13 mars 2010

Y-a-t-il toujours un pilote dans l’avion? (1982) de Ken Finkleman

Titre original : « Airplane II: the sequel »
Autre titre français : « Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion? »

Y-a-t-il toujours un pilote dans l'avion?Lui :
Qu’il y ait une suite à Y a-t-il un pilote dans l’avion?, après son succès en 1980, était bien prévu mais pour plus tard… Impatiente, Paramount la tournera sans attendre et sans son trio de créateurs, Jim Abrahams, David Zucker et Jerry Zucker. Trahis, ces derniers ont toujours refusé d’en voir une seule image. Au lieu d’un avion à la dérive, nous avons cette fois une navette spatiale à la dérive. Le film n’est pas mauvais en soi car il regorge d’humour, les gags fusent rapidement et il n’y a pas trop de lourdeurs. Le problème vient plutôt du fait que, pour une énorme majorité, ces gags sont repris du premier volet et dans ce cas il est préférable de re-regarder le premier plutôt que sa copie qui fait plus penser à l’application minutieuse d’une recette… Le film fut un flop et, malgré l’annonce dans les toutes dernières images d’un Airplane 3, le film Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion? resta sans suite.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Robert Hays, Julie Hagerty, Lloyd Bridges, Peter Graves, William Shatner, Raymond Burr
Voir la fiche du film et la filmographie de Ken Finkleman sur le site IMDB.

12 mars 2010

La cible (1968) de Peter Bogdanovich

Titre original : « Targets »

La cibleLui :
Les origines de La Cible sont assez inhabituelles : Boris Karloff devait par un vieux contrat quelques jours de tournage au producteur/réalisateur Roger Corman. Ce dernier en fit profiter son jeune protégé, Peter Bogdanovich, qui imagina un scénario très original mêlant une certaine nostalgie cinéphilique à une réflexion sur la violence. Il y a deux histoires juxtaposées : l’une concerne un acteur qui désire prendre sa retraite après une longue carrière dans les films d’horreur, l’autre un jeune homme, charmant en apparence, mais qui se met à tirer et tuer au hasard. Bogdanovich oppose, ou met en parallèle, l’horreur de pacotille et l’horreur réelle, non pas pour montrer que l’une a engendré l’autre mais plutôt pour mieux faire ressortir le caractère très ordinaire de la violence réelle : alors que les films utilisent des décors anciens, presque irréels, et des visages à faire frémir, le jeune tueur fou est un garçon tout à fait ordinaire, très calme et poli, anonyme. Peter Bogdanovich montre un réel talent pour mettre cela en images et, de plus, avec très peu de moyens (1). Il parvient à créer une atmosphère paisible qui contraste avec les évènements. Il réussit aussi de superbes plans comme celui de la juxtaposition de Karloff et de son image projetée dans le drive-in (2). A 81 ans, Boris Karloff joue donc son propre rôle et, même, s’en amuse (3). C’est en tout cas un beau moyen de terminer sa longue carrière car, déjà très malade, il n’a que très peu tourné ensuite. Pour Peter Bogdanovich, ancien critique de cinéma, La Cible est un beau moyen de débuter sa carrière de réalisateur. Ce premier film a généralement été apprécié par la critique, ses suivants beaucoup moins… (4)
Note : 4 étoiles

Acteurs: Tim O’Kelly, Boris Karloff, Arthur Peterson, Nancy Hsueh
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Bogdanovich sur le site IMDB.

Voir les autres films de Peter Bogdanovich chroniqués sur ce blog…

(1) Le tournage n’a duré que 22 jours. Boris Karloff a tourné cinq jours seulement, allant un peu au delà de ce qu’exigeait son contrat car il aimait beaucoup le projet.
(2) Le film projeté dans le drive-in est L’halluciné (The Terror) de… Roger Corman (1963) avec Boris Karloff et le jeune Jack Nicholson (autre protégé de Corman).
(3) Ce serait Boris Karloff lui-même qui aurait suggéré la scène amusante où, mal réveillé, il a un petit sursaut de peur en s’apercevant dans une glace. A noter que Peter Bogdanovich joue aussi presque son propre rôle : le jeune réalisateur qui désire faire tourner Karloff.
(4) Ses défenseurs (dont je fais partie) se plaisent à affirmer que les critiques ont la dent dure envers Bogdanovich parce qu’ils ne lui ont pas pardonné le succès de son film suivant (The Last Picture Show). « On » aurait sans doute préféré voir cet ancien critique de cinéma faire des films obscurs…

