23 janvier 2009

Ceux qui restent (2007) de Anne Le Ny

Ceux qui restentElle :
Des choses touchantes et bien senties dans ce premier film. Dommage que la médiocre qualité sonore et les marmonnements de Vincent Lindon nuisent à la bonne compréhension des dialogues. Cette histoire d’amour impossible surgit en milieu hospitalier entre un homme et une femme dont les conjoints sont atteints de cancers. Bertrand va voir sa femme chaque jour à l’hôpital depuis cinq ans. Il est épuisé et soumis alors que Lorraine très perturbée vient seulement de connaître cette nouvelle situation conjugale dramatique. Les deux personnages sont attendrissants mais ils connaissent la culpabilité de l’amour dans leur solitude assumée. Anne Le Ny peint les sentiments sur la vie et la mort avec justesse sans jamais donner dans le mélo puisqu’on ne voit jamais les malades et les médecins.
Note : 3 étoiles

Lui :
Dans les couloirs d’un hôpital, Bertrand et Lorraine se rencontrent fortuitement. Ils y viennent tous les jours visiter leur conjoint atteint d’une maladie grave. Ils seront ceux qui restent. Pour son premier long métrage, Anne Le Ny a choisi un sujet délicat à traiter : l’amour peut-il trouver une place là où il ne devrait pas en trouver ? Ils ont tous deux des attitudes très différentes : elle est nerveuse, papillonne, parle beaucoup, lui est calme, sans espoir, usé par la longue maladie de sa femme. Les deux caractères sont probablement un peu tranchés mais ce n’est pas là le principal problème. Le film est vraiment gâché par un très mauvais son, on ne comprend qu’une phrase de Vincent Lindon sur trois et les autres acteurs ne sont qu’à peine plus compréhensibles. Difficile donc d’entrer dans le film dans ces conditions. Ceux qui restent aurait certainement mérité un meilleur traitement.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Vincent Lindon, Emmanuelle Devos, Yeelem Jappain
Voir la fiche du film et la filmographie de Anne Le Ny sur le site IMDB.

22 janvier 2009

Les amours d’Astrée et de Céladon (2007) de Eric Rohmer

Les Amours d'Astrée et de CéladonElle :
(pas vu)

Lui :
Rohmer nous prévient par un panneau au tout début de son film : Les amours d’Astrée et de Céladon met en scène une petite communauté de bergers du Ve siècle tels qu’imaginés par un écrivain du XVIIe siècle (il s’agit en effet de l’adaptation du roman d’Honoré d’Urfé L’Astrée, adaptation simplifiée puisque le roman fait plus de 5000 pages). Et nous, nous regardons cela avec nos yeux du XXIe siècle. Il faut donc surmonter les décalages, dépasser l’apparente artificialité du jeu des acteurs et se laisser glisser sans résister. Une fois passées les premières minutes, l’univers bucolique de ces Amours d’Astrée et de Céladon nous gagne et c’est un délice de suivre les péripéties de cet amour entier, indéfectible, presque absolu. Rohmer dit avoir été frappé par la modernité du texte d’Honoré d’Urfé ; il est vrai que nous ne sommes pas loin de ses propres Contes et on retrouve ici toute la fraîcheur, la simplicité, la spontanéité, l’absence de fard qui rend ses films si attachants. A plus de 85 ans, Rohmer nous prouve qu’il n’a rien perdu de la justesse de son regard. Les Amours d’Astrée et de Céladon est cependant un film qui pourra rebuter certains, non pas que ce soit un film difficile, bien au contraire : c’est plutôt un film où il faut accepter de se laisser aller. C’est alors un régal de fraîcheur qui tranche agréablement avec la production cinématographique courante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Andy Gillet, Stéphanie Crayencour, Cécile Cassel, Véronique Reymond, Jocelyn Quivrin
Voir la fiche du film et la filmographie de Eric Rohmer sur le site IMDB.
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Remarque:
Le travestissement de Céladon en femme est d’autant plus étonnant, qu’en plus de la mise en valeur des traits fins de son visage, on assiste à une transformation de sa voix. Rohmer a utilisé l’informatique, un programme de l’Ircam de Pierre Boulez, pour féminiser la voix d’Andy Gillet. Cela rend la transformation extrêmement troublante et ajoute beaucoup à la sensualité du film.

