29 novembre 2010

Une femme a passé (1928) de René Jayet

Une femme a passéLui :
(Film muet) Une femme a passé est un film très méconnu qui, heureusement, a été récemment restauré. Il s’agit du premier long métrage du réalisateur français René Jayet, réalisateur qui s’est hélas illustré par la suite avec des films marqués d’un comique pas toujours très fin… Mais, rien de tel dans ce premier film, bien au contraire. Il s’agit d’un grand drame de la jalousie dans le monde des mariniers, une histoire de femme fatale. La plus grande partie du film se déroule sur une péniche (nous sommes, notons-le, six ans avant L’Atalante de Jean Vigo) et ce lieu clos exacerbe bien entendu les tensions. L’environnement et l’atmosphère générale sont très populaires ; René Jayet montre là une indéniable influence de l’expressionisme allemand. Les gros plans sur le décor ou sur une partie de la scène sont toujours très réalistes, on sent presque la poussière. Certains gros plans sur les visages sont assez remarquables. Une femme a passé est un film qui mérite d’être découvert.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Suzanne Talba, Camille Bardou, Gilbert Périgneaux, Gaby Dary
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28 novembre 2010

Le silence de Lorna (2008) de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Le silence de LornaLui :
Pour réaliser son projet d’ouvrir un snack à Liège avec son petit ami, une jeune albanaise s’est laissé embarquer par un truand dans un plan criminel de double mariage blanc : pour obtenir la nationalité belge, elle a épousé un junkie en espérant qu’il meure rapidement d’une overdose, au besoin en l’aidant un peu. Elle permettra ensuite à un russe de l’épouser moyennant finances. Alors que les personnages des films précédents des frères Dardenne avaient souvent des choix à faire, les personnages du Silence de Lorna n’en ont pas vraiment. Leurs trajectoires sont fermées. En revanche, il est un moment où l’humain peut reprendre le dessus, sorte de basculement qui s’opère lentement en Lorna. Notre basculement à nous, spectateurs, l’avait précédé : si au début du film, il est difficile d’être en empathie avec Lorna, les frères Dardenne nous font rapidement changer notre vision. Tourné en 35mm, sans caméra à l’épaule, Le Silence de Lorna est plus posé, le film délaissant la force pure pour une plus grande subtilité. Les Dardenne sont allés chercher Arta Dobroschi au Kosovo où ils ont auditionné une centaine d’actrices. Elle montre une belle présence dans ce rôle riche et complexe.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Arta Dobroshi, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Alban Ukaj
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27 novembre 2010

Charlot à la plage (1915) de Charles Chaplin

Titre original : « By the Sea »

Charlot à la plageLui :
(Muet, 15 min) Par une journée très venteuse à la plage, Charlot passe à côté d’un homme qui attend sa femme. Tous deux ont accroché leur chapeau avec une ficelle pour ne pas qu’il s’envole. Leurs ficelles s’emmêlent et ils en viennent rapidement aux mains… Ils finissent par se réconcilier et prennent ensemble le cornet de glace de la réconciliation mais se battent à nouveau au moment de payer… Tourné juste après The Tramp qui introduisait le personnage du vagabond,Charlot à la plage By the Sea ne reprend pas vraiment cette figure de marginal : Chaplin est ici un homme ordinaire qui vient se promener à la plage. Ce court métrage est dans la pure tradition des slapstick comedies, les coups volent bas ! Charlot trouve tout de même le moyen d’essayer de séduire une jeune femme de passage (Edna Purviance) et les scènes où il se sert de son adversaire inconscient comme siège ou marchepied pour tenter de la faire rire sont assez hilarantes. Si elle ne figure pas parmi les plus originales, cette petite comédie de la période Essanay est très réussie : elle ne comporte aucun temps mort et aucune longueur.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Billy Armstrong, Bud Jamison, Edna Purviance, Margie Reiger
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Remarques :
Le film fut tourné sur la plage de Malibu qui, à cette époque, était visiblement beaucoup moins courrue qu’aujourd’hui!

