28 février 2011

Cendrillon ou La pantoufle merveilleuse (1912) de Georges Méliès

Cendrillon ou La pantoufle merveilleuseLui :
(Muet, 24 minutes) Georges Méliès adapte pour la seconde fois le conte de Charles Perrault, Cendrillon. C’est bien entendu beaucoup plus long ici, le réalisateur a tendance à appuyer fortement ses effets et à prolonger les diverses transformations d’objets ou de personnages qui paraissent interminables. L’ensemble manque singulièrement de rythme. Cendrillon ou La pantoufle merveilleuse Comme pour tous les derniers films qu’il a tournés, on sent ici le fort décalage de Méliès avec les autres cinéastes en ce début des années 1910. Malgré tous les effets, la fixité de sa caméra se ressent et le côté théâtral de son cinéma paraît être une lourdeur.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Louise Lagrange, Jacques Feyder
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Précédente adaptation :
Cendrillon (1899) film de 6 minutes de Georges Méliès

Remarque :
Le dessin ci-dessus de Cendrillon ou La pantoufle merveilleuse est un dessin de Georges Méliès datant environ de 1930 (Collection de la Cinémathèque Française).

28 février 2011

À la conquête du pôle (1912) de Georges Méliès

À la conquête du pôleLui :
(Muet, 33 minutes) Les scientifiques du monde se rassemblent pour décider du meilleur moyen de transport à utiliser pour aller explorer le Pôle Nord. Un aéroplane est mis en construction. Puis commence un long voyage… A la conquête du pôle est une libre adaptation du roman de Jules Verne. La structure narrative du film rappelle fortement celle du Voyage dans la Lune qu’il a tourné dix ans plus tôt. Le traitement est aussi assez proche et on mesure là à quel point Méliès n’a pas suivi l’évolution du cinéma. Autant il était formidablement en avance sur son temps en 1902, aussi il paraît être plutôt en retard en 1912 : son cinéma semble comparativement trop théâtral  et c’est ce qui a provoqué sa forte baisse de popularité. La fibre créative, qui rend sa production si attrayante, paraît ici moins vive. À la conquête du pôle Le voyage dans les airs est particulièrement long et reprend le thème des signes du zodiaque animés que l’auteur/réalisateur a déjà utilisé plusieurs fois. Malgré quelques bonnes trouvailles, les scènes sur le pôle sont plutôt décevantes. A la conquête du Pôle fait hélas partie des derniers films qu’a tournés Georges Méliès.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Georges Méliès, Fernande Albany
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Remarque :
On notera la façon dont les suffragettes sont ridiculisées par Méliès, allant jusqu’au plus mauvais goût (chute et empalement). Cela illustre bien à quel point l’action de ces suffragettes pouvaient déclencher des réactions hostiles et passionnées en cette veille de la Guerre de 14-18.

28 février 2011

Le tunnel sous la manche ou Le cauchemar franco-anglais (1907) de Georges Méliès

Le tunnel sous la manche ou Le cauchemar franco-anglaisLui :
(Muet, 15 minutes) Lors d’un sommet, les chefs d’état français et anglais dorment dans des chambres mitoyennes et font le même rêve : un tunnel sous la Manche est percé. Mais après l’euphorie, le rêve va se transformer en cauchemar… Ce film de Méliès est une comédie légère dont le ton (et même l’image parfois) est proche de celui de la caricature politique.
Note : 3 étoiles

Acteurs: 
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Remarque :
Méliès n’a pas (bien entendu) inventé le concept. Le projet d’un tunnel sous la Manche était déjà dans tous les esprits à cette époque et, ce, depuis de nombreuses années. Le percement d’un tunnel (uniquement ferroviaire puisque les automobiles étaient très peu répandues) avait même débuté en 1874 et été abandonné quelques années plus tard.