21 janvier 2009

Le grand attentat (1951) de Anthony Mann

Titre original : « The tall target »

Le Grand attentatElle :
(pas vu)

Lui :
Un policier démissionnaire tente de déjouer un complot qui vise à abattre Abraham Lincoln le jour même de son investiture en 1861. Précisons qu’il s’agit de fiction, libre extrapolation d’un incident qui eut effectivement lieu. Plutôt mal connu, Le Grand Attentat est remarquable pour plusieurs raisons : il se déroule entièrement dans un seul lieu, un train allant de New York à Washington, et de plus quasiment en temps réel, l’action et la durée du film correspondant presque parfaitement. Bien que de tendance libérale, le film ne s’étend nullement en discours ou explications, se concentrant essentiellement sur l’action et la montée du suspense. Dans ce domaine, il réussit parfaitement grâce à un traitement très brut qui immerge totalement le spectateur dans l’action. La tension monte assez rapidement et notre policier (qui s’appelle… John Kennedy ! Cela ne s’invente pas…) se retrouve assez rapidement seul face à un adversaire de taille. Tourné avec un budget plutôt supérieur à une production B, Le Grand Attentat se révèle être un suspense vraiment brillant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Dick Powell, Paula Raymond, Adolphe Menjou, Marshall Thompson
Voir la fiche du film et la filmographie de Anthony Mann sur le site IMDB.
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Remarque :
On rapproche souvent The Tall Target du film de Richard Fleischer The Narrow Margin (L’Énigme du Chicago Express, 1952) qui se déroule, lui aussi, entièrement dans un train.

20 janvier 2009

La féline (1942) de Jacques Tourneur

Titre original : Cat people

La FélineElle :
(pas vu)

Lui :
Une jeune femme, originaire d’Europe centrale, rencontre un jeune architecte dans un zoo. Elle lui confie que, dans son village natal, ses ancêtres femmes-chats se transforment parfois en panthères lorsqu’elles sont malheureuses. Il ne faut surtout pas classer La Féline parmi les films d’épouvante. Il faut plutôt le considérer comme un film fantastique mais les amateurs actuels du genre seront certainement déçus car le film est loin d’être aussi démonstratif que ses homologues plus récents. C’est aussi un film psychanalytique, un des tous premiers de ce genre qui se développera dans la décennie des années 40. Pour être plus exact, La Féline marque la séparation du film d’épouvante (qui montre les monstres) et du film fantastique (qui suggère leur présence). Tout est en effet suggéré, rien n’est montré, tout se passe dans la tête du spectateur autant que sur l’écran ; dans ce sens, Jacques Tourneur et le producteur Val Lewton furent des véritables pionniers de l’utilisation de la suggestion pour amplifier l’effet d’une histoire.  L’atmosphère du film doit beaucoup de sa force à une progression savante des scènes et une superbe utilisation de la lumière et des ombres floues. La RKO, profondément insatisfaite par le manque de scènes explicites, ne sortit La Féline que dans une seule salle. Ce fut rapidement un des plus grands succès du studio.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Simone Simon, Kent Smith, Tom Conway, Jane Randolph
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Tourneur sur le site IMDB.
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Lire une étude de Nicolas Bardot du film sur filmdeculte.com
et une étude dans une optique pédagogique sur le site du cndp.fr

Suite et remake :
The Curse of the Cat People (La malédiction des hommes-chats) de Gunther von Fritsch et Robert Wise (1944) est plus ou moins une suite avec les mêmes acteurs.
Cat People (La féline) de Paul Schrader avec Nastassja Kinski (1982) est un remake sur un registre de film d’épouvante, donc beaucoup plus explicite ; pour les amateurs du genre seulement…
Plus intéressant : le réalisateur Jacques Tourneur et le producteur Val Lewton continueront à travailler ensemble et le tandem engendrera plusieurs films assez marquants.

