6 février 2009

Comme une épouse, comme une femme (1961) de Mikio Naruse

Titre original : « Tsuma to shite onna to shite »

Comme une épouse, comme une femmeElle :
Comme dans tous les films de Mikio Naruse, les femmes sont ici très émouvantes tant elles sont à la merci des traditions, des codes et de la loi des hommes. L’adultère est une institution que les épouses sont obligées de subir et les maîtresses, hôtesses de bar, se résignent à accepter. Aucune d’entre elles ne peut construire une vie épanouie et les maris vivent en véritable état de bigamie sans se poser davantage de questions. C’est étonnant de voir ce réalisateur rivé à ce thème des femmes soumises et bafouées tout au long de sa carrière alors que les personnages masculins de ses films sont si lâches et égoïstes. Dans ce film, il nous plonge tragiquement au coeur d’une famille vivant dans le mensonge le plus total depuis de longues années tant sur le plan de l’amour que de la naissance des enfants.
Note : 4 étoiles

Lui :
Comme une épouse, comme une femmeComme une épouse, comme une femme débute par la vision d’une famille en apparence heureuse et classique mais plus le film avance et plus la réalité nous apparaît bien plus complexe et, à mi film, nous percevons toute la cruauté et le tragique de la situation. Cette progression dans la mise en place de la tragédie est assez remarquable et témoigne de la grande maîtrise du réalisateur japonais. Mikio Naruse traite une fois de plus de la place de la femme dans la société japonaise, en l’abordant cette fois par l’opposition/complémentarité femme légitime / maîtresse. Une fois de plus, les hommes sont particulièrement lâches, et une fois de plus, ce sont au final des vies gâchées. Comme une épouse, comme une femme est un film fort tout en restant très simple.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Chikage Awashima, Masayuki Mori, Yuriko Hoshi, Tatsuya Nakadai, Kumi Mizuno
Voir la fiche du film et la filmographie de Mikio Naruse sur le site IMDB.
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5 janvier 2009

L’éclipse (1962) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « L’eclisse »

L’EclipseElle :
Dans le troisième volet de sa trilogie, Antonioni met davantage en avant la forme pour exprimer le fond de son sujet. L’éclipse est une pure beauté visuelle avec ses plans fixes dans lesquels entrent ses personnages en mouvement, ses constructions savantes de lignes, de formes et de masses, ses symboles d’enfermement et d’agression explicités par les grilles, l’entrelacement des branches, les piques, le vide de ses grands espaces déserts ou le plein d’autres endroits de folie comme la Bourse, l’attente, le silence interrompu par le bruit d’une eau vivante, la musique intrigante. Toute cette richesse visuelle et symbolique concourt à faire émerger le mal-être d’une jeune femme perdue suite à la rupture avec un amant plus âgé qu’elle. Elle ne sait plus aimer ni comment vivre la vie. On la suit dans son errance à travers la ville, essayant d’aimer à nouveau un jeune agent boursier ou observant l’aliénation des gens appâtés par l’argent. Antonioni se place en observateur d’un monde en dérèglement et en manque de communication.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’éclipse forme avec L’avventura (L’aventure, 1960) et La notte (La nuit, 1961) un triptyque où Antonioni explore l’itinéraire sentimental du couple. L’éclipse débute par une séparation silencieuse (une séparation où le silence occupe tout l’espace) qui va laisser Vittoria (Monica Vitti) désemparée. Il s’en suit une sorte d’errance sentimentale. L’éclipse ne repose pas sur une construction basée sur le récit, il est plutôt composé de tableaux qui semblent se répondre les uns les autres ou s’opposer. Antonioni filme une Rome aux constructions modernes et géométriques, qui paraît déshumanisée, où le temps semble s’étirer interminablement. La Rome historique et pittoresque est vue soit de très loin, soit par le biais de sa composante la plus incongrue, la Bourse sur laquelle il porte un regard quasi documentaire, visiblement interrogatif « est-ce un marché ou un ring de boxe ? ». Fortement marqué par la difficulté de communiquer, le propos est aussi assez sombre avec une liaison et une recherche d’amour qui semblent toutes deux vouées à l’échec et une fin littéralement apocalyptique. Film à l’esthétisme parfaitement maîtrisé et que l’on peut analyser longuement, L’éclipse s’inscrit avec les deux autres volets de la trilogie parmi les plus grands films d’Antonioni.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Monica Vitti, Alain Delon, Francisco Rabal, Louis Seigner, Lilla Brignone
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4 janvier 2009