Remarques :
– Samuel Fuller a participé à l’écriture du script (non crédité).
– L’histoire qu’Orlock raconte (le valet qui cherche à échapper à la Mort) est en réalité une courte nouvelle de W. Somerset Maugham, Rendez-vous à Samarra, texte qui a en outre inspiré un livre à John O’Hara intitulé… Rendez-vous à Samarra.

11 mars 2010

La fiancée de Frankenstein (1935) de James Whale

Titre original : « The bride of Frankenstein »

La fiancée de FrankensteinLui :
Après le succès de Frankenstein quatre plus tôt, Universal décide de lui donner une suite ; c’est le début d’une longue série basée sur le personnage mythique créé par la romancière anglaise Mary Shelley un siècle plus tôt. La fiancée de Frankenstein est certainement le meilleur du lot, celui qui donne le plus de profondeur au personnage du Monstre (1). Il est ici doté de sentiments humains, allant ainsi bien au-delà du monstre sanguinaire, avec notamment l’une des plus belles et célèbres scènes du cinéma, la rencontre du monstre avec l’aveugle : ne pouvant le voir sous sa repoussante apparence, l’aveugle l’accueille comme un ami et lui fait découvrir quelques plaisirs simples de la vie. Le film est aussi remarquable par la qualité des maquillages et quelques trucages joliment utilisés. Bien que couramment classé dans les films d’horreur, La fiancée de Frankenstein n’est en réalité guère effrayant, Universal tenant à ce que le divertissement reste pour tous publics. Le film est court, 75 minutes (2), ce qui lui donne une intensité certaine. La plupart des scènes sont assez fortes, la création finale de la fiancée étant assez impressionnante. La fiancée en question n’est visible que cinq minutes, elle n’émet que quelques sons, mais son personnage et son apparence physique si particulière sont restés ancrés durablement dans les esprits (3).
Note : 4 étoiles

Acteurs: Boris Karloff, Colin Clive, Valerie Hobson, Ernest Thesiger, Elsa Lanchester
Voir la fiche du film et la filmographie de James Whale sur le site IMDB.

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La fiancée de Frankenstein(1) Le Monstre n’a en fait pas de nom. Frankenstein est le nom de son créateur, le docteur Frankenstein. Les titres de film, à commencer par celui-ci, ont créé la confusion et le langage populaire a retenu le nom de Frankenstein comme étant celui du Monstre…
(2) Le film était au départ prévu pour durer 120 minutes mais il a subi des coupes importantes. A noter que les titres initialement prévus étaient Frankenstein lives again! puis The return of Frankenstein.
(3) Boris Karloff, quant à lui, sera par la suite totalement prisonnier de son personnage : il ne tournera plus que des films d’horreur, genre qu’il n’aimait guère, lui qui rêvait d’être un grand acteur shakespearien.

Les trois premiers (et les trois meilleurs) Frankenstein :
Frankenstein (1931) de James Whale
La fiancée de Frankenstein (1935) de James Whale
Le fils de Frankenstein (1939) de Rowland V. Lee avec Basil Rathbone, Boris Karloff et Bela Lugosi.
A noter que c’est ce troisième film qui est parodié par Mel Brooks dans Frankenstein Junior.
Après 1940, on ne compte pas moins d’une vingtaine de films comportant le mot Frankenstein dans leur titre…

10 mars 2010

Celui par qui le scandale arrive (1960) de Vincente Minnelli

Titre original : « Home from the Hill »

