24 septembre 2006

« Le Pont des Arts » (2004) d’ Eugène Green

Le Pont des ArtsElle :
Je n’ai pas résisté plus de 30mn à l’artificialité du jeu des acteurs et au maniérisme ambiant bien propre à un milieu bien déconnecté du réel.
Note : pas d'étoiles

Lui :
On ne peut pas vraiment dire qu’Eugène Green fasse un effort quelconque pour nous encourager à entrer dans son film : il y a tout d’abord ce parti pris au niveau du jeu des acteurs, un jeu figé, sans émotion, des acteurs qui regardent la caméra… et aussi cette image terne et plate, sans éclairage. En fait, le film est comme totalement dénué d’artifice pour mieux se focaliser sur son récit, à mi-chemin entre la chronique sentimentale de fin d’adolescence et le songe mélancolique. Le problème est que l’émotion a bien du mal à naître de toute cette froideur apparente et que le film semble s’empêtrer dans un tissu de petites vérités simples qui se voudraient être essentielles. Non, en fait, les meilleurs moments sont ceux où Eugène Green égratigne un certain milieu intellectuel avec quelques personnages hauts en couleur, franchement allumés et totalement imbus de leur personne : un(e) professeur de littérature exaltée, Olivier Gourmet en homme théâtre emphatique et surtout Denis Podalydès, absolument superbe en directeur d’ensemble baroque autant maniéré que détestable !
Note : 2 étoiles

Acteurs: Adrien Michaux, Natacha Régnier, Denis Podalydès, Olivier Gourmet
Voir la fiche du film et la filmographie de Eugène Green sur le site imdb.com.
Note: Le très beau morceau de Monteverdi que l’on entend plusieurs fois est « Lamento della Ninfa« , un madrigal amoureux extrait du 8e livre « Madrigali guerriere ed amoroso » (1638).

23 septembre 2006

Mémoire effacée (2004) de Joseph Ruben

Titre original : « The forgotten »

Mémoire effacée Elle :
(pas vu)

Lui :
Je l’ai souvent vérifié : c’est un avantage énorme de pouvoir regarder les films sans avoir lu les critiques, sans même savoir de quoi il s’agit… Ce fut mon cas pour Mémoire effacée et le plaisir que j’ai eu à le visionner est en grande partie du à l’effet de surprise (donc si vous n’avez pas vu le film et encore rien lu, je vous conseille d’arrêter ici la lecture de ce commentaire). Il y a une bonne progression dans le film : on a ce sentiment de basculer inéluctablement dans le fantastique tout en ayant envie de réfréner cette impression (au départ, j’étais pour ma part persuadé que j’allais voir un drame psychologique). Le problème est que ce jeu sur l’ambiguïté et les fausses apparences tombe à plat si l’on sait à l’avance de quel type d’histoire il s’agit, et je suis persuadé que j’aurais alors beaucoup moins apprécié ce film car le scénario est somme toute assez conventionnel et mal exploité. Julianne Moore est merveilleuse, comme d’habitude : elle parvient à donner beaucoup d’épaisseur et de crédibilité à son personnage.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Julianne Moore, Dominic West, Gary Sinise, Linus Roache
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22 septembre 2006

« Le voyage de Félicia » (1999) d’ Atom Egoyan

Titre original : « Felicia’s Journey »

Voyage de FéliciaElle :
Formidable film de ce réalisateur arménien, avec une mise en scène visuelle et sonore magistrale ! Ce scénario original et étrange repose sur la rencontre inéluctable entre une jeune fille enceinte à la recherche de son compagnon et un monsieur d’apparence respectable qui ne s’est pas remis de la mort de sa mère, une cuisinière hors pair plutôt étouffante. Les névroses et déséquilibres psychologiques de ces deux êtres désemparés par la disparition d’un être cher donnent lieu à une atmosphère angoissante, une musique dissonante, de longs travellings, une lente progression de l’histoire comme pour mieux cerner et s’approprier les personnages. On est saisi de stupeur et d’effroi. Bref du grand art !
Note : 5 étoiles

Lui :
Un film vraiment remarquable. D’abord, le scénario est superbe: très cohérent, il distille avec grand art les informations et ne cesse de nous surprendre (surtout quand on ne connaît pas l’histoire à l’avance, comme ce fut notre cas). On croit d’abord avoir affaire à un drame social et on tombe petit à petit dans un drame policier psychologique. La personnalité du personnage principal (excellent Bob Hoskins) est peu à peu dévoilée avec maestria dans toute la première partie. D’autre part, Atom Egoyan fait montre d’une très grande maîtrise de la mise en scène, extrêmement rigoureuse, douce et précise, utilisant largement d’amples mouvements de caméra, et crée une atmosphère chargée mais sans lourdeurs. Toute la construction semble parfaite, à la fois simple et complexe (flash-back, ellipses). Admirable.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Bob Hoskins, Arsinée Khanjian, Elaine Cassidy
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Voir les autres films de Atom Egoyan chroniqués sur ce blog…