Quand une femme monte l’escalier (1960) de Mikio Naruse

Titre original : « Onna ga kaidan wo agaru toki »

Quand une femme monte l’escalierElle :
Naruse explore sans se lasser et toujours avec autant d’émotion et de subtilité le thème des femmes japonaises victimes de la lâcheté des hommes et de l’organisation très patriarcale de la société japonaise à l’aube des années 60. Avec Quand une femme monte l’escalier, il nous introduit cette fois dans l’univers intimiste des hôtesses de bar qui déployent leurs charmes pour détendre les hommes d’affaires stressés. Il reprend l’actrice au teint de porcelaine Hideko Takamine pour interpréter cette jeune femme perdue entre son désir d’épouser un homme riche qu’elle n’aime pas ou acheter un bar avec l’aide financière de ses clients avec des contreparties à la clé. Un beau film émouvant et superbement mis en scène.
Note : 4 étoiles

Lui :
L’escalier dont il est question dans le titre est celui de ces bars à hôtesses souvent situés au premier étage du centre de Tokyo en ces années 50. Keiko est l’une de ces hôtesses et quand elle monte l’escalier, elle sait qu’elle doit opérer une transformation en elle. Le cinéaste japonais Mikio Naruse montre une fois de plus tout son talent pour nous faire toucher du doigt la condition des femmes dans cette société japonaise de l’après-guerre en prenant pour sujet une femme dont le métier est de divertir les hommes. En apparence, ces hôtesses sont belles, assez libres et gagnent bien leur vie mais en réalité, elles n’ont que peu de choix possibles pour orienter leur futur. Une fois de plus, l’actrice Hideko Takamine parvient à allier puissance et délicatesse dans son jeu, avec une douceur qui convient si bien à la façon de filmer de Naruse. Quand une femme monte l’escalier n’est pas plus tendre avec les hommes que les autres films du cinéaste, bien au contraire : ils sont invariablement lâches, égoïstes et menteurs. Un très beau film qui, sous la fausse légèreté de son sujet, cache le portrait d’une société.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Hideko Takamine, Masayuki Mori, Reiko Dan, Tatsuya Nakadai, Ganjiro Nakamura
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11 décembre 2008

Quinze jours ailleurs (1962) de Vincente Minnelli

Titre original : « Two weeks in another town »

Elle :
(pas vu)

Two Weeks in Another TownLui :
Minnelli tourne Quinze jours ailleurs dix ans après Les Ensorcelés et il est difficile de ne pas faire un parallèle entre les deux films. Un acteur déchu, sortant d’une grave dépression, part retrouver à Rome un réalisateur sur le déclin pour tenter de faire repartir sa carrière. Minnelli se penche donc à nouveau sur le monde du cinéma, avec un regard certainement encore plus dur cette fois : pour tourner, le cinéaste vieillissant de son histoire est contraint d’aller à Rome et de se mettre à la merci de producteurs aux vues bassement mercantiles. Et l’on retrouve toujours ces querelles, ces haines et luttes d’influence et aussi une pléthore d’imbéciles. Le tableau que dresse Minnelli est donc assez sombre, lugubre même. Un beau sujet. Quinze jours ailleurs Mais Quinze jours ailleurs semble globalement manquer de cohérence, les personnages principaux ont des motivations pas toujours très claires, les seconds rôles sont peu précis, ils se contentent d’être odieux. Le personnage de l’ex-femme (Cyd Charisse) est étonnamment peu présent alors qu’il s’agit du troisième rôle. Le film aurait beaucoup souffert d’un montage fait à la hussarde par la MGM, ce qui expliquerait beaucoup de choses. La scène finale où Kirk Douglas et Cyd Charisse foncent en décapotable pour tenter d’aller s’écraser sur un mur est restée célèbre (elle est toutefois suivie d’une courte scène de happy-end simplet, très hollywoodien).
Note : 2 eacute;toiles

