15 août 2006

« El Bola » (2000) de Achero Mañas

El BolaElle :
Une belle découverte avec ce film espagnol plein de sobriété et d’émotion. Achero Mañas nous entraîne progressivement dans l’univers de deux familles aux vies très différentes. Répression et incommunicabilité dans l’une, dialogue et ouverture d’esprit dans l’autre. Peu à peu et malgré quelques fausses pistes, l’histoire laisse entrevoir un monde de violence dans la famille plus conventionnelle. Le père qui n’arrive pas à faire le deuil de son premier fils violente son deuxième fils Pablo. Celui-ci ne parvient pas à s’épanouir et souffre en silence. Il porte sur lui une boule de métal qui symbolise son enfermement psychologique et joue à des jeux dangereux sur la voie ferrée en risquant sa peau. La mort hante le film même si on ne la voit pas. Une histoire forte d’amitié se noue entre lui et le fils de la famille moins conformiste qui prône le respect et l’écoute. Pablo y découvre la tolérance et l’amour. Achero Mañas a le mérite de parler de la maltraitance des enfants sans tomber dans le manichéisme et l’émotion facile. Il avance par petites touches aux côtés de personnages très attachants qui jouent avec une grande justesse de ton. Ses mouvements de caméra sont fluides et ses images sont épurées. Beaucoup de choses passent par les regards et les expressions de visage.
Note : 5 étoiles

Lui :
Dans ce film, qui met en scène un enfant de 12 ans battu par son père, c’est surtout l’interprétation des deux enfants qui tiennent les premiers rôles qui est vraiment remarquable. Achero Manas a voulu tourner avec des comédiens non professionnels et cela donne une grande authenticité à ces deux personnages et les rend vraiment attachants. Il est dommage que le scénario n’ait pas été étoffé quelque peu, cette absence de consistance donnant parfois une impression de longueurs.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Juan José Ballesta, Pablo Galán, Alberto Jiménez, Manuel Morón
Voir la fiche du film et la filmographie de Achero Mañas sur le site imdb.com.

14 août 2006

« Généalogies d’un crime » (1997) de Raoul Ruiz

Généalogie d'un crimeElle :
J’ai beaucoup de mal à rentrer dans les films de Raoul Ruiz… (abandon).
Note : pas d'étoiles

Lui :
Le style de Raoul Ruiz est toujours un peu particulier. Ici, il démonte devant nos yeux un crime qui est, en lui-même, tout aussi particulier. La mise en place est plutôt bien faite : Raoul Ruiz joue avec le spectateur, le menant sur des fausses pistes, il joue avec la caméra, le scénario. L’humour est toujours présent. Rien n’est clair et, plus on avance, plus on s’aperçoit que l’on n’a rien compris… En ce sens, le film peut faire penser à certains films noirs des années 40, au scénario touffu et à multiples tiroirs. Cependant Ruiz s’empêtre un peu dans tous les fils qu’il a patiemment tissés et la seconde partie nous laisse sur notre faim et sur un sentiment d’insatisfaction car on sent qu’il eut fallu peu de choses pour que le film soit un petit chef-d’oeuvre. Côté interprétation, Deneuve est magistrale et Piccoli est superbe.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Michel Piccoli, Melvil Poupaud, Bernadette Lafont, Mathieu Amalric
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Ruiz sur le site imdb.com.

13 août 2006

« Rome » (2005) série

Créateurs : John Milius, William J. MacDonald et Bruno Heller

RomeElle :
(pas vu)

Lui :
Certes, « Rome » est une série TV… mais une série de TV d’une rare ampleur. Il s’agit ni plus ni moins de relater la naissance de l’Empire romain, plus exactement les 5 années où Jules César, de retour de Gaule, va s’opposer à Pompée avant de se nommer dictateur. Le résultat est une grande réussite, remarquable d’authenticité et, qui plus est, assez fidèle à l’Histoire.