Celui par qui le scandale arriveLui :
Un propriétaire terrien texan décide de reprendre en main l’éducation de son fils de dix-sept ans jusque là élevé par sa femme. Les rapports au sein de la famille sont marqués par l’absence de rapports entre le père et la mère. Adaptée d’un roman William Humphrey, cette histoire permet à Vincente Minnelli de mettre en place un grand mélodrame où il transcrit l’espace étouffant d’une cellule familiale reposant sur le ressentiment. Les relations complexes entre les quatre personnages principaux tissent un écheveau serré, rendu indémêlable par le désir de respect des conventions et apparences. Minnelli parvient à rendre ces quatre personnages sympathiques, ce qui est assez étonnant vu la situation. Mitchum se donne particulièrement dans ce rôle qui lui sied à merveille ; George Hamilton et George Peppard livrent face à lui une belle performance. Celui par qui le scandale arrive est un film dont la tension monte lentement mais sûrement, avec quelques poussées d’intensité dans certaines scènes fortes. Minnelli fait également une très belle utilisation de la couleur (système Metrocolor) et des décors dans ce grand mélodrame familial et social.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Robert Mitchum, Eleanor Parker, George Peppard, George Hamilton, Luana Patten
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9 mars 2010

Ne vous retournez pas (1973) de Nicolas Roeg

Titre original : « Don’t Look Now »

Ne vous retournez pasLui :
Un couple, fortement perturbé par la mort récente de leur toute jeune fille, se rend à Venise pour oublier. Là, ils sont approché par une femme médium et aveugle qui se dit porteuse d’une message d’avertissement de la part de leur fille. Cette histoire baignée de supernaturel est adaptée d’une nouvelle de Daphné du Maurier. Après avoir été un chef opérateur réputé, Nicolas Roeg est passé à la réalisation avec Performance. Dans Ne vous retournez pas, il utilise comme décor Venise en plein hiver, exploitant son aspect vide et inquiétant. Nicolas Roeg a une certaine tendance à utiliser certains effets à outrance, que ce soit dans le montage ou dans le déroulement narratif : de nombreuses fausses pistes ou attitudes inquiétantes accentuent notre sensation de confusion. L’ensemble m’a paru assez décevant personnellement. Ne vous retournez pas est pourtant généralement plutôt bien estimé par les amateurs de surnaturel. Bonne prestation de Donald Sutherland (affublé d’une perruque frisée!)
Note : 2 étoiles

Acteurs: Julie Christie, Donald Sutherland, Hilary Mason, Clelia Matania
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8 mars 2010

Loulou (1929) de Georg Wilhelm Pabst

Autre titre  : « La boîte de Pandore »
Titre original : « Die Büchse der Pandora »

La boite de PandoreLui :
(Film muet) Au départ, il y a deux pièces de l’allemand Frank Wedekind, La Boîte de Pandore et L’esprit de la Terre, qui firent grand scandale aux alentours de 1900, étant qualifiées d’immorales et sans valeur artistique. Ces pièces ont créé un personnage qui sera adapté plusieurs fois au grand écran : Loulou, une très jeune femme amorale qui vit dans l’instant, jouit de la vie et détruit les hommes qui la côtoient. C’est bien entendu la version de G.W. Pabst qui est restée dans les esprits de tous les cinéphiles, un véritable mythe s’étant développé autour de Louise Brooks, qui avait alors 22 ans quand elle tourna ce film. Louise Brooks est, il est vrai, une actrice totalement à part : elle ne semble pas jouer son personnage, elle vit son personnage. Elle ne joue pas Loulou, elle est Loulou, impression certainement accentuée par le fait qu’elle ne lisait pas les scénarii (1). Très spontanée, déroutante, sa Loulou dégage une forte sensualité couplée à une innocence presque enfantine. Le résultat est désarmant… Le jeu très simple de Louise Brooks n’était toutefois pas vraiment compris, ni par ses partenaires (2), ni par la critique qui éreinta le film à sa sortie. Les aspects licencieux du film firent le reste : il fut mis à l’index (3). Ce n’est que dans les années cinquante qu’il fut redécouvert et reconsidéré, la brièveté de la carrière de Louise Brooks n’en parut alors que plus incompréhensible. Avec les deux films tournés avec Pabst, Loulou et Le journal d’une fille perdue, Louise Brooks est vue aujourd’hui par beaucoup de cinéphiles comme l’un des plus grands sex-symbols de l’histoire du cinéma.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Louise Brooks, Fritz Kortner, Francis Lederer, Carl Goetz, Alice Roberts, Gustav Diessl
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Voir les autres films de Georg Wilhelm Pabst chroniqués sur ce blog…
Lire aussi ce bel article sur Louise Brooks sur le site DVDclassiks
Voir les livres sur Louise Brooks

