film et la filmographie de Lajos Koltai sur le site IMDB.

Remarques :
Mamie Gummer est parfaite pour interpréter le personnage de Meryl Streep jeune : Mamie Gummer est en effet la fille de Meryl Streep.
De son côté, Natasha Richardson était parfaite pour interpréter la fille de Vanessa Redgrave puisque c’est effectivement sa fille. Natasha Richardson est hélas morte prématurément en 2009.

6 mars 2010

Musée haut, musée bas (2008) de Jean-Michel Ribes

Musée haut, musée basLui :
Adaptation cinématographique d’une pièce écrite par Jean-Michel Ribes, Musée haut, musée bas est un ensemble de petites saynètes humoristiques se situant dans un grand musée imaginaire. L’humour joue sur l’ignorance des visiteurs, les difficultés d’orientation, la fatigue, le décalage et l’incongruité de certaines discussions, etc… Le nombre d’acteurs connus est phénoménal, si important que cela donne une vague impression de fourre-tout (120 rôles auraient ainsi été distribués). L’ensemble est franchement très inégal, il y a bien de bons moments et de belles trouvailles d’humour mais ils sont trop rares.
Note : 1 étoile

Acteurs: Victoria Abril, Pierre Arditi, Josiane Balasko, Dominique Besnehard, Michel Blanc, Isabelle Carré, Eva Darlan, André Dussollier, Julie Ferrier, Samir Guesmi, Gérard Jugnot, Valérie Lemercier, Micha Lescot, Fabrice Luchini, Valérie Mairesse, Yolande Moreau, François Morel, Chantal Neuwirth, Dominique Pinon, Micheline Presle, Daniel Prévost
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Michel Ribes sur le site IMDB.

5 mars 2010

Intrusions (2008) de Emmanuel Bourdieu

IntrusionsLui :
Sur un fond de double triangle amoureux, Intrusions est un film qui joue sur l’étrangeté des rapports, chacun s’efforçant ici d’exercer une pression sur l’autre. Suspense psychologique, le film semble partir dans plusieurs directions sans que l’une d’entre elles convainque vraiment. Beaucoup trop d’aspects de cette histoire ou de réactions des personnages paraissent improbables. Peu avant la fin, le film vire soudainement dans un style qui rappelle quelque peu Bunuel ; ce qui parait tout d’abord prometteur tourne court, hélas. Natacha Régnier fait une très belle performance dans son rôle de jeune femme un peu rigide et froide, assez complexe. Intrusions la met superbement en valeur. Denis Podalydès en revanche joue certainement un peu trop sur le côté éteint de son personnage, il semble presque absent.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Natacha Régnier, Denis Podalydès, Amira Casar, Jacques Weber, Françoise Gillard
Voir la fiche du film sur le site IMDB.

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Homonyme :
Intrusion (The astronaut’s wife) de Rand Ravich (1999) avec Johnny Depp et Charlize Theron

4 mars 2010

Naissance d’une nation (1915) de David W. Griffith

Titre original : « The birth of a nation »
Premier titre original utilisé : « The clansman »

Naissance d'une nationLui :
Naissance d’une Nation est la première grande production du cinéma américain, marquant le début de la suprématie d’Hollywood sur le cinéma mondial, jusque là dominé par le cinéma français. C’est aussi l’un des films les plus litigieux de toute l’histoire du cinéma. Librement adapté de deux romans de propagande raciste de Thomas Dixon, le film de D.W. Griffith retrace la Guerre de Sécession et la reconstruction qui suivit avec une vision sudiste et ouvertement anti-noirs. Le Ku-Klux-Klan y est ainsi montré comme une réaction légitime et salutaire face à un nouvel ordre chaotique mis en en place par des noirs dévoyés et avides de pouvoir. Quand il est sorti, soit cinquante ans après la fin de la guerre civile, le film occasionna des émeutes à New-York et dans d’autres villes (1). Il a ensuite servi d’outil de propagande à une droite extrême pendant des dizaines d’années. Il faut donc le regarder en dépassant les aspects plutôt révoltants de son contenu.

Naissance d'une nation Sur le plan cinématographique, Naissance d’une Nation est une révolution, pas tant par sa durée de 3 heures ou par la taille de sa production (2), mais surtout sur le plan artistique : c’est le premier grand film d’auteur. La création de scènes émotionnellement fortes, la ponctuation formée par les scènes historiques minutieusement reconstituées (l’assassinat de Lincoln au théâtre Ford, la bataille de Petersburg, l’incendie d’Atlanta, la reddition de Lee, etc…), la perfection du montage en font une œuvre à part entière et un grand spectacle dramatique (3). Le film comporte de nombreuses scènes de toute beauté. Naissance d’une Nation eut une influence considérable sur le cinéma américain et son développement (4). Il est étonnant de voir comment il conserve toute sa force aujourd’hui, presque un siècle plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lillian Gish, Mae Marsh, Henry B. Walthall, Ralph Lewis, George Siegmann
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

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(1) Les incidents firent des blessés et même des morts. Du fait de la présence des troupes coloniales au front, le film ne sortira en France qu’après la guerre, en 1920 et largement coupé. Il n’est jamais sorti en Russie donc son influence sur le cinéma russe est probablement nulle malgré certaines affirmations. D.W. Griffith fut très affecté par les attaques portées contre lui : il tournera l’année suivante Intolérance pour se racheter et dans le film suivant, Coeurs du Monde, il montrera un soldat blanc et un soldat noir qui s’embrassent. A noter que Naissance d’une Nation est, comme plusieurs de ses films suivants, porteur d’un message anti-guerre très marqué, partie évidemment moins critiquable.