Rarement Rome n’a été ainsi recréé avec tant de minutie, non pas simplement le Forum mais aussi Rome dans sa vie quotidienne, celle du peuple, de la plèbe. L’originalité des créateurs de la série a été en effet de faire vivre tous ces évènements en suivant deux plébéiens, deux ex-légionnaires aux caractères fort différents. Cette approche est certainement l’un des éléments de la réussite de cette série.

L’équilibre est lui aussi remarquable, tous les ingrédients sont bien dosés et bien utilisés. Il s’agit d’une production américaine (HBO) mais la réalisation est anglaise et le résultat montre plus de subtilités qu’attendu, sans surenchère d’effets malgré le budget colossal. On peut se demander si Hollywood serait capable de tourner Rome avec tant de vérité… Tout a été tourné en Italie, à Cinecittà. L’absence d’acteurs trop connus accroît encore l’impression d’authenticité. S’ils ne sont pas connus, les acteurs choisis n’en sont pas moins remarquables de justesse dans leur jeu (du moins en version originale).

Cette série de 12 épisodes de 50 minutes est particulièrement prenante, c’est un réel plaisir de s’immerger totalement dans son univers. Elle comporte bien quelques moments plus faibles, mais ils sont relativement rares. Une grande réussite.
Note : 5 étoiles

Réalisateurs : Michael Apted, Julian Farino, Allen Coulter, Alan Poul, Tim Van Patten, Steve Shill, Jeremy Podeswa, Alan Taylor, Michael Salomon

Acteurs: Kevin McKidd, Ray Stevenson, Polly Walker, Ciarán Hinds, Kenneth Cranham, Lindsay Duncan, Tobias Menzies, Indira Varma

Notes :
1. « Rome » ayant rencontré un vif succès, une seconde saison est en préparation. Elle couvrira certainement la période assez agitée qui suivit l’assassinat de César.
2. Le personnage d’Atia of the Julii (délicieusement intrigante et vénéneuse, formidablement interprétée par Polly Walker) est probablement le personnage le plus éloigné de la vérité. Atia Balba Caesonia n’avait rien d’une femme fatale…
3. Titus Pullo et Lucius Vorenus sont réellement cités par César dans la Guerre des Gaules : deux centurions qui rivalisaient de bravoure.

Liens :
Jules César sur Wikipedia
Rome sur Wikipedia (en anglais)
Rome sur le site d’HBO (en anglais)

12 août 2006

Une affaire de coeur (2004) de Peter Howitt

Titre original : « Laws of attraction »

Une affaire de coeur Elle :
(pas vu)

Lui :
Une avocate new-yorkaise, carriériste et un peu coincée, est perturbée par le charme décontracté de l’un de ses confrères. Le film démarre plutôt bien, classique mais assez amusant et se laissant regarder avec plaisir. Hélas, l’ensemble s’essouffle nettement à mi-parcours, le scénario ne parvenant pas vraiment à s’envoler et reste dans le prévisible, avec de nombreuses situations qui semblent mal utilisées. Pete Brosnan est tout à fait charmant, Julianne Moore est dans un rôle qui manque un peu d’ampleur pour elle. Cette comédie romantique peut distraire mais s’oubliera sans doute très vite.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Pierce Brosnan, Julianne Moore, Frances Fisher
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Howitt sur le site imdb.com.

12 août 2006

« Les deux anglaises et le continent » (1971) de François Truffaut

Les deux anglaises et le continentElle :
Ce film de Truffaut n’est pas parmi mes préférés. La première partie qui porte sur la formation de l’inséparable trio (JP Léaud et les deux anglaises) traîne à se mettre en place. La deuxième partie est plus intéressante quand Truffaut évoque l’émancipation des jeunes filles et du jeune homme. Néanmoins le film m’apparaît trop long. Truffaut désire montrer la complexité des rapports amoureux, la difficulté de s’engager. Muriel malgré la disparition de sa soeur qui était devenue un obstacle dans sa relation avec Claude, préfère sacrifier un bonheur possible avec son amant pour des raisons fantaisistes. L’âme humaine est complexe…
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film de Truffaut me paraît plus remarquable par sa forme que sur le fond. Le réalisateur prouve ses formidables talents de conteur et sa maîtrise de la mise en scène. Sur le fond, l’histoire paraît bien prometteuse au début mais me semble manquer de matière ensuite et s’étioler. Et même la remarquable construction du film n’empêche pas de ressentir certaines longueurs.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, Kika Markham, Stacey Tendeter
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Voir les autres films de François Truffaut chroniqués sur ce blog…

