9 mai 2010

La maison du diable (1963) de Robert Wise

Titre original : « The Haunting »

La maison du diableLui :
Les maisons hantées et le paranormal ont de tous temps alimenté Hollywood en films de qualités diverses mais The Haunting (affublé du titre un peu ridicule La Maison du Diable en français) est certainement l’un des films majeurs du genre. L’histoire est adaptée d’un roman de Shirley Jackson : le docteur Markway, anthropologiste, s’installe dans une maison que tout le monde dit hantée. Avec deux femmes médiums et un observateur externe, il désire déterminer si la maison est réellement « habitée ». La Maison du Diable va bien au-delà du propos habituel de son genre car il traite avec une force peu commune de la crainte, de la peur ou encore de la raison. Côté acteurs, C’est Julie Harris qui est de loin la plus présente, les autres acteurs paraissant d’autant plus effacés que le talent de Robert Wise est d’avoir su introduire un cinquième acteur de taille : la maison elle-même, une vaste demeure aux structures verticales qui semble dotée de vie. L’actrice principale, c’est bien elle… Le film nous prend totalement, sans aucun effet facile, nous désarçonne et nous met assez mal à l’aise, une angoisse qui sans être insoutenable n’en est pas moins bien réelle. La fin dérange un peu. La Maison du Diable fera certainement sourire les amateurs de films d’horreur mais pour ceux qui (comme moi-même) n’en sont pas spécialement friands, ce film vaut vraiment la peine d’être vu. C’est l’un des plus intéressants et aussi des plus efficaces. Un film à déconseiller toutefois aux personnes qui dorment seuls dans une grande maison…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Julie Harris, Claire Bloom, Richard Johnson, Russ Tamblyn
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Wise sur le site IMDB.

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Remarques :
Bien que l’histoire se déroule en Nouvelle-Angleterre (donc au nord-est des Etats-Unis), le film a été tourné (et produit) en Angleterre. La maison est une véritable demeure anglaise.

Remake :
Hantise (The Haunting) de Jan de Bont (1999) avec Liam Neeson et Catherine Zeta-Jones, version très nettement inférieure à l’original.

8 mai 2010

Made in Italy (2008) de Stéphane Giusti

Made in ItalyLui :
Un écrivain parisien d’origine italienne revient à Turin avec sa sœur à la mort de son père. Ils découvrent que celui-ci était un homme à femmes criblé de dettes. Made in Italy aurait pu être une comédie sympathique compte tenu de l’attirance visible du réalisateur Stéphane Giusti pour les meilleures comédies italiennes et du beau plateau d’acteurs qu’il a rassemblé. Hélas, le scénario paraît bien faible et l’ensemble manque de rythme. C’est dommage car l’on aurait aimé que ce Made in Italy soit plus réussi.
Note : 1 étoile

Acteurs: Gilbert Melki, Amira Casar, Françoise Fabian, Caterina Murino, Vittoria Scognamiglio
Voir la fiche du film et la filmographie de Stéphane Giusti sur le site IMDB.

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7 mai 2010

Drame de la jalousie (1970) de Ettore Scola

Titre original : « Dramma della gelosia (tutti i particolari in cronaca) »

Drame de la jalousieElle :
Dans l’Italie des années 70 en pleine mutation avec ses no man’s land, ses chantiers de construction, ses exclus face aux grands patrons de l’industrie, Ettore Scola réalise une comédie sociale populaire truculente. Cette histoire d’amour intense qui tourne mal entre deux hommes et une femme oscille en permanence entre la drôlerie, l’humour et le drame des amants trompés et de l’indécise amante. Le film est pétulant et plein de vie tout en révélant à la fois la réalité de la misère de ces années là. Le trio d’acteurs, dont font partie Marcello Mastroianni et Monica Vitti, est brillant.
Note : 5 étoiles

