3 mai 2008

La Vérité (1960) de Henri-Georges Clouzot

La VéritéElle :
Un excellent film qui souffle le vent de la rébellion et même annonce les grands bouleversements qui vont agiter la société française de ces années 60. Ce drame passionnel qui se joue entre un jeune chef d’orchestre et sa jeune amie volage éprise de liberté donne lieu à un procès où les corps institutionnels (avocats, juges, police, famille) sont férocement montrés par le cinéaste pour leur rigidité, leurs conventions ridicules, leur hypocrisie, leur propension à créer du sensationnel pour alimenter les journaux. Clouzot fait des allers retours entre le déroulement des évènements et le tribunal. La Vérité fait la part belle à une jeunesse qui se réveille, provoque, bouleverse les codes moraux et désire s’émanciper. Le ton est plein de fraîcheur, de désinvolture, d’insouciance, de sensualité et d’humour.
Note : 5 étoiles

Lui :
La jeune et jolie Dominique (Brigitte Bardot) est jugée pour le meurtre du seul homme qu’elle ait aimé (Sami Frey). La société voit en elle une jeune fille aux mœurs dissolues et refuse de reconnaître le crime passionnel. La Vérité est mis en scène avec grande précision par Henri-Georges Clouzot, les scènes de prétoires étant entrecoupées de flashbacks nous permettant de mieux mesurer le décalage entre la vision de la Justice et la réalité. Les joutes oratoires entre avocats (Charles Vanel et Paul Meurisse) sont assez brillantes ; elles auraient été inspirées au cinéaste par celles de Maîtres René Floriot et Maurice Garçon. La direction d’acteurs est tout aussi précise et La Vérité offre incontestablement à Brigitte Bardot le plus grand rôle de toute sa carrière (et on peut en dire autant, très certainement, de Sami Frey). Les films de Clouzot, et celui-ci en particulier, furent raillés par les défenseurs de la Nouvelle Vague car trop représentatifs d’un « vieux cinéma ». Le recul permet de mesurer à quel point ces attaques étaient futiles tant La Vérité reste d’une indéniable force 50 ans plus tard.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Brigitte Bardot, Charles Vanel, Paul Meurisse, Sami Frey, Marie-José Nat, Louis Seigner, Jacques Perrin
Voir la fiche du film et la filmographie de Henri-Georges Clouzot sur le site imdb.com.

Le parallèle entre Brigitte Bardot (dont la célébrité était alors à son apogée) et son personnage dans le film a largement alimenté les chroniques. Pour ne rien arranger, Brigitte Bardot fera, comme son personnage dans La Vérité, une tentative de suicide peu après (sans qu’il n’y ait, semble t-il, de lien direct avec le film) et elle aura également une aventure avec Sami Frey.

28 avril 2008

Masculin, féminin (1966) de Jean-Luc Godard

Masculin, fémininElle :
(En bref) C’est avec amusement que j’ai revu ce Godard de la première période. Bien que le film soit fait avec peu de moyens et que la une bande son soit vraiment excécrable, Godard réussit parfaitement à donner sa vision de la jeunesse deux ans avant Mai 68, au travers d’un Jean-Pierre Léaud rebelle : Qu’est ce qu’avoir 20 ans dans ces années soixante ?
Note : 3 étoiles

Lui :
(En bref) Lui est romantique, elle est un peu écervelée. Au delà de ces deux personnages, Jean-Luc Godard dresse le portrait d’une jeunesse un peu perdue en cette veille de Mai 68, ayant du mal à trouver ses repères entre motifs de révolte et déboires sentimentaux, « les enfants de Marx et du Coca-Cola ».
Note : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Pierre Léaud, Chantal Goya, Marlène Jobert, Michel Debord
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27 avril 2008

Mes funérailles à Berlin (1966) de Guy Hamilton

Titre original : « Funeral in Berlin »

”MesElle :
(pas vu)

Lui :
Ipcress Danger Immédiat avait, l’année précédente, introduit ce personnage d’Harry Palmer, un agent secret atypique abordant les situations les plus périlleuses avec un flegme très britannique. Dans Mes funérailles à Berlin, toujours adapté d’un roman de Len Deighton, il doit aider à la défection d’un responsable militaire d’Allemagne de l’Est. Le scénario est particulièrement bien ficelé : au fur et à mesure que le film avance, la situation devient de plus en plus complexe et l’ensemble se révèle prenant avec ce petit charme des films d’espionnage des années 60. Mes Funérailles à Berlin est le film qui donna une renommée vraiment mondiale à Michael Caine avec son imperméable et ses lunettes à grosse monture. Vu 40 ans plus tard, il reste un film vraiment plaisant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Michael Caine, Paul Hubschmid, Eva Renzi
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Les aventures d’Harry Palmer :
Ipcress Danger Immédiat de Sidney J. Furie (1965)
Mes funérailles à Berlin (1966) de Guy Hamilton (Funeral in Berlin)
Un cerveau d’un milliard de dollars (1967) de Ken Russell (Billion dollars brain)
Puis beaucoup plus tard :
Beijing Express (1995) de George Mihalka (Bullet to Beijing)
Minuit à Saint-Pétersbourg (1996) de Douglas Jackson (Midnight in Saint Petersbourg)