11 août 2006

« Céline et Julie vont en bateau » (1974) de Jacques Rivette

Céline et Julie vont en bateauElle :
Film culte des années 70, ce film vaut pour sa fantaisie, sa liberté de ton, l’improvisation de ses acteurs. On y découvre, Juliet Berto, Bulle Ogier, Marie-France Pisier, Barbet Shroeder. Un peu comme au théâtre, c’est le voyage imaginaire à mi-chemin entre rêve et réalité de deux jeunes femmes fantasques qui tentent de percer le secret d’une maison étrange et de ses habitants. Malgré tout, à revoir cette fable initiatique de plus de trois heures, on la trouve trop longue et un peu ennuyeuse. La première partie est la plus réussie car pleine d’innocence et d’imprévu.
Note : 2 étoiles

Lui :
Une jeune bibliothécaire, plutôt sage et rangée, rencontre fortuitement une jeune fille bien plus délurée qu’elle et un peu mythomane. Ensemble, elles vont passer « de l’autre côté du miroir ». Ce long (3h10) film de Rivette est bien entendu très onirique, voire enfantin. Il déstructure son récit qui se présente comme un puzzle sans cesse défait et refait, il jongle entre le rêve et la réalité, s’amuse à nous égarer sur de fausses pistes. Revoir ce film que nous avions absolument adoré au moment de sa sortie est une expérience amusante… mais forcément un peu décevante. C’est surtout l’improvisation des dialogues qui m’a le plus gêné : si cela apportait une fraîcheur bienvenue dans les années 70 (une création collective en quelque sorte), les fantaisies verbales du couple Berto/Labourier m’apparaissent maintenant plus comme une source de longueurs. D’autre part certaines scènes semblent un peu inutiles. Un film qu’il faut accepter pour vraiment apprécier.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Juliet Berto, Dominique Labourier, Bulle Ogier, Marie-France Pisier, Barbet Schroeder
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11 août 2006

« Jimmy Grimble » (2000) de John Hay

Titre original : « There’s only one Jimmy Grimble »

Jimmy GrimbleElle :
Un bon film sympathique sur un jeune garçon timide qui rêve de s’affirmer en jouant au football. Banlieue de Manchester, famille monoparentale où la mère cherche à refaire sa vie avec des types un peu désaxés, bizutage de l’enfant, de quoi déboussoler un môme. Le réalisateur nous fait voir le monde des adultes au travers des pensées de cet enfant et parvient à le rendre très attachant. Certes, on n’évite pas un happy-end un peu prévisible mais ce film plein de sensibilité et d’humour évoque par petites touches l’univers difficile de Jimmy Grimble. Bref, un film plein de bons sentiments qui font chaud au coeur.
Note : 5 étoiles

Lui :
Voilà un film parfaitement équilibré et bien dosé. Sur une histoire somme toute assez simple (et même pleine de stéréotypes) de gosse de Manchester qui rêve de devenir footballeur, John Hay parvient à nous passionner et nous émouvoir. Filmé avec délicatesse et sans lourdeurs populistes, son propos n’a certes pas une profondeur inouïe mais s’inscrit dans la meilleure veine du cinéma anglais récent.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lewis McKenzie, Ben Miller, Robert Carlyle
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10 août 2006

« Docteur T & les femmes » (2000) de Robert Altman

Titre original : « Dr T and the women »

