13 octobre 2006

« La mort de Belle » (1961) d’ Edouard Molinaro

La Mort de BelleElle :
Ce polar adapté d’un roman de Simenon plonge le spectateur dans une atmosphère lourde de soupçons à l’égard d’un mari solitaire et renfermé interprété par l’excellent Jean Desailly. Ce dernier grâce à son jeu d’acteur qui joue sur la fragilité, l’ambiguïté et l’incertitude fait basculer le film dans un jeu de cache-cache avec une épouse méfiante, un juge gouailleur et un commissaire plus clément. C’est un brutal face à face avec la justice pour ce mari perturbé.
Note : 5 étoiles

Lui :
Il y a toujours un climat bien particulier dans ces films policiers français des années 60. Ici ce n’est pas la qualité de la photographie noir et blanc qui crée ce climat, c’est l’assemblage d’un excellent scénario, d’une interprétation sans failles (Jean Desailly, Jacques Monod, …) et d’une mise en scène précise. Molinaro a joué sur le côté insolite de ce roman de Simenon. La fin est un peu trop surprenante.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean Desailly, Alexandra Stewart, Jacques Monod
Voir la fiche du film et la filmographie de Edouard Molinaro sur le site imdb.com.

9 septembre 2006

« Les complexés » (1965) de Luigi Filippo D’Amico, Dino Risi et Franco Rossi

Titre original : « I complessi »

Les complexésElle :
Trois films à sketches à l’italienne dans la pure tradition des années 60 sur un homme ultra-timide incapable de séduire la femme de ses rêves, un mari puritain qui traque frénétiquement les images dénudées de son épouse dans un film et un prétendant aux dents de cheval à un poste d’animateur télé. Ce dernier sketch est le plus amusant avec un Alberto Sordi surdoué pour la diction et qui malgré sa dentition spectaculaire parvient à surmonter tous les obstacles.
Note : 3 étoiles

Lui :
Comédie italienne à sketches sur le thème des complexés. Celui de Dino Risi est le plus classique, le plus triste, le plus terne aussi. Le deuxième sketch, de Franco Rossi, est plus drôle, avec un Ugo Tognazzi en puritain particulièrement acharné. Le troisième, signé du peu connu Luigi Filippo D’Amico (et ce n’est pas un pseudonyme), est vraiment jubilatoire avec un Sordi en pleine forme. Ce sketch mérite vraiment d’être vu, c’est l’une de ces petites perles de la comédie italienne.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi, Alberto Sordi, Ugo Tognazzi
Voir la fiche du film et la filmographie de Dino Risi , de Franco Rossi et de Luigi Filippo D’Amico sur le site imdb.com.
Note: Franco Rossi n’est pas Franco Rosi (nom parfois utilisé par Francesco Rosi).

6 septembre 2006

« Le deuxième souffle » (1966) de Jean-Pierre Melville

Deuxieme souffleElle :
Belle mise en scène pour ce film en noir et blanc, excellents acteurs dont Lino Ventura qui vient de s’évader de prison et tente de se réhabiliter. Bref, une ambiance de film noir à la Melville. Le réalisateur joue sur l’attente et met à distance le spectateur de ces malfrats pour créer une ambiance pesante. Toutefois, cette lenteur de l’action finit par lasser et me désintéresser des embrouilles minables de ces truands.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film noir de Melville me paraît plutôt moins réussi. Sans doute est-ce parce que l’on n’éprouve aucune sympathie (ni aucune fascination) envers les protagonistes, que l’on se sent étranger, spectateur, à leurs affaires. De plus, le film est très long (2h30). Néanmoins, la maîtrise de la mise en scène, certains rebondissements et la qualité des acteurs font que le film se laisse regarder avec un certain plaisir.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Lino Ventura, Paul Meurisse, Raymond Pellegrin
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8 août 2006

« Joë Caligula » (1966) de José Bénazéraf

Joe CaligulaElle :
Ce film ne fait qu’emprunter le ton des films de la Nouvelle Vague par pur effet de mode. Le scénario indigent, violent et provocateur n’apporte rien. Le spectateur est en perpétuelle attente que quelque chose se passe… et il ne se passe quasiment rien si ce n’est les braquages d’un truand interprété par Gérard Blain qui n’hésite pas à recourir à la cruauté, et la torture. Ce réalisateur devint le pape des films pornographiques par la suite.
Note : 1 étoiles

Lui :
C’est une curiosité des années 60, sorte de divagation cinématographique. Prenant comme cheval de bataille la violence et le sexe, le film semble n’avoir pour but que choquer, but atteint puisque le film fut interdit à sa sortie. Le problème est qu’il n’y a rien dans ce film, qu’une suite de scènes vides et interminables, pratiquement aucun dialogue. Il fut tourné très rapidement et l’improvisation est visible. Une curiosité, certes, mais sans grand intérêt.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Gérard Blain, Jeanne Valérie, Ginette Leclerc
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2 août 2006

