11 décembre 2011

Le chevalier de Maison-Rouge (1914) de Albert Capellani

Le chevalier de Maison-RougePendant la Révolution, sous la Terreur, le maître tanneur Dixmer abrite clandestinement le frère de sa femme, le Chevalier de Maison-Rouge. Celui-ci a échafaudé un plan pour faire évader la reine Marie-Antoinette. La femme de Dixmer tombe amoureuse d’un jeune garde national, Maurice Lindey, qui va malgré lui jouer un rôle dans la conspiration… Le chevalier de Maison-Rouge est l’adaptation du roman homonyme d’Alexandre Dumas père. Albert Capellani en fait une adaptation assez ambitieuse, en six parties et soixante tableaux, avec de nombreux décors et figurants ce qui lui donne une force visuelle indéniable. Sa caméra est fixe et le réalisateur est expert pour faire entrer toute l’action dans son champ, quelquefois de façon originale (1). Ses images sont pleines de vie, à tel point que l’on a parfois du mal à tout voir. Le soin porté à la reconstitution est visible, que ce soit dans les costumes ou les décors. Marie-Louise Derval Si les seconds rôles et même figurants sont très convaincants, les premiers rôles sont marqués par un jeu trop appuyé, travers encore assez courant à cette époque, qui nuit à la force narrative de l’ensemble. Paul Escoffier (Le Chevalier de Maison-Rouge) est le plus théâtral. Seul, Georges Dorival (Dixmer) offre une interprétation intéressante apportant une certaine complexité à son personnage. Les intertitres présentent l’action avant qu’elle se déroule sous nos yeux, ce qui correspondait à l’usage de l’époque. On notera une large utilisation de billets écrits montrés en insert dans l’action.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Paul Escoffier, Marie-Louise Derval, Georges Dorival, Henri Rollan
Voir la fiche du film et la filmographie de Albert Capellani sur le site IMDB.
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Remarques :
Le film a été restauré en 1987 dans une version sans les inter-titres. Ce n’est très récemment qu’a été découvert un document établi pour la censure suédoise où tous les inter-titres étaient consignés. En 2010, une nouvelle version a été créée par la Cinémathèque Française en réinsérant ces cartons-titres et les inserts. Le film est ainsi ressorti en juillet 2010, en copie teintée selon les indications de l’époque, le film retrouvant une nouvelle vie 96 ans après sa sortie.

(1) Le plan le plus étonnant se situe dans le jardin de Dixmer vers la fin du film : Capellani a positionné sa caméra sur un balcon au premier étage, en plongée longeant le bâtiment. Nous voyons le jeune garde joué par Henri Rollan marcher dans le jardin assez loin de nous, il disparaît du champ par le bas de l’image pour réapparaitre tout près de nous après avoir (on le comprend) escaladé le bâtiment, puis il s’éloigne sur le balcon suivant et entre par la fenêtre. C’est une répartition étonnante de l’action dans un plan fixe.

Autres adaptations :
Le prince au masque rouge (Il cavaliere di Maison Rouge, 1954) de Vittorio Cottafavi avec Renée Saint-Cyr
Le chevalier de Maison Rouge (1963) de Claude Barma (série TV) avec Jean Desailly, François Chaumette et Michel Le Royer.