Lui :
Drame de la Jalousie débute comme un film grave, en apparence assez cru et sans embellissement mais, peu à peu, les quelques notes d’humour se font de plus en plus nombreuses et l’on se rend compte que cette histoire dramatique est en réalité une comédie. Et quelle comédie ! C’est l’une des plus réussies du cinéma italien des années soixante-dix, dans le sens où elle nous apparaît multi- facettes : c’est un film social avec des gens ordinaires qui vivent difficilement dans des conditions proches de l’insalubre, c’est un film politique qui dénonce le laxisme et la corruption en montrant, de façon insistante et non sans humour, des tas d’ordures envahissants (où l’on se conte fleurette) et des plages envahies de détritus, et c’est (surtout) une comédie qui transforme le drame issu d’un périlleux triangle amoureux en un spectacle haut en couleur, plein de cris, de gesticulations et de situations cocasses… la tragi-comédie dans toute sa splendeur. C’est du grand art. Drame de la Jalousie est le premier « grand film » d’Ettore Scola, il débute ainsi brillamment une décennie qui verra le meilleur de la comédie sociale italienne. S’il n’est pas toujours considéré à sa juste valeur, Drame de la Jalousie fait toutefois partie des plus grandes d’entre elles.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Monica Vitti, Giancarlo Giannini
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6 mai 2010

La très très grande entreprise (2008) de Pierre Jolivet

La très très grande entrepriseLui :
Si le titre peut faire penser à une suite de Ma Petite Entreprise, le propos est en réalité tout autre. La très très grande entreprise met en scène les manœuvres d’un petit quatuor de personnes pour aller extirper des documents compromettants au siège de l’énorme multinationale qui a pollué leur région. Sur fond vaguement écologique, c’est donc une histoire de type « David contre Goliath » : nos personnages devront montrer beaucoup de débrouillardise et de détermination pour arriver à leur fin. Le ton général est celui de la comédie et les quatre acteurs principaux sont particulièrement à la hauteur, très authentiques dans leur jeu. Le film repose beaucoup sur eux. Le scénario paraît un peu faible et finit part tourner en rond en utilisant toujours le ressort du suspense (« vont-ils se faire prendre ? »). La très très grande entreprise réussit mieux dans les petites touches d’humour, dialogues, situations ou incrustations qui brocardent ces grandes entreprises sans humanité et leurs hauts cadres qui n’en ont guère plus.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Roschdy Zem, Marie Gillain, Jean-Paul Rouve, Adrien Jolivet
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Jolivet sur le site IMDB.

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5 mai 2010

Ratatouille (2007) de Brad Bird et Jan Pinkava

RatatouilleLui :
L’idée de départ de faire d’un rat un grand chef cuisinier est assez gonflée mais permet de créer une multitude de situations amusantes. Ratatouille écarte joliment les antinomies pour faire une ode à la créativité et à la french cuisine. On peut bien entendu reprocher certaines recettes toutes faites (!) et clichés mais l’ensemble est réussi, bien dosé et sans aucune lourdeur. Le Paris qui est recréé devant nos yeux est assez beau, bien chargé de cette ambiance empreinte d’une certaine magie. L’humour est assez constant, sans jamais montrer de faiblesse. On pourra noter que les références générationnelles, traditionnellement très nombreuses dans ce genre de film, sont ici plus réduites. Ratatouille permet aussi de mesurer les avancées techniques puisque la production mentionne le chiffre ébouriffant de 30 000 poils pour chaque rat et la scène dans la rivière souterraine est assez étonnante (il faut savoir que la fourrure et l’eau font partie des choses les plus complexes à modéliser sur ordinateur). Mais Ratatouille n’est pas qu’une prouesse logicielle car la base reste de l’animation dans la meilleure tradition qui soit (un logo en fin de générique précise de façon amusante que le film est garanti 100% sans motion-capture). Formant un bel ensemble, Ratatouille est un petit délice d’humour, un joli divertissement.
Note : 4 étoiles

Acteurs: (voix) Patton Oswalt, Ian Holm, Lou Romano, Peter O’Toole
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4 mai 2010