Acteurs: Kirk Douglas, Edward G. Robinson, Cyd Charisse, George Hamilton, Daliah Lavi, Claire Trevor
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6 décembre 2008

Baby Boy Frankie (1961) de Allen Baron

Titre original : « Blast of silence »

Baby Boy FrankieFrankie Bono est un homme solitaire. Frankie Bono est un tueur à gages. Il arrive à New York la veille de Noël pour prendre commande d’un contrat… Blast of Silence est (du moins, était) une rareté, un film noir écrit, réalisé et interprété par Allen Baron dont c’est la première réalisation (1). Il aura fallu attendre 45 ans pour que le film sorte en France. Le film n’est pas sans défaut mais se révèle assez étonnant, héritier des films noirs des années 50 et préfigurant ceux des années 60 et même 70. C’est Allen Baron qui joue lui-même le rôle principal d’un tueur à gages qui vient exécuter un contrat à New York. La grosse originalité de Baby Boy Frankie est d’avoir une voix-off tout au long du film, sorte de voix intérieure du tueur qui se parle à lui-même. Cette voix, grave et chaleureuse (bien qu’il ne soit pas au générique, on sait maintenant qu’il s’agit de Lionel Stander), donne une certaine humanité à ce tueur à gages alors qu’il prépare son mauvais coup. Le climat est assez lourd mais sans excès, fataliste et mélancolique surtout,  filmé en décors réels dans le New York nocturne ou en plein jour dans des rues désertes et froides (nous sommes à la veille de Noël). Vu avec le recul, Baby Boy Frankie apparaît comme un précurseur, il semble préfigurer de nombreux films, Le Samouraï de Melville s’il n’y en avait qu’un à citer.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Allen Baron, Molly McCarthy, Larry Tucker
Voir la fiche du film et la filmographie de Allen Baron sur le site imdb.com.

Baby Boy FrankieRobert De Niro dans un film de Scorsese ? Non, Allen Baron dans son propre film : Baby Boy Frankie (1961)

Remarques :
* La voix-off est celle de Lionel Stander (le gangster de Cul-de-sac). Il ne figure pas au générique.
* Merrill S. Brody est à la fois directeur de la photographie, caméraman et producteur.
* Martin Scorsese, qui a vu Blast of Silence à sortie alors qu’il était étudiant, en a souvent parlé comme un film qui l’a marqué.

(1) Allen Baron tournera ensuite essentiellement des séries TV.

17 novembre 2008

Courant du soir (1960) de Yuzo Kawashima et Mikio Naruse

Titre original : « Yoru no nagare »

Courant du soirElle :
Un film de Naruse plus inattendu, plus violent aussi sous certains aspects, un peu confus parfois mais intensément beau dans ses couleurs. Un regard nouveau sur le japon des années 60. Les palettes de gris, de bleus argentés, de blanc, de noir, d’ombre et de lumière sont intensément belles tout comme les éclairages, les cadrages très photographiques, les compositions très structurées, les images toute en profondeur grâce aux plans successifs, les scènes très délicates avec les femmes en kimonos. Un regard très esthétique et sensible traverse Naruse et son acolyte. Toujours le thème de la femme soumise au désir, aux caprices et à l’abandon des hommes dans le milieu des geishas qui en s’occidentalisant de plus en plus, perdent leur aura légendaire. A chaque fois que je vois un film de Naruse, je me demande pourquoi il a été éclipsé en occident, par rapport à Ozu par exemple.
Note : 4 étoiles