27 novembre 2010

Max veut faire du théâtre (1911) de René Leprince et Max Linder

Max veut faire du théâtreLui :
(Muet, 12 mn) Max veut faire du théâtre et n’a donc aucune envie de se marier. Son père le force à rencontrer une jeune fille qui serait un beau parti. En réalité, celle-ci n’a aucune envie de se marier car elle nourrit les mêmes ambitions. Tous deux vont faire en sorte de se montrer le plus laid possible pour rebuter l’autre. Il y a de bonnes trouvailles et l’humour fonctionne bien, grandement basé sur les mimiques et les manières de nos deux tourtereaux. La fin repose sur un faux-semblant amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Max Linder, Jane Renouardt
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27 novembre 2010

Max célibataire (1910) de Max Linder

Max célibataireLui :
(Muet, 8 mn) A la suite d’une petite querelle de ménage, la femme de Max retourne chez sa mère. Il se voit contraint de faire les tâches ménagères ce qui ne va pas se passer sans casse… Il faut bien avouer que cet humour qui repose sur les maladresses d’un homme forcé de faire la vaisselle, la cuisine ou les courses fonctionne beaucoup moins bien aujourd’hui. La toute dernière partie où Max retourne toute la maison pour trouver sa cravate est toutefois assez amusante.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Max Linder
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Remarques :
Le nom du réalisateur n’est pas connu de façon certaine.

26 novembre 2010

My Father, my Lord (2007) de David Volach

Titre original : « Hofshat Kaits »

Mon père mon seigneurLui :
Menahem est un jeune garçon qui porte un regard plein de curiosité sur le monde qui l’entoure. Il ne trouve pas toutes les réponses auprès de son père, rabbin qui a dédié sa vie à l’étude et l’enseignement de la Torah, ni de sa mère qui le chérit fortement tout en restant, elle aussi, dans le cadre strict du respect de la religion. My Father, My Lord est le premier film de l’israélien David Volach qui connaît très bien le milieu ultra-orthodoxe qu’il décrit puisqu’il a grandi en son sein. Il porte un regard à la fois hautement critique mais aussi plein de tendresse et c’est cet équilibre qui rend son film attachant. Il ne condamne pas mais critique l’obéissance aveugle. Plus que le drame qui clôt le film, c’est la scène du précepte du « renvoi du nid » qui résume bien tout le film, l’application d’un précepte qui, vu de l’extérieur, semble tout à fait gratuit : le père l’applique mais peine à en expliquer les fondements, le fils ne comprend pas, la mère arrondit les angles en tentant de réintroduire un peu d’humanité. La mise en scène de David Volach est très épurée ; centrée sur l’essentiel, elle donne beaucoup de présence à ses trois personnages centraux. A noter également, la très belle musique de Michael Hope et Martin Tillman. Un premier film très réussi.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Assi Dayan, Ilan Griff, Sharon Hacohen
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25 novembre 2010

L’Aigle Noir (1925) de Clarence Brown

Titre original : « The Eagle »

L'aigle noirLui :
Au moment où Joseph Schenck décide de produire L’Aigle Noir, la réputation de Rudolph Valentino est ternie après avoir été arrêté pour bigamie (1) et enchaîné plusieurs insuccès. Cette adaptation du roman inachevé d’Alexandre Pouchkine intitulé Dubrowski va lui permettre de retrouver les faveurs du public. C’est une belle histoire de justicier masqué, genre de Zorro dans la Russie tsariste. Un jeune lieutenant cosaque déserte de son régiment pour aller venger son père, victime d’un spoliateur vil et intriguant. Mais ce sinistre individu a une fille… L’histoire en elle-même est donc prévisible et pleine de clichés mais elle est bien ficelée, ponctuée de rebondissements qui maintiennent le spectateur en haleine. Rudolph Valentino et Vilma Bánky dans L'aigle noir Destiné à être un grand divertissement, L’Aigle Noir est toutefois plus axé sur l’humour que sur l’action. Valentino est charmeur à souhait. Le budget conséquent permit la création de somptueux décors signés William Cameron Menzies. C’est avec ce film que Clarence Brown acquit sa réputation d’élégance qui lui permettra de devenir l’un des réalisateurs préférés de Garbo peu après. L’ensemble reste très plaisant aujourd’hui. L’Aigle Noir sera l’avant-dernier film de Rudolph Valentino.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Rudolph Valentino, Vilma Bánky, Louise Dresser, Albert Conti, James A. Marcus
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(1) Une loi de l’époque stipulait qu’un délai d’un an devait s’écouler entre un divorce et un remariage. Rudolph Valentino fut arrêté et emprisonné pour ne pas avoir respecté ce délai. Il ne passa qu’un week-end derrière les barreaux. Les studios l’en extirpèrent dès le lundi matin pour le remettre sur un plateau devant une caméra. Celle qui aurait du être sa nouvelle femme fut envoyée en mission à l’autre bout du pays…

Remarque :
Le titre du film était prévu pour être The Black Eagle (c’est le nom que se donne le personnage dans le film) mais fut raccourci pour éviter de gêner le film que Douglas Fairbanks mettait alors en chantier : The Black Pirate.