19 janvier 2009

Secret Sunshine (2007) de Lee Chang-dong

Titre original : « Milyang »

Secret SunshineElle :
Secret Sunshine nous montre l’errance d’une jeune mère à la recherche d’une renaissance intérieure suite au décès de son mari puis de son fils. Sa famille la rejette car son mari l’a trompée et parce qu’elle ne pleure pas lors de l’enterrement de son fils. En plein désarroi et toujours suivie par un ange gardien célibataire et amoureux d’elle, on assiste à son cheminement douloureux pour tenter de retrouver la paix intérieure et le goût à la vie dans cette ville de Milyang qui signifie « lieu ensoleillé » ou « Secret Sunshine ». Pas de demi-mesure, la jeune femme est entière : soit elle reste fermée aux émotions soit elle les manifeste avec excès. Après un passage dans un groupe religieux qu’elle finit par trouver hypocrite, elle tente en vain de trouver le bonheur par le sexe puis en essayant de mettre fin à ses jours. Le réalisateur esquisse avec sensibilité un cheminement chaotique, une voie sans issue au bord de la fêlure et du gouffre. Son cinéma est sombre et sans espoir.
Note : 3 étoiles

Lui :
J’avoue de ne pas avoir été vraiment touché par l’histoire de cette jeune femme qui tente de se redresser après une double tragédie. Ce n’est probablement pas à cause de l’interprétation de Jeon Do-yeon qui donne beaucoup pour son personnage. Non, ce serait plutôt du fait du comportement entier et sans nuances de l’héroïne dont les changements d’attitude sont assez brutaux et mal expliqués et le manque de profondeur des personnages secondaires. La réalisation de Lee Chang-dong, un peu terne, ne rattrape rien. Non, j’ai bien du mal à partager l’enthousiasme qui a entouré Secret Sunshine.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jeon Do-yeon, Song Kang-ho
Voir la fiche du film et la filmographie de Lee Chang-dong sur le site imdb.com.

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18 janvier 2009

Hello, Sister! (1936) de Erich von Stroheim, Alan Crosland, Alfred Werker et Raoul Walsh

Titre original : Walking down Broadway

Hello, Sister!Elle :
(pas vu)

Lui :
A l’automne 1932, Erich von Stroheim tourne son premier film parlant, Walking down Broadway : deux jeunes filles descendent Broadway pour trouver l’amour et se font aborder par deux hommes qui, bien qu’étant amis, ont des intentions très différentes. Une fois le film terminé, le nouveau producteur de la Fox qualifie le résultat de « juste bon à illustrer un congrès de psychanalyse »… Le film est largement coupé et Alan Crosland, Alfred Werker et Raoul Walsh sont chargés de retourner des scènes. Hello Sister est donc le résultat d’une mutilation (Von Stroheim a demandé de son nom soit retiré du générique) et le film a perdu presque toute sa personnalité. Tout au plus peut-on imaginer ce que Von Stroheim avait pu faire avec certains personnages : l’ami qui a bien du mal à réfréner ses pulsions, la prostituée, l’amie jalouse… La jalousie et la haine, qui peuvent nous faire penser aux Rapaces par courts instants, ne durent guère. Assez frustrant, Hello Sister nous fait mesurer à quel point il est regrettable que nous ne puissions voir ce que Stroheim avait fait.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Boots Mallory, James Dunn, Zasu Pitts, Minna Gombell, Terrance Ray, Will Stanton
Voir la fiche du film et la filmographie de Erich von Stroheim sur le site imdb.com.
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Remarque :
D’après Patrick Brion, c’est le personnage de l’amie jalouse interprétée par Zasu Pitts (qui fut aussi Trina dans Les Rapaces) qui a été le plus coupé. Il estime aussi que presque la moitié des scènes d’Hello Sister seraient plus ou moins celles tournées par Stroheim.