(2) Cabiria, film italien historique de Giovanni Pastrone sorti un an plus tôt, durait déjà presque trois heures. D’autre part, on sait aujourd’hui que les chiffres donnés à l’époque pour Naissance d’une Nation (18 mois de tournage, 18 000 figurants) étaient largement exagérés : le tournage n’a duré que 9 semaines et seulement 500 figurants ont été utilisés. Le résultat n’en est que plus remarquable…

(3) D.W. Griffith l’a lui-même précisé : aucun scénario n’a été écrit pour ce film (ni pour les suivants d’ailleurs). En revanche, les répétitions furent nombreuses. Les grandes scènes de bataille furent souvent tournées en une journée (à l’emplacement des futurs Studios Universal), les costumes furent en grande partie faits par la mère de Lillian Gish. A noter que tous les premiers rôles de noirs furent tenus par des blancs, grossièrement grimés.

(4) Les coûts de production ont été de l’ordre de 110 000 dollars (soit environ 1,5 millions d’euros d’aujourd’hui), Griffith ayant investi toute sa fortune personnelle. Alimenté par le scandale, le succès du film aurait généré au moins 20 à 50 fois cette somme. C’est le premier film où les salles ont pratiqué un prix majoré des places (2$ de l’époque, soit 25/30 euros d’aujourd’hui). Le film a ouvert les portes pour une vraie industrie : la création des grands studios est intervenue dans les 5 ou 10 années qui suivirent.

Remarques :
* Le membre du Congrès nommé Stevenson dans le film représente l’homme politique Thaddeus Stevens, leader de l’aile radicale du parti républicain pendant et après la guerre de Sécession.
* C’est Raoul Walsh, le réalisateur, qui interprète le rôle de John Booth, l’assassin de Lincoln. Il s’est réellement fait très mal en sautant du balcon, c’est la raison pour laquelle il boite ensuite en s’éloignant. Il n’y eut qu’une seule prise…

Durée :
185 à 190 min pour la version originale et celle disponible couramment en DVD.
Il existe une version video de 125 min, également retranscrite sur certains DVD.
Toutes les versions disponibles n’ont pas les teintes d’origine (certaines scènes de guerre étaient teintées en rouge par exemple, cette teinte a d’ailleurs mal vieilli, de nombreuses autres scènes sont teintées en ambre, en bleu ou en violet).

3 mars 2010

Le grand embouteillage (1979) de Luigi Comencini

Titre original : « L’ingorgo – Una storia impossibile »

Le grand embouteillageElle :
Une autoroute bordée de carcasses de voitures et des usines… Un grand embouteillage qui dure si longtemps que les automobilistes deviennent prisonniers de leur voiture. Non seulement, ils y mangent et dorment mais ils laissent échapper leurs pulsions et leurs fantasmes. C’est l’ère du chacun pour soi sans toutefois que quiconque ne se révolte contre le système qui les a bloqués à jamais sur cette autoroute. Le regard de Comencini est à la fois féroce et cocasse. Ce film préfigure notre société de consommation qui gaspille et détruit.
Note : 4 étoiles

Lui :
A la périphérie de Rome, un gigantesque embouteillage se forme et contraint des milliers de voitures à une immobilité durable… Il y a deux niveaux de lecture de ce Grand Embouteillage : le premier est celui de montrer une société arrivée à un point de non-retour dans sa fuite en avant, asphyxiée par la prolifération des automobiles et gangrenée par la corruption, le second concerne plus les défauts profonds de l’homme dans ses rapports humains. Luigi Comencini saute de voiture en voiture pour nous montrer des situations très variées qui vont évoluer différemment selon les individualités et les interactions dues à la promiscuité. Certaines de ces situations sont cocasses mais, au final, la plupart dévoilent une part plutôt sombre de la nature humaine, une part mesquine, corruptible ou corruptive, ou même bestiale. Comencini a réuni toute une pléiade d’acteurs italiens et français, ces derniers étant doublés (c’était l’époque des co-productions européennes). Le film est assez sombre sur le fond, pas vraiment optimiste dans son propos tout en restant très facile d’accès. C’est en tout cas un film qui interpelle.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni, Alberto Sordi, Annie Girardot, Fernando Rey, Patrick Dewaere, Miou-Miou, Gérard Depardieu, Ángela Molina, Stefania Sandrelli
Voir la fiche du film et la filmographie de Luigi Comencini sur le site IMDB.

