7 mars 2010

Le temps d’un été (2007) de Lajos Koltai

Titre original : « Evening »

EveningElle :
Des choses touchantes mais aussi des choses plutôt convenues. Adapté d’un roman de Susan Minot, le film vaut davantage pour ces histoires de femmes qui se racontent, en douceur et avec subtilité, leurs doutes et regrets. Dans les derniers jours de sa vie, Ann, interprétée de façon très sensible par Vanessa Redgrave, se souvient et révèle à ses deux filles la perte d’un amour de jeunesse très intense : culpabilité, remords et regrets d’une autre vie moins rangée et plus passionnante. A cette époque, il ne faisait pas bon de s’affranchir des normes sociales. Elle tente de faire la paix en elle car elle se sent responsable de ce qui n’a pas pu avoir lieu. En revanche, on n’échappe pas aux clichés sur les bons sentiments et à une mise en scène un peu factice.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le temps d’un été est l’adaptation d’un roman de Susan Minot qui a co-signé le scénario avec Michael Cunningham (l’auteur du roman « Les heures »). Alors qu’elle est sur le point de mourir, Ann dévoile à ses deux filles un épisode lointain de sa vie amoureuse. Elle revit ces moments et les regarde d’un œil nouveau. L’histoire ainsi présentée peut donner l’impression d’être conventionnelle et effectivement le film n’échappe à certains clichés. Cependant il se révèle un peu plus profond qu’attendu en abordant la question « fait-on vraiment des erreurs dans sa vie? » et surtout montre une belle délicatesse, porté par une interprétation féminine hors-pair avec un très beau trio d’actrices : Claire Danes, Toni Collette et Vanessa Redgrave. Le temps d’un été n’est jamais sorti en salles en France, il est sorti directement en vidéo.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Claire Danes, Toni Collette, Vanessa Redgrave, Patrick Wilson, Hugh Dancy, Natasha Richardson, Mamie Gummer, Meryl Streep, Glenn Close
Voir la fiche du film et la filmographie de Lajos Koltai sur le site IMDB.

Remarques :
Mamie Gummer est parfaite pour interpréter le personnage de Meryl Streep jeune : Mamie Gummer est en effet la fille de Meryl Streep.
De son côté, Natasha Richardson était parfaite pour interpréter la fille de Vanessa Redgrave puisque c’est effectivement sa fille. Natasha Richardson est hélas morte prématurément en 2009.

6 mars 2010

Musée haut, musée bas (2008) de Jean-Michel Ribes

Musée haut, musée basLui :
Adaptation cinématographique d’une pièce écrite par Jean-Michel Ribes, Musée haut, musée bas est un ensemble de petites saynètes humoristiques se situant dans un grand musée imaginaire. L’humour joue sur l’ignorance des visiteurs, les difficultés d’orientation, la fatigue, le décalage et l’incongruité de certaines discussions, etc… Le nombre d’acteurs connus est phénoménal, si important que cela donne une vague impression de fourre-tout (120 rôles auraient ainsi été distribués). L’ensemble est franchement très inégal, il y a bien de bons moments et de belles trouvailles d’humour mais ils sont trop rares.
Note : 1 étoile

Acteurs: Victoria Abril, Pierre Arditi, Josiane Balasko, Dominique Besnehard, Michel Blanc, Isabelle Carré, Eva Darlan, André Dussollier, Julie Ferrier, Samir Guesmi, Gérard Jugnot, Valérie Lemercier, Micha Lescot, Fabrice Luchini, Valérie Mairesse, Yolande Moreau, François Morel, Chantal Neuwirth, Dominique Pinon, Micheline Presle, Daniel Prévost
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Michel Ribes sur le site IMDB.

5 mars 2010

Intrusions (2008) de Emmanuel Bourdieu

IntrusionsLui :
Sur un fond de double triangle amoureux, Intrusions est un film qui joue sur l’étrangeté des rapports, chacun s’efforçant ici d’exercer une pression sur l’autre. Suspense psychologique, le film semble partir dans plusieurs directions sans que l’une d’entre elles convainque vraiment. Beaucoup trop d’aspects de cette histoire ou de réactions des personnages paraissent improbables. Peu avant la fin, le film vire soudainement dans un style qui rappelle quelque peu Bunuel ; ce qui parait tout d’abord prometteur tourne court, hélas. Natacha Régnier fait une très belle performance dans son rôle de jeune femme un peu rigide et froide, assez complexe. Intrusions la met superbement en valeur. Denis Podalydès en revanche joue certainement un peu trop sur le côté éteint de son personnage, il semble presque absent.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Natacha Régnier, Denis Podalydès, Amira Casar, Jacques Weber, Françoise Gillard
Voir la fiche du film sur le site IMDB.

