6 février 2025

Les carnets de Siegfried (2021) de Terence Davies

Titre original : « Benediction »

Les carnets de Siegfried (Benediction)En 1914, le jeune Siegfried Sassoon, poète en devenir, est enrôlé dans l’armée britannique. De retour du front, révolté par ce qu’il a vu, il devient objecteur de conscience. Ses pamphlets pacifistes lui valent une mise au ban par sa hiérarchie mais aussi une forme de reconnaissance artistique qui lui ouvre les portes d’une nouvelle vie mondaine. Mais dans cette société du paraître, Siegfried se perd, tiraillé entre les diktats de la conformité et ses désirs de liberté…
Les carnets de Siegfried est un film britannique écrit et réalisé par Terence Davies. Le poète Siegfried Sassoon est, il faut bien l’avouer, assez méconnu en France mais ce n’est pas le cas outre-Manche où il fut d’abord connu pour ses poèmes et écrits pacifistes durant la Première Guerre mondiale avant d’accéder à la célébrité avec ses mémoires et ses œuvres de fiction. Mais ce n’est pas tant son activité littéraire que Terence Davies s’attache à mettre en scène mais plutôt ses différentes aventures homosexuelles avec des dandys plutôt désagréables et peu intéressants. Et les autres détails sur sa vie mondaine n’aident pas à réveiller notre attention. En revanche, la mise en scène est élégante. De plus, quelques-uns de ses poèmes sont lus sur des images d’archives de la guerre et ce sont finalement les scènes les plus intéressantes du film. Très bon accueil de la critique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jack Lowden, Jeremy Irvine, Simon Russell Beale, Peter Capaldi, Julian Sands
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Jeremy Irvine et Jack Lowden dans Les carnets de Siegfried (Benediction) de Terence Davies.

13 décembre 2024

Les Prairies de l’honneur (1965) de Andrew V. McLaglen

Titre original : « Shenandoah »

Les prairies de l'honneur (Shenandoah)Durant la guerre de Sécession, Charlie Anderson (James Stewart) est un fermier veuf qui vit en Virginie avec ses six fils et sa fille. Il espère maintenir sa famille en dehors du conflit, estimant que « ce n’est pas sa guerre » car,bien que sudiste, il s’oppose à l’esclavage. Mais, lorsque son plus jeune fils est fait prisonnier, il doit partir à sa recherche…
Shenandoah (on peut oublier le titre français qui n’a rien à voir avec le film) est un film américain réalisé par Andrew V. McLaglen. S’il est à classer dans le genre western, il n’est pas typique du genre. Sorti à une époque où les Etats-Unis commençaient à s’impliquer massivement dans la guerre du Viet Nam, le film a été très remarqué pour son propos humaniste et anti-guerre. Mais le héros de cette histoire est surtout un grand individualiste, un de ces personnages à la John Ford envers lequel McLaglen voue une grande admiration. D’une grande rigueur, il a une autorité quasi dictatoriale sur sa famille et ses voisins. Sur ce plan, le film est presque dérangeant. Techniquement, la réalisation est parfaite. La photographie est signée William H. Clothier qui a, entre autres, travaillé pour John Ford. Un film atypique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Stewart, Doug McClure, Glenn Corbett, Patrick Wayne, Rosemary Forsyth, Phillip Alford, Katharine Ross
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Tom Simcox et James Stewart dans Shenandoah de Andrew V. McLaglen.

9 septembre 2024

Les Grands Espaces (1958) de William Wyler

Titre original : « The Big Country »

Les grands espaces (The Big Country)Le capitaine James McKay a quitté la marine, désireux de s’installer dans l’Ouest pour y rejoindre sa fiancée Pat Terrill rencontrée sur la côte Est. Très vite, il est confronté à des mœurs et des valeurs viriles qui ne sont pas les siennes. Il se retrouve alors bien malgré lui au cœur d’un conflit opposant la famille de sa fiancée avec celle des Hannassey qui se vouent une animosité réciproque. En cause: un lopin de terre convoité par les deux clans…
Les Grands Espaces est un western américain réalisé par William Wyler, d’après le roman The Big Country de Donald Hamilton. L’histoire se situe dans l’Ouest profond à l’époque de l’open land, avant l’installation de la Loi (le shérif le plus proche est à plus de 300 kms). Deux propriétaires se vouent une haine féroce et le héros de cette histoire va prôner une attitude pacifique en s’immisçant entre les deux, refusant de répondre à la violence par la violence. Si la présence de Gregory Peck ne surprendra personne, car cela correspond à ses convictions, celle de Charlton Heston (qui plus est, dans un second rôle, ce qu’il n’apprécie guère) est plus inattendue mais il faut se souvenir que l’acteur n’a pas toujours été le fanatique supporteur des armes qu’il est devenu à partir des années 70. Au-delà de son propos pacifique, ce qui est remarquable dans ce film est la mise en valeur des grands espaces, le big country du titre. Rarement, les paysages de vastes prairies de l’Ouest ont été si bien mis en valeur à l’écran. Les personnages sont bien définis et assez intenses. L’interprétation est parfaite, pourtant le tournage a été difficile du fait du perfectionnisme de Wyler et de constantes réécritures de scénario (amis avant le tournage, Peck et Wyler sont restés ensuite plusieurs années sans vouloir se parler). La musique, signée Jerome Moross, a été oscarisée. Le succès fut au rendez-vous pour ce grand western de 2h45.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gregory Peck, Jean Simmons, Carroll Baker, Charlton Heston, Burl Ives, Charles Bickford, Alfonso Bedoya, Chuck Connors
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Gregory Peck dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Jean Simmons et Gregory Peck dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Charles Bickford et Charlton Heston dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Burl Ives, Chuck Connors, Jean Simmons, Gregory Peck et Alfonso Bedoya
dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Carroll Baker et Jean Simmons dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.
Gregory Peck dans Les Grands Espaces (The Big Country) de William Wyler.