Homonyme :
Walking down Broadway de Norman Foster (1938) avec Claire Trevor

17 janvier 2009

Paranoid Park (2007) de Gus Van Sant

Paranoid ParkElle :
Voilà un film terriblement émouvant dont la forme sert formidablement bien le fond, un scénario très simple dans lequel un adolescent qui tue un agent de sécurité par accident préfère taire la vérité à son entourage. Adaptée du roman de Blake Nelson, cette histoire a lieu non loin de Paranoid Park, un endroit mal famé où les amateurs de skateboard se rencontrent. Gus Van Sant a choisi de travailler avec Christopher Doyle, directeur de la photo de Wong Kar Wai qu’il admire beaucoup. Il nous fait vivre de l’intérieur la détresse qui habite ce jeune homme perdu, livré à lui-même. Il va à l’essentiel grâce à la force de l’image. Peu de dialogues et de messages démonstratifs. La caméra glisse. Il joue avec le flou et le net, les images surexposées ou sombres, les ralentis et les accélérés, les images stables ou instables, les ambiances sonores aériennes et étranges. Tout ce travail minutieux de mise en scène concourt à créer une atmosphère en apesanteur hors de la réalité. Gabe Nevins qui joue le personnage d’Alex est impassible, juvénile, angélique mais sous cette apparence faussement tranquille, se joue une véritable tragédie sur laquelle il n’a pas de prise car il n’a pas d’écoute possible avec ses amis ou sa famille en rupture.
Note : 5 étoiles

Lui :
Un adolescent tue accidentellement un agent de sécurité et garde tout pour lui. Avec Paranoid Park, Gus Van Sant nous fait entrer dans la tête de ce jeune garçon, en proie au doute, qui ne sait que faire de cet évènement tragique et du lourd poids qu’il place sur ses épaules. Cette confusion est d’autant plus forte que cet adolescent vit comme dans une bulle, sans réelle communication avec d’autres personnes. Pour nous faire toucher du doigt cette distance avec le monde réel, Gus Van Sant filme cet adolescent souvent de très près, avec une profondeur de champ quasi nulle, emplissant son image d’un flou déroutant mais toujours esthétique. Et nous aussi, nous sommes un peu désemparés devant ce visage souvent impassible aux grands yeux ronds qui semblent toujours chercher un endroit pour s’accrocher. Une fois de plus avec ce réalisateur, la forme revêt autant d’importance que le fond. Même si le procédé peut sembler proche de celui utilisé pour Elephant, le résultat me semble ici bien plus convaincant, plus profond ; Gus Van Sant parvient à mieux intégrer la forme à son sujet. Au final, Paranoid Park est un superbe film sur les doutes de l’adolescence.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Gabe Nevins, Taylor Momsen, Jake Miller, Lauren McKinney
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16 janvier 2009

Au fil de l’eau (1950) de Fritz Lang

Titre original : « House by the river »

Au fil de l’eauElle :
A la fin de l’ère victorienne, un écrivain, qui éprouve des difficultés à placer ses manuscrits, habite une maison à l’embouchure d’une rivière. Alors que sa femme s’est absentée pour la journée, il tente de séduire la jeune servante et l’étrangle accidentellement. Au même moment, on sonne à la porte… Tel est le point de départ de cet Au fil de l’eau, film très prenant sur l’arrivisme et la culpabilité. Sans acteur connu, Fritz Lang parvient à nous tenir en haleine en nous dévoilant peu à peu toutes les facettes de la personnalité de cet écrivain particulièrement prêt à tout.
Note : 3 étoiles