30 novembre 2011

Regeneration (1915) de Raoul Walsh

Regeneration (Film muet) Orphelin à 10 ans, le jeune Owen grandit à Bowery, quartier pauvre de New York où il apprend la dure loi de la rue. Devenu chef d’une petite bande à 25 ans, il fait la rencontre de Marie qui tente d’apporter un peu d’humanité et d’éducation dans le quartier… Regeneration fait partie des premiers longs métrages de Raoul Walsh qui avait alors 28 ans et qui venait de signer à la toute jeune Fox (1). Il a joui d’une totale liberté pour adapter l’autobiographie d’Owen Kildare. C’est ainsi l’un des premiers longs métrages montrant des gangsters (2). L’histoire est très conventionnelle mais Walsh adopte une approche très réaliste, il va filmer sur les lieux même de l’action, dans Bowery, et utilise les habitants du quartier pour faire de la figuration. Son film en paraît ainsi très authentique. La grande scène de l’incendie du bateau sur l’Hudson lui valut de se retrouver sous les verrous. L’incident ayant attiré plus de 20 000 badauds sur les rives (3), William Fox pressa Walsh de terminer en 5 jours pour profiter de cette publicité gratuite (4). Ce qu’il fit. Sa façon de filmer est assez moderne, avec une bonne utilisation des gros plans et des changements de plan, ce qui donne du rythme à l’ensemble. Raoul Walsh montre ainsi son talent dès le début de sa carrière.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Rockliffe Fellowes, Anna Q. Nilsson
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(1) Précédemment, Raoul Walsh avait tourné surtout des courts métrages pour la Biograph, mais aussi quelques longs métrages, dont The life of General Villa, et également joué dans plusieurs films de Griffith dont Naissance d’une Nation. La Fox a été officiellement créée le 1er février 1915 soit 6 mois avant la sortie de Regeneration.
(2) Un autre film mettant en scène des gangsters était sorti quelques mois plus tôt : Alias Jimmy Valentine (1915) de Maurice Tourneur avec Robert Warwick et Robert Cummings.
(3) La scène de l’incendie sur le bateau renvoie au terrible accident du General Slucum sur l’East River, 10 ans auparavant, qui avait fait plus de 1000 morts. C’est peut-être pour cette raison que l’incident a attiré tant de badauds. (A noter que cet évènement tragique est reconstitué dans le film Manhattan Melodrama (1934) de W.S. Van Dyke)
(4) C’est du moins ce que raconte Raoul Walsh lui-même dans son autobiographie « Un demi-siècle à Hollywood » (1974).

27 novembre 2011

Germinal (1913) de Albert Capellani

GerminalRenvoyé pour avoir giflé son contremaître, Etienne Lantier part dans le nord de la France à la recherche d’un nouvel emploi. Il se fait embaucher aux mines de Montsou grâce à une famille de mineurs qui l’héberge. Quand la direction décide de baisser les salaires, il pousse les mineurs à la grève… Lorsqu’il tourne cette adaptation du roman de Zola, Germinal, le réalisateur français Albert Capellani est déjà un spécialiste des adaptations littéraires (1). Il vient d’ailleurs de terminer une adaptation-fleuve (5h) des Misérables. Sans être aussi long, son Germinal dure 2h30, durée inhabituelle à l’époque. Nous sommes à une époque où le cinéma français dominait toujours le cinéma mondial grâce à sa force narrative. C’est bien le cas ici : si l’utilisation de la caméra reste très classique pour l’époque (plans fixes, pas de gros plans, quelques travelings latéraux), Germinal est étonnant de naturel à la fois par la mise en scène et le jeu des acteurs (l’école naturaliste propre au théâtre). On est étonné de voir avec quel naturel se comportent les acteurs ou figurants même quand ils ne sont pas au premier plan : on a vraiment l’impression de voir une scène véritable (2). Henry Krauss (Etienne Lantier) et Sylvie (Catherine Maheu) sont absolument remarquables, Sylvie tout particulièrement par ses nombreuses petites expressions et mimiques qui donnent beaucoup de vie. Le jeu très naturel permet de se passer de dialogues. Les intertitres, peu nombreux, sont utilisés pour décrire la ou plutôt les scènes qui suivent (ce qui correspond à l’usage de l’époque). Parmi toutes les adaptations de Germinal, celle de Capellani est probablement celle qui a le plus de force sur le propos social du roman de Zola.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Henry Krauss, Sylvie, Jean Jacquinet, Paul Escoffier
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Remarques :
(1) En 1908, Charles Pathé avait créé la Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres (S.C.A.G.L.), filiale de Pathé qui avait pour but de produire des adaptations des œuvres les plus prestigieuses de la littérature française. Il avait placé Albert Capellani à sa tête. Le réalisateur supervisait donc de nombreux films en plus de tourner les siens.
(2) La seule scène qui échappe à la règle est celle de la fête foraine, visiblement tournée au milieu de la foule d’une véritable fête. Résultat : des dizaines de badauds regardent la caméra, jusqu’à venir se planter devant. C’est très amusant à regarder mais on ne regarde que les badauds !