Versailles (2008) de Pierre Schöller

VersaillesElle :
Un film sombre, sensible et très touchant sur le thème de l’exclusion sociale et des sans-abris, thèmes peu abordés au cinéma. Pour tenter d’aller se reconstruire par le travail, une jeune femme perdue abandonne son enfant Enzo à Damien, un sans abri vivant dans une cabane au fond des bois. Les ambiances sont dépouillées, pudiques, dures et les conditions de vie sont presque animales. Entre Enzo et Damien va se créer un lien filial qui va permettre leur rédemption. L’enfant sauve l’adulte de la folie et l’adulte sauve l’enfant de l’abandon et du désamour. Les dialogues sont sobres et sonnent justes ; tout se passe par les regards et les gestes de tendresse et d’amour qui s’échangent. Les corps sont la seule chose affective et sensible qui reste. Le réalisateur parvient à faire un film poignant; ses personnages sont à vif dans leurs blessures. La mère, l’enfant et Damien interprété par Guillaume Depardieu, sont remarquables et bouleversants.
Note : 4 étoiles

Lui :
Premier long métrage de Pierre Schoeller, Versailles est un film digne d’être remarqué car il porte un regard très juste sur un monde que l’on préfère parfois ne pas voir. Les personnages de son histoire vivent totalement en marge de notre société, sans domicile et sans ressources, dans le bois de Versailles à deux pas du château. C’est aussi un film sur la rencontre de Damien, l’homme des bois, avec un enfant de cinq ans. Pierre Schoeller a su éviter tout apitoiement ou pathos excessif, l’image qu’il donne sonne juste, sans paroles inutiles, utilisant souvent les ambiances nocturnes. Guillaume Depardieu semble fait pour ce rôle auquel il donne une très grande consistance et on reste sans voix devant la prestation du très jeune Max Baissette de Malglaive qui est, lui aussi, très juste dans son jeu et qui contribue à apporter à Versailles toute son authenticité.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Guillaume Depardieu, Max Baissette de Malglaive, Judith Chemla, Aure Atika, Patrick Descamps
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3 mai 2010

Crésus (1960) de Jean Giono

CrésusLui :
Après avoir été adapté plusieurs fois à l’écran, l’écrivain Jean Giono décide de passer lui-même derrière la caméra pour mettre en scène cette fable provençale, Crésus. Un berger découvre une ogive bourrée de billets de banque. L’histoire en elle-même est une variation sur le thème « l’argent ne fait pas le bonheur » que Giono parvient à rendre savoureuse, d’une part par ses dialogues relevés et d’autre part par son interprétation très colorée, Fernandel en tête. C’est la Provence des hauts plateaux qui sert ici de cadre, pas de cyprès à l’horizon mais des montagnes assez arides et plutôt froides. La mise en scène de Giono est très simple, assez statique, presque rustique ce qui ne dépare pas l’histoire, ceci dit. A l’époque, le film a été porté au pinacle par les Cahiers du Cinéma, il est vrai que, par certains aspects, par son traitement notamment, on peut rapprocher Crésus de la Nouvelle Vague.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Fernandel, Marcelle Ranson-Hervé, Rellys, René Génin, Paul Préboist
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Giono sur le site IMDB.

Remarques :
1) Il s’agit de la seule réalisation de Jean Giono.
2) Claude Pinoteau aurait été assistant-directeur (non crédité au générique) pour assister Jean Giono sur Crésus. S’il n’avait pas encore réalisé de films, Pinoteau était assistant depuis de nombreuses années, notamment auprès de Cocteau.

Voir aussi le site du Centre Jean Giono

2 mai 2010

Wackness (2008) de Jonathan Levine

Titre original : « The Wackness »
Autre titre (DVD) : « La loose »

The WacknessLui :
Le thème de la fin d’adolescence et du passage à l’âge adulte est assez récurrent dans le cinéma américain, qu’il soit hollywoodien ou indépendant. Prix du public au festival de Sundance, Wackness n’évite pas les écueils du genre et les poncifs pseudo-philosophique sur le sens de la vie… mais il a le mérite d’aborder le thème de manière différente, un peu décalée : ses personnages sont loin d’être classiques ce qui leur donne une humanité certaine. Le réalisateur Jonathan Levine a eu vingt ans à l’époque de cette histoire, c’est-à-dire au milieu des années quatre-vingt dix, et il dit avoir mis un peu de lui-même dans Wackness. Dans son désir d’aborder le thème différemment, il va certainement trop loin et appuie un peu trop fort sur la pédale (quel intérêt d’en faire un vendeur de drogues, totalement improbable d’ailleurs ? ). En revanche, il est servi par une très belle interprétation de Ben Kingsley, en psy perturbé et un peu déjanté, et du jeune Josh Peck qui parvient à donner une indéniable profondeur à son personnage au fur et à mesure que le film avance. Wackness est toutefois plombé par une mise en scène peu précise et paraît un peu long et verbeux. Pas franchement raté mais pas franchement réussi non plus. La bande son est assez riche, hip-hop des années 90 et pop des années 70.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ben Kingsley, Josh Peck, Famke Janssen, Olivia Thirlby
Voir la fiche du film et la filmographie de Jonathan Levine sur le site IMDB.