Voir les autres films de Emmanuel Bourdieu chroniqués sur ce blog…

Homonyme :
Intrusion (The astronaut’s wife) de Rand Ravich (1999) avec Johnny Depp et Charlize Theron

4 mars 2010

Naissance d’une nation (1915) de David W. Griffith

Titre original : « The birth of a nation »
Premier titre original utilisé : « The clansman »

Naissance d'une nationLui :
Naissance d’une Nation est la première grande production du cinéma américain, marquant le début de la suprématie d’Hollywood sur le cinéma mondial, jusque là dominé par le cinéma français. C’est aussi l’un des films les plus litigieux de toute l’histoire du cinéma. Librement adapté de deux romans de propagande raciste de Thomas Dixon, le film de D.W. Griffith retrace la Guerre de Sécession et la reconstruction qui suivit avec une vision sudiste et ouvertement anti-noirs. Le Ku-Klux-Klan y est ainsi montré comme une réaction légitime et salutaire face à un nouvel ordre chaotique mis en en place par des noirs dévoyés et avides de pouvoir. Quand il est sorti, soit cinquante ans après la fin de la guerre civile, le film occasionna des émeutes à New-York et dans d’autres villes (1). Il a ensuite servi d’outil de propagande à une droite extrême pendant des dizaines d’années. Il faut donc le regarder en dépassant les aspects plutôt révoltants de son contenu.

Naissance d'une nation Sur le plan cinématographique, Naissance d’une Nation est une révolution, pas tant par sa durée de 3 heures ou par la taille de sa production (2), mais surtout sur le plan artistique : c’est le premier grand film d’auteur. La création de scènes émotionnellement fortes, la ponctuation formée par les scènes historiques minutieusement reconstituées (l’assassinat de Lincoln au théâtre Ford, la bataille de Petersburg, l’incendie d’Atlanta, la reddition de Lee, etc…), la perfection du montage en font une œuvre à part entière et un grand spectacle dramatique (3). Le film comporte de nombreuses scènes de toute beauté. Naissance d’une Nation eut une influence considérable sur le cinéma américain et son développement (4). Il est étonnant de voir comment il conserve toute sa force aujourd’hui, presque un siècle plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lillian Gish, Mae Marsh, Henry B. Walthall, Ralph Lewis, George Siegmann
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

Voir les autres films de David W. Griffith chroniqués sur ce blog…

(1) Les incidents firent des blessés et même des morts. Du fait de la présence des troupes coloniales au front, le film ne sortira en France qu’après la guerre, en 1920 et largement coupé. Il n’est jamais sorti en Russie donc son influence sur le cinéma russe est probablement nulle malgré certaines affirmations. D.W. Griffith fut très affecté par les attaques portées contre lui : il tournera l’année suivante Intolérance pour se racheter et dans le film suivant, Coeurs du Monde, il montrera un soldat blanc et un soldat noir qui s’embrassent. A noter que Naissance d’une Nation est, comme plusieurs de ses films suivants, porteur d’un message anti-guerre très marqué, partie évidemment moins critiquable.

(2) Cabiria, film italien historique de Giovanni Pastrone sorti un an plus tôt, durait déjà presque trois heures. D’autre part, on sait aujourd’hui que les chiffres donnés à l’époque pour Naissance d’une Nation (18 mois de tournage, 18 000 figurants) étaient largement exagérés : le tournage n’a duré que 9 semaines et seulement 500 figurants ont été utilisés. Le résultat n’en est que plus remarquable…

(3) D.W. Griffith l’a lui-même précisé : aucun scénario n’a été écrit pour ce film (ni pour les suivants d’ailleurs). En revanche, les répétitions furent nombreuses. Les grandes scènes de bataille furent souvent tournées en une journée (à l’emplacement des futurs Studios Universal), les costumes furent en grande partie faits par la mère de Lillian Gish. A noter que tous les premiers rôles de noirs furent tenus par des blancs, grossièrement grimés.