24 heures de la vie d’une femme (1968) de Dominique Delouche

24 heures de la vie d'une femme Elle :
Malgré de splendides paysages au bord d’un lac italien, des décors surannés, des costumes délicats et la bonne interprétation de Danielle Darrieux, le film se prête assez mal à l’adaptation et traîne en longueur. J’ai de loin préféré le livre de Stephan Zweig où l’on comprend mieux comment cette femme murissante défie les bonnes manières en sortant avec un jeune allemand déserteur. L’emploi du « je » implique également le lecteur dans les tourments intérieurs de cette femme qui là confie son lourd secret à un jeune inconnu.
Note : 3 étoiles

Lui :
Tout le film semble reposer sur le charme de Danielle Darrieux qui incarne une dame de la haute société du début du siècle. Côté scénario il n’y a que peu de choses pour retenir notre attention et l’on doit se contenter de regarder les belles images.
Note : 1 étoile

Acteurs: Danielle Darrieux
Voir la fiche du film et la filmographie de Dominique Delouche sur le site IMDB.

Remarque :
Le roman de Stephan Zweig a également été adapté pour la télévision américaine par Silvio Narizzano dans Twenty-four hours in a woman’s life (1961) avec Ingrid Bergman
et plus récemment par Laurent Bouhnik dans 24 heures de la vie d’une femme (2002) avec Agnès Jaoui.

Autres versions :
24 hours of a woman’s life (1952) de Victor Saville
24 horas en la vida de una mujer (1944) de l’argentin Carlos F. Borcosque
24 Stunden aus dem Leben einer Frau (1931) de Robert Land

13 juillet 2006

L’amour à vingt ans (1962) de François Truffaut, Andrzej Wajda, Shintarô Ishihara, Marcel Ophüls et Renzo Rossellini

L'amour à vingt ansElle :
(pas vu).

Lui :
(Film à sketches) 5 capitales, 5 réalisateurs. Le sketch italien et le sketch allemand sont plutôt inintéressants car trop conventionnels. Le sketch japonais est plus original sans être remarquable, le polonais (signé Wajda) a un petit quelque chose. Cet ensemble de sketches aurait probablement été oublié depuis longtemps s’il n’avait pas abrité le second volet de l’histoire d’Antoine Doinel, épisode que Truffaut a appelé « Antoine et Colette ». Antoine Doinel a 17 ans. Beaucoup de sensibilité et d’humour dans ce court métrage.
Note : 4 étoiles(sketch de Truffaut)
Note : 1 étoiles(autres sketches)

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, Marie-France Pisier
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Cycle Antoine Doinel de François Truffaut :
1. Les 400 coups (1959)
2. Antoine et Colette (dans « L’amour à 20 ans ») (1962)
3. Baisers volés (1968)
4. Domicile conjugal (1970)
5. L’amour en fuite (1978)

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13 juillet 2006

Baisers volés (1968) de François Truffaut

Baisers volés Elle :
Dix ans après Les 400 coups, nous retrouvons Jean-Pierre Léaud pour ce troisième volet de la série des Antoine Doinel. Le petit garçon est devenu un jeune homme hésitant, timide, instable. Le film nous entraîne dans ses différentes expériences professionnelles et amoureuses à la sortie de son service militaire. Les situations incongrues et cocasses abondent. Un petit chef d’oeuvre de drôlerie et d’humour tendre.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le plus remarquable dans ce classique de François Truffaut, c’est la galerie de portraits qu’il déploie devant nos yeux : il y a bien-sûr le personnage d’Antoine Dionel, éternel décalé, insatisfait chronique, mais il y a aussi toute cette kyrielle de personnages, pittoresques mais très réalistes car Truffaut est toujours aussi minutieux dans sa mise en scène. L’humour est omniprésent, parfois presque surréaliste (Mr Tabard chez le détective privé) et le film est parfaitement équilibré. La magie du cinéma façon Truffaut.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, Delphine Seyrig, Claude Jade, Michael Lonsdale
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Cycle Antoine Doinel de François Truffaut :
1. Les 400 coups (1959)
2. Antoine et Colette (dans « L’amour à 20 ans ») (1962)
3. Baisers volés (1968)
4. Domicile conjugal (1970)
5. L’amour en fuite (1978)

