28 octobre 2016

Wall Street (1987) de Oliver Stone

Wall StreetBud Fox est un jeune courtier en Bourse qui rêve d’être à l’autre bout de son téléphone : être un investisseur comme Gordon Gekko qui réalise de gros coups financiers. Apprenant par son père, délégué syndical dans une compagnie aérienne, une information qui va influer sur le cours d’une action, il donne l’information à Gekko dans l’espoir de se faire embaucher par lui… Tourné peu avant et sorti juste après le krach de 1987, Wall Street d’Oliver Stone est un film qui dénonce les délits d’initiés et autres manipulations de cours qui avaient tendance à se multiplier dans les années quatre-vingt. Il montre la différence entre les investisseurs qui redressent les entreprises et ceux dont le but est bien plus vénal. Là étaient du moins les intentions d’Oliver Stone car, en pratique, beaucoup de spectateurs ont été plus attirés par le manipulateur escroc Gordon Gekko que par le pâle Bud Fox, comme en témoigne la popularité du discours « Greed is good » (1). C’est toujours un peu le risque de ce genre de film dénonciateur : le propos peut se retourner contre lui (on peut penser par exemple à Scarface, dont Oliver Stone a d’ailleurs écrit le scénario…) Contrairement à Scorsese quelque vingt ans plus tard, Stone n’a su ou n’a pu éviter cet écueil.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Charlie Sheen, Michael Douglas, Martin Sheen, Terence Stamp, Daryl Hannah
Voir la fiche du film et la filmographie de Oliver Stone sur le site IMDB.

Voir les autres films de Oliver Stone chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Oliver Stone

Remarques :
* Le jeune bambin, fils de Gekko, est Sean Stone, le propre fils d’Oliver Stone.
* Wall Street est le premier film montrant une personne utilisant un téléphone cellulaire.
* Caméo : Oliver Stone apparaît au téléphone, lorsque l’écran est découpé en plusieurs parties dans une scène rapide montrant l’activité pour faire monter Anacott Steel.

* Suite :
Wall Street: l’argent ne dort jamais (Wall Street: Money Never Sleeps) d’Oliver Stone (2010) avec Michael Douglas et Shia LaBeouf et dont l’action est placée en 2008.

(1) Ceci dit, cette scène de l’assemblée générale Teldar Paper est étrange car, même si ses vraies intentions ne sont guères louables, Gekko a raison de secouer le cocotier et de fustiger la bureaucratie de la société en question qui avait une bonne trentaine de vice-présidents. L’intention d’Oliver Stone était probablement de montrer comment Gekko avançait masqué et parvenait à se mettre dans la poche les petits investisseurs qu’il va spolier un peu plus tard.

Wall Street
Charlie Sheen et Michael Douglas dans Wall Street de Oliver Stone.

Wall Street
Père et fils, à l’écran comme dans la vie, Martin Sheen et Charlie Sheen dans Wall Street de Oliver Stone.

Wall Street
(De g. à d.) ??, Michael Douglas, Daryl Hannah, Charlie Sheen et Martin Sheen dans Wall Street de Oliver Stone.

14 novembre 2014

Smart Money (1931) de Alfred E. Green

Smart MoneyNick Venizelos (Edward G. Robinson) tient un salon de coiffure dans une petite ville mais sa passion, c’est le jeu pour lequel il semble avoir des prédispositions hors du commun et une chance incroyable. Ses amis lui prêtent de l’argent pour aller tenter sa chance dans une grande ville… Smart Money a été tourné peu après le grand succès de Little Caesar avec Edward G. Robinson. James Cagney, qui n’a ici qu’un second rôle, n’était pas encore une grande vedette (1). Le tournage de Smart Money et de Public Enemy ont d’ailleurs été simultanés. Même si les scénaristes sont les mêmes que pour Public Enemy (Kubec Glasmon et John Bright), le ton est ici bien plus modéré pour montrer le monde (illégal) du jeu : pas de violence, c’est tout juste si l’on aperçoit quelques armes, l’ensemble penche plutôt vers la comédie. C’est d’ailleurs l’un des premiers films où Edward G. Robinson montre ses talents pour la comédie. L’équilibre entre les genres est plutôt réussi.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, James Cagney, Evalyn Knapp, Ralf Harolde, Noel Francis
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Smart MoneyRemarques :
*C’est le seul film où Edward G. Robinson et James Cagney apparaissent ensemble. Bien que les deux acteurs aient fait des carrières parallèles, la Warner n’a pas souhaité par la suite les remettre ensemble sur la même affiche.

* Boris Karloff apparait dans un petit rôle (non crédité au générique) de joueur, avec même quelques phrases qu’il prononce avec un accent forcé, de type argotique (vers le début du film, c’est le joueur qui vient jouer sur la table de billard avec le billet de cent dollars extorqué à une jeune femme).