Lui :
Courant du SoirDans Courant du Soir, on trouve un Naruse un peu plus pimpant qu’à l’habitude, la présence de Yuzo Kawashima (considéré comme l’un des précurseurs de la nouvelle vague japonaise) à ses côtés n’y étant certainement pas étranger. Si le film semble démarrer sur un ton léger avec une fraîcheur étonnante, la suite se révèle plus profonde et dramatique. Courant du Soir traite une fois encore des rapports entre hommes et femmes dans un environnement de type maison de geisha, les protagonistes semblent cette fois beaucoup plus jeunes et insouciantes et, du moins en apparence, subissent moins et choisissent plus. L’environnement est nettement marqué début des années 60. L’opposition est forte entre les traditions profondément ancrées dans les comportements et l’apparente liberté de ce monde moderne. Dans une société japonaise qui oscille encore entre traditions et modernité, Courant du Soir nous montre que subsiste une certaine continuité dans les difficiles rapports de la femme avec les hommes et avec l’amour.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yôko Tsukasa, Isuzu Yamada, Akira Takarada, Tatsuya Mihashi, Yumi Shirakawa, Takashi Shimura
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16 novembre 2008

Danger : Diabolik (1968) de Mario Bava

Titre original : « Diabolik »

DiabolikElle :
(pas vu)

Lui :
Avec le temps, ce Danger Diabolik de Mario Bava a acquis un certain charme, légèrement suranné. Héro d’une série de bandes dessinées italiennes, Diabolik est un personnage à mi-chemin entre Arsène Lupin et James Bond, mais plus que l’histoire en elle-même (assez peu développée), le film vaut surtout pour son climat. En maître de la création de décors à partir de peu de moyens (il n’a utilisé que le 1/5e du budget qui lui était alloué), Mario Bava nous entraîne dans des lieux baigné d’une ambiance pop-art avec moult mécanismes aussi improbables les uns que les autres : il faut voir la scène où Diabolik rentre en voiture dans son antre souterraine… Son inventivité fait ici des merveilles. Originellement, Alain Delon et Catherine Deneuve devaient avoir les deux rôles principaux mais, au final, ils furent attribués au plutôt terne John Phillip Law (l’ange Pygar de Barbarella) et à la ravissante Marisa Mell. Le rôle du policier-chasseur est tenu par Michel Piccoli, épouvantablement doublé en anglais. Malgré la fin ouverte, Danger Diabolik n’eut pas de suite. Vu avec le recul, c’est un film qui permet de se replonger avec délices dans l’atmosphère des années 60.
Note : 3 étoiles

Acteurs: John Phillip Law, Marisa Mell, Michel Piccoli, Adolfo Celi
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7 novembre 2008

La planète des vampires (1965) de Mario Bava

Titre original : « Terrore nello spazio »

La planète des vampiresElle :
(pas vu)

Lui :
Evidemment, avec un titre pareil, on peut craindre le pire… Mais non, pas de vampires de pacotille à l’horizon, La Planète des Vampires est en fait un film de science de fiction qui ne manque pas de charme. Sur une planète apparemment déserte, les occupants d’un vaisseau spatial d’exploration se trouvent confrontés à une force inconnue et invisible. L’italien Mario Bava est un  technicien : il fut le plus brillant des opérateurs italiens avant de passer à la réalisation. Dans La Planète des Vampires, il parvient à créer une atmosphère avec très peu de moyens : le décor est constamment baigné d’une petite brume qui empêche de voir trop loin et les nombreux rochers en cartons auraient été récupérés d’un autre film. Les décors intérieurs sont simples mais très photogéniques avec leurs grandes masses colorées. L’image est étonnante avec de fortes dominantes bleu-nuit, orange ou rouge saturé. Au final, l’atmosphère est angoissante et prenante mais aussi très originale. Si le thème avait déjà été abordé par la littérature de science-fiction et même certains films, il est inévitable en le regardant aujourd’hui de penser à Alien et de le voir comme l’un de ses précurseurs. Certaines scènes des deux films se ressemblent étonnamment. La Planète des Vampires devait être le premier d’une série de cinq films mais les suivants ne virent jamais le jour. Le film ne sortit pas en salles en France avant… 1995, il n’était disponible auparavant qu’en vidéocassettes.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Barry Sullivan, Norma Bengell
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31 octobre 2008

