2 avril 2006

Gosford Park (2001) de Robert Altman

Gosford   Park Elle :
Grande déception pour ce film dont j’attendais beaucoup. Altman en faisant la satire de l’aristocratie anglaise, nous présente une galerie de personnages tellement ennuyeux et inintéressants que l’on ne parvient pas à s’intéresser à eux. Le spectateur est tenu à distance de leur vie et reste un simple observateur. Même chose pour les domestiques qui reproduisent les schémas des riches. La dernière demi-heure est un peu plus captivante car les apparences de ces personnages de cire se craquèlent et révèlent la noirceur de leur âme.
Note : 2 étoiles

Lui :
Le réalisateur parvient parfaitement à reproduire la vacuité et la suffisance de l’aristocratie anglaise du début du XXe siècle. Il y parvient si bien que son film est très ennuyeux. Dans le genre, je préfère de loin La Règle du Jeu de Jean Renoir, qui visiblement a été une source d’inspiration pour ce film.
Note : pas d'étoile

Acteurs: Kristin Scott Thomas, Michael Gambon, Clive Owen, Alan Bates
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Altman sur le site IMDB.

6 réflexions sur « Gosford Park (2001) de Robert Altman »

  1. Je ne partage pas votre déception. Certes, le film est long, émaillé d’erreurs de montage (à la 18ème minute, c’est effrayant d’amateurisme) mais je trouve que la galerie de personnages fonctionne bien, de même que le scénario, qualifié par son créateur Julian Fellowes de rencontre entre les Dix Petits Nègres et la Règle du Jeu.
    http://www.espritvagabond.com

  2. De même que je ne comprenais pas votre intérêt pour Dr T et les femmes, je
    ne comprends pas votre argumentation:

    « Le réalisateur parvient parfaitement à reproduire la vacuité et la suffisance de l’aristocratie anglaise du début du XXe siècle. Il y parvient si bien que son film est très ennuyeux. »

    Pardonnez-moi, mais je vous ai connu plus inspiré…

    Je trouve que c’est un film remarquablement réalisé. La preuve ?… -et pour le dire de façon paradoxale comme vous l’avez fait : même l’intrigue principale tient le coup!… (Ce qui n’est pas toujours le cas chez Altman.)
    Quant au cadre, il est superbe.
    Cordialement,

    GP

  3. Je soutiens le point de vue de « Elle » et « Lui ».

    Lorsque Renoir réalisait La règle du jeu, il dénonçait une société moribonde mais encore largement existante. C’était un tableau vivant d’un monde présent, c’était donc un pamphlet. Non seulement le film de Renoir est admirable sur le plan de la mise en scène, mais il était, lors de sa sortie, réellement subversif et audacieux sur le fond.

    Lorsque Altman réalise Gosford Park, il dénonce une société passée qui n’existe plus. La « dénonciation » n’a donc strictement aucun intérêt ni aucune épaisseur : c’est un exercice de style creux. Il se veut féroce, il n’est que facile et vain.
    Un tel film ne vaut donc que par son éventuelle poésie (inexistante ici) ou sa mise en scène (sans guère d’originalité ici).

    Alors bon, OK, mise en parallèle de deux mondes. Et après ? Cinématographiquement parlant, cette mise en parallèle est assez convenue et devient vite un procédé insuffisant pour attirer l’attention. Comment s’intéresser à ces personnages superficiels et disparus depuis longtemps ? Comment s’intéresser à une situation sociale révolue ?

    C’est tout le problème d’un cinéaste « politique ». La dénonciation politique peut faire un excellent film si elle est incarnée. Elle fait un navet lorsqu’elle est désincarnée et vaine, lorsqu’elle prétend dénoncer ce qui n’a plus besoin d’être dénoncé puisque cela fait belle lurette que cela n’existe plus.

    Et n’allez pas dire qu’il existe toujours des inégalités sociales : celle qui est décrit dans le film n’existe plus, et elle est tellement typée qu’elle ne peut aucunement servir d’allégorie pour parler du monde actuel.

    Amateur d’Altman, j’avais été extrêmement déçu lorsque j’avais vu ce film confus, sans épaisseur et sans but.

  4. Je viens de voir ce film à la télé, d’où ma réaction tardive.
    Je partage aussi le point de vue cinématographique de Elle et Lui. Car si la Règle du jeu est omniprésente, ce n’est pas à la gloire de Gosford Park qui est bien loin de la finesse du film de Renoir.
    Quand à dire que cette classe anglaise n’existe plus, c’est totalament méconnaître la société anglaise. Pour avoir pratiqué professionnellement la « upper class » , je peux vous assurer, que si l’exploitation des domestiques a fort heureusement régressé, les manières des maîtres, leur vacuité et leur préoccupations n’ont guère changé! Il eut fallu des personnages moins insignifiants ( ça existe même chez eux) et une intrigue plus captivante. Décidemment, Altmann n’est pas ma tasse de thé 🙂

  5. Je trouve le film excellent et je ne partage pas le point de vue de ceux qui y voient une dénonciation sans intérêt.

    Le cinéma n’est pas politique, mais création et/ou reconstruction comme dans ce cas, et la société de l’époque est remarquablement reproduite

    Sans incommoder Renoir, il serait difficile de trouver un film français équivalent

  6. @ habsb :

    Je ne sais pas sur quelles preuves vous vous basez pour affirmer que « la société de l’époque est remarquablement reproduite ». Vous avez vécu cette époque ? Tout ce que vous pouvez dire, c’est que la reconstitution vous paraît solide, parce qu’elle est étoffée (décors, costumes, ambiances). Mais soyons sérieux : au cinéma, 90% des reconstitutions sont fantasmées, exagèrent des aspects. Des costumes bien réalisés ne font pas une authenticité historique.

    Or, dans les dialogues et comportements des personnages, ce film est au contraire assez peu crédible. C’est très écrit. C’est très « reconstitution ». C’est très intellectualisé. Cette « reconstruction » (là, j’adhère à votre terme) est vaine, creuse, fantasmatique.

    Quant à dire que le cinéma n’est pas politique, c’est particulièrement amusant en commentaire d’un film de Robert Altman. Vous venez de biffer d’une phrase toute son œuvre, et vous vous permettez de contredire l’auteur lui-même…

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