11 avril 2008

Le Monocle Noir (1961) de Georges Lautner

Le Monocle NoirElle :
(pas vu)

Lui :
Très librement inspirée des mémoires de l’authentique Colonel Rémy, la série du Monocle débute par Le Monocle Noir dans lequel Georges Lautner se livre à une amusante parodie des films d’espionnage. Il préfigure le genre qui aura de beaux jours durant la décennie 60 et dont le fleuron le plus connu reste Les Tontons Flingueurs. Paul Meurisse interprète avec beaucoup de flegme et de distinction un commandant des Services Secrets sur la piste d’un ancien responsable nazi. Tout le film se déroule dans un vieux château rempli de passages secrets, lieu de rencontre de nostalgiques du IIIe Reich… et d’agents secrets. Après un début un peu long à se mettre en place, l’humour prend tous ses droits, essentiellement dans les dialogues, jouant beaucoup sur le décalage et le saugrenu. A côté du merveilleux Paul Meurisse, les seconds rôles sont particulièrement réussis.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Paul Meurisse, Jacques Marin, Elga Andersen, Bernard Blier, Pierre Blanchar, Jacques Dufilho
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La série du Monocle (tous réalisés par Georges Lautner) :
Le Monocle Noir (1961)
L’oeil du Monocle (1962)
Le Monocle rit jaune (1964)

11 avril 2008

L’œil du Monocle (1962) de Georges Lautner

L’oeil du MonocleElle :
(pas vu)

Lui :
Un ancien SS, seul rescapé d’un commando qui cacha un trésor et des documents en mer près de Bonifaccio en 1943, revient sur les lieux 20 ans plus tard pour récupérer le butin. Plusieurs groupes d’agents secrets de divers pays sont là pour mettre la main sur lui. On retrouve donc dans L’Oeil du Monocle ce principe de la guerre des agents secrets, principe plus poussé et mieux exploité que dans le premier volet Le Monocle Noir. L’histoire est plutôt plus riche avec de nombreux rebondissements et de chausse-trappes dont Paul Meurisse se tire toujours avec flegme et distinction : il tient toujours son pistolet comme pour assister à une soirée mondaine et c’est un plaisir de le voir évoluer ainsi en environnement hostile. Ce délicieux décalage est accentué par beaucoup de bons mots. L’œil du Monocle est vraiment une amusante parodie de films d’espionnage qui nous fait passer un réel bon moment.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Paul Meurisse, Robert Dalban, Maurice Biraud, Elga Andersen, Charles Millot
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La série du Monocle (tous réalisés par Georges Lautner) :
Le Monocle Noir (1961)
L’oeil du Monocle (1962)
Le Monocle rit jaune (1964)

11 avril 2008

Le Monocle rit jaune (1964) de Georges Lautner

Le Monocle rit jauneElle :
(pas vu)

Lui :
Dans la série des Monocle, Le Monocle rit jaune est le troisième et dernier ; c’est aussi le moins réussi malgré son côté totalement excentrique et parfaitement farfelu. Rien n’est sérieux dans cette histoire où le Monocle part à Hong Kong chercher l’instigateur d’attentats contre des centrales nucléaires de par le Monde. On aurait pu attendre un peu plus du fait de cet environnement oriental surpeuplé et d’ailleurs les scènes les plus réussies sont celles où nos héros font face à toute une vague de sbires à la mine patibulaire (telle la scène dans la ruelle ou Le Monocle fait un carnage contre toute vraisemblance). Ces scènes sont hélas trop rares, le film manquant réellement de ressort. Paul Meurisse a tendance à un peu surjouer son personnage cette fois-ci : son petit dodelinement après avoir tiré avec son pistolet le petit doigt en l’air se transforme en sautillement un peu forcé mais il nous gratifie toujours heureusement de quelques bonnes répliques comme celle-ci, après que son acolyte en colère ait fracassé une table du tranchant de la main : « Mon ami, voilà une superfluité dont vous auriez pu vous passer »…
Note : 2 étoiles

Acteurs: Paul Meurisse, Marcel Dalio, Robert Dalban, Olivier Despax, Edward Meeks
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La série du Monocle (tous réalisés par Georges Lautner) :
Le Monocle Noir (1961)
L’oeil du Monocle (1962)
Le Monocle rit jaune (1964)

26 mars 2008

La nuit de l’iguane (1964) de John Huston

Titre original : « The night of the iguana »

La nuit de l’iguane Elle :
(pas vu)