(1) Toutefois, lorsque Smart Money est sorti, Public Enemy était déjà un grand succès et la Warner a donc remonté Cagney vers le haut de l’affiche. (Toutefois le poster ci-dessus, où l’on voit les deux visages, n’est certainement pas d’époque. Il date probablement de la ressortie du film dans les années quarante, voire après).

Edward G. Robinson et James Cagney dans Smart Money
Edward G. Robinson et James Cagney réunis à l’écran…

6 juin 2014

Ne nous fâchons pas (1966) de Georges Lautner

Ne nous fâchons pasAncien truand retiré des « affaires », Antoine Beretto dirige paisiblement sa petite entreprise de location de bateaux lorsque son passé ressurgit sous la forme de deux anciens comparses qui lui demandent son aide : il s’agit de récupérer une certaine somme auprès d’un petit escroc minable, Michalon. Cela va l’entraîner beaucoup plus loin qu’il ne le souhaitait… Réalisé deux ans après Les Tontons Flingueurs et Les Barbouzes, Ne nous fâchons pas joue sur le même registre de l’humour avec une partie de la même équipe. Malgré le titre, on se doute que Lino Ventura va avoir beaucoup de mal à garder son calme et le premier à en faire les frais sera Michalon / Jean Lefebvre qui, entre deux claques, prend son air de chien battu qui lui va si bien. Les dialogues sont de Michel Audiard qui distille ses belles réparties tout au long du film. Sans être aussi réussis que les deux films précités, Ne nous fâchons pas est un bon divertissement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Lino Ventura, Mireille Darc, Jean Lefebvre, Michel Constantin
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Voir les livres sur Michel Audiard

Remarques :
* A la fin du film, le morceau qui ressemble comme deux gouttes d’eau au Gloria des Them (à ce niveau de ressemblance, on peut parler de plagiat) est chanté par… Graeme Allright !* La scène incroyable du pont a été tournée au viaduc de Malvan, détruit pendant un bombardement en 1944 et dont seul le pilier central avait résisté. Ce pilier fut détruit par le génie civil au printemps 1966, permettant à Lautner de mettre dans la boîte une scène assez unique en son genre.

27 février 2013

Mines de rien (1940) de Edward F. Cline

Titre original : « The Bank Dick »

Mines de rienChez lui, Egbert Sousé est maltraité par tout le monde, depuis sa fillette espiègle jusqu’à sa belle-mère acariâtre. Il préfère donc passer son temps dans son bar favori. Grâce à une rencontre, il est embauché au pied levé pour remplacer un metteur en scène alcoolique. Ensuite, les apparences laissent croire qu’il a capturé deux cambrioleurs de banque. Pour le remercier, le directeur de la banque lui propose un poste de vigile… Ecrit par W.C. Fields, The Bank Dick est un excellent film, certainement l’un des meilleurs du célèbre comique américain. C’est son avant-dernier film. On peut certes trouver, comme certains critiques, qu’il manque d’unité mais il est tellement bourré de gags et de bons mots que le résultat est indéniablement une réussite. Le rythme est assez soutenu, sans aucun temps mort, les enchainements sont assez rapides. Edward Cline a dirigé de nombreux films de Buster Keaton et on sent nettement l’influence du cinéma burlesque muet dans la poursuite finale, assez échevelée.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Una Merkel, Franklin Pangborn, Grady Sutton
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Remarques :
* Le personnage du metteur en scène fin saoul et donc incapable de diriger peut certainement être vu comme une allusion à Clyde Bruckman que W.C. Fields a du plus ou moins remplacer (dans Man on the flying trapeze en 1934) pour cette même raison.

* W.C. Fields a signé le scénario sous le nom de Mahatma Kane Jeeves (pour le jeu de mots, lire le commentaire ci-dessous…)

13 décembre 2011

Tillie and Gus (1933) de Francis Martin

Tillie and GusA la mort de son père, une jeune femme naïve est escroquée par un chargé d’affaires véreux qui lui annonce qu’elle n’hérite que d’un bateau à roue à aubes en mauvais état. Une lettre a tout de même été envoyée à Tillie, la sœur du défunt, et à Gus, son mari, tous deux censés être missionnaires. Ils vont réussir à contrecarrer les plans de l’escroc… Tillie and Gus est un film assez court (58 minutes) et globalement assez inégal. Ce n’est pas un des meilleurs de W.C.Fields mais il recèle de beaux moments. Au grand désespoir du réalisateur, W.C.Fields a écrit la plus grande partie de ses dialogues ce qui nous vaut de belles réparties (Tillie : « Tu aimes les enfants, Gus ? » Gus : « Seulement quand ils sont bien cuits ! ») Pour la seconde fois, il fait tandem avec Alison Skipworth, actrice anglaise qui est un peu son pendant féminin.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: W.C. Fields, Alison Skipworth, Julie Bishop, Phillip Trent
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