28 février 2011

Les quatre cents farces du diable (1906) de Georges Méliès

Les 400 farces du diableLui :
(Muet 17 minutes) Un mystérieux personnage donne à un inventeur et son valet des pilules magiques qui vont leur permettre de faire le tour du monde. Il n’exige en retour qu’une signature. Le malheureux ne sait pas qu’il vient de vendre son âme au diable qui n’aura de cesse de le tourmenter. Il part pour un grand voyage… Georges Méliès ne cherche pas ici à donner à l’histoire une once de vraisemblance, Les quatre cents farces du diable est plutôt une féerie d’effets spectaculaires, de transformations d’objets, d’apparitions. On a l’impression qu’il a voulu condenser tous ses effets en un seul film. Il fait preuve d’une inventivité remarquable : la transformation d’une série de malles de voyage en petit train est superbement inattendue, la course folle dans les astres est joliment onirique. Le rythme est soutenu, nous n’avons guère le temps de souffler et ne comptez pas sur un happy end à la fin ! Le film est aussi plein d’humour, notamment par le personnage du valet qui se comporte le plus souvent comme un bouffon. Belle réalisation et belles utilisation des couleurs.
Note : 4 étoiles

Acteurs: 
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Précision :
Mise en couleurs : non seulement, les films de Méliès étaient peints à la main, image par image, mais encore il fallait répéter l’opération pour chaque copie vendue car il n’y avait aucun moyen de les dupliquer. Cela paraît presque inconcevable à nos esprits d’aujourd’hui… La couche appliquée était bien entendu suffisamment transparente pour laisser apparentes les nuances de gris, ce qui permettait de colorier des « grandes » zones. Rappelons aussi que les films étaient vendus (et non loués) aux exploitants. La version couleur était bien entendu plus chère que la version noir et blanc.

28 février 2011

La Fée Carabosse ou le poignard fatal (1906) de Georges Méliès

La fée Carabosse ou le poignard fatalLui :
(Muet, 12 minutes) Un jeune troubadour consulte la Fée Carabosse pour connaître son avenir. Celle-ci lui montre la vision d’une princesse prisonnière dans un château. Pour aller la délivrer, elle lui propose un talisman magique. Au moment de payer, le troubadour trompe la fée en lui donnant un sac rempli de sable. Elle jure de se venger… Ce petit film aurait été une commande des Magasins Dufayel (Bd Barbès à Paris) : il était montré aux enfants pendant que les mamans faisaient tranquillement leurs emplettes. L’histoire est donc très simple, avec de nombreuses apparitions de monstres ou de fantômes. Méliès montre sa bonne maîtrise du conte de fée qu’il met joliment en images. La fée Carabosse ou le poignard fatal est un petit film  très bien réalisé, tant au niveau de la création des personnages (intéressante fée en chapeau pointu) qu’au niveau de la colorisation.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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28 février 2011

La légende de Rip Van Winkle (1905) de Georges Méliès

La légende de Rip Van WinkleLui :
(Muet 14 minutes) L’histoire de ce petit film en couleurs est librement adaptée d’un conte de l’américain Washington Irving (1783-1859) : un homme part en forêt pour fuir et, pris de fatigue, s’endort pour se réveiller vingt ans plus tard… Méliès donne une version haute en couleur, dans tous les sens du terme puisque les scènes de forêt sont effectivement très colorées. Comme pour Le palais des mille et ne nuits tourné la même année, Méliès utilise largement la profondeur de son nouveau studio pour créer des plans toujours plus riches avec des décors qui peuvent pivoter ou s’effacer pour nous faire découvrir un autre lieu.  La projection de La légende de Rip Van Winkle était accompagnée d’un commentaire dit en direct par un bonimenteur. Il est nécessaire de regarder une version avec ce commentaire pour bien comprendre l’action.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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27 février 2011