Autres adaptations :
Au pays noir de Ferninand Zecca et Lucien Nonguet (1905) (court métrage de 15 mn)
Germinal d’Albert Capellani (1913)
Germinal d’Yves Allégret (1963) avec Julien Sorel et Claude Brasseur
Germinal de Claude Berri (1993) avec Renaud et Gérard Depardieu

12 novembre 2011

Fatty cabotin (1919) de Roscoe Arbuckle

Titre original : « Back Stage »

Fatty cabotin(Muet, 22 minutes) Fatty est régisseur du Hickville Bijou, un vaudeville house (petite salle de music-hall). Avec son assistant (Buster Keaton), ils accueillent deux nouveaux artistes… Back Stage est l’un des derniers films de Fatty Arbuckle avec Buster Keaton. Il comporte de très bons gags dont plusieurs variations autour des trompe-l’œil (très belle variante du gag de l’escalier notamment). Back Stage est surtout célèbre pour préfigurer la très dangereuse cascade de Buster Keaton dans Steamboat Bill Jr (Cadet d’eau douce, 1928) : une façade de maison lui tombe dessus mais, heureusement, il se trouve juste à l’emplacement d’une fenêtre. Ici, c’est Fatty qui reçoit une fausse façade, bien plus légère toutefois, alors qu’il joue la sérénade à sa belle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, Buster Keaton, Al St. John, Molly Malone
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Fatty cabotinFatty cabotinFatty cabotinFatty cabotin

Remarques :
* Back Stage fut le premier film Paramount de Fatty Arbuckle à être distribué en version teintée. Pendant longtemps, seules des versions en noir et blanc étaient couramment visibles mais une version teintée a récemment été restaurée.
* La danse égyptienne (dansée par Alice Lake) est une parodie de Theda Bara dans Cléopâtre, film de 1917 hélas aujourd’hui perdu.
* Le danseur très souple et efféminé est John Coogan, le père de Jackie Coogan, le petit garçon du Kid de Chaplin.

24 septembre 2011

Tillie’s punctured romance (1914) de Mack Sennett

Titre français : « Le roman comique de Charlot et Lolotte »

Le roman comique de Charlot et LolotteUne jeune fille de la campagne se laisse persuader par un beau parleur de voler l’argent de son père et de s’enfuir avec lui en ville… Tillie’s Punctured Romance est le premier long métrage comique de l’histoire du cinéma. Il a été conçu pour mettre en valeur Marie Dressler, actrice à la carrure imposante qui lui permet de jouer des rôles de maitresse-femmes. L’actrice connaissait bien l’histoire pour l’avoir jouée à Broadway en 1910. Mais le second rôle, Charlie Chaplin, lui vola la vedette. Le roman comique de Charlot et Lolotte Le public et la critique n’eut d’yeux que pour lui. S’il n’a pas son costume de vagabond, il utilise largement toute sa gestuelle comique et manifeste comme toujours une forte présence à l’écran. L’humour est dans la pure tradition slapstick,  avec beaucoup de coups mais également une bonne utilisation certaines situations. Forcé de produire à la Keystone plusieurs courts métrages chaque semaine, Mack Sennett mit trois mois pour tourner Tillie’s Punctured Romance du fait des difficultés pour avoir tous ses acteurs disponibles.  (Film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marie Dressler, Charles Chaplin, Mabel Normand, Mack Swain, Charles Bennett, Chester Conklin
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Remarques :
Le roman comique de Charlot et Lolotte A noter la présence de Charlie Chase (le détective assis à côté de Mabel Normand dans la salle de cinéma), de Roscoe Fatty Arbuckle (c’est l’un des Keystone Cops à la fin). Le petit garçon, vendeur de journaux, serait (d’après ses dires) Milton Berle, acteur qui eut une longue carrière notamment à la télévision américaine ; on pense néanmoins qu’il s’agit en réalité de Gordon Griffith (le jeune acteur qui interprétera Tarzan-enfant dans la première version de Tarzan). Edward Sutherland (également l’un des policiers) est un futur réalisateur, il réalisera même un film homonyme en 1928.