(4) Les coûts de production ont été de l’ordre de 110 000 dollars (soit environ 1,5 millions d’euros d’aujourd’hui), Griffith ayant investi toute sa fortune personnelle. Alimenté par le scandale, le succès du film aurait généré au moins 20 à 50 fois cette somme. C’est le premier film où les salles ont pratiqué un prix majoré des places (2$ de l’époque, soit 25/30 euros d’aujourd’hui). Le film a ouvert les portes pour une vraie industrie : la création des grands studios est intervenue dans les 5 ou 10 années qui suivirent.

Remarques :
* Le membre du Congrès nommé Stevenson dans le film représente l’homme politique Thaddeus Stevens, leader de l’aile radicale du parti républicain pendant et après la guerre de Sécession.
* C’est Raoul Walsh, le réalisateur, qui interprète le rôle de John Booth, l’assassin de Lincoln. Il s’est réellement fait très mal en sautant du balcon, c’est la raison pour laquelle il boite ensuite en s’éloignant. Il n’y eut qu’une seule prise…

Durée :
185 à 190 min pour la version originale et celle disponible couramment en DVD.
Il existe une version video de 125 min, également retranscrite sur certains DVD.
Toutes les versions disponibles n’ont pas les teintes d’origine (certaines scènes de guerre étaient teintées en rouge par exemple, cette teinte a d’ailleurs mal vieilli, de nombreuses autres scènes sont teintées en ambre, en bleu ou en violet).

3 mars 2010

Le grand embouteillage (1979) de Luigi Comencini

Titre original : « L’ingorgo – Una storia impossibile »

Le grand embouteillageElle :
Une autoroute bordée de carcasses de voitures et des usines… Un grand embouteillage qui dure si longtemps que les automobilistes deviennent prisonniers de leur voiture. Non seulement, ils y mangent et dorment mais ils laissent échapper leurs pulsions et leurs fantasmes. C’est l’ère du chacun pour soi sans toutefois que quiconque ne se révolte contre le système qui les a bloqués à jamais sur cette autoroute. Le regard de Comencini est à la fois féroce et cocasse. Ce film préfigure notre société de consommation qui gaspille et détruit.
Note : 4 étoiles

Lui :
A la périphérie de Rome, un gigantesque embouteillage se forme et contraint des milliers de voitures à une immobilité durable… Il y a deux niveaux de lecture de ce Grand Embouteillage : le premier est celui de montrer une société arrivée à un point de non-retour dans sa fuite en avant, asphyxiée par la prolifération des automobiles et gangrenée par la corruption, le second concerne plus les défauts profonds de l’homme dans ses rapports humains. Luigi Comencini saute de voiture en voiture pour nous montrer des situations très variées qui vont évoluer différemment selon les individualités et les interactions dues à la promiscuité. Certaines de ces situations sont cocasses mais, au final, la plupart dévoilent une part plutôt sombre de la nature humaine, une part mesquine, corruptible ou corruptive, ou même bestiale. Comencini a réuni toute une pléiade d’acteurs italiens et français, ces derniers étant doublés (c’était l’époque des co-productions européennes). Le film est assez sombre sur le fond, pas vraiment optimiste dans son propos tout en restant très facile d’accès. C’est en tout cas un film qui interpelle.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni, Alberto Sordi, Annie Girardot, Fernando Rey, Patrick Dewaere, Miou-Miou, Gérard Depardieu, Ángela Molina, Stefania Sandrelli
Voir la fiche du film et la filmographie de Luigi Comencini sur le site IMDB.