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Remarque :
Bruegel - Les aveuglesComencini a précisé avoir eu l’inspiration pour faire Le Grand Embouteillage en regardant un tableau de Bruegel « La Parabole des aveugles ».
La Parabole est issue de l’Evangile : « Si un aveugle conduit un aveugle, tous deux tomberont dans une fosse ». Bruegel a illustré cette Parabole en peignant six aveugles se guidant l’un l’autre. Le premier est déjà tombé dans la fosse entraînant dans sa chute le second qui entraînera les suivants. Les aveugles semblent avoir le pressentiment de ce qui les attend mais se laissent néanmoins guider vers leur mort…

2 mars 2010

Slumdog Millionaire (2008) de Danny Boyle et Loveleen Tandan

Slumdog MillionaireElle :
Un film à la mise en scène très énergique qui a le mérite de montrer le vrai visage de l’Inde. Il nous plonge brutalement dans la réalité d’une Inde déshéritée avec ses gamins abandonnés, livrés à eux même et à l’appétit de gangs assez sordides. Danny Boyle utilise une caméra spéciale très fluide et mobile pour parvenir à se fondre dans la foule colorée sans se faire remarquer. Le montage est nerveux et complexe; les scènes de rue ou celles surplombant la ville avec ses bidonvilles sont très impressionnantes. Le prétexte de ce jeu télévisé pour faire découvrir une autre Inde par l’intermédiaire de ce jeune concurrent qui a déjà tout vécu de la vie est plutôt une bonne idée de construction car il permet de peindre d’autant plus crûment le décalage entre la société technologique qui avance à grand pas et ces milliers de miséreux qui hantent la ville dans les tas d’ordures. La fin du film, à la manière Bollywood, parait déplacée. Elle semble un peu facilement tirer un trait sur les malheurs et injustices.
Note : 4 étoiles

Lui :
Adaptation d’un roman indien de Vikas Swarup, Slumdog Millionaire (littéralement « le ramassis des bas-quartiers millionnaire ») raconte l’histoire terrible d’un enfant qui, abandonné à lui-même dans les taudis, finira par gagner plusieurs millions à un jeu télévisé. C’est un film à deux faces : un conte de fée et un drame social. La construction, assez originale, entremêle les deux. Sur la forme, Slumdog Millionaire surprend vraiment par son rythme souvent effréné et ses scènes de foules. Danny Boyle a utilisé des nouvelles caméras digitales très petites qui lui ont permis de filmer en décors réels sans trop être remarqué et d’avoir une mobilité extrême de la caméra. Le résultat est assez différent du classique caméra à l’épaule, moins nauséeux mais engendrant souvent des cadrages approximatifs. Danny Boyle abuse des effets, mais heureusement cela ne dure jamais trop longtemps. Jouant beaucoup sur une courte profondeur de champ, l’image est assez belle, ce qui crée un décalage avec l’histoire qui, elle, est très dure et assez violente. Le côté « conte de fée », bien que totalement improbable, fait passer les aspects, parfois quasi insoutenables, de la réalité et le film est globalement positif, s’achevant même de façon un peu béate… Cinématographiquement, le film est indéniablement une réussite même si on peut être un peu plus réservé sur le fond.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dev Patel, Anil Kapoor, Rajendranath Zutshi, Freida Pinto, Madhur Mittal
Voir la fiche du film et la filmographie de Danny Boyle sur le site imdb.com.

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28 février 2010

Sommaire de février 2010

L'énigmeOrphéeDarling LiliSoit je meurs, soit je vais mieuxUlzhanTwo LoversUn, deux, troisDorothy

L’énigme

(1929) de Curtis Bernhardt

Orphée

(1950) de Jean Cocteau

Darling Lili

(1970) de Blake Edwards

Soit je meurs, soit je vais mieux

(2008) de Laurence Ferreira Barbosa

Ulzhan

(2007) de Volker Schlöndorff

Two Lovers

(2008) de James Gray

Un, deux, trois

(1961) de Billy Wilder

Dorothy

(2008) de Agnès Merlet

Le premier jour du reste de ta vieLadyhawke, la femme de la nuitKluteLa belle ensorceleuseEntre les mursBlonde VénusLe fleuve sauvageKatyn

Le premier jour du reste de ta vie

(2008) de Rémi Bezançon

Ladyhawke, la femme de la nuit

(1985) de Richard Donner

Klute

(1971) de Alan J. Pakula

La belle ensorceleuse

(1941) de René Clair

Entre les murs

(2008) de Laurent Cantet

Blonde Vénus

(1932) de Josef von Sternberg

Le fleuve sauvage

(1960) de Elia Kazan

Katyn

(2007) de Andrzej Wajda

There will be bloodTirez sur le pianisteLes sensuels

There will be blood

(2007) de Paul Thomas Anderson

Tirez sur le pianiste

(1960) de François Truffaut

Les sensuels

(1957) de Martin Ritt

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