Le roman comique de Charlot et Lolotte Le film a été charcuté et tronqué au fil des ans. Il est ressorti plusieurs fois. Ces versions traficotées commencent généralement par montrer Chaplin (au lieu de montrer Marie Dressler). La version originale de 84 minutes a été restaurée en 2003. On la trouve notamment dans le coffret récent consacré à la période Keystone de Chaplin : « La naissance de Charlot »

Du fait de son immense succès, le film eut deux suites (avec Marie Dressler mais sans Chaplin et sans Mabel Normand) :
1. Tillie’s Tomato Surprise (1915) (film perdu)
2. Tillie wakes up (1917)

Homonyme :
Tillie’s Punctured Romance (1928) de Eddie Sutherland avec W.C. Fields (ce ne serait pas un remake) (film perdu)

22 septembre 2011

From the manger to the cross (1912) de Sidney Olcott

From the manger to the cross Très méconnu, Sydney Olcott est un réalisateur d’origine canadienne qui fait partie des tous premiers réalisateurs outre-Atlantique. From the Manger to the Cross (= De la crèche à la croix) est son film le plus marquant. Il reconstitue l’histoire du Christ, de Bethléem au Golgotha. Il est remarquable pour au moins deux raisons : durant un peu plus de 70 minutes, il s’agit de l’un des tous premiers longs métrages américains (1) et le film a été tourné entièrement sur les lieux mêmes, pratique totalement inédite à l’époque. Sydney Olcott s’est en effet rendu en Palestine avec une petite équipe (une traversée de plusieurs semaines) et a utilisé de nombreux figurants sur place (2)(3). From the Manger to the Cross Dans sa forme, le film est plutôt moins novateur : il est organisé en tableaux, scènes où la caméra est fixe (4) et dont le contenu est le plus souvent annoncé par un intertitre composé d’une citation de la Bible. Citer la Bible permettait d’ajouter du crédit au film (5). Les liaisons entre les tableaux sont rares. En 1912, cette forme de cinéma était sur le point de disparaître. Le point fort du film est donc l’authenticité des lieux et le soin porté aux reconstitutions ; c’est certainement pour ces raisons que le succès à l’époque fut immense. (film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Henderson-Bland, Gene Gauntier
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Remarques :
* Certains tableaux sont très fortement inspirés de la Bible Tissot, série de 365 gouaches du peintre nantais James Tissot (1836-1902).
>> Voir la Bible Tissot sur le site de la B.N.F.
* Dans certaines versions, des scènes ont été ajoutées après la fin initiale (la mort du Christ sur la croix) pour montrer la résurrection. Ces images proviendraient d’un film italien datant de 1916 : « Christus » de Giulio Antamoro.

(1) D’après nos connaissances actuelles, le premier long métrage de l’histoire du cinéma serait La défense de Sébastopol du russe Vasili Goncharov (1911, 6 bobines, 100 mn).

(2) Si la vie du Christ a été portée à l’écran de très nombreuses fois (environ 70 fois), le film de Sydney Olcott est le seul à avoir été tourné en Palestine.

Première Passion (3) Le tournage de From the Manger to the Cross est raconté dans un merveilleux documentaire de Philippe Baron « Première Passion » (55 minutes). Le parcours de l’équipe de tournage est reconstitué et les lieux de tournage sont retrouvés. Un remarquable (et passionnant!) travail de recherche.