Lui :
La pièce de Tennessee Williams La Nuit de l’Iguane avait tout pour intéresser John Huston car elle est centrée sur trois personnages comme il les aime, en lutte pour retrouver leur dignité et, par la même, leur humanité. Ils sont tous trois dans une position délicate et échouent dans un hôtel surplombant le paysage idyllique d’une baie mexicaine. John Huston s’est approprié la pièce pour la modeler selon son désir, Tennessee Williams désapprouva notamment la fin bien plus heureuse que dans sa pièce, assez noire. Huston est servi par trois acteurs qui donnent une réelle dimension à leur personnage : Ava Gardner, Deborah Kerr et Richard Burton dont on connaît le talent sur les planches. La nuit de l’iguane Trois personnages forts dans une quête similaire sous une apparence différente, comme le démontre si bien le dialogue entre Hannah/Deborah Kerr et Lawrence/Richard Burton dans le hamac, probablement la scène la plus forte du film. La multiplicité des questions soulevées par La Nuit de l’Iguane en fait un film dont la portée est sans aucune mesure avec les autres films ; malgré cela, John Huston parvient à placer ici et là quelques petites touches d’humour qui viennent relâcher la tension qui reste par ailleurs très forte.
Note : 5 eacute;toiles

Acteurs: Richard Burton, Ava Gardner, Deborah Kerr, Sue Lyon
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site imdb.com.

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21 mars 2008

Alfred le Grand, vainqueur des Vikings (1969) de Clive Donner

Titre original : « Alfred the Great »

 Alfred le Grand, vainqueur des vikingsElle :
(pas vu)

Lui :
Alfred le Grand, roi du Sussex au IXe siècle, devint le premier roi d’une Angleterre unifiée après avoir vaincu les hordes de guerriers Danois qui tentait d’envahir le pays. Alfred le Grand, Vainqueur des Vikings est un film historique qui met en images ce combat qui dura plusieurs années. Si le film est dans ses grandes lignes fidèle à l’Histoire, il simplifie beaucoup et prend certaines libertés pour pimenter quelque peu (la femme du roi prise en otage par exemple). En revanche, le film recrée bien l’univers du IXe siècle, avec ses villes encore peu peuplées. La reconstitution des batailles a été particulièrement soignée avec même quelques beaux plans vus d’avion pour montrer les mouvements d’hommes juste avant la bataille finale. A noter que l’armée Viking est présentée comme étant très organisée avec uniformes et un strict commandement, ce qui n’était peut-être pas le cas en réalité (lire toutefois le premier commentaire ci-dessous pour une réfutation de cette hypothèse). La qualité de la réalisation de Alfred le Grand, Vainqueur des Vikings est remarquable quand on pense que Clive Donner ne bénéficia que de peu de moyens. C’est cette qualité de réalisation qui le rend assez intéressant et plaisant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: David Hemmings, Michael York, Prunella Ransome, Colin Blakely , Ian McKellen, Peter Vaughan
Voir la fiche du film et la filmographie de Clive Donner sur le site imdb.com.

En savoir plus sur Alfred le Grand (Wikipedia)…

8 mars 2008

Jerry chez les cinoques (1964) de Frank Tashlin

Titre original : « The disordely orderly »

Jerry chez les cinoquesElle :
(pas vu)

Lui :
Jerry Lewis est garçon de salle (en anglais « orderly ») dans un hopital-maison de repos. Jerry chez les cinoques est en fait une suite de saynètes qui n’ont pas toujours de lien vraiment marqué entre elles. Quelques passages sont vraiment réussis, ne serait-ce que cette course poursuite finale vraiment délirante. Le reste du film est plus inégal mais il y a tout de même là de quoi réjouir les plus jeunes.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Jerry Lewis, Glenda Farrell, Karen Sharpe, Kathleen Freeman
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Tashlin sur le site imdb.com.

19 février 2008

Docteur Jerry et Mister Love (1963) de Jerry Lewis

Titre original : « The nutty professor »

Docteur Jerry et Mister Love Elle :
(pas vu)

Lui :
Même si Jerry Lewis a pu illuminer notre petite jeunesse avec son comique ébouriffant, il faut bien avouer que l’acteur avait une fâcheuse tendance à surcharger son personnage. Docteur Jerry et Mister Love est cependant à classer parmi ses meilleurs films, d’une part parce qu’il retourne de façon amusante le thème de Docteur Jekyll et Mister Hyde de Stevenson et d’autre part parce que, pour une fois, il n’en fait pas trop. Il a pourtant deux personnages très typés à interpréter : un professeur de chimie chétif, emprunté avec les filles, les dents en avant, et un m’as-tu-vu prétentieux, tombeur de ces dames. Docteur Jerry et Mister Love En voyant les allures de crooner de ce dernier, on ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser à Dean Martin avec lequel Jerry Lewis a fait tandem pendant 10 ans… Un vieux contentieux entre les deux hommes probablement. Docteur Jerry et Mister Love est réussi, bien équilibré et surtout franchement amusant. Il est vraiment dommage que Jerry Lewis ne nous ait pas fait plus de films de cette trempe.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jerry Lewis, Stella Stevens, Del Moore
Voir la fiche du film et la filmographie de Jerry Lewis sur le site imdb.com.