Le palais des mille et une nuits (1905) de Georges Méliès

Le palais des mille et une nuits Lui :
(Muet, 21 minutes) Un jeune homme a gagné l’amour de la fille d’un riche sultan mais ne peut l’épouser car il est sans le sou. Un bon génie accepte de le guider vers un fabuleux trésor mais il devra d’abord prouver sa vaillance et son courage… Le Palais des Mille et une Nuits est assez remarquable par la richesse de ses décors aux multiples détails. Les passages les mieux conservés sont de toute beauté en couleurs. Le film utilise d’importantes mises en scène : décors qui coulissent, montent ou pivotent avec une bonne utilisation de la profondeur des plans. On peut supposer que le film a été tourné dans le second studio de Georges Méliès, beaucoup plus grand que le premier et plus riche en mécanismes. Les apparitions et disparitions sont nombreuses, certaines sont très réussies car très progressives (par exemple la première apparition de la déesse au sommet de son piédestal). Sur l’histoire proprement dite, Le palais des mille et une nuits est toutefois beaucoup moins prenant et convaincant que Le Royaume des Fées. La projection du Palais des Mille et Une Nuits était accompagnée d’un commentaire dit en direct par un bonimenteur. Il est essentiel de regarder une version avec ce commentaire qui permet de bien comprendre l’action.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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Remarques:
Christie a récemment vendu aux enchères le script (4 pages) écrit de la main de Georges Méliès. Voici ce que l’on pouvait lire sur la première page visible sur internet :

Script de Méliès - Le palais des mille et une nuits –  Le Palais des Mille et une Nuits –
Grande féérie cinématographique
de Georges Méliès

1ere partie : Le prince Sourire, qui est sans fortune, aime la princesse Indigo, fille d’un Radjah, et est aimé d’elle. Il la demande en mariage mais la demande est repoussée, car elle est promise à un vieil usurier, fort riche, nommé Sakaram, lequel est d’une avarice sordide (ainsi que le Radjah).
2e partie : Le prince est désespéré de ce refus mais grâce à l’aide du sorcier Kalafar qui compatit à son infortune et qui lui fait avoir le concours de diverses puissances magiques, il part à la conquête d’un trésor dont il s’empare après de nombreuses péripéties.
3e partie : Le prince revient au palais du Radjah qui, le voyant désormais plus riche que le vieil usurier, reprend sa parole à ce dernier, le fait chasser du palais, et accorde sa fille à celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer.

Les 30 tableaux :
1. L’audience du Radjah
2. La demande en mariage
3. La chambre du Prince
4. Le sorcier Kalafar et l’épée enchantée
5. Le temple de Siva, cérémonique bouddhique. Les Vestales.
6. Le miracle de Siva
7. Les bateliers du fleuve sacré
8. Le Nain bleu
9. Les rives du fleuve sacré
10. La gondole du Nain bleu
11. Cortège du Grand Prêtre et des Gardiennes de la forêt magique
12. La forêt enchantée, grand décor extraordinaire à transformations multiples
13. L’entrée des Cavernes Merveilleuses. La Fée de l’Or.
14. Descente dans la Grotte de Cristal.
15. La Grotte de Cristal
16. Les génies du feu, gardiens des trésors
17. Les feux follets.
18. Les spectres, combat fantomatique.
19. Les caves miraculeuses
20. Le dragon et les crapauds fantastiques
21. Les monstres de pierre
22. Les feuilles de lotus merveilleuses
23. Les déesses souterraines
24. La fontaine de feu
25. Le temple d’Or
26. Le Palais des mille et une nuits
27. La Fée de l’Or et le coffre-fort féérique
28. La conquête des trésors
29. Grand défilé des richesses
30. Retour au palais du Radjah et mariage du prince.

La portion visible s’arrête ici, hélas. Les deux autres pages décrivent le contenu de chaque tableau. On remarque que, pour Méliès, la notion de tableau est liée à la mise en place. Deux scènes se deroulant dans le même décor avec une substitution d’objet sont pour lui deux tableaux différents.
On notera aussi que le découpage en trois parties n’est pas représentatif car les première et dernière parties sont excessivement courtes par rapport à la deuxième.