Voir les autres films de Luigi Comencini chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Bruegel - Les aveuglesComencini a précisé avoir eu l’inspiration pour faire Le Grand Embouteillage en regardant un tableau de Bruegel « La Parabole des aveugles ».
La Parabole est issue de l’Evangile : « Si un aveugle conduit un aveugle, tous deux tomberont dans une fosse ». Bruegel a illustré cette Parabole en peignant six aveugles se guidant l’un l’autre. Le premier est déjà tombé dans la fosse entraînant dans sa chute le second qui entraînera les suivants. Les aveugles semblent avoir le pressentiment de ce qui les attend mais se laissent néanmoins guider vers leur mort…

2 mars 2010

Slumdog Millionaire (2008) de Danny Boyle et Loveleen Tandan

Slumdog MillionaireElle :
Un film à la mise en scène très énergique qui a le mérite de montrer le vrai visage de l’Inde. Il nous plonge brutalement dans la réalité d’une Inde déshéritée avec ses gamins abandonnés, livrés à eux même et à l’appétit de gangs assez sordides. Danny Boyle utilise une caméra spéciale très fluide et mobile pour parvenir à se fondre dans la foule colorée sans se faire remarquer. Le montage est nerveux et complexe; les scènes de rue ou celles surplombant la ville avec ses bidonvilles sont très impressionnantes. Le prétexte de ce jeu télévisé pour faire découvrir une autre Inde par l’intermédiaire de ce jeune concurrent qui a déjà tout vécu de la vie est plutôt une bonne idée de construction car il permet de peindre d’autant plus crûment le décalage entre la société technologique qui avance à grand pas et ces milliers de miséreux qui hantent la ville dans les tas d’ordures. La fin du film, à la manière Bollywood, parait déplacée. Elle semble un peu facilement tirer un trait sur les malheurs et injustices.
Note : 4 étoiles

Lui :
Adaptation d’un roman indien de Vikas Swarup, Slumdog Millionaire (littéralement « le ramassis des bas-quartiers millionnaire ») raconte l’histoire terrible d’un enfant qui, abandonné à lui-même dans les taudis, finira par gagner plusieurs millions à un jeu télévisé. C’est un film à deux faces : un conte de fée et un drame social. La construction, assez originale, entremêle les deux. Sur la forme, Slumdog Millionaire surprend vraiment par son rythme souvent effréné et ses scènes de foules. Danny Boyle a utilisé des nouvelles caméras digitales très petites qui lui ont permis de filmer en décors réels sans trop être remarqué et d’avoir une mobilité extrême de la caméra. Le résultat est assez différent du classique caméra à l’épaule, moins nauséeux mais engendrant souvent des cadrages approximatifs. Danny Boyle abuse des effets, mais heureusement cela ne dure jamais trop longtemps. Jouant beaucoup sur une courte profondeur de champ, l’image est assez belle, ce qui crée un décalage avec l’histoire qui, elle, est très dure et assez violente. Le côté « conte de fée », bien que totalement improbable, fait passer les aspects, parfois quasi insoutenables, de la réalité et le film est globalement positif, s’achevant même de façon un peu béate… Cinématographiquement, le film est indéniablement une réussite même si on peut être un peu plus réservé sur le fond.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dev Patel, Anil Kapoor, Rajendranath Zutshi, Freida Pinto, Madhur Mittal
Voir la fiche du film et la filmographie de Danny Boyle sur le site imdb.com.

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28 février 2010

Sommaire de février 2010

L'énigmeOrphéeDarling LiliSoit je meurs, soit je vais mieuxUlzhanTwo LoversUn, deux, troisDorothy

L’énigme

(1929) de Curtis Bernhardt

Orphée

(1950) de Jean Cocteau

Darling Lili

(1970) de Blake Edwards

Soit je meurs, soit je vais mieux

(2008) de Laurence Ferreira Barbosa

Ulzhan

(2007) de Volker Schlöndorff

Two Lovers

(2008) de James Gray

Un, deux, trois

(1961) de Billy Wilder

Dorothy

(2008) de Agnès Merlet

Le premier jour du reste de ta vieLadyhawke, la femme de la nuitKluteLa belle ensorceleuseEntre les mursBlonde VénusLe fleuve sauvageKatyn

Le premier jour du reste de ta vie

(2008) de Rémi Bezançon

Ladyhawke, la femme de la nuit

(1985) de Richard Donner

Klute

(1971) de Alan J. Pakula

La belle ensorceleuse

(1941) de René Clair

Entre les murs

(2008) de Laurent Cantet

Blonde Vénus

(1932) de Josef von Sternberg

Le fleuve sauvage

(1960) de Elia Kazan

Katyn

(2007) de Andrzej Wajda

There will be bloodTirez sur le pianisteLes sensuels

There will be blood

(2007) de Paul Thomas Anderson

Tirez sur le pianiste

(1960) de François Truffaut

Les sensuels

(1957) de Martin Ritt

Nombre de billets : 19

28 février 2010

L’énigme (1929) de Curtis Bernhardt

Titre original : « Die Frau, nach der man sich sehnt »
Autre titre français : « La femme que l’on désire »
Titre américain : « Three loves »

