25 juillet 2008

La Belle de Saigon (1932) de Victor Fleming

Titre original : « Red Dust »

Red DustElle :
(pas vu)

Lui :
La Belle de Saigon est un pur produit de la MGM, « l’usine à rêves ». Pour ce triangle amoureux situé en pleine forêt indochinoise, le studio au lion rugissant réunit pour la première fois en tête d’affiche (1) ses deux stars montantes, la blonde incendiaire Jean Harlow et le viril et séduisant Clark Gable. Il y a là de quoi mettre le feu à toute la forêt et effectivement le face à face tient toutes ses promesses, l’un comme l’autre se montrant particulièrement à l’aise. Les meilleurs moments sont à mettre à l’actif de Jean Harlow qui n’a pas sa pareille pour sortir du tac au tac ses réparties cinglantes avec un naturel rare. Face à ce couple de choc, Mary Astor a bien du mal à se faire une petite place. L’histoire de La Belle de Saigon est en elle-même très classique et mise au second plan ; la réalisation de Victor Fleming est honorable. La Belle de Saigon fut un énorme succès à l’époque, succès encore amplifié par le récent suicide du mari de Jean Harlow, un de ces scandales dont Hollywood a le secret.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Clark Gable, Jean Harlow, Mary Astor
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La belle de SaigonLe scandale qui entoura la sortie de Red Dust (La Belle de Saigon) :
Peu avant la sortie de La Belle de Saigon (le tournage n’était pas encore terminé), Paul Bern fut retrouvé mort dans sa salle de bains, à peine 2 mois après son mariage avec Jean Harlow. Paul Bern était également producteur et même associé d’Irvin Thalberg à la tête du studio. Présentée comme un suicide, cette mort violente (par balle) alimenta rumeurs et spéculations. Il faut préciser que le lendemain, la police avait repêché dans la Sacramento River le corps d’une certaine Dorothy Millette qui clamait depuis quelque temps être toujours mariée à Paul Bern. Malgré une réouverture du dossier dans les années 60, l’affaire ne fut jamais élucidée. Certains observateurs croit voir là l’œuvre d’Eddie Mannix, surnommé The Fixer, l’homme qui résolvait toutes sortes de « problème » à la MGM.

Remake :
Mogambo le très beau film de John Ford (1953) avec Ava Gardner et… Clark Gable. Cette fois, l’histoire se passe au Kenya.

(1) Jean Harlow et Clark Gable avaient déjà tourné ensemble dans The Secret Six mais il s’agissait de petits rôles.

24 juillet 2008

L’appât (1953) de Anthony Mann

Titre original : « The naked spur »

The naked spurElle :
(pas vu)

Lui :
L’appât est un western qui bouscule les codes du genre. L’histoire est simple : trois hommes, un ranger solitaire, un chercheur d’or malchanceux et un soldat au passé trouble, doivent convoyer un meurtrier recherché et sa naïve compagne. Ils traversent des contrées montagneuses pendant plusieurs jours dans le but d’aller toucher la prime. Cette intrigue permet à Anthony Mann de placer son film entièrement en extérieurs (on ne voit pas une seule maison) dans des décors somptueux qui tranchent avec la noirceur des sentiments mis en relief tout en ayant en commun avec eux une certaine dureté : ce sont des paysages montagneux impressionnants, parfois même hostiles. Une autre originalité de L’appât est de n’avoir que cinq personnages, cinq individualités au tempérament très marqué qui se côtoient avec rudesse et non sans heurt. ”L’appat” Le fait de prendre des acteurs en dehors de la sphère habituelle du western permet à Anthony Mann de donner une substance peu courante à ses personnages. Le déroulement du récit est remarquable et comporte très peu de temps mort, en tout cas aucun moment faible. La photographie est très belle, les cadrages utilisant souvent la verticalité, celle des grands arbres ou des parois rocheuses, pour durcir encore les sentiments. L’appât est l’un des plus beaux westerns de tous les temps ; c’est aussi beaucoup plus qu’un western.
Note : 5 étoiles

Acteurs: James Stewart, Janet Leigh, Robert Ryan , Ralph Meeker, Millard Mitchell
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Le titre français L’appât est plus faible que le titre américain qui joue sur le double sens de spur : The naked spur pourrait être littéralement traduit par L’éperon nu mais le terme spur désigne aussi ce qui motive, ce qui aiguillonne, ce qui pousse à aller de l’avant et le propos d’Anthony Mann est plutôt sur ce registre.

Les 5 (superbes) westerns d’Anthony Mann avec James Stewart :
Winchester ‘73 (1950) Winchester 73
Bend of the river (1952) Les affameurs
The Naked Spur (1953) L’appât
The Far Country (1955) Je suis un aventurier
The Man from Laramie (1955) L’homme de la plaine

24 juillet 2008

Le Vent en emporte autant (1998) de Alejandro Agresti

Titre original : El viento se llevó lo qué

Le vent an emporte autantElle :
(En bref) Dans un petit village coupé du monde en Patagonie, la seule distraction est un cinéma où sont projetés des bobines de films dans un complet désordre. Un acteur de second plan leur rend visite. Le vent en emporte autant forme hélas un ensemble bien décousu… (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Lui :
(En bref) Le postulat de départ semblait amusant mais comme la voix off le répète plusieurs fois : « ce n’est pas un film comique ». Le film serait plutôt une fable qui saute du coq à l’âne de manière désordonnée ce qui a tendance à nous faire décrocher. (Abandon)
Note : pas d'étoiles

Acteurs: Ángela Molina, Jean Rochefort, Vera Fogwill
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23 juillet 2008

L’incompris (1966) de Luigi Comencini

Titre original : « Incompreso »

L’IncomprisElle :
Comencini traite ce sujet de l’enfance et des complexes relations entre un père et son fils aîné avec une touchante délicatesse. Lorsqu’il apprend la mort de sa mère, Andréa accepte la terrible nouvelle sans montrer d’émotion particulière. Le croyant indifférent, son père reporte toute sa tendresse et attention sur le frère cadet qui prend beaucoup de place. Andréa intériorise sa jalousie. Les jeunes enfants sont très convaincants et la beauté de cette grande propriété florentine ne fait qu’exacerber les émotions qui traversent les personnages. Un film bouleversant.
Note : 5 étoiles

Lui :
L’incompris, c’est Andréa, un garçon de 11 ans qui vient de perdre sa mère. Son père le croit suffisamment fort pour affronter cette épreuve et concentre donc toute son attention sur le jeune frère d’Andréa. Cette histoire, adapté d’un roman de la bibliothèque rose, a vraiment de quoi arracher des larmes aux cœurs les plus secs : rester insensible à la détresse de ce garçon est probablement inhumain. Cela valut au film d’être très mal compris au moment de sa sortie et d’être assassiné par la critique. L’incompris ressortit 11 ans plus tard en 1978 et cette fois la critique lui réserva un accueil triomphal. Cela semble justifié car Comencini fait preuve de beaucoup de délicatesse et ne pêche jamais par excès de sensiblerie facile. Son film est simplement beau et bouleversant, probablement l’un des plus juste sur l’enfance.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Quayle, Stefano Colagrande, Simone Giannozzi, John Sharp
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Le titre utilisé lors de sa première sortie en France en 1967 fut Mon fils, cet incompris. Une version anglaise existe également, Anthony Quayle jouait en effet en anglais avant d’être doublé en italien.

Remake américain :
Besoin d’amour (Misunderstood) de Jerry Schatzberg (1984) avec Gene Hackman.

22 juillet 2008

A bout portant (1964) de Don Siegel

Titre original : « The killers »

The killersElle :
(pas vu)

Lui :
A bout portant est le remake d’un des plus beaux films noirs de Robert Siodmak The Killers (Les tueurs, 1946). L’histoire, adaptée d’une nouvelle d’Ernest Hemingway, a pour point de départ un homme qui se laisse abattre sans chercher à se défendre. Pourquoi ? Dans cette version, ce sont les deux tueurs à gage eux-mêmes qui vont reconstituer le fil de sa vie pour comprendre. Le scénario est habilement transformé avec l’ajout de cet univers de la course automobile. La femme fatale est ici Angie Dickinson qui parvient à distiller presque autant de magnétisme que ne le faisait Ava Gardner 20 ans auparavant. L’ensemble est toutefois beaucoup moins puissant, notamment dans la profondeur des personnages, mais reste de bonne facture, assez prenant. Son excellent scénario n’étant sans doute pas pour rien dans ce résultat. 
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Lee Marvin , Angie Dickinson, John Cassavetes, Ronald Reagan, Clu Gulager
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A bout portant fut originellement tourné pour la télévision mais il fut jugé trop violent et ne sortit qu’en salles (cela donne d’ailleurs une notion de l’évolution de la violence considérée comme acceptable en ces 40 dernières années : les films pour enfants d’aujourd’hui sont hélas parfois plus violents que ce film dit « violent » en 1964… !)

A bout Portant fut le dernier film tourné par Ronald Reagan qui, il faut bien l’avouer (et sans prendre en considération son parcours politique ultérieur), n’est pas un acteur doté d’une grande présence naturelle…

Film original : The Killers (Les tueurs) de Robert Siodmak (1946) avec Burt Lancaster et Ava Gardner, film qui fit découvrir ces deux grands acteurs (pour Burt Lancaster, c’était même son tout premier film). Dans cette version, c’est un agent d’assurance (Edmond O’Brien) qui enquête.

21 juillet 2008

Judas Kiss (1998) de Sebastian Gutierrez

Judas KissElle :
(En bref) Un couple de petits escrocs décide d’enlever un grand patron. Globalement, ce film policier semble manquer de suspense et de subtilités. De nombreuses scènes centrées sur les kidnappeurs paraissent ennuyeuses et inutiles.
Note : 2 étoiles

Lui :
(En bref) Le scénario apparaît un peu alambiqué, tout en restant assez classique sur le fond. On aurait aimé des personnages un peu plus étoffés, un peu plus forts. Le film est agréable à regarder mais ne laissera probablement pas de souvenir marquant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Carla Gugino, Simon Baker, Emma Thompson, Alan Rickman
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20 juillet 2008

La Cité Interdite (2006) de Zhang Yimou

Titre original : « Man cheng jin dai huang jin jia »

La Cité interditeElle :
Une fresque impériale éblouissante se déroulant au temps de la dynastie des Tang qui n’a rien à envier aux grands péplums américains. On en prend plein les yeux à chaque plan! Des décors grandioses rouge, or et rouge sang, une palette rutilante de couleurs un peu kitsch, des costumes somptueux, des scènes de bataille magistrales basées sur l’effet de foule et de répétition, de superbes éclairages et effets sonores, de bons acteurs … Zhang Yimou réalise un sans faute sur le plan de la mise en scène et impressionne par sa dextérité étonnante. Machinations, complots, trahisons gangrènent la famille impériale qui se déchire et s’entretue. Le scénario est assez simple ; il faut se laisser porter par les images de ce film à grand spectacle.
Note : 5 étoiles

Lui :
Les premières minutes de La Cité Interdite donne le ton général du film avec des images spectaculaires mettant en œuvre des décors somptueux et un nombre impressionnant de figurants. Hélas, ce grand spectacle tombe trop rapidement dans la démesure ce qui provoque en nous une sorte d’overdose et le sentiment d’être face à des images artificielles vient trop souvent à l’esprit. Même les décors et costumes, avec une véritable débauche de couleurs rouges et or, paraissent excessifs en tous points. Certes, La Cité Interdite reste un grand spectacle, Zhang Yimou faisant preuve d’une belle maîtrise de mise en scène, Chow Yun-Fat et Gong Li font deux belles prestations en empereur et impératrice de la dynastie Tang dans la Chine du Xe siècle, mais l’ensemble paraît trop excessif.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Chow Yun-Fat, Gong Li, Chou Jay, Liu Ye
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19 juillet 2008

Hyper Tension (2007) de Mark Neveldine et Brian Taylor

Titre original : « Crank »

Hyper TensionElle :
(pas vu)

Lui :
Hyper Tension est un film fait dans l’esprit des jeux vidéos : un tueur à gages auquel on a injecté un poison mortel est obligé de garder un taux d’adrénaline élevé pour rester en vie. Il ne peut donc s’arrêter, il doit constamment bouger… et bouger, c’est justement ce qu’il va faire afin trouver l’antidote. Hyper Tension est un film totalement survolté, sans temps mort, se déroulant quasiment en temps réel. La mise en scène est tout aussi trépidante : tourné avec de petites caméras HD, les réalisateurs n’ont par exemple pas hésité à chausser des rollers pour certains plans. Le scénario n’est bien entendu pas le point fort du film, simple et sans grande originalité à part le point de départ… et d’arrivée, car la scène finale est vraiment gonflée et inattendue. Il fallait oser ! Malgré les apparences, Hyper Tension est un film assez à part de la production classique du genre et vous cloue sur votre fauteuil. On en sort en peu sonné.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jason Statham, Amy Smart
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19 juillet 2008

Le vent de la nuit (1999) de Philippe Garrel

Le vent de la nuitElle :
(En bref) Centré sur une femme cinquantenaire, un étudiant en arts plastiques et un ancien soixante-huitard mûré dans son silence, Le vent de la nuit est un film assez fort mais ces états d’âme suicidaires sont effroyablement déprimants.
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) Ce triple portrait est assez riche car Philippe Garrel porte un regard assez profond sur le désarroi de ses personnages. L’ensemble est toutefois terriblement désillusionné.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Daniel Duval, Xavier Beauvois
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18 juillet 2008

Très bien, merci (2007) de Emmanuelle Cuau

Très bien, merciElle :
Emmanuelle Cuau livre un regard inquiet sur la France contemporaine de Sarkozy sur le ton de la comédie et du drame teinté d’une touche kafkaïenne. La mise en scène est bien menée et servie par des acteurs convaincants. Son film fustige la restriction des libertés individuelles, les arrestations arbitraires qui font qu’on peut se retrouver en prison et en hôpital psychiatrique sans avoir rien fait, les patrons qui éjectent leur personnel du jour au lendemain, les moules dans lesquels l’individu doit de glisser pour correspondre à la norme et pouvoir s’insérer dans la société. La tension monte et la situation devient de plus en plus critique. On se demande qui est en train de devenir fou, le couple Kiberlain/Melki ou les administrations répressives. On peut reprocher quelques incohérences et exagérations. Comment se fait-il que ce couple n’ait absolument pas pensé une minute à appeler un avocat pour prendre conseil afin d’arrêter cet engrenage infernal ?
Note : 3 étoiles

Lui :
A la suite d’un enchaînement de circonstances, un homme se retrouve à passer une nuit au poste de Police avant d’être interné dans un hôpital psychiatrique. Très bien merci met en relief l’absurdité et l’arbitraire de plus en plus présent dans notre société et auquel tout à chacun peut se heurter un jour, bien malgré lui. Chacun de ces micro-évènements a une logique propre mais leur enchaînement crée une inexorable machine à broyer le couple Kiberlain-Melki,  victime de décisions arbitraires et presque déshumanisées. Certes on pourra reprocher à Très Bien Merci quelques petites incohérences mais c’est un peu le prix à payer pour une démonstration plus marquante.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Sandrine Kiberlain, Gilbert Melki, Olivier Cruveiller
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