17 novembre 2004

Lumière d’été (1943) de Jean Grémillon

Autre titre (Belgique) : Le tourbillon des passions

Lumière d'été Elle :
Dommage que la médiocrité de la bande sonore nuise à la compréhension des dialogues car Jean Grémillon réunit des acteurs de premier plan comme Madeleine Renaud, Pierre Brasseur et Madeleine Robinson. Dans un hôtel et un château perdus de Haute Provence, s’y jouent des histoires d’amour impossibles entre une jeune femme et trois hommes dont un peintre alcoolique, un châtelain oisif et un ouvrier désintéressé. On assiste aux grandes déclarations, l’explosion des sentiments, aux intrigues et aux mensonges des uns et des autres. Les riches s’opposent aux gens simples par des moyens peu glorieux. Mais la morale finit par l’emporter en réunissant la jeune fille et l’ouvrier généreux.
Note : 3 étoiles

Lumière d'étéLui :
Etant réalisé sous l’occupation, ce grand drame de l’amour signé Jean Grémillon est bien entendu chargé de symboles. Face à la jeune fille à l’âme pure et noble, trois prétendants symbolisent trois styles de société: l’aristocrate oisif, l’artiste bohème et le jeune travailleur. C’est bien entendu ce dernier qui gagnera le coeur de la belle. C’est un beau film, avec une belle utilisation des décors naturels, mais dont la vision est hélas gâchée par un très mauvais son.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Madeleine Renaud, Pierre Brasseur, Madeleine Robinson
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16 novembre 2004

Alila (2003) d’ Amos Gitai

AlilaElle :
Amos Gitai choisit de nous montrer une société israélienne contemporaine mal dans sa peau et décadente. C’est au travers d’une dizaine de personnages hauts en couleur vivant dans un immeuble bricolé que le réalisateur cherche à témoigner de leurs problèmes de communication et d’identité. Un couple divorcé dont le mari Ezra dort dans son camion pendant que son ex-femme couche avec un bel éphèbe, a des difficultés avec leur fils qui ne veut pas passer 3 ans à l’armée. Le grand-père qui vit avec son chien ou le rescapé des camps qui habite avec sa domestique asiatique cohabitent avec une femme flic loufoque et une jeune femme qui veut assouvir ses pulsions sexuelles avec un mari adultère. C’est un foutoir à la fois cocasse et tragique sous lequel jaillit un désir profond de vivre, rire, d’échapper à la peur, à la pression ambiante de la ville qui subit des attentats. La pluie tant attendue à la fin du film symbolise ce fort désir de purification qui permet d’avoir des rapports humains harmonieux. .
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film d’Amos Gitaï est assez différent des précédents, moins intégriste pourrait-on dire. Il nous brosse le portrait d’un petit groupe de personnes dans un quartier populaire de Tel-Aviv, des personnages hauts en couleurs, assez en marge de la société. Depuis le couple adultère jusqu’à l’entrepreneur raté et ses travailleurs clandestins, on a là toute une brochette de caractères. On sent une certaine vision désenchantée de la société israélienne actuelle, la fuite des idéaux et l’installation progressive du « chacun pour soi ». Le film est bien construit, avec une bonne utilisation des murs et des décors, avec toutefois quelques longueurs et faiblesses.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yaël Abecassis, Uri Klauzner
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15 novembre 2004

Femmes entre elles (1955) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « Le Amiche »

Le amicheElle :
Adapté d’un roman de Cesare Pavese, Antonioni brosse le portrait acide d’un groupe de femmes frivoles appartenant à la grande bourgeoisie italienne. On assiste à leurs intrigues, jalousies et commérages. De par leur talent, elles dominent les hommes qu’elles rencontrent mais cherchent à garder leur indépendance au risque de connaître la solitude. Parfaitement mis en scène et filmé dans un beau noir et blanc, la superficialité des conversations et des situations finit par lasser quelque peu.
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film d’Antonioni met en avant un petit de groupe de femmes de Turin, riches et plutôt oisives, qui cherchent à transformer leurs amourettes en amours durables. C’est aussi une certaine satire de la futilité des milieux aisés et branchés de la bourgeoisie italienne et aussi dans une certaine mesure de la difficulté des rapports hommes femmes. Si le scénario peine un peu à nous passionner vraiment, le film n’en pas moins remarquable par sa forme, admirablement filmé de façon précise et fluide.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Eleonora Rossi Drago, Gabriele Ferzetti, Franco Fabrizi
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14 novembre 2004