Judex (1963) de Georges Franju

JudexElle :
(pas vu)

Lui :
Georges Franju rend hommage au sérial muet, ces séries à épisodes qui eurent un grand succès entre 1915 et 1920 et plus particulièrement au Fantomas, Judex et Les Vampires de Louis Feuillade. Georges Franju désire en retrouver l’esprit, avec ce mélange fascinant d’aventure et de romanesque. Il tourne bien entendu en noir en blanc, avec une image très contrastée. On se fait enlever, on se glisse furtivement dans le noir pour cambrioler, on escalade des murs d’immeuble à mains nues, on se déguise pour tromper… Tout le climat de ces séries à épisodes est bien là et les rebondissements sont nombreux. Francine Bergé rappelle fortement Musidora et Franju parvient à créer quelques scènes qui marquèrent les imaginations autant que les apparitions de Musidora : le « strip-tease » de la religieuse est resté célèbre. C’est donc l’esprit qui est plaisant ici, plus que l’histoire en elle-même, un peu obscure, qui suit cependant d’assez près l’original. Ce Judex de Franju est bien plus qu’un pur exercice de style et c’est un vrai délice de se laisser glisser dans son atmosphère mystérieuse, magique et poétique.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Channing Pollock, Francine Bergé, Edith Scob, Michel Vitold, Jacques Jouanneau
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L’original :
Judex (1916) de Louis Feuillade avec Musidora et René Cresté
La nouvelle mission de Judex (1917) de Louis Feuillade (tentative de suite)
Précédent remake :
Judex 34 (1933) de Maurice Champreux avec Paule Andral et Blanche Bernis

11 octobre 2008

Chut, chut, chère Charlotte (1964) de Robert Aldrich

Titre original : « Hush… hush, sweet Charlotte »
Autre titre parfois utilisé :
« Berceuse pour un massacre » (Belgique)

Chut, chut, chère CharlotteAvec Chut chut, chère Charlotte, Robert Aldrich poursuit dans la veine du terrifiant Qu’est-il arrivé à Baby Jane qui venait de remporter un franc succès : c’est un film assez noir et même cruel, un polar à la frontière du fantastique. Charlotte vit seule dans son immense demeure de Louisiane ; tout le monde la dit folle mais quel terrible secret cache t-elle ? Charlotte, c’est bien entendu Bette Davis, absolument magistrale quand elle paraît au bord de la démence. Chut, chut, chère Charlotte Il est plus surprenant de trouver en face Olivia de Havilland dans un rôle de personnage trouble qui cache admirablement ses intentions. Agnes Moorehead, en bonne à tout faire haute en couleur, complète cet admirable trio d’acteurs qui tient tout le film par une interprétation puissante. Le scénario est plutôt complexe, faisant intervenir moult mensonges et hallucinations, assez inattendu dans son explication finale. Chut chut chère Charlotte n’est généralement pas très bien considéré par la critique, étant jugé inférieur à Baby Jane. C’est un peu injuste car le film est puissant à la fois dans son interprétation et son scénario. Il vaut vraiment la peine d’être (re)vu.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Olivia de Havilland, Agnes Moorehead, Joseph Cotten, Mary Astor, Bruce Dem
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Berceuse pour un massacre Remarque :
Originellement, Joan Crawford devait faire face à Bette Davis, comme dans Baby Jane. L’actrice se déclara « malade » peu avant le début du tournage, refusant de sortir de l’hôpital… Elle fut donc remplacée de façon un peu précipitée par Olivia de Havilland.