La boite de Pandore(1) Louise Brooks raconte dans l’un de ses articles (assemblés dans le livre Louise Brooks par Louise Brooks aux éditions Pygmalion, 1983) que Pabst lui expliquait au fur et à mesure ce qu’elle devait faire : « L’onéreuse traduction en anglais du scénario, que j’avais jetée au pied de mon fauteuil sans même l’ouvrir, avait déjà été récupérée par un assistant outré, provoquant un sourire goguenard chez Pabst. » Dans le même ordre d’idée, elle raconte comment Pabst s’est peu à peu ingérée dans sa vie privée, lui interdisant de sortir le soir par exemple. Plusieurs exemples montrent que, pour Pabst, Louise Brooks était Loulou.
(2) Louise Brooks raconte que Fritz Kortner, la considérant comme la pire actrice au monde, la haïssait et refusait de lui adresser la parole en dehors des scènes. Dans la scène où il la secoue et la malmène, il lui serra si fort le bras qu’elle eut des bleus pendant plusieurs jours. D’une manière générale, tout l’entourage de Pabst pensait qu’il avait été comme envoûté par la jeune actrice.
(3) La danse de Loulou avec la Comtesse est très probablement la première scène fortement suggestive d’amour lesbien au cinéma. Ajoutez à cela l’inceste, le libertinage, les dessous d’une bourgeoisie respectable, l’érotisme suggéré, il y avait de quoi choquer les esprits.

Versions :
Le film est maintenant disponible dans sa version originale intégrale de 133 minutes. Auparavant, la version la plus courante était celle de 109/110 minutes.
L’historien Georges Sadoul parle aussi d’une version française qui avait été totalement remaniée par la censure de l’époque : le fils devient un simple secrétaire, l’amie lesbienne devient une amie d’enfance, Loulou est acquittée au procès, Jack L’éventreur est gommé et Loulou s’engage à l’Armée du Salut à la fin du film….!
Le site IMDB parle d’une version de 152 minutes avec intertitres français qui serait au Musée du Cinéma à Bruxelles. Est-ce la version remaniée par la censure? Ce serait étonnant qu’elle soit ainsi beaucoup longue que l’originale.

Autres principales adaptations de la pièce de Frank Wedekind :
Erdgeist (1923) de l’allemand Leopold Jessner avec Asta Nielsen
Les liaisons douteuses (1962) de l’allemand Rolf Thiele avec Nadja Tiller
Lulu (1980) de Walerian Borowczyk avec Anne Bennent

Homonyme:
Loulou (1980) de Maurice Pialat avec Isabelle Huppert et Gérard Depardieu.

7 mars 2010

Le temps d’un été (2007) de Lajos Koltai

Titre original : « Evening »

EveningElle :
Des choses touchantes mais aussi des choses plutôt convenues. Adapté d’un roman de Susan Minot, le film vaut davantage pour ces histoires de femmes qui se racontent, en douceur et avec subtilité, leurs doutes et regrets. Dans les derniers jours de sa vie, Ann, interprétée de façon très sensible par Vanessa Redgrave, se souvient et révèle à ses deux filles la perte d’un amour de jeunesse très intense : culpabilité, remords et regrets d’une autre vie moins rangée et plus passionnante. A cette époque, il ne faisait pas bon de s’affranchir des normes sociales. Elle tente de faire la paix en elle car elle se sent responsable de ce qui n’a pas pu avoir lieu. En revanche, on n’échappe pas aux clichés sur les bons sentiments et à une mise en scène un peu factice.
Note : 3 étoiles

Lui :
Le temps d’un été est l’adaptation d’un roman de Susan Minot qui a co-signé le scénario avec Michael Cunningham (l’auteur du roman « Les heures »). Alors qu’elle est sur le point de mourir, Ann dévoile à ses deux filles un épisode lointain de sa vie amoureuse. Elle revit ces moments et les regarde d’un œil nouveau. L’histoire ainsi présentée peut donner l’impression d’être conventionnelle et effectivement le film n’échappe à certains clichés. Cependant il se révèle un peu plus profond qu’attendu en abordant la question « fait-on vraiment des erreurs dans sa vie? » et surtout montre une belle délicatesse, porté par une interprétation féminine hors-pair avec un très beau trio d’actrices : Claire Danes, Toni Collette et Vanessa Redgrave. Le temps d’un été n’est jamais sorti en salles en France, il est sorti directement en vidéo.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Claire Danes, Toni Collette, Vanessa Redgrave, Patrick Wilson, Hugh Dancy, Natasha Richardson, Mamie Gummer, Meryl Streep, Glenn Close
Voir la fiche du film et la filmographie de Lajos Koltai sur le site IMDB.