Remarque :
1) Plusieurs fois mentionné dans le film Wackness, Rudolph Giuliani a été maire de New-York entre 1994 et fin 2001 ; il s’est fait élire sur le thème de la lutte contre l’insécurité. Il reste aujourd’hui l’un des hommes politiques de premier plan : lors de l’élection présidentielle de 2008, il était l’un des candidats potentiels du parti républicain.
2) Wackness est un dérivé d’un mot d’argot « wack » ou « wacky » qui désigne quelqu’un de farfelu, original voire un peu cinglé.
3) Le titre français de la sortie vidéo, « la loose« , n’est vraiment pas réprésentatif du film (il faudrait un jour faire passer une loi qui oblige les distributeurs à voir le film au moins une fois avant de choisir un titre…!) Le titre canadien « Thérapie pour mon Psy » est bien mieux choisi et a le mérite d’être plus amusant.

30 avril 2010

Sommaire d’avril 2010

Bel AmiCaramelLe   gaucherEngrenagesFolies de   femmesIntelligence serviceL'école du   crimeVictime   du destin

Bel Ami

(1947) de Albert Lewin

Caramel

(2007) de Nadine Labaki

Le gaucher

(1958) de Arthur Penn

Engrenages

(1987) de David Mamet

Folies de femmes

(1922) de Erich von Stroheim

Intelligence service

(1957) de Michael Powell et E. Pressburger

L’école du crime

(1938) de Lewis Seiler

Victime du destin

(1953) de Raoul Walsh

Femme   ou démonPour   l'amour du cielRed EnsignIndiana Jones et le royaume du crâne de cristal

Femme ou démon

(1939) de George Marshall

Pour l’amour du ciel

(1926) de Sam Taylor

Red Ensign

(1934) de Michael Powell

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal

(2008) de Steven Spielberg

Nombre de billets : 12

30 avril 2010

Bel Ami (1947) de Albert Lewin

Titre original : « The Private Affairs of Bel Ami »
Autre titre : « Women of Paris »

The Private Affairs of Bel AmiLui :
Albert Lewin est souvent décrit comme l’un des réalisateurs hollywoodiens les plus cultivés, il a plusieurs fois montré son attrait pour la littérature ou la peinture. Bel Ami est l’adaptation du roman de Guy de Maupassant du même nom, l’ascension d’un arriviste qui utilise son succès auprès des femmes pour obtenir argent et position sociale. Georges Sanders est particulièrement remarquable dans ce rôle de dandy sans scrupules. Albert Lewin filme cela avec une camera très statique comme pour mieux exprimer les pesanteurs de cette société parisienne de la fin du XIXe siècle. La censure hollywoodienne a imposé une fin différente de celle du livre, considérant qu’un tel « gredin » devait avoir une fin déshonorante.
Note : 3 étoiles

Acteurs: George Sanders, Angela Lansbury, Ann Dvorak, John Carradine
Voir la fiche du film et la filmographie de Albert Lewin sur le site IMDB.

Remarques :
La tentation de Saint-Antoine La tentation de Saint-Antoine  * Tout comme dans son film précédent, le Portrait de Dorian Gray, Albert Lewin insère dans son film noir et blanc un plan en couleurs mettant en scène une peinture. Il a organisé un concours auprès de grands peintres sur le thème La tentation de Saint-Antoine. Si c’est Max Ernst qui a gagné le concours et donc sa toile qui apparaît dans le film, la toile de Salvador Dali créée pour concours est devenue très célèbre.
* Le film n’est sorti en France que dans les années 80 !