Les invasions barbares (2003) de Denys Arcand

Les Invasions barbaresElle :
Ce deuxième volet de la suite du Déclin de l’Empire américain a été réalisé 18 ans plus tard avec les mêmes personnages. Ceux-ci ont pris un coup de vieux physique et moral. La mondialisation s’est imposée ; la technologie et l’argent règnent en maître. Remi, le coureur de jupons est atteint d’un cancer irréversible et sa vieille bande d’amis l’assiste. Le ton est toujours caustique mais cette suite est moins réussie car elle est moins plausible et moins bien dosée. Pour parvenir à réunir ces quinquagénaires dans une chambre d’hôpital, le réalisateur fait intervenir le fils golden boy pour réfectionner une chambre d’hôpital, acheter de l’héroine etc… Bref, à vouloir aborder tous les sujets (individualisme, technologie, argent, drogue, santé, vieillesse, mort etc…), le film se disperse dans des évènements assez inintéressants et peu crédibles qui nuisent à l’émotion. Restent quelques scènes amusantes autour des vieilles utopies ou émouvantes comme le suicide du malade.
Note : 3 étoiles

Lui :
Faisant suite après plus de 15 ans au Déclin du Monde Américain, nous retrouvons tous les personnages dans une situation bien plus dramatique que la première fois, puisqu’il s’agit des derniers jours à vivre de l’un du plus coureur d’entre eux. Cette fois, l’humour n’est qu’épisodique… de même les dialogues ont moins la première place. Le film est un peu parasité par les manoeuvres du fils (qui en fait arrose tout le monde avec ses dollars) pour avoir les meilleurs conditions pour son père, une partie peu intéressante en soi et surtout peu crédible.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Rémy Girard, Stéphane Rousseau, Dorothée Berryman, Louise Portal
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13 novembre 2004

Le Déclin de l’empire américain (1986) de Denys Arcand

Le Déclin de l'empire américainElle :
Regard désenchanté et amer sur les relations homme femme des années 80. Le film se décompose en trois temps. Nous sommes dans le milieu embourgeoisé universitaire en compagnie de quarantenaires. Les hommes cuisinent et s’épanchent sur leurs multiples relations sexuelles pendant que les femmes se livrent à des conversations débridées dans leur club de gym. Tous sont allés au bout d’expériences en tout genre. Les dialogues sont crus mais drôles. Tout ce petit monde se retrouve dans le troisième acte et c’est la tragédie car des indiscrétions révèlent des relations adultères entre cette bande de grands amis. Après le grand déballage et la sacralisation de la liberté sexuelle, c’est l’échec de ces gens qui basaient leurs relations affectives sur le mensonge. Fin du rêve.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le film est assez amusant dans sa forme, reposant entièrement sur les dialogues entre les personnages, des dialogues assez brillants. S’ils sont souvent assez crus (il est beaucoup question de sexe), il n’y a pas une once de vulgarité et mieux encore le réalisateur parvient à établir un lien assez intime entre ses personnages et le spectateur. Le propos en lui-même est assez désenchanté, sur le thème « les rapports hommes/femmes ne sont basés que sur le mensonge » et « le couple n’est voué qu’à l’échec », mais le film reste tout de même plaisant à regarder grâce à son humour omniprésent.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Dominique Michel, Dorothée Berryman, Louise Portal, Pierre Curzi
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Suite :
Les invasions barbares de Denys Arcand (2003)

12 novembre 2004

Senso (1954) de Luchino Visconti

SensoElle :
Je n’ai pas été très emballée par ce film de Visconti considéré comme un chef d’œuvre. L’Autriche a envahi Venise et les patriotes italiens tentent de les contenir. C’est l’histoire d’une passion dévorante et destructrice d’une princesse vénitienne pour un lieutenant autrichien intéressé par son argent. La reconstitution de cette époque trouble est flamboyante. Visconti dissèque les facettes de cette aristocratie. Sous ses airs de façade, son prestige se craquelle ; leurs représentants trahissent leur caste et tombent dans la déchéance des sentiments amoureux. Je reprocherai la longueur des échanges entre la princesse et le lieutenant. qui finit par nous les rendre agaçants. Dans l’ensemble, je trouve que le film n’a pas très bien vieilli.
Note : 3 étoiles

Lui :
S’il émane une indéniable beauté classique de ce film de Visconti, force est de constater que l’on s’ennuie un peu à suivre cette histoire de passion fatale et destructrice. Que Visconti utilise ce thème pour montrer une certaine déchéance de l’aristocratie est certain, mais ces longs tête-à-tête sont un peu répétitifs. Il reste la forme, une mise en scène très belle, précise, toute en harmonie avec la musique de Bruckner.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Alida Valli, Farley Granger
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11 novembre 2004

Monsieur Schmidt (2002) de Alexander Payne

Titre original : « About Schmidt »