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12 juillet 2006

« Monterey Pop » (1968) de D.A. Pennebaker

Monterey PopElle
Note : 4 étoiles

Lui :
Le festival de Monterey en 1967 fut le premier grand festival de musique pop et reste historiquement et musicalement l’un des plus importants. On retrouve à l’affiche de nombreux groupes phare, à une époque où certains n’étaient qu’assez peu connus. Si quelques-uns, comme Canned Heat ou les Byrds, ne sont visiblement pas dans un très bon jour, beaucoup de ces groupes livrent là une de leurs meilleures performances et le film de Pennebaker en est le témoin : on remarque entre autres une impressionnante Janis Joplin, un Otis Redding puissant, un Jefferson Airplane vraiment inspiré, un Hendrix (dont c’est le premier concert américain) provoquant à souhait… Pennebaker ne se contente pas de filmer les groupes sur scène : les plans de coupe sont nombreux, nous faisant découvrir des visages dans le public, un public extrêmement concentré et sérieux. Le montage est ainsi très vivant et regarder cela 40 ans plus tard nous replonge de manière délicieuse (et un brin nostalgique) en plein dans l’atmosphère du "flower-power".

Monterey International Pop Festival En plus du film original de 79mn, le coffret comprend un DVD avec des extraits plus importants du passage de Jimi Hendrix et de celui d’Otis Redding. Un troisième DVD, un peu inégal mais intéressant tout de même, regroupe des morceaux non retenus pour le film original. Le grand absent de ce coffret reste le Grateful Dead dont la longueur des morceaux a surpris Pennebaker qui fut à court de bobines !

Liste des groupes et nombre de morceaux : Jimi Hendrix (10), The Mamas and the Papas (7), Otis Redding (5), The Who (4), Tiny Tim (4), Jefferson Airplane (3), Simon and Garfunkel (3), The Byrds (3), Janis Joplin avec Big Brother and the Holding Company (2), Country Joe and the Fish (2), Laura Nyro (2), Ravi Shankar (1), Hugh Masekala (1), Eric Burdon and the Animals (1), The Association (1), Al Kooper (1), Paul Butterfield Blues Band (1), Quicksilver Messenger Service (1), Blues Project (1), Scott McKenzie (1).
Note : 4 étoiles

Acteurs:
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4 juillet 2006

Kwaidan (1964) de Masaki Kobayashi

Titre original : « Kaidan »

Kwaidan Elle :
(pas vu)

Lui :
C’est un ensemble de quatre contes japonais, à forte connotation hiératique (ou fantastique). Les thèmes traités sont en eux-mêmes plutôt simples mais en revanche l’atmosphère est très particulière, d’une lenteur toute japonaise, parfois pesante mais qui finit par être envoûtante. L’ambiance est créée aussi par la lumière extrêmement sombre. Les décors, très souvent peints, évoquent des estampes japonaises. Kwaidan est un film un peu difficile à aborder pour un occidental, mais fascinant par ses thèmes et son traitement.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Rentaro Mikuni, Michiyo Aratama, Misako Watanabe
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2 juillet 2006

Le Trou (1960) de Jacques Becker

Le Trou Elle :
Tiré d’un roman de José Giovanni, voici un très beau film en noir et blanc sur la trahison et les liens d’amitié qui se tissent entre quatre prisonniers désireux de s’évader et un nouveau compagnon de cellule issu d’un milieu bourgeois. La mise scène sobre et minutieuse est très efficace pour dépeindre les relations psychologiques entre ces cinq personnages. Jean Becker filme le plan d’évasion méthodiquement et implique fortement le spectateur dans les joies et déboires de cette entreprise risquée. Les acteurs sont excellents de par leur sobriété et sincérité. Le Trou est un film que l’on revoit avec grand plaisir.
Note : 5 étoiles

Lui :
Le huis-clos carcéral n’est pas un thème affriolant à priori… Pourtant, Le Trou est certainement l’un des films les plus prenant de l’histoire du cinéma. L’histoire est relativement simple (cinq détenus veulent s’évader), elle n’est pas particulièrement riche en soi et pourtant elle nous captive totalement et les quelques petites incohérences ne gênent en rien. Jacques Becker réussit parfaitement à faire monter le suspense, en s’appuyant sur une mise en scène assez dépouillée, très près du réel, insistant par de longs gros plans, par exemple sur les coups pour percer le sol en ciment. Sans s’attarder à dresser un portrait des cinq personnages principaux, Jacques Becker donne une énorme dimension humaine, se gardant de tout manichéisme (prisonnier / gardiens par exemple). Il est toutefois indéniable que le côté sympathique des personnages n’est pas pour rien dans l’alchimie qui fait la réussite de ce film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Marc Michel, Jean Keraudy, Philippe Leroy, Raymond Meunier, Michel Constantin
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