Remake :
L’aigle Noir de Riccardo Freda (1946)

24 novembre 2010

Les pirates du rail (1938) de Christian-Jaque

Les pirates du railLui :
A la frontière chinoise, la ligne de chemin de fer du Tonkin est souvent attaquée par des pirates et des groupes qui cherchent à prendre le pouvoir. A la tête de la concession, un groupe de français est en danger permanent. En cette fin des années trente, l’orientalisme et l’exotisme étaient à la mode et avec ces Pirates du Rail, Christian-Jaque tente de profiter de cette vogue. L’intrigue est confuse, un peu simplette, l’histoire étant tirée d’un feuilleton paru dans un grand journal du soir. Elle n’est pas très crédible non plus. Erich von Stroheim campe… un chinois qui a fait West Point (!), Marcel Dalio ne semble peu convaincu de son personnage de marchand d’armes, Charles Vanel se démène pour donner un peu de vraisemblance à l’ensemble.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Charles Vanel, Suzy Prim, Erich von Stroheim, Marcel Dalio, Simone Renant
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23 novembre 2010

L’empreinte (2008) de Safy Nebbou

Titre original : « L’empreinte de l’ange »

L'empreinte de l'angeLui :
A la fin de L’Empreinte, on se dit qu’une telle histoire est vraiment improbable et c’est à ce moment précis qu’un carton précise qu’elle est inspirée d’un fait réel (survenu aux Etats-Unis). En allant chercher son fils dans un anniversaire, une mère de famille aperçoit une fillette et paraît profondément troublée. Elle se met à l’espionner pour trouver où elle habite sans que l’on comprenne tout d’abord ses motivations. Comme souvent, il est préférable d’en savoir un minimum avant de voir ce film car tout l’art de Safy Nebbou est de ne dévoiler que lentement les motivations de son héroïne. Nous la voyons se mettre en chasse, patiente et obstinée. Le réalisateur parvient à créer une tension qui, si elle est légère, se maintient tout au long du film et nous ne savons plus qui ou quoi croire. Très belle interprétation, riche et complexe, de Catherine Frot (que le grand public connaît surtout par ses rôles comiques alors qu’elle a déjà prouvé maintes fois qu’elle avait un registre plus large). Malgré la présence de Sandrine Bonnaire, Catherine Frot domine le film, elle en est le pivot central. Toute cette histoire est d’ailleurs vécue par les yeux de son personnage. Au final, L’Empreinte est un très bon suspense psychologique français.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Catherine Frot, Sandrine Bonnaire, Wladimir Yordanoff, Antoine Chappey, Michel Aumont
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Remarques :
* Par décision de justice du début 2010, le film doit dorénavant porter le titre L’empreinte. Le titre initial L’empreinte de l’ange est en effet celui d’un livre de Nancy Houston.
* L’ « empreinte de l’ange » désigne la partie creuse située entre la bouche et le nez, plus ou moins marquée selon les personnes. D’après une légende, juste avant la naissance, un ange viendrait poser son doigt sur notre bouche, comme pour faire silence, afin que nous puissions oublier le paradis dont on vient et accepter de naître.

Homonyme :
L’empreinte de David Mathieu-Mahias (2004), moyen-métrage avec Michael Lonsdale

22 novembre 2010

La frontière de l’aube (2008) de Philippe Garrel

La frontière de l'aubeLui :
Ce qui frappe en premier, à la vision de La frontière de l’aube, c’est sa superbe photographie en noir et blanc. Elle est signée William Lubtchansky, grand directeur de la photographie français dont ce sera hélas le dernier film puisqu’il est décédé en mai 2010. Pas un plan qui ne soit parfaitement composé avec un superbe éclairage qui va souvent près des limites. Un grand plaisir pour l’œil… heureusement, car il n’en est pas de même sur le contenu : cette histoire d’amour fou au-delà de la mort apparaît assez ennuyeuse. On peut bien entendu évoquer l’hommage, ou les références, au cinéma muet qui était, il est vrai, un beau vecteur pour ce genre d’histoires. Mais, comparativement, La Frontière de l’Aube manque singulièrement de force. Il eut fallu que ses personnages donnent l’impression de s’élever, de transmettre au spectateur leurs sentiments et leur passion. Ni Louis Garrell ni Laura Smet ne semblent avoir cette capacité. Par leur jeu, ils s’enferment dans leur histoire dont nous ne sommes que spectateur. Le film a toutefois des moments de fulgurance : la scène où l’on assiste à l’une de leurs discussions tourmentées avec un très gros plan sur les yeux de Laura Smet est superbe par son intensité. A noter également, la très belle musique, sobre et pure, de Jean-Claude Vannier avec Didier Lockwood au violon.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Louis Garrel, Laura Smet, Clémentine Poidatz
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