Monsieur Schmidt Elle :
Le film a le mérite d’aborder le thème de la retraite et de la vieillesse qui sont des sujets peu abordés au cinéma. Heureusement, Jack Nicholson rentre bien dans l’habit d’un retraité désemparé qui perd sa femme et ses repères. La première partie est de loin la plus intéressante même si ce n’est pas très gai. C’est sur le ton de la drôlerie ou du désenchantement que le réalisateur décrit avec lucidité la perte d’identité sociale, les doutes et regrets d’un homme amer. La suite du film s’enlise dans les problèmes de mariage de la fille. Le film dure 2h et il faut remplir l’espace.
Note : 3 étoiles

Lui :
A l’image de son sujet (un nouveau retraité qui a du mal à remplir sa vie et à lui donner un sens), le réalisateur a bien du mal à remplir son film et à lui donner un sens. Si le début est prometteur, la suite n’aboutit sur rien, il y a des grands trous d’air, et il ne nous reste que le cabotinage (excellent, ceci dit) de Nicholson et une certaine vision de l’Amérique profonde.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Kathy Bates
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9 novembre 2004

Gervaise (1956) de René Clément

GervaiseElle :
Cette adaptation très réaliste de l’Assommoir de Zola est centrée avant tout sur le personnage de la pauvre Gervaise qui doit subir les frasques de son mari Coupeau et amant Lantier. René Clément met en avant la noirceur des conditions de vie des classes populaires. Le manque d’éducation et de nourriture, les dures conditions de travail, l’alcoolisme, le chômage conditionnent ces gens qui ne parviennent pas à sortir de leurs souffrances. Un malheur en entraîne un autre. Cette fatalité donne une vision très noire d’une vie sans issue. Malgré certains passages un peu confus, on s’attache au personnage lumineux de Gervaise qui se débat pour rien.
Note : 3 étoiles

Lui :
GervaiseAdaptation assez fidèle du roman de Zola, ce film nous plonge dans un réalisme assez poussé, retraçant la destinée assez tragique de cette femme. Le film est un peu brouillon dans son montage, ce qui entraîne parfois une certaine confusion mais il se dégage néanmoins une force des personnages qui donnent toute sa dimension au film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Maria Schell, François Périer
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8 novembre 2004

Les Sacrifiés (1945) de John Ford

Titre original : « They Were Expendable »

They Were ExpendableElle :
Sur fond de Pearl Harbor, John Ford nous entraîne aux côtés d’une unité de vedettes torpille chargées de détruire les navires japonais. Le cinéaste cherche à nous montrer le sacrifice de ces soldats qui veulent sauver l’honneur de l’Amérique humiliée. Je n’ai pas été très très sensible à l’engagement de ces hommes. Le film joue trop sur les valeurs militaristes, la grandeur de l’Amérique, les scènes d’amour à goût de guimauve. Il y a également trop de temps morts et pas assez de relances de l’intrigue. Les scènes les plus étonnantes et captivantes sont les attaques audacieuses de ces vedettes contre les navires ennemis.
Note : 2 étoiles

Lui :
They Were Expendable Ce film, qui exalte l’attitude des soldats américains forcés de reculer face aux japonais dans le Pacifique en 1941, souffre de ses longues scènes annexes qui rendent l’histoire principale (basée sur des faits historiques) un peu confuse. Les Sacrifiés a été filmé visiblement avec peu de moyens, les scènes en mer qui mettent en scène les vedettes rapides sont toutefois réussies et réalistes.
Note : 2 étoiles

Acteurs: John Wayne, Robert Montgomery, Donna Reed
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7 novembre 2004

La Loi du Milieu (1971) de Mike Hodges

Titre original : « Get Carter »

La Loi du Milieu Elle :
Polar anglais à l’ambiance sordide dans la banlieue grise de Newcastle. Michael Caine y interprète un redresseur de torts implacable qui veut retrouver la trace des meurtriers de son frère. Grisaille des corons du nord de l’Angleterre, atmosphère kitch du début des années 70, histoires de sexe sulfureuse, morts en série sont les ingrédients du scénario. Malheureusement, la poursuite infernale finit par traîner en longueur et manque de piment. On a hâte d’en finir tellement l’ambiance devient pesante.
Note : 2 étoiles

Lui :
Ce film où Michael Caine incarne un tueur londonien qui va à Newcastle venger la mort de son frère est caractérisé par son ambiance industrielle, son ciel bas et glauque et ses petits malfrats malfaisants. L’utilisation des décors naturels de cette banlieue industrielle est remarquable. Michael Caine est très froid, n’attirant aucune sympathie et c’est peut-être cette absence de personnages à qui se raccrocher qui fait que l’on décroche à mi-parcours.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Michael Caine
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