Lui :
House by the River fait partie des films mal connus de la filmographie de Fritz Lang. C’est compréhensible puisqu’il n’est jamais sorti en salles en France et qu’il a fallu attendre les années 80 pour qu’il soit diffusé à la télévision. Ce n’est en aucun cas un film mineur cependant. Dans l’esprit, il est assez proche du Secret derrière la porte qu’il a tourné deux ans plus tôt. On y retrouve en effet une atmosphère très forte, sombre et noire, qui donne l’impression de tendre parfois vers le fantastique. En fait, Fritz Lang nous plonge en quelque sorte dans les tourments de cet homme, les tourments du désir tout d’abord puis les tourments de la culpabilité. La photographie est superbe avec des plans simples mais très forts, tout au service du récit. House by the River est très prenant et particulièrement puissant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Louis Hayward, Jane Wyatt, Lee Bowman
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15 janvier 2009

La vengeance dans la peau (2007) de Paul Greengrass

Titre original : « The Bourne ultimatum »

La Vengeance dans la peauElle :
(pas vu)

Lui :
Troisième volet de l’histoire de l’agent Jason Bourne, La Vengeance dans la Peau est une réelle épreuve pour les spectateurs qui, comme moi, ont du mal avec les caméras à l’épaule. Paul Greengrass pousse ici le principe à l’extrême en associant une caméra parkinsonienne à un montage trépidant où les plans descendent couramment en dessous de la seconde. Evidemment une telle construction ne permet pas vraiment d’exposer un récit et le scénario n’est donc qu’une chasse à l’homme, plus haletante que passionnante. Personnellement, je reste perplexe face au succès populaire de ce film : s’il reflète un tant soit peu l’avenir du cinéma, c’est inquiétant. Ce n’est plus vraiment un film, c’est de la bouillie d’images.
Note : 1 étoile

Acteurs: Matt Damon, Joan Allen, Julia Stiles, David Strathairn, Scott Glenn
Voir la fiche du film et la filmographie de Paul Greengrass sur le site IMDB.
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Lire nos commentaires sur La Mémoire dans la Peau et sur La Mort dans la Peau

14 janvier 2009

Sérénade à trois (1933) de Ernst Lubitsch

Titre original : « Design for Living »

Sérénade à troisLui :
Une jeune femme à l’esprit libre rencontre deux artistes un peu bohêmes dans un train. Ils tombent rapidement amoureux les uns et des autres. Refusant de choisir, elle va venir vivre avec eux deux pour jouer le rôle de mentor… Cette situation de départ est, comme on s’en doute, une belle source de situations pour une comédie relevée et Lubitsch y applique son style habituel, ne gardant que l’essentiel sans hésiter à pratiquer d’énormes ellipses dans le récit. Le résultat est une fois de plus plein de rythme avec un humour léger, sans aucune lourdeur malgré le sujet. On peut se demander comment Sérénade à Trois a pu passer la censure de l’époque (1) car il y a tout ce qu’il ne faut pas : ménage à trois, cohabitation avant le mariage, adultère et surtout une approche très libérée et sans entraves morales (tout est implicite cependant, rien n’est montré bien entendu). Le film fut énormément critiqué à l’époque, non pas pour sa liberté de ton, mais parce que le texte de la pièce originale du très british Noel Coward avait été entièrement réécrit par le très américain Ben Hecht (une seule réplique de la pièce subsiste dans le film!) et que les trois rôles principaux étaient interprétés par des acteurs américains. Cette querelle paraît bien futile aujourd’hui… d’autant plus que la performance de ce trio est assez enthousiasmante. Miriam Hopkins met notamment beaucoup d’énergie pour interpréter cette jeune femme libérée face au duo Gary Cooper / Fredric March, nos deux artistes qui ont bien du mal à partager. Sans atteindre tout à fait le niveau des meilleurs Lubitsch des années 30 comme Trouble in Paradise, Sérénade à Trois est une merveilleuse comédie, parfaitement équilibrée, qui reste vraiment plaisante à regarder.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Miriam Hopkins, Fredric March, Gary Cooper,  Edward Everett Horton
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(1) Le film fut toutefois bloqué par la censure dès 1934, au moment où le code Hays s’est définitivement renforcé.

Sérénade à troisErnst Lubitsch, Gary Cooper, Miriam Hopkins et Fredric March.
Photo publicitaire pour Sérénade à trois d’Ernst Lubitsch.

Sérénade à trois