Die Frau, nach der man sich sehntLui :
(film muet) L’énigme est le premier film où Marlene Dietrich tient un rôle de premier plan. Elle n’est pas encore en tête d’affiche mais c’est bien elle qui au centre de cette histoire de triangle amoureux et de femme fatale. C’est l’adaptation d’un roman à succès de Max Brod. Alors qu’il vient d’épouser une riche héritière, le jeune Henry tombe amoureux d’une femme qu’il rencontre dans le train qui les emporte en lune de miel. Cette femme est accompagnée d’un homme plus âgé qu’elle et qui semble la tenir sous sa coupe. Die Frau, nach der man sich sehnt est une belle surprise car le film se révèle de très bonne facture. Tout d’abord, il y a Marlene Dietrich dont la présence à l’écran est assez renversante. En visionnant ce film, on se dit qu’il n’est guère étonnant qu’elle soit devenue une telle star par la suite : même si son personnage de femme fatale n’est pas encore très élaboré ou sophistiqué, tout est déjà là… Ensuite, Kurt Bernhardt parvient à créer une véritable atmosphère et une indéniable tension par un joli jeu de camera et grâce à la superbe photographie de Curt Courant. Certains plans reposent sur des belles trouvailles : on admirera la première apparition de Marlène Dietrich au travers d’une fenêtre de train partiellement couverte de cristaux de glace, tout comme le jeu avec les miroirs et le rythme endiablé des scènes de fête. C’est un film très méconnu qui a été heureusement parfaitement restauré par la Fondation Murnau.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marlene Dietrich, Fritz Kortner, Uno Henning
Voir la fiche du film et la filmographie de Curtis Bernhardt sur le site IMDB.

Voir les autres films de Curtis Bernhardt chroniqués sur ce blog…

Remarques :
1) Le suèdois Uno Henning, qui ressemble étonnamment à Gary Cooper jeune, n’a que peu tourné. Fritz Kortner est plus connu pour avoir tourné avec Louise Brooks dans Loulou.
2) Le film est d’autant plus méconnu que Marlene Dietrich a toujours fait le black-out total sur toute sa carrière avant sa première rencontre avec von Sternberg (pour l’Ange Bleu en 1930), inventant au fil des ans mille versions différentes de cette rencontre mais restant inflexible sur le fait que von Sternberg l’avait découverte.
Voici ce qu’elle écrit dans son autobiographie : « Mes soi-disant « biographes » se plaisent à publier une longue liste de films tournés par moi en ces années-là et dont, paraît-il, j’aurais été la vedette. C’est faux. »
Il paraît toutefois probable que von Sternberg a remarqué Marlene dans ce film.
3) Kurt Bernhard prendra le prénom de Curtis à son arrivée à Hollywood à la fin des années trente (après un passage par la France).