Remarques :
Mamie Gummer est parfaite pour interpréter le personnage de Meryl Streep jeune : Mamie Gummer est en effet la fille de Meryl Streep.
De son côté, Natasha Richardson était parfaite pour interpréter la fille de Vanessa Redgrave puisque c’est effectivement sa fille. Natasha Richardson est hélas morte prématurément en 2009.

6 mars 2010

Musée haut, musée bas (2008) de Jean-Michel Ribes

Musée haut, musée basLui :
Adaptation cinématographique d’une pièce écrite par Jean-Michel Ribes, Musée haut, musée bas est un ensemble de petites saynètes humoristiques se situant dans un grand musée imaginaire. L’humour joue sur l’ignorance des visiteurs, les difficultés d’orientation, la fatigue, le décalage et l’incongruité de certaines discussions, etc… Le nombre d’acteurs connus est phénoménal, si important que cela donne une vague impression de fourre-tout (120 rôles auraient ainsi été distribués). L’ensemble est franchement très inégal, il y a bien de bons moments et de belles trouvailles d’humour mais ils sont trop rares.
Note : 1 étoile

Acteurs: Victoria Abril, Pierre Arditi, Josiane Balasko, Dominique Besnehard, Michel Blanc, Isabelle Carré, Eva Darlan, André Dussollier, Julie Ferrier, Samir Guesmi, Gérard Jugnot, Valérie Lemercier, Micha Lescot, Fabrice Luchini, Valérie Mairesse, Yolande Moreau, François Morel, Chantal Neuwirth, Dominique Pinon, Micheline Presle, Daniel Prévost
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Michel Ribes sur le site IMDB.

5 mars 2010

Intrusions (2008) de Emmanuel Bourdieu

IntrusionsLui :
Sur un fond de double triangle amoureux, Intrusions est un film qui joue sur l’étrangeté des rapports, chacun s’efforçant ici d’exercer une pression sur l’autre. Suspense psychologique, le film semble partir dans plusieurs directions sans que l’une d’entre elles convainque vraiment. Beaucoup trop d’aspects de cette histoire ou de réactions des personnages paraissent improbables. Peu avant la fin, le film vire soudainement dans un style qui rappelle quelque peu Bunuel ; ce qui parait tout d’abord prometteur tourne court, hélas. Natacha Régnier fait une très belle performance dans son rôle de jeune femme un peu rigide et froide, assez complexe. Intrusions la met superbement en valeur. Denis Podalydès en revanche joue certainement un peu trop sur le côté éteint de son personnage, il semble presque absent.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Natacha Régnier, Denis Podalydès, Amira Casar, Jacques Weber, Françoise Gillard
Voir la fiche du film sur le site IMDB.

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Homonyme :
Intrusion (The astronaut’s wife) de Rand Ravich (1999) avec Johnny Depp et Charlize Theron

4 mars 2010

Naissance d’une nation (1915) de David W. Griffith

Titre original : « The birth of a nation »
Premier titre original utilisé : « The clansman »

Naissance d'une nationLui :
Naissance d’une Nation est la première grande production du cinéma américain, marquant le début de la suprématie d’Hollywood sur le cinéma mondial, jusque là dominé par le cinéma français. C’est aussi l’un des films les plus litigieux de toute l’histoire du cinéma. Librement adapté de deux romans de propagande raciste de Thomas Dixon, le film de D.W. Griffith retrace la Guerre de Sécession et la reconstruction qui suivit avec une vision sudiste et ouvertement anti-noirs. Le Ku-Klux-Klan y est ainsi montré comme une réaction légitime et salutaire face à un nouvel ordre chaotique mis en en place par des noirs dévoyés et avides de pouvoir. Quand il est sorti, soit cinquante ans après la fin de la guerre civile, le film occasionna des émeutes à New-York et dans d’autres villes (1). Il a ensuite servi d’outil de propagande à une droite extrême pendant des dizaines d’années. Il faut donc le regarder en dépassant les aspects plutôt révoltants de son contenu.