21 septembre 2006

« Sin City » (2005) de Robert Rodriguez

Sin cityElle :
(pas vu)

Lui :
Je dois bien avouer que j’avais un a priori négatif sur ce film (je ne suis pas un grand fan de Rodriguez ni de comic books), mais j’ai tenu à le voir par curiosité et j’ai été agréablement surpris. Dans sa forme, il s’agit certainement d’une des adaptations les plus abouties et les plus innovantes d’une bande dessinée à l’écran : aussi bien l’esprit que le graphisme sont parfaitement conservés. Le rendu très stylisé en noir et blanc avec touches de couleurs est assez remarquable, les plans sont proches de ceux des comics et les personnages sont assez hauts en couleur… Le plus réussi est certainement ce colosse braque et fonceur, interprété par un Mickey Rourke parfaitement méconnaissable sous le maquillage. Bien entendu, le contenu est assez limité : les mecs sont brutaux et virils, les femmes sont soit des prostituées soit des amazones (ou les deux), et tout ce petit monde s’entretue avec la plus grande sauvagerie possible sous un vague prétexte justicier. C’est sans doute à cause de cela que le film paraît trop long : parmi les 3 histoires, la dernière m’a franchement ennuyé. Malgré cela, on ne peut qu’être admiratif devant la perfection technique de cet exercice de style réussi (ceci dit, je ne suis pas certain d’aller voir le "2"…)
Note : 3 étoiles

Acteurs: Bruce Willis, Mickey Rourke, Jessica Alba
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20 septembre 2006

« Le tableau noir » (2000) de Samira Makhmalbaf

Titre original : « Takhté siah »

Le tableau noirElle :
Douloureuse plongée dans l’univers du Kurdistan avec la présence de deux instituteurs chargés d’un tableau noir qui sillonnent les hautes montagnes arides à la recherche d’élèves à éduquer. L’un rencontre des enfants contrebandiers qui ont comme seul objectif la survie dans ce monde hostile. L’autre instituteur se mêle à une foule errante de vieillards kurdes qui tentent de gagner la frontière irakienne et ont bien du mal à tenir debout. La tentative désespérée d’éduquer ces pauvres hommes humiliés passe du comique au tragique. Le tableau devient une civière, un paravent, une étente à linge et enfin un abri contre les balles. Cette talentueuse cinéaste iranienne de 20 ans donne une émouvante et onirique vision de ces peuples kurdes oubliés et harassés par des années de guerre.
Note : 4 étoiles

Lui :
C’est un film assez poignant. La réalisatrice choisit de prendre des personnages inhabituels, des instituteurs portant leur tableau noir sur le dos, pour nous dépeindre la situation sur la frontière Iran-Irak en pleine guerre. Sur ces montagnes arides, il ne semble rester que des gamins qui font de la contrebande et une procession de vieillards. La qualité de réalisation (photo) assure la réussite du film qui parvient parfaitement à nous faire partager les sentiments de ces hommes. En revanche, l’interprétation est assez inégale, allant du meilleur (l’instituteur) au pire (la femme).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Said Mohamadi, Behnaz Jafari
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19 septembre 2006

« Virilité » (2000) de Ronan Girre

Autre titre : « Virilité et autres sentiments modernes »

VirilitéElle :
Ce qui devrait être drôle se révèle très vite sans intérêt. Les doutes que ce trentenaire émet sur sa virilité n’émeuvent que lui. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Lui :
Difficile de trouver de l’intérêt dans cette histoire. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Bruno Putzulu, Estelle Skornik
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18 septembre 2006

« Tigre et Dragon » (2000) de Ang Lee

Titre original : « Wo hu cang long »

Tigre et dragonElle :
Une fois de plus, un film à oscars bien décevant. De beaux décors et une douce lumière, des combats spectaculaires de ninjas mais hélas un scénario bien trop mince pour retenir l’attention.
Note : pas d'étoiles

Lui :
Les images sont très belles, les chorégraphies des combats sont époustouflantes… mais que c’est ennuyeux! Je suis tout de même un peu étonné que ce film ait eu tant de succès.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Chow Yun-Fat, Michelle Yeoh, Zhang Ziyi
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17 septembre 2006