13 février 2018

L’homme que j’ai tué (1932) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Broken Lullaby »

L'homme que j'ai tuéParis, 1918. Alors que la signature de l’Armistice est largement fêtée, un jeune français est désespéré d’avoir tué un jeune soldat allemand quelques jours auparavant dans une tranchée. Totalement dévasté, il décide d’aller trouver la famille en Allemagne pour chercher un pardon…
Qu’Ernst Lubitsch ait décidé d’adapter cette pièce de théâtre de Maurice Rostand peut surprendre car ce mélodrame est nettement en dehors de son registre habituel. Il le fait non sans quelques lourdeurs mais parvient à lui donner une belle intensité. Le propos est résolument pacifiste, soulignant le mécanisme de la haine qui alimente les guerres et prônant la réconciliation entre les peuples. Lubitsch nous gratifie de plans inattendus dont il a le secret, tel cette vision d’une longue rangée de bottes des officiers agenouillés à la messe, et parvient même à glisser quelques éléments de comédie : toute la scène des commérages ponctués par le tintement des portes de boutiques que l’on ouvre au passage du « français » est aussi amusante qu’admirable. Le jeu des acteurs, notamment de Phillips Holmes, peut paraître un peu outré aujourd’hui. Malgré un bon accueil critique, le public bouda le film qui fut un échec commercial. Ernst Lubitsch ne tournera aucun autre mélodrame.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lionel Barrymore, Nancy Carroll, Phillips Holmes, Lucien Littlefield, Zasu Pitts
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Remarques :
* Le titre initialement prévu était The Man I Killed. Mais, pour éviter de prêter à confusion sur le type de film, il fut changé à la hâte à sa sortie en The Fifth Commandment puis en Broken Lullaby.
* Autre film inspiré de la pièce de Maurice Rostand :
Frantz de François Ozon (2016) avec Pierre Niney et Paula Beer.

L'homme que j'ai tué
Zasu Pitts, Lionel Barrymore, Phillips Holmes, Louise Carter et Nancy Carroll dans L’homme que j’ai tué de Ernst Lubitsch.

22 octobre 2017

J’accuse! (1938) de Abel Gance

J'accuse!1917. Les soldats Jean Diaz et François Laurin sont amoureux de la même femme, Edith. Tous deux désignés pour une mission dont on ne revient pas, Jean jure à François qu’Edith ne sera plus jamais rien pour lui. Seul Jean revient vivant de la guerre… Alors que l’on se bat déjà en Espagne et que le risque de guerre généralisée en Europe grandit, Abel Gance fait une nouvelle version de son J’accuse (1919), décidé à produire un grand film pacifiste pour tenter de conjurer l’inévitable. Le développement de l’histoire est différent, le réalisateur ne gardant de la première version que le triangle amoureux de base et l’impressionnante scène finale du réveil des morts. C’est un film très percutant où le spectateur est assailli par les images et les sons dans de nombreuses scènes, notamment dans la première demi-heure qui déroule en 1918, sous un déluge de feu. L’interprétation de Victor Francen dans la seconde partie est imposante, presque hallucinée. Le film prend alors l’allure d’un mélodrame baroque et fantastique. Le propos est virulent, prégnant. La célèbre scène finale du réveil des morts est encore plus impressionnante et magistrale que dans la version muette. C’est certainement l’une des plus grandes scènes du cinéma français. J’accuse n’est pas un film facile. Tout cela a profondément dérouté le public qui s’est détourné du film à sa sortie. Interdit en 1939 après la proclamation de la guerre (car jugé défaitiste), ce grand film désespérément pacifique ne ressortira qu’après la guerre en 1947.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Victor Francen, Line Noro, Marcel Delaître, Renée Devillers
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Remarque :
* Durée des différentes versions :
– Version de 1938 : 165 minutes
– Version de 1947 : 100 minutes
– Version actuelle restaurée : 116 minutes

J'accuse
Victor Francen et Line Noro dans J’accuse! d’Abel Gance.