Docteur T et les femmesElle :
C’est sûr que ce film de Robert Altman ne donne vraiment pas envie d’appartenir à la gent féminine névrosée de la bourgeoisie américaine. Ce portrait au vitriol d’une certaine classe de femmes riches, oisives et écervelées peut ne pas plaire et certains n’y verront qu’un brûlot misogyne et réducteur. Pour ma part, j’ai trouvé cette caricature amusante et assez révélatrice de certains milieux où les femmes se cantonnent à être des potiches peinturlurées et décérébrées. Bien évidemment, Richard Gere en gynécologue blindé surmonte les débordements de ses patientes, de sa femme et ses filles avec courage et tact. Malgré une fin un peu poussive, on passe un bon moment.
Note : 4 étoiles

Lui :
Robert Altman se livre à une satire assez mordante des femmes de la bonne société américaine. Le tableau qu’il nous dresse est assez impitoyable mais tout porte à croire volontiers qu’il est basé, au moins en partie, sur la réalité… Il va même assez loin, puisque la seule femme différente, moins superficielle et plus affranchie, se révèlera être insensible et égoïste. En tout cas, ce film féroce est parfaitement mis en scène avec beaucoup de verve. Très drôle, voire jubilatoire, il fait passer un bon moment tout en nous renvoyant une certaine image (un peu terrifiante) de la société américaine. Il n’est pas étonnant que ce film fut rejeté par un grand nombre de spectateurs Outre-Atlantique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Richard Gere, Helen Hunt, Farrah Fawcett, Laura Dern, Shelley Long, Tara Reid, Kate Hudson, Liv Tyler
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9 août 2006

« Liam » (2000) de Stephen Frears

LiamElle :
C’est au travers des yeux de Liam, un petit garçon souffrant de difficultés d’élocution quand il a peur, que Stephen Frears a choisi de filmer la décomposition d’une famille anglaise pauvre frappée par le chômage dans les années 30. Ce regard d’enfant témoigne des terreurs et des châtiments que l’éducation religieuse lui inflige, de la détresse de sa mère qui surmonte courageusement les obstacles, de sa jeune soeur embauchée par une riche famille juive qu’elle envie, de la dérive de son père qui s’engage chez les fascistes pour éradiquer les juifs et irlandais qui lui ont pris son argent et son travail. C’est avec intelligence et émotion que le réalisateur aborde les problèmes de la montée du nazisme et de l’antisémitisme, de la toute puissance de l’église sur ces pauvres âmes désespérées.
Note : 5 étoiles

Lui :
Stephen Frears est vraiment un très grand cinéaste. Le film dépasse largement le cadre du thème social vu par les yeux d’un enfant. Il traite de plusieurs graves problèmes de l’Angleterre des années 30 et aussi celui de l’exclusion. Ce qui est remarquable, ce qui le singularise (car après tout, ce n’est pas un thème nouveau), c’est la force des sentiments qu’il parvient à faire passer, et aussi une authenticité assez rare. Stephen Frears réussit là un film poignant, sans jamais tomber dans les travers du genre. Tout au plus peut-on lui reprocher d’avoir forcé le trait sur l’anticléricalisme. Un beau film.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Ian Hart, Claire Hackett, Anthony Borrows
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8 août 2006

« Joë Caligula » (1966) de José Bénazéraf

Joe CaligulaElle :
Ce film ne fait qu’emprunter le ton des films de la Nouvelle Vague par pur effet de mode. Le scénario indigent, violent et provocateur n’apporte rien. Le spectateur est en perpétuelle attente que quelque chose se passe… et il ne se passe quasiment rien si ce n’est les braquages d’un truand interprété par Gérard Blain qui n’hésite pas à recourir à la cruauté, et la torture. Ce réalisateur devint le pape des films pornographiques par la suite.
Note : 1 étoiles

Lui :
C’est une curiosité des années 60, sorte de divagation cinématographique. Prenant comme cheval de bataille la violence et le sexe, le film semble n’avoir pour but que choquer, but atteint puisque le film fut interdit à sa sortie. Le problème est qu’il n’y a rien dans ce film, qu’une suite de scènes vides et interminables, pratiquement aucun dialogue. Il fut tourné très rapidement et l’improvisation est visible. Une curiosité, certes, mais sans grand intérêt.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Gérard Blain, Jeanne Valérie, Ginette Leclerc
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