Naissance d'une nation Sur le plan cinématographique, Naissance d’une Nation est une révolution, pas tant par sa durée de 3 heures ou par la taille de sa production (2), mais surtout sur le plan artistique : c’est le premier grand film d’auteur. La création de scènes émotionnellement fortes, la ponctuation formée par les scènes historiques minutieusement reconstituées (l’assassinat de Lincoln au théâtre Ford, la bataille de Petersburg, l’incendie d’Atlanta, la reddition de Lee, etc…), la perfection du montage en font une œuvre à part entière et un grand spectacle dramatique (3). Le film comporte de nombreuses scènes de toute beauté. Naissance d’une Nation eut une influence considérable sur le cinéma américain et son développement (4). Il est étonnant de voir comment il conserve toute sa force aujourd’hui, presque un siècle plus tard.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Lillian Gish, Mae Marsh, Henry B. Walthall, Ralph Lewis, George Siegmann
Voir la fiche du film et la filmographie de David W. Griffith sur le site IMDB.

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(1) Les incidents firent des blessés et même des morts. Du fait de la présence des troupes coloniales au front, le film ne sortira en France qu’après la guerre, en 1920 et largement coupé. Il n’est jamais sorti en Russie donc son influence sur le cinéma russe est probablement nulle malgré certaines affirmations. D.W. Griffith fut très affecté par les attaques portées contre lui : il tournera l’année suivante Intolérance pour se racheter et dans le film suivant, Coeurs du Monde, il montrera un soldat blanc et un soldat noir qui s’embrassent. A noter que Naissance d’une Nation est, comme plusieurs de ses films suivants, porteur d’un message anti-guerre très marqué, partie évidemment moins critiquable.

(2) Cabiria, film italien historique de Giovanni Pastrone sorti un an plus tôt, durait déjà presque trois heures. D’autre part, on sait aujourd’hui que les chiffres donnés à l’époque pour Naissance d’une Nation (18 mois de tournage, 18 000 figurants) étaient largement exagérés : le tournage n’a duré que 9 semaines et seulement 500 figurants ont été utilisés. Le résultat n’en est que plus remarquable…

(3) D.W. Griffith l’a lui-même précisé : aucun scénario n’a été écrit pour ce film (ni pour les suivants d’ailleurs). En revanche, les répétitions furent nombreuses. Les grandes scènes de bataille furent souvent tournées en une journée (à l’emplacement des futurs Studios Universal), les costumes furent en grande partie faits par la mère de Lillian Gish. A noter que tous les premiers rôles de noirs furent tenus par des blancs, grossièrement grimés.

(4) Les coûts de production ont été de l’ordre de 110 000 dollars (soit environ 1,5 millions d’euros d’aujourd’hui), Griffith ayant investi toute sa fortune personnelle. Alimenté par le scandale, le succès du film aurait généré au moins 20 à 50 fois cette somme. C’est le premier film où les salles ont pratiqué un prix majoré des places (2$ de l’époque, soit 25/30 euros d’aujourd’hui). Le film a ouvert les portes pour une vraie industrie : la création des grands studios est intervenue dans les 5 ou 10 années qui suivirent.

Remarques :
* Le membre du Congrès nommé Stevenson dans le film représente l’homme politique Thaddeus Stevens, leader de l’aile radicale du parti républicain pendant et après la guerre de Sécession.
* C’est Raoul Walsh, le réalisateur, qui interprète le rôle de John Booth, l’assassin de Lincoln. Il s’est réellement fait très mal en sautant du balcon, c’est la raison pour laquelle il boite ensuite en s’éloignant. Il n’y eut qu’une seule prise…

Durée :
185 à 190 min pour la version originale et celle disponible couramment en DVD.
Il existe une version video de 125 min, également retranscrite sur certains DVD.
Toutes les versions disponibles n’ont pas les teintes d’origine (certaines scènes de guerre étaient teintées en rouge par exemple, cette teinte a d’ailleurs mal vieilli, de nombreuses autres scènes sont teintées en ambre, en bleu ou en violet).