27 février 2011

Le royaume des fées (1903) de Georges Méliès

Au royaume des féesLui :
(Muet 16 minutes) Le Royaume de Fées est l’un des plus beaux films de Méliès. Il présente la même richesse et la même beauté visuelle, voire plus, que Le Voyage dans la Lune. L’histoire est adaptée d’une féérie du Chatelet. Alors que le Roi annonce le mariage de sa fille avec un beau prince, sous l’égide de bonnes fées, la princesse est brutalement enlevée par une abominable sorcière. Une expédition est immédiatement entreprise par le jeune prince pour aller la délivrer… L’histoire est simple sur le fond mais assez élaborée dans ses développements. Les décors sont riches et variés, toujours très beaux avec de remarquables couleurs. Les paysages sous-marins sont particulièrement admirables, très poétiques. L’histoire permet à Méliès d’utiliser sa grande maîtrise des apparitions et disparitions, des superpositions et des effets pyrotechniques (étonnante scène « à grand spectacle » de l’incendie du château avec le plafond qui s’écroule). Joli final. La projection du Royaume des Fées était accompagnée d’un commentaire dit en direct par un bonimenteur. Il est essentiel de regarder une version avec ce commentaire qui permet de bien comprendre l’action. Le film est entièrement colorié à la main, image par image. Le Royaume des Fées est un film remarquable, d’une richesse étonnante, d’une beauté admirable. Il mériterait indéniablement d’être aussi célèbre que Le Voyage dans la Lune.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Bleuette Bernon, Georges Méliès
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27 février 2011

Le voyage de Gulliver à Lilliput et chez les Géants (1902) de Georges Méliès

Le voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géantsLui :
(Muet, 4 minutes) La série des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift fournit un beau contexte à Méliès pour utiliser habilement ses effets de superpositions. Grâce à sa maîtrise de la double exposition, il réussit très bien à placer dans le même cadre géants, hommes et lilliputiens. Il se permet même de beaux effets. Une scène étonnante est celle où Gulliver reçoit la visite du Roi et de la Reine des lilliputiens, cette dernière arrivant en chaise à porteurs que Gulliver prend et pose sur la table devant lui ; la Reine en sort alors (voir photo ci-contre). La réalisation technique est parfaite et l’effet est saisissant. En revanche, le scénario n’est pas vraiment développé en une histoire continue. Il n’y a que cinq scènes en tout mais il n’est pas impossible que le film ait été plus long originellement car le début est abrupt et la transition avec le pays des Géants est tout aussi rapide : Gulliver se retrouve alors minuscule sur une table où trois géants jouent aux cartes. On notera les transitions en fade entre les scènes. Le film est en couleurs, colorié à la main image par image.
Note : 3 étoiles

Acteurs:
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Autres films mettant en scène Gulliver, le personnage de Jonathan Swift.

26 février 2011

Barbe-bleue (1901) de Georges Méliès

Barbe-bleueLui :
(10 minutes) Barbe Bleue fait partie des premiers « grands films » (dans le sens « long », c’est-à-dire d’une longueur de dix minutes à une époque où la plupart ne duraient qu’une ou deux minutes) de Georges Méliès. Ce conte de Perrault lui permet d’intégrer ses fameux trucages au sein d’une histoire : apparitions, disparitions, scènes de rêves… Méliès maîtrise déjà parfaitement tous ces effets. Celui du diablotin qui jaillit du grand livre est remarquablement réussi. On remarquera aussi l’utilisation habile d’un mannequin dans la scène où Barbe Bleue traîne sans ménagement sa femme par les cheveux (1). Sans être aussi développé que celui du Voyage dans la Lune, film qu’il réalisera l’année suivante, le scénario est très riche, faisant intervenir une petite dizaine de lieux différents. Belle symbiose entre les « trucs » de Méliès et un récit bien construit, Barbe Bleue est un film étonnant : quelle inventivité !
Note : 4 étoiles

Acteurs: Georges Méliès, Jeanne d’Alcy, Bleuette Bernon
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(1) Ce film prouve que The great train robbery (1903) n’est donc pas le premier film utilisant un mannequin dans une scène violente scénarisée. D’ailleurs, l’illusion est plus parfaite ici car la légèreté du mannequin est peu visible.