(4) On notera cependant deux panoramiques : un pour élargir le champ dans une scène avec de nombreux figurants, un autre pour suivre Judas marchant le long d’un mur.

(5) Il ne faut oublier qu’en 1912, le cinéma était encore une attraction foraine et populaire. Il était donc délicat de traiter un sujet plus sérieux et ô combien sacralisé. Avant la sortie, la Kalem Company organisa des projections privées aux membres du clergé qui trouvèrent le film approprié. Ainsi la publicité faite autour film put ensuite mentionner : « approuvé par les représentants de l’Eglise ».

>> Voir aussi un site dédié au réalisateur : Sydney Olcott, le premier oeil

16 août 2011

La noce de Fatty (1917) de Roscoe Arbuckle

Titre original : « His Wedding Night »

La noce de FattyFatty est employé dans un drugstore de campagne qui vend de tout, fait office de bar et de station à essence. Il est amoureux de la fille du patron mais un rival est bien décidé à l’empêcher de l’épouser… Le thème de l’amoureux qui doit se battre pour épouser la femme qu’il aime est un thème assez récurrent dans les films de Roscoe Arbuckle. La noce de Fatty est très classique, sans grand attrait particulier, mais on y voit Buster Keaton (c’est sa quatrième apparition dans un film), certes dans un rôle assez réduit. C’est l’un de ses très rares films où on peut le voir sourire largement
Elle:
Lui : 1 étoiles

Acteurs: Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, Al St. John, Buster Keaton
Voir la fiche du film et la filmographie de Roscoe Arbuckle sur le site IMDB.
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Remarques :
* Lors du tournage de l’une des scènes de bagarre, Al St. John ne se releva pas. Il fallut de longues minutes pour qu’il revienne à lui. Il ne se rappelait de rien. En regardant les rushes attentivement, ils s’aperçurent qu’un des extras l’avait volontairement assommé. Lors d’une nouvelle prise, Buster Keaton et Al St John prient soin de l’importun qui resta à son tour de nombreuses minutes sur le sol. Cette anecdote témoigne de l’âpreté des tournages de bagarre à cette époque.
* Détail amusant : quand Fatty sert de l’essence, on peut remarquer que le prix est fixé non pas à la quantité réellement servie mais au « fill-up » (remplissage du réservoir). Ceci dit, les réservoirs semblaient être très petits à cette époque.

16 juillet 2011

The burglar’s dilemma (1912) de David W. Griffith

Titre français : « Le dilemme du voleur »

The Burglar's DilemmaLui :
Un jeune homme renfermé jalouse son frère pour son succès en société. Sous l’emprise de la boisson, il le frappe. Son frère git inanimé sur le sol. Au même moment, un cambrioleur pénètre par effraction dans la maison. Le jeune frère va tout faire pour que le voleur soit accusé du meurtre… Le scénario de The Burglar’s Dilemma a été écrit par Lionel Barrymore qui joue le frère ainé. Ce scénario n’est pas très fourni mais le film est sauvé par une bonne interprétation. Aux côtés de Barrymore et de Walthall, le cambrioleur est joliment interprété par le jeune Robert Harron (1), 19 ans, et l’on remarque également une apparition des deux sœurs Gish, Dorothy et Lillian (deux des trois jeunes femmes qui viennent souhaiter un bon anniversaire au frère ainé). Le propos est de fustiger la jalousie et de prôner le pardon. La mise en scène de Griffith est assez efficace pour créer la tension, notamment dans la scène de l’interrogatoire. (Court métrage de 15 minutes)
Note : 2 étoiles

Acteurs: Lionel Barrymore, Henry B. Walthall, Robert Harron
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Robert Harron (1) Robert Harron est un très bel acteur dont la carrière de jeune premier à succès sera brutalement arrêtée par un décès prématuré à l’âge de 27 ans en 1920. Les circonstances de sa mort restent un peu nébuleuses mais tout laisse à penser qu’il s’est tiré une balle dans le poumon la veille de la première de Way Down East. Officiellement, la mort a été déclarée accidentelle mais la rumeur dit que le jeune acteur s’est suicidé par dépit de ne pas avoir été choisi pour le rôle principal, il ne supportait pas de voir Richard Barthelmess devenir le nouveau protégé de Griffith.

10 juillet 2011

The new janitor (1914) de Charles Chaplin

Titre français : « Charlot concierge »

The New JanitorLui :
Charlot est l’homme à tout faire dans un immeuble de bureau. Il est renvoyé pour ses maladresses mais s’illustre lorsqu’un employé indélicat tente de dérober le contenu du coffre… The New Janitor marque un grand tournant dans la carrière de Chaplin : jusqu’à présent, il était un acteur qui excelle dans le comique, ici, il va prendre conscience qu’il peut aussi faire pleurer. Dans son autobiographie, Chaplin raconte comment, dans la scène où il supplie son patron avec force gestes de ne pas le renvoyer parce qu’il a une famille et des enfants, il s’est aperçu à sa grande surprise qu’une des personnes présentes sur le plateau était en larmes. C’est à partir de là qu’il va vraiment développer son génie : Chaplin est un acteur qui peut nous faire passer du rire aux larmes en quelques secondes. En plus de cette introduction du sentiment dans la comédie, on notera que The New Janitor porte en lui une peinture sociale : Charlot est au plus bas de l’échelle sociale, même le garçon d’ascenseur se moque de lui. Cette dimension sociale sera de plus en plus présente par la suite. Enfin, il faut aussi noter l’insertion d’une scène de type « vertige des hauteurs », bien avant Harold Lloyd, avec même quelques badauds aux fenêtres pour regarder l’équipe de tournage. The New Janitor sera refait chez Essanay l’année suivante, avec The Bank. (Court métrage de 12 mn)
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Jess Dandy, John T. Dillon, Al St. John
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9 juillet 2011

The Rounders (1914) de Charles Chaplin

Titre français : « Charlot et Fatty en bombe »

The RoundersLui :
De retour chez eux, deux ivrognes sont accueillis par leur femme en colère. Ils n’ont alors qu’une idée : retourner au bistrot… The Rounders est la plus belle collaboration de Charlie Chaplin avec Roscoe « Fatty » Arbuckle, comédien corpulent au visage de poupon qui connaitra un grand succès par la suite (carrière brutalement stoppée en 1921 pour une histoire de moeurs). Le scénario est très réduit car c’est un grand numéro de mondain ivre qu’ils nous livrent ici. Donc, on rate des marches, on s’écroule facilement, mais tout cela dans une belle perfection comique. C’est un numéro que Chaplin connaît bien pour l’avoir souvent interprété sur scène en Angleterre à ses débuts, il en connaît toutes les ficelles, tous les gags. Avec Fatty, ils forment un duo tout en contraste de corpulence physique mais ils sont très complémentaires. The Rounders préfigure les futurs His night out ou One A.M. mais surtout le remarquable numéro d’ivrogne mondain dans Les lumières de la ville. (Court métrage de 13 mn).
Note : 3 étoiles

Acteurs: Charles Chaplin, Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, Phyllis Allen, Minta Durfee
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Remarques :
* « Rounder » est un terme américain de l’époque qui signifie « pilier de bar » et par extension « fainéant, bon à rien ». L’origine viendrait de « round drink » (tournée).
* Le commentaire sur le livret de l’excellent coffret de DVD  Chaplin chez Keystone : la Naissance de Charlot rapporte les propos de Roscoe Arbuckle sur Chaplin, quelques années plus tard : « J’ai toujours regretté de ne pas avoir été son partenaire dans un film plus long que ces bandes d’une bobine tournées si rapidement. C’est un artiste complet, de génie sans aucun doute, l’unique de notre époque et le seul dont on parlera encore dans un siècle ».