Chez les heureux du monde (2000) de Terence Davies

Titre original : « The House of Mirth »

Chez les heureux du monde
Elle :
Ce film adapté d’un roman d’Edith Wharton dresse un portrait sans complaisance de la haute société new-yorkaise obnubilée par le pouvoir et l’argent au début du XXe siècle. Lily, une jeune femme admise au sein de cette élite de par sa tante qui l’a recueillie, finit par se faire une réputation sulfureuse de par ses maladresses et sa naïveté. Elle se fait rejeter de ce cercle oisif, avide de ragots et de manigances et se voit obligée de travailler ce qui est impensable à l’époque pour une personne de son rang. Malgré certaines longueurs, le film se laisse déguster surtout quand on voit le grand décalage qui pouvait exister entre les riches et les classes laborieuses.
Note : 4 étoiles

Lui :
Chez les heureux du monde Après une mise en place un peu confuse, le film fonctionne bien dans un premier temps, notamment grâce à la qualité de la reconstitution historique, assez minutieuse. Ensuite, hélas, ces histoires de haute bourgeoisie new-yorkaise du début du XXe siècle deviennent un peu lassantes. De plus, le choix des acteurs n’est pas très réussi : Gillian Anderson n’est absolument pas convaincante et Dan Aykroyd ne semble pas à sa place. Tout ceci fait que l’on a bien du mal à éprouver un tant soit peu de compassion pour cette jeune femme, Lily, qui a bien du mal à trouver sa place dans cette société engoncée dans ses principes.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Gillian Anderson, Dan Aykroyd, Eleanor Bron, Terry Kinney
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16 septembre 2006

La veuve joyeuse (1925) d’ Erich von Stroheim

Titre original : « The merry widow »

The Merry WidowElle :
(pas vu)

Lui :
(Film muet) En compensation de la mutilation opérée sur son film précédent Greed ( Les Rapaces , 1924), la MGM offrit à Erich von Stroheim l’adaptation de cette opérette de Franz Lehar que plusieurs réalisateurs rêvaient de tourner. Plutôt que d’en faire une comédie légère, Stroheim en fit une satire assez mordante, s’attachant surtout à dépeindre les mœurs dissolues des princes de cette royauté fictive d’Europe Centrale. En plus d’une condamnation de l’argent et du pouvoir, on y trouve les fantasmes de Stroheim. Le côté sulfureux du film lui assura un gros succès à l’époque… Le scénario, fabuleusement puissant, fait partie de ces petites merveilles du cinéma. The Merry Widow S’il est moins complet et innovant que GreedLa veuve joyeuse a une indéniable force et reste très prenant et dense malgré sa longueur (2h25). Il est aussi plus classique dans sa construction. Avec son sourire carnassier, le personnage de fourbe interprété par Roy d’Arcy est particulièrement détestable…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Mae Murray, John Gilbert, Roy d’Arcy
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La Veuve Joyeuse fut adaptée de nombreuses fois à l’écran, notamment :
par Ernst Lubitsch en 1934 avec Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald
par Curtis Bernhardt en 1952 avec Lana Turner (version moins réussie).
Voir la liste des 18 adaptations listées par IMDB + 2 autres

15 septembre 2006

« Lisa » (2001) de Pierre Grimblat

LisaElle :
Cette émouvante histoire d’amour entre Lisa atteinte de tuberculose et un jeune acteur, est adaptée d’un roman de Patrick Cauvin « Le Théâtre de Minuit ». Cette liaison passionnée et douloureuse se situe peu avant la guerre et c’est Lisa (Jeanne Moreau) qui 60 ans plus tard la raconte à une jeune réalisateur (Benoit Magimel). Celui-ci l’emmène revoir l’impressionnant sanatorium où elle vécut cet amour et c’est à travers ce voyage initiatique qu’il va découvrir le passé tragique de ces deux êtres. Il est amené également à se poser de nombreuses questions sur son identité juive et interroge ses propres parents qui occultent le passé. Il redécouvre son père et par conséquent lui-même. Cette quête du passé et du présent est menée avec émotion, délicatesse et poésie.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est une histoire assez bouleversante qui nous touche assez profondément sur certaines scènes. En revanche, le film souffre de quelques longueurs et surtout d’une certaine confusion, notamment sur la partie contemporaine, confusion qui empêche le parallèle entre les deux histoires de fonctionner parfaitement. Toutefois, la partie qui se déroule en 1940-43 est très forte et fait passer une puissante émotion.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jeanne Moreau, Marion Cotillard, Benoît Magimel, Sagamore Stévenin
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