27 février 2010

Orphée (1950) de Jean Cocteau

OrphéeLui :
Jean Cocteau transpose le mythe d’Orphée à l’époque actuelle, transposition qu’il faut plutôt voir comme une interprétation très personnelle de cette légende grecque. Dans un quartier genre Saint-Germain des Prés, Orphée est ainsi un poète à succès méprisé par la jeunesse. Il va faire connaissance avec La Mort, sous les traits d’une jeune femme qui va le fasciner et dont il va tomber amoureux. Il est indéniable que Jean Cocteau s’identifie à Orphée (ce sera encore plus net dans le film Le Testament d’Orphée, dix ans plus tard).
OrphéeCinématographiquement, Orphée se distingue par son inventivité et certaines libertés que Cocteau prend dix ans avant la Nouvelle Vague. Il utilise avec parcimonie certains trucages pour créer des effets surréalistes assez réussis. Le texte est beau et les acteurs l’interprètent avec la bonne mesure, sans mettre trop d’emphase. Maria Casarès incarne une Mort troublante et fascinante que les effets d’éclairages rendent plus envoûtante encore. Le film reste très facile d’accès, il suffit de se laisser gagner par lui. Malgré son positionnement marqué dans le temps, il apparaît aujourd’hui assez intemporel.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Jean Marais, François Périer, María Casares, Marie Déa, Juliette Gréco, Edouard Dermithe
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Cocteau sur le site IMDB.
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Remarques :
Orphée1) Jean Cocteau avait déjà adapté Orphée en pièce de théâtre en 1925, adaptation un peu plus proche de la légende grecque mais déjà très personnelle.
2) Les scènes situées dans le Royaume des Morts ont été tournées dans les ruines de Saint-Cyr (bombardé pendant la guerre).
3) Les dessins du générique sont de Cocteau lui-même, tout comme la voix off.
4) En plus de Juliette Gréco (qui joue Aglaonice, l’amie d’Eurydice), on peut remarquer la présence dans des petits rôles non crédités au générique de Jean-Pierre Melville (le directeur de l’hôtel), de Jean-Pierre Mocky (l’un des jeunes fauteurs de trouble), de Jacques Doniol-Valcroze, futur réalisateur et fondateur des Cahiers du Cinéma (l’un des jeunes au café).
5) Voici comment Cocteau parle de son film : « Orphée est un film qui ne peut exister que sur l’écran. J’ai essayé d’y employer le cinématographe non comme un stylographe mais comme de l’encre. J’y mène plusieurs mythes de front et je les entrecroise. Drame du visible et d’invisible. La Mort d’Orphée se trouve dans la situation d’une espionne. Elle se condamne elle-même au bénéfice de l’homme qu’elle doit perdre. L’homme est sauvé, La Mort meurt, c’est le mythe de l’immortalité. »

Autres adaptations du mythe d’Orphée au cinéma :
Orfeu negro (Orphée noir) film franco-brésilien de Marcel Camus (1959)
Parking de Jacques Demy (1985) avec Francis Huster

26 février 2010

Darling Lili (1970) de Blake Edwards

Darling LiliLui :
Pendant la guerre de 1914, une chanteuse anglaise célèbre est en réalité une espionne allemande. Elle doit rencontrer un pilote anglais en France pour lui soutirer des informations. Le thème de Darling Lili est donc proche de Mata Hari mais le traitement par Blake Edwards est assez particulier. En fait, il semble vouloir mêler tous les genres en un seul film : espionnage, comédie, aventure, mélodrame sentimental et même comédie musicale, tout cela devant formant une super production dont le budget a quelque peu explosé en cours de route. Darling Lili paraît au final un film trop hétéroclite et aux influences nombreuses. Il y a pourtant de bons passages mais le côté sentimental semble un peu trop appuyé et les chansons un peu longues. A la décharge de Blake Edwards, il faut savoir que le montage du réalisateur ne faisait que 107 minutes et mettait beaucoup plus l’accent sur le comique et la voltige aérienne. Hélas Paramount rallongea l’ensemble de plus de vingt minutes. Il est évident qu’il ne se passe rien entre Julie Andrews et Rock Hudson. L’alchimie n’a pas fonctionné. Laminé par la Critique à sa sortie, le film connut un échec retentissant. Il a aujourd’hui des défenseurs.
(Film vu ici dans sa version commerciale de 136 minutes. Si cela est possible, il faut certainement mieux visionner la version de 107 minutes qui est disponible sur le DVD américain).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Julie Andrews, Rock Hudson, Jeremy Kemp, Jacques Marin, André Maranne, Vernon Dobtcheff
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Remarques :
a) La production ayant prévu de tourner entre autres à Paris en juin 1968 dut se déplacer à Bruxelles à cause des évènements de Mai 68. La « gare parisienne » est ainsi le hall du Palais de Justice de la capitale belge.
b) Les scènes de combats aériens, assez réussies et spectaculaires, furent tournées par une autre équipe en Irlande.
c) Blake Edwards a épousé Julie Andrews peu avant la sortie du film. On comprend donc pourquoi Darling Lili la met si bien en valeur.
d) Ses déboires avec les Studios sur Darling Lili ont inspiré Blake Edwards quand il tournera S.